Texte intégral
Q - On va parler de la Journée mondiale de l'eau. Mais, si vous êtes à Poitiers, c'est que vous vous rendez aujourd'hui dans la Vienne et les Deux-Sèvres, qui sont les deux départements français les plus touchés par la sécheresse. La situation est-elle vraiment préoccupante ?
R - Oui, la situation est très préoccupante, même si elle n'est pas, à ce stade, catastrophique. Il faut bien voir que les six mois ont été particulièrement secs par rapport à la normale et, en ce début de printemps, on a des réserves de nappes souterraines qui sont très basses, des barrages également et certains cours d'eau qui sont déjà à sec. Et dans certaines situations de notre pays, il faut revenir cinquante ans en arrière pour trouver une situation aussi sèche.
Q- Est-ce que vous allez prendre des mesures de restriction ?
R - Elles sont déjà prises pour certains départements, en particulier la Vienne et Deux-Sèvres, et mon déplacement, aujourd'hui, est évidemment pour vérifier que tout cela a une efficacité sur le terrain et voir comment les populations concernées prennent ces mesures. Nous avons pris des mesures de restriction en direction de ceux qui sont concernés, c'est-à-dire d'abord nous tous en tant que citoyens, pour ce qui concerne les choses aussi simples que le lavage de voiture, que l'arrosage, et aussi évidemment, dans le cadre de l'agriculture et puis dans le cadre de l'industrie. Dans le cadre de l'agriculture, nous avons d'ores et déjà pris des mesures de restriction que nous mettons en place ordinairement beaucoup plus tard.
Q - Voilà pour la sécheresse. Vous avez annoncé hier le retrait total des phosphates dans les lessives. Quand on sait qu'il n'y a plus que 4 % de lessives en France qui intègrent encore ces produits, est-ce que ce n'est quand même un effet d'annonce ?
R - Non, parce que nous avons des conséquences dues aux lessives domestiques, qui sont encore importantes, et je suis particulièrement choqué qu'aujourd'hui encore, alors que nous avons la possibilité d'avoir des lessives sans phosphates, ce ne soit pas le cas. J'avais pris, dès mes prises de fonction, vraiment l'attache des industriels pour voir comment nous pouvions y arriver. Et là, nous sommes parvenus à un accord et nous irons plus vite que même la règlementation européenne nous y oblige.
Q - Cela semble quand même plus facile de s'attaquer aux lessiviers qu'aux agriculteurs, cela ne vous a pas échappé, parce que votre loi sur l'eau a été très attaquée par les écologistes. Ce qu'ils disent, c'est que vous avez "trappé" le volet sur la pollution par les nitrates provoquée par les agriculteurs.
R - Ce qui compte pour moi, et il faut bien le voir dans cette phase, c'est l'efficacité environnementale. Et dans mon projet de loi comme dans la réforme de la Politique agricole commune, c'est l'objectif que nous nous sommes donné. Et nous allons aboutir à des résultats très sensibles, avec d'ailleurs les agriculteurs, parce que si nous ne le faisons pas avec les agriculteurs, naturellement, nous n'y arriverons pas. Alors, comment est-ce que nous allons faire ? Nous avons d'abord dans le projet de loi sur l'eau des plans d'action par cours d'eau, par bassin versant, pour qu'avec eux mais aussi avec les industriels, mais aussi avec les collectivités locales, nous mettions en place des actions pour limiter toutes les émissions de polluants. C'est évidemment comme cela qu'il faut fonctionner, c'est-à-dire par cours d'eau, puisque les conséquences sont là.
Q - Le principe "pollueur-payeur", ça peut être aussi comme cela que ça fonctionne.
R - Permettez-moi, ce qui compte, c'est l'efficacité environnementale. Nous allons fonctionner comme cela, et nous avons mis bien évidemment dans la Politique agricole commune des règles. Nous avons par exemple limité l'utilisation d'azote : 170 kg par hectare et par an d'azote. Nous obligeons à la mise en place de bandes enherbées, ce qui est très important, puisque c'est ce qui capte les nitrates et si ça n'est pas fait par l'agriculteur, il y aura des conséquences sur les aides, et c'est beaucoup efficace, permettez-moi de vous le dire, que je ne sais quelles taxes qui, de toute façon, ne pourraient être qu'assez limitées par rapport à la valeur des produits.
Q - Tout de même, la France a déjà été condamnée cinq fois, parce qu'elle ne respecte pas la directive sur les nitrates...
R - C'est bien la raison pour laquelle nous mettons...
Q - Vous croyez que cela va changer avec une petite diminution des aides accordées aux agriculteurs ?
R - Ah oui, parce que la diminution, quand nous parlons de conditionnalité des aides, nous pouvons pénaliser de 1 à 5 % des aides totales. Je peux vous dire que 5 % des aides totales, c'est beaucoup plus important que le montant de quelques taxes que ce soit. Donc, c'est vraiment - et je me suis beaucoup attelé depuis que je suis ministre à cette question - c'est comme cela que nous allons y arriver. Je peux vous dire qu'il y a des expérimentations qui ont déjà été faites et qui sont en cours sur le terrain, avec les Chambres d'agriculture, avec les syndicats agricoles. Et ce qui est frappant, c'est que les agriculteurs qui participent à ces expérimentations constatent qu'en utilisant moins de produits, ils ont la même production que leur voisin. Donc, tout cela est en cours, il faut c'est vrai un peu de temps, mais je peux vous dire que nous sommes extrêmement mobilisés, et encore une fois, avec les agriculteurs. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que nous sommes dans une phase de transition. Il y a une réforme de la Politique agricole commune, qui est très importante, extrêmement perturbante. L'équilibre des exploitations quelquefois peut être mise en cause. Donc, il faut travailler d'abord sur les méthodes d'exploitation, et ne pas, c'est vrai, charger la barque en matière de chasses, parce que là, nous mettrions en cause de nombreuses exploitations, ce qui n'est naturellement pas notre volonté et la volonté de personne.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 23 mars 2005)
R - Oui, la situation est très préoccupante, même si elle n'est pas, à ce stade, catastrophique. Il faut bien voir que les six mois ont été particulièrement secs par rapport à la normale et, en ce début de printemps, on a des réserves de nappes souterraines qui sont très basses, des barrages également et certains cours d'eau qui sont déjà à sec. Et dans certaines situations de notre pays, il faut revenir cinquante ans en arrière pour trouver une situation aussi sèche.
Q- Est-ce que vous allez prendre des mesures de restriction ?
R - Elles sont déjà prises pour certains départements, en particulier la Vienne et Deux-Sèvres, et mon déplacement, aujourd'hui, est évidemment pour vérifier que tout cela a une efficacité sur le terrain et voir comment les populations concernées prennent ces mesures. Nous avons pris des mesures de restriction en direction de ceux qui sont concernés, c'est-à-dire d'abord nous tous en tant que citoyens, pour ce qui concerne les choses aussi simples que le lavage de voiture, que l'arrosage, et aussi évidemment, dans le cadre de l'agriculture et puis dans le cadre de l'industrie. Dans le cadre de l'agriculture, nous avons d'ores et déjà pris des mesures de restriction que nous mettons en place ordinairement beaucoup plus tard.
Q - Voilà pour la sécheresse. Vous avez annoncé hier le retrait total des phosphates dans les lessives. Quand on sait qu'il n'y a plus que 4 % de lessives en France qui intègrent encore ces produits, est-ce que ce n'est quand même un effet d'annonce ?
R - Non, parce que nous avons des conséquences dues aux lessives domestiques, qui sont encore importantes, et je suis particulièrement choqué qu'aujourd'hui encore, alors que nous avons la possibilité d'avoir des lessives sans phosphates, ce ne soit pas le cas. J'avais pris, dès mes prises de fonction, vraiment l'attache des industriels pour voir comment nous pouvions y arriver. Et là, nous sommes parvenus à un accord et nous irons plus vite que même la règlementation européenne nous y oblige.
Q - Cela semble quand même plus facile de s'attaquer aux lessiviers qu'aux agriculteurs, cela ne vous a pas échappé, parce que votre loi sur l'eau a été très attaquée par les écologistes. Ce qu'ils disent, c'est que vous avez "trappé" le volet sur la pollution par les nitrates provoquée par les agriculteurs.
R - Ce qui compte pour moi, et il faut bien le voir dans cette phase, c'est l'efficacité environnementale. Et dans mon projet de loi comme dans la réforme de la Politique agricole commune, c'est l'objectif que nous nous sommes donné. Et nous allons aboutir à des résultats très sensibles, avec d'ailleurs les agriculteurs, parce que si nous ne le faisons pas avec les agriculteurs, naturellement, nous n'y arriverons pas. Alors, comment est-ce que nous allons faire ? Nous avons d'abord dans le projet de loi sur l'eau des plans d'action par cours d'eau, par bassin versant, pour qu'avec eux mais aussi avec les industriels, mais aussi avec les collectivités locales, nous mettions en place des actions pour limiter toutes les émissions de polluants. C'est évidemment comme cela qu'il faut fonctionner, c'est-à-dire par cours d'eau, puisque les conséquences sont là.
Q - Le principe "pollueur-payeur", ça peut être aussi comme cela que ça fonctionne.
R - Permettez-moi, ce qui compte, c'est l'efficacité environnementale. Nous allons fonctionner comme cela, et nous avons mis bien évidemment dans la Politique agricole commune des règles. Nous avons par exemple limité l'utilisation d'azote : 170 kg par hectare et par an d'azote. Nous obligeons à la mise en place de bandes enherbées, ce qui est très important, puisque c'est ce qui capte les nitrates et si ça n'est pas fait par l'agriculteur, il y aura des conséquences sur les aides, et c'est beaucoup efficace, permettez-moi de vous le dire, que je ne sais quelles taxes qui, de toute façon, ne pourraient être qu'assez limitées par rapport à la valeur des produits.
Q - Tout de même, la France a déjà été condamnée cinq fois, parce qu'elle ne respecte pas la directive sur les nitrates...
R - C'est bien la raison pour laquelle nous mettons...
Q - Vous croyez que cela va changer avec une petite diminution des aides accordées aux agriculteurs ?
R - Ah oui, parce que la diminution, quand nous parlons de conditionnalité des aides, nous pouvons pénaliser de 1 à 5 % des aides totales. Je peux vous dire que 5 % des aides totales, c'est beaucoup plus important que le montant de quelques taxes que ce soit. Donc, c'est vraiment - et je me suis beaucoup attelé depuis que je suis ministre à cette question - c'est comme cela que nous allons y arriver. Je peux vous dire qu'il y a des expérimentations qui ont déjà été faites et qui sont en cours sur le terrain, avec les Chambres d'agriculture, avec les syndicats agricoles. Et ce qui est frappant, c'est que les agriculteurs qui participent à ces expérimentations constatent qu'en utilisant moins de produits, ils ont la même production que leur voisin. Donc, tout cela est en cours, il faut c'est vrai un peu de temps, mais je peux vous dire que nous sommes extrêmement mobilisés, et encore une fois, avec les agriculteurs. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que nous sommes dans une phase de transition. Il y a une réforme de la Politique agricole commune, qui est très importante, extrêmement perturbante. L'équilibre des exploitations quelquefois peut être mise en cause. Donc, il faut travailler d'abord sur les méthodes d'exploitation, et ne pas, c'est vrai, charger la barque en matière de chasses, parce que là, nous mettrions en cause de nombreuses exploitations, ce qui n'est naturellement pas notre volonté et la volonté de personne.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 23 mars 2005)