Déclaration de M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie, sur le festival Imagina, le Programme de recherches et d'innovation dans l'audiovisuel et le multimédia (PRIAMM) et les enjeux des technologies numériques et de l'internet pour les industries de l'audiovisuel et du multimédia, Paris, le 3 février 2000.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Festival Imagina, à Paris, le 3 février 2000

Texte intégral


Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de m'adresser à vous dans le cadre de cette manifestation remarquable et toujours renouvelée qu'est devenu au fil des ans IMAGINA.
Sélectionner, inviter, rassembler chaque année les meilleurs exemples d'applications innovantes issues des technologies de l'image, du numérique et des réseaux constitue un vrai défi, passionnant et utile pour le monde des chercheurs autant que pour celui des entreprises et bien sûr du public, défi qu'a d'ailleurs soutenu financièrement cette année mon Ministère.
Je salue donc le travail de l'Institut National de l'Audiovisuel qui organise IMAGINA, je salue son président qui m'accueille ce matin.
Le programme PRIAMM en 2000 (1),
la convergence des services dans la société de l'information (2),
la lutte contre le piratage sur Internet (3)
et le soutien en faveur de l'innovation de mon département (4),
tels sont les 4 points que je souhaite développer devant vous ce matin.
LANCEMENT DE PRIAMM 2000
Les industries de l'audiovisuel, du cinéma et du multimédia sont des domaines éminemment porteurs d'innovations, et Imagina est là pour nous le rappeler.
La créativité des auteurs s'appuie sur l'inventivité des chercheurs et le dynamisme des entreprises.
C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité, il y a déjà plus d'un an, en liaison avec la Ministre de la Culture et de la Communication, lancer une procédure spécifique d'aide à la Recherche et à l'Innovation dans l'audiovisuel, le cinéma et le multimédia. Il s'agit de PRIAMM, programme de recherche et d'innovation dans l'audiovisuel et le multimédia. PRIAMM a été lancé effectivement en juin 1999 en collaboration avec le Centre National de la Cinématographie (CNC) avec la publication du premier appel à propositions.
Ce programme s'organise en deux volets destinés, d'une part, à soutenir les nouvelles technologies de production audiovisuelle et multimédia et, d'autre part, les nouvelles formes de diffusion des services audiovisuels et multimédia, en particulier au travers de l'internet.
Il s'agit d'améliorer les liens entre la recherche et l'industrie et d'enrichir la connaissance des enjeux et tendances économiques et techniques du secteur. C'est précisément ce qui vient de se passer à Monaco où un colloque de deux jours organisé par mon département pendant Imagina, a permis de faire le point sur les enjeux technologiques du numérique pour les industries de programmes.
Le bilan des 6 premiers mois de PRIAMM m'apparaît comme éminemment prometteur : 63 dossiers ont été déposés, plus de la moitié concernent des projets de coopération entre plusieurs entreprises et laboratoires de recherche. 32 projets ont été acceptés qui représentent quelques 60 intervenants différents et bénéficient d'un montant d'aide de plus de 45 MF.
La plupart des sujets de l'appel à proposition ont été couverts par les projets reçus. Le transfert de technologies entre des laboratoires de recherche et des entreprises souvent assez éloignés les uns des autres se met en place.
Il trouvera son prolongement dans un panorama en cours de réalisation des équipes et compétences de recherche existant en France sur les sujets liés à l'audiovisuel et au multimédia.
Devant ce succès, je suis heureux de vous annoncer le lancement de l'appel à propositions 2000 de PRIAMM, auquel les entreprises pourront candidater jusqu'à fin octobre.
Ce programme sera doté de 115 MF en 2000 dont 100 MF apportés par le Secrétariat d'Etat à l'Industrie.
Le comité d'orientation et de prospective, associant pouvoirs publics, laboratoires de recherche et entreprises du secteur et dont je salue ici le travail, m'a proposé les nouvelles orientations de l'appel à propositions pour 2000.
Je citerai en particulier :
- la projection numérique,
- le rôle de l'Intelligence Artificielle pour l'animation et l'image de synthèse,
- les outils d'aide à la création de programmes interactifs, en particulier pour livre numérique,
- la bibliothèque numérique et les outils d'indexation permettant de faciliter la navigation,
- les systèmes de protection et de gestion des droits d'auteurs.
LA CONVERGENCE DES SERVICES DANS LA SOCIETE DE L'INFORMATION : UN ENJEU INDUSTRIEL MAJEUR.
Je voudrais prendre quelques instants pour développer les enjeux industriels, économiques et culturels, qui justifient à mes yeux l'action que j'ai engagée au travers de PRIAMM. Il y a encore 3 ou 4 ans, la convergence entre industries de contenu, en particulier industries culturelles, et opérateurs d'infrastructure de communication, en particulier opérateurs de télécommunications, n'était pas une réalité : les uns et les autres n'avaient pour règle générale pas pris la mesure de l'internet et travaillaient de manière étanche.
Or, l'essor de l'internet et de la société de l'information ne pouvait reposer que sur une combinaison entre infrastructures et contenus : sans réseaux suffisamment rapides et développés, pas d'internet, mais également sans contenus intéressants pour le public : pas d'internet.
La prise de conscience a eu lieu. J'ai moi-même organisé fin 1998 une table ronde sur la convergence, mis en place en 1999 un groupe de réflexion avec Catherine TRAUTMANN sur les industries culturelles et la société de l'information.
Aujourd'hui même, juste avant de visiter le festival IMAGINA, j'étais en visioconférence avec les acteurs du réseau national de recherche dans les télécoms réunis à Brest.
Je proposerai dans les semaines qui viennent au Premier ministre un ensemble d'actions visant à préparer l'internet du futur.
Cette prise de conscience se traduit par des réalisations exemplaires dans tous les domaines, ce dont témoigne aujourd'hui même la création de la Fondation pour l'Internet de nouvelle génération, dont je salue la constitution.
Traditionnellement le public d'Imagina est tourné vers l'image mais je voudrais évoquer l'écrit numérique et le livre électronique.
Car le multimédia ne serait pas si l'écrit n'avait pas depuis longtemps investi le numérique. Avec le lancement des grandes banques de données en ligne, dès les années 80, des moteurs de recherche puissants ont été développés ainsi qu'une grande richesse d'outils linguistiques.
Plusieurs équipes de recherche en France ont ainsi acquis des compétences rares en matière d'indexation et de recherche de documents à partir d'analyses sémantiques et dans une approche multilingue : leurs travaux reconnus dans le monde de l'information professionnelle méritent certainement d'être valorisés et étendus au monde de l'édition grand public et du multimédia.
C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité inscrire de façon spécifique le thème de l'écriture numérique et du livre électronique dans le nouvel appel à proposition PRIAMM.
La présence parmi nous de M. Olivier Pujol, PDG de la société Cytale, qui développe un nouveau livre électronique, illustre avec beaucoup de talent l'actualité de ce thème, comme il aura l'occasion de vous le dire.
L'un des enjeux fondamentaux dans ces domaines sera le lancement de la télévision numérique hertzienne. Catherine TRAUTMANN et moi-même avons lancé au printemps dernier une large consultation sur les enjeux de cette technologie.
Le rapport de Monsieur HADAS-LEBEL permet de faire la synthèse de cette consultation sur laquelle le Gouvernement se prononcera dans les toutes prochaines semaines.
Pour conclure sur la convergence et les enjeux de la société de l'information, je note avec satisfaction que l'Europe, et la France en particulier, ne sont pas absentes des mouvements industriels en cours pour rapprocher les différents métiers de la société de l'information.
Partis avec retard dans cette course, nous sommes actuellement en train de relever le défi : avec la 4e industrie mondiale dans le domaine de la société de l'information, soit 5 % de notre richesse nationale, plus que l'automobile et l'énergie réunis, avec des entreprises dynamiques et innovantes, la France jouera pleinement son rôle dans la nouvelle économie et doit continuer à se montrer ambitieuse pour être à la pointe du progrès technologiques, économique et social.
- LA LUTTE CONTRE LE PIRATAGE
Je souhaite évoquer un sujet qui me tient particulièrement à cur parce qu'il est indissociablement lié au progrès et à la vitalité de notre industrie de programme : la protection des droits d'auteurs et la lutte contre la piraterie.
Le développement de la numérisation et des réseaux constitue un enjeu et une opportunité formidables pour les créateurs et producteurs de contenus écrits, audio, vidéo et multimédias.
La confiance des utilisateurs des réseaux, et, en particulier des créateurs de contenus, est un élément déterminant pour la poursuite du développement de l'internet. Je sais que Catherine TRAUTMANN y est également très attachée.
La production et la diffusion de programmes en réseau et sur supports numériques passent ainsi par la mise en place de dispositifs efficaces pour protéger les intérêts et les droits des créateurs.
C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité, dans le cadre de PRIAMM, faire un appel explicite au développement de systèmes de protection et de gestion techniques des uvres.
En outre, une étude sera lancée pour faire le point sur les systèmes existants ou en projet, au niveau international. PRIAMM permettra à la fois de soutenir des développements de haut niveau avec l'aide des laboratoires de recherche les plus en pointe dans le domaine notamment de la cryptologie, du tatouage et du marquage des uvres et de lancer des expérimentations en grandeur réelle pour le test et la mise en place de ces systèmes.
En parallèle, j'envisage de lancer une campagne d'information, particulièrement en direction du jeune public, pour les sensibiliser aux enjeux que représente la lutte contre le piratage pour la réussite de la société de l'information et le développement de la création.
Le Comité National anti-contrefaçon a travaillé sur les problèmes de piratage et doit me rendre ses propositions dans les jours qui viennent en ce sens.
PROGRAMME DU SECRETARIAT D'ETAT A L'INDUSTRIE EN FAVEUR DE L'INNOVATION EN 2000.
L'appel à propositions PRIAMM 2000 s'intègre dans un programme plus vaste que je mène en faveur du soutien à la recherche et à l'innovation industrielle.
Ce programme représente en 2000 près de 2 MdsF de crédits (1836 MF inscrits en loi de finances plus les remboursements d'avances sur les projets en cours ou terminés). Sa finalité est de permettre à notre pays, à nos entreprises, de prendre des positions dans les grands combats technologiques mondiaux, de créer les conditions d'une croissance soutenue et donc de la création d'emploi.
Depuis 2 ans et demi, j'ai engagé une profonde évolution de ce programme : priorité est donnée maintenant aux partenariats : coopération entre entreprises, bien sûr, et aussi entre grands groupes et PMI, pour lesquels 25 % du programme est réservé, coopération entre entreprises et recherche publique ou collective pour anticiper les ruptures technologiques, partenariats européens enfin, car l'innovation est un sujet à traiter à la dimension de l'Europe.
J'ai également souhaité que ce programme soit moins concentré sur certaines entreprises et qu'il y ait un renouvellement régulier des entreprises qui bénéficient des soutiens à la recherche industrielle.
Enfin, j'ai voulu que ce programme couvre bien le champ des enjeux technologiques de demain, en cohérence avec les priorités gouvernementales.
Ainsi, je vous annonce aujourd'hui les grands axes que je retiens pour 2000 et qui seront mis en uvre par Jeanne SEYVET, Directrice Générale de l'Industrie, des Technologies de l'Information et des Postes. - la société de l'information représente bien évidemment en 2000 une priorité : plus de 1,5 MdsF lui seront consacrés.
Sans entrer dans les détails, ce volet en faveur de la société de l'information comporte des appels à propositions dans les domaines des usages et services des technologies de l'information, dont PRIAMM, des réseaux avec les défis de l'Internet de nouvelle génération, et dans les domaines des logiciels et des composants électroniques.
les sciences du vivant, les biothechnologies et l'environnement sont ma deuxième priorité avec des crédits qui atteignent 160 MF, et un soutien très important au génôme humain :
je participe, à hauteur de 50 %, à l'effort public d'1 MdF sur 5 ans pour le réseau génôme humain.
enfin, au travers du thème croissance compétitive et durable, le Secrétariat d'Etat à l'Industrie soutiendra pour plus de 250 MF d'autres technologies d'avenir comme les piles à combustibles dont les applications industrielles sont maintenant proches de nous, ainsi que les technologies liées aux transports, qui est un domaine d'excellence de la France.
CONCLUSION : LOI SUR LA SOCIETE DE L'INFORMATION
En conclusion, je souhaite dire quelques mots sur l'adaptation de notre cadre juridique au développement de la société de l'information.
Avec la Garde des Sceaux, la Ministre de la Culture et de la Communication et le Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, j'ai présenté le 5 octobre dernier le document d'orientation " Une société de l'information pour tous ", au travers duquel le Gouvernement donnait une vue d'ensemble des adaptations de notre cadre juridique qu'implique la société de l'information.
La consultation publique à laquelle ce document d'orientation a été soumis jusqu'au 5 décembre dernier a permis aux acteurs publics et privés de s'exprimer sur les implications juridiques de la révolution numérique et d'enrichir les choix que le Gouvernement entend proposer au Parlement.
Un premier constat des résultats de cette consultation montre le succès de cet exercice. Près de 350 contributions ont été reçues sur le forum, qui fut riche d'opinions et de propositions échangées.
Les tables rondes, qui réunirent plus de 200 personnes, furent quant à elles l'occasion de débats de fond qui seront d'une grande utilité au Gouvernement.
Celui-ci a enfin reçu une cinquantaine de contributions de la part d'autorités administratives indépendantes, d'associations d'élus, d'organismes professionnels, d'associations d'utilisateurs, d'entreprises et de particuliers.
La synthèse de cette consultation est en cours d'élaboration.
Sur ces bases, Christian SAUTTER et moi-même proposeront au Premier ministre, en étroite liaison avec Elisabeth GUIGOU et Catherine TRAUTMANN, le projet de loi sur la société de l'information.

(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 04 février 2000).