Déclarations de M. Edouard Balladur, Premier ministre, sur la protection du patrimoine archéologique et le développement de l'Ardèche dans le cadre de l'aménagement du territoire, Montélimar et Vallon Pont d'Arc le 14 février 1995.

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Circonstance : Déplacement d'Edouard Balladur dans la Drôme, le Vaucluse et l'Ardèche le 14 février 1995 : visite à la grotte de Vallon-Pont d'Arc, nouvellement découverte et à Montélimar

Texte intégral

(Allocution à Montélimar)
Monsieur le Député-Maire,
Messieurs les Parlementaires,
Messieurs les Élus,
Mesdames, Messieurs,
La ville de Montélimar est réputée pour la qualité de son accueil. Je suis heureux de voir, M. le Député-Maire, que c'est une réalité bien vivante. Je vous en remercie.
La Drôme s'est illustrée au cours de l'Histoire. Le courage de ses habitants et la fermeté de leurs convictions républicaines, leur attachement à la liberté et à la France ont été rappelés avec éclat lors de la dernière guerre. Tous ont en mémoire les cruels événements du Vercors.
Cruels, mais aussi glorieux : les hommes et les femmes qui ont combattu et qui sont morts en ces heures tragiques, dont nous venons de fêter le 50ème anniversaire, avaient conscience de défendre non seulement une terre et des intérêts, mais aussi une civilisation : la civilisation française.
Une civilisation qui remonte au fond des âges. La merveilleuse découverte de la grotte de Vallon-Pont d'Arc, dont les fresques ont près de 20 000 ans d'âge, et où je me rendrai tout à l'heure, confirme que nous sommes les héritiers de la plus ancienne civilisation de la Terre, si par civilisation, on entend la capacité qu'ont les hommes, non seulement de survivre, mais aussi d'imaginer, de créer, d'imprimer leur marque à l'histoire.
Mais la civilisation, c'est aussi la vie quotidienne. C'est la manière particulière qu'ont les hommes et les femmes de mener leur vie au jour le jour.
Quoi de plus significatif d'une certaine qualité française de vie, que celle de nos villes moyennes, celles du midi de la France en particulier, dont Montélimar offre un parfait exemple et à laquelle l'action de son député-maire, Thierry CORNILLET et le dynamisme des Montiliens apportent un rayonnement mérité !
L'ancienne RN 7 s'est métamorphosée en "Allées provençales". C'est une réalisation exemplaire que nous avons inaugurée ensemble tout à l'heure. Ces allées ont vu le jour en l'espace de deux ans, grâce à une excellente coopération entre l'État, la Région, le Département et la Ville. Je tiens à féliciter les architectes et les maîtres d'uvre de ces espaces piétons qui embellissent votre cité et s'inscrivent dans un effort d'aménagement urbain d'une grande qualité.
La loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire qui a été promulguée il y a 10 jours est l'aboutissement d'un long débat conduit depuis un an et demi sous la responsabilité de Charles PASQUA. Au cours de ce débat, les Français de tous horizons ont eu l'occasion de s'exprimer. Ils ont marqué leur volonté de préserver une France à visage humain, de rééquilibrer nos régions et le monde rural par rapport aux villes, mais aussi de préserver les bourgs, petites villes, villes moyennes, menacées par une croissance incontrôlée des grandes métropoles.
La loi d'orientation donne une panoplie d'instruments d'aménagement parmi lesquels une meilleure péréquation des ressources des collectivités, un schéma national, des schémas régionaux et sectoriels d'aménagement, de nouvelles modalités d'organisation des services publics et de substantielles exonérations d'impôts et de charges au bénéfice des zones défavorisées. Il nous appartient désormais de mettre en uvre ces dispositions. Nous devons le faire ensemble.
Mais sans attendre, j'ai souhaité que soit relancée une active politique des villes moyennes, laissée à l'abandon depuis bientôt 15 ans.
Plus de 800 emplois ont été créés à Montélimar ces dernières années, 43 entreprises s'y sont installées. Je m'en réjouis. La lutte que le Gouvernement mène depuis mars 1993 porte ainsi ses premiers fruits.
La ville de Montélimar valorise les atouts dont elle dispose : le savoir-faire et les compétences qui sont reconnus à ses habitants dans les domaines des transports, du cartonnage ou de l'agro-alimentaire qui bénéficie de productions agricoles de qualité. Ces atouts sont mis en valeur par un ensemble d'exploitations et d'entreprises dynamiques.
Un contrat de ville a été signé entre l'État et la ville de Montélimar pour les années 1994-1998. Il a pour but d'offrir à tous les habitants de cette ville, à leurs familles et à leurs enfants, un cadre de vie dont ils puissent être fiers.
La ville et ses partenaires se sont engagés en particulier à lutter contre les phénomènes d'exclusion propres à la vie moderne. La grave crise économique et sociale dont nous sortons a rendu ces phénomènes plus aigus.
Les problèmes qui en découlent sont considérables et ils constituent une grave menace pour notre société.
Mais leur solution est sans doute davantage à notre portée dans les villes moyennes comme Montélimar où la cohésion et la solidarité permettent de maintenir l'esprit civique, si nécessaire à la France d'aujourd'hui.
Je n'ignore pas que certains de vos concitoyens s'inquiètent devant la recrudescence, depuis quelques mois, des phénomènes de délinquance dans certains quartiers de la ville. Je rappellerai combien je suis attaché à ce que les lois de la République soient respectées et les droits des citoyens garantis. Ni les pressions extérieures, ni les évolutions inquiétantes que peuvent connaître certains pays étrangers, où la démocratie est en danger, n'affaibliront ma détermination sur ce point. La France sera certes fidèle à sa mission et à sa vocation, mais rien ne saurait remettre en cause l'accomplissement des devoirs que confère la citoyenneté française.
Ville moyenne exemplaire, Montélimar jouit d'une situation exceptionnelle, aux portes de la Provence.
Entre Lyon et Marseille, et comme Valence et Avignon, elle est appelée à jouer un rôle important dans notre politique d'aménagement du territoire.
Un des objectifs de cette politique est de mieux insérer la France dans l'Europe de demain.
L'élargissement de la Communauté vers les pays de la péninsule ibérique il y a une douzaine d'années, l'essor consécutif des économies de nos voisins du Sud ont permis un rééquilibrage nécessaire de notre continent.
Ils ont par la même occasion renforcé la vocation du couloir rhodanien, non seulement comme le trait d'union des trois principales villes de France, PARIS, LYON, MARSEILLE, mais comme un axe essentiel de l'espace européen.
Le développement bien nécessaire des voies de communication le long de cet axe, comporte non seulement le TGV, mais aussi le canal Rhin-Rhône. Projet ambitieux, trop longtemps repoussé, le canal Rhin-Rhône doit conforter la position multiséculaire de notre pays su coeur de l'Europe, comme il doit aussi contribuer à l'apparition d'activités nouvelles, et donc d'emplois.
Par sa géographie, notre pays constitue le point de passage obligé entre l'espace atlantique et l'espace méditerranéen.
La situation privilégiée du couloir rhodanien comporte aussi, vous le savez bien, des inconvénients : le risque d'engorgement en particulier.
L'essor des activités de transport et le dynamisme économique et touristique de la région y rendent la circulation très chargée. Le passage y devient plus intense encore en période de vacances.
La remise à jour prochaine du schéma national des communications, des routes et des autoroutes sera l'occasion de débattre des difficultés propres à l'agglomération montilienne.
J'ai d'ores et déjà pris note du souhait qu'ont exprimé les élus de Montélimar de voir réalisés un nouvel accès à partir de l'autoroute ainsi qu'un nouvel arrêt sur la ligne de TGV. Il faut y réfléchir et en débattre ensemble. C'est pourquoi j'ai demandé à la DATAR de réaliser une étude sur le projet de la gare du TGV.
Le développement des voies de communication ne sera accepté par nos concitoyens que si tout le territoire en tire parti.
C'est pourquoi les habitants de la vallée du Rhône qui est un axe européen stratégique et porteur de progrès, ont raison d'être vigilants afin d'être à même de profiter pleinement de leur situation.
Cela suppose une réflexion qui dépasse les frontières administratives et les débats traditionnels pour nous projeter dans la France de 2015, celle de nos enfants.
Outre le recours à des moyens de transports diversifiés et articulés entre eux, il faut veiller à la diversité des itinéraires. Ainsi l'achèvement prochain de l'A.75 qui traversera le Massif Central de part en part devrait permettre non seulement de donner à cette région trop longtemps à l'écart des grands courants d'échange une nouvelle chance, mais aussi de dévier une partie des flux excessifs que vous connaissez.
Il en va de même de l'autoroute BOURG-GRENOBLE-SISTERON-AIX, qui doublera l'autoroute A.7 et ouvrira le Sillon alpin sur le Midi méditerranéen.
Tout à l'heure, je me rendrai dans le Vaucluse pour répondre à l'invitation de M. Thierry MARIANI, député maire de Valréas. Je sais que comme ici, il a le souci de mettre à profit l'axe de communication qu'est la vallée du Rhône pour améliorer la vie des habitants et faciliter la création d'activités nouvelles.
J'ai demandé au ministre de l'Équipement, des Transports et du Tourisme d'engager la réalisation de l'échangeur au Sud d'Orange. Le financement des collectivités initialement prévu à hauteur de 100 % sera ramené à 10 millions de francs, soit 30 % du coût du projet. Cet accord permet la reprise des études pour l'échangeur situé au Nord d'Orange à la construction duquel les collectivités apporteront leur contribution. Je souhaite que la convention concrétisant ces positions soit conclue avant deux semaines.
Je me rendrai à Valréas pour vérifier concrètement, au travers de la signature d'un contrat LASER, la réalité de la mise en oeuvre des mesures que le Gouvernement a prises en faveur de la jeunesse.
Je connais l'inquiétude de nos jeunes, du fait en particulier du niveau de chômage excessif que nous connaissons.
Dès le printemps 1993, j'ai souhaité que la priorité soit donnée à l'emploi des jeunes et à l'apprentissage.
Des premiers résultats sont là. Le nombre de jeunes en apprentissage a augmenté de 20 % en 1994. Il n'a jamais été aussi important depuis vingt cinq ans. En 1994, le chômage des jeunes a baissé de 5 %. C'est encore trop peu et la consultation des jeunes a bien montré que c'était une préoccupation essentielle.
C'est pourquoi l'une des principales décisions prises à la suite de la consultation est l'institution pour les jeunes de moins de vingt ans d'un droit à la formation, à un stage ou un emploi. 10 000 contrats de formation supplémentaires ont été financés à cet effet.
La vaste entreprise d'aménagement du territoire dans laquelle nous nous sommes engagés et qui ne portera tous ses fruits que dans la durée n'a pas d'autre objectif que de leur permettre de vivre une vie qui soit conforme à leurs légitimes aspirations.
Je rends hommage à tous ceux qui participent à l'élan commun en vue d'écrire un nouveau chapitre de l'histoire de notre pays, une France forte, prospère, confiante en l'avenir, rassemblée autour de valeurs communes et d'objectifs partagés.
(Allocution Vallon Pont d'Arc)
"J'aimerais qu'il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés, et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources".
Le patrimoine exceptionnel que votre beau pays vient d'offrir à la France est digne de ces mots de Georges PEREC. C'est donc avec un grand plaisir que j'ai répondu favorablement à l'invitation du Président TORRE, malheureusement retenu à l'étranger aujourd'hui. Je remercie M. AGERON pour son accueil chaleureux, M. Jean CLOTTES pour nous avoir fait partager son érudition et son émotion devant cette découverte, M. ARNAUD qui nous a fait part des souhaits et des initiatives du Conseil Général, ainsi que tous les parlementaires et élus présents. Je remercie également les inventeurs, qui nous donnent l'occasion de nous réunir aujourd'hui, M. CHAUVET, agent de l'État, qui a réalisé cette découverte en compagnie de Mme DESCHAMPS et M. HILLAIRE dans le cadre d'une mission de prospection du service régional d'archéologie.
L'Ardèche - ses habitants, ses activités, ses espaces - est concerné au premier chef par la politique nationale de développement du territoire que j'ai voulu mettre en place. Je connais la vitalité de ce département, la valeur de l'effort de ses responsables et de ses habitants, de leur volonté de créer les conditions d'une vie plus harmonieuse, plus solidaire. La situation économique et sociale de l'Ardèche confirme l'impression de vitalité.
La population croit plus fortement que la moyenne nationale. La population active augmente. Le marché de l'emploi se redresse : alors qu'il progressait sur un rythme de 10 % par an fin 1993, le nombre de demandeurs d'emplois a baissé de 2,2 % en 1994. Le département s'affirme comme étant à la fois agricole, avec des filières de qualité, industriel, avec un tissu de PME performantes, touristique, nous y reviendrons.
L'État a augmenté son effort d'investissement en Ardèche : 500 MF en 1994 contre 341 MF en 1992. Un deuxième programme européen de développement portant sur les années 1994-1999 et représentant 1200 MF d'investissement vient d'être engagé. Le contrat de XIe plan a prévu 350 MF d'investissements pour le réseau routier, la rénovation de 320 à 360 lits d'établissements pour personnes âgées, deux contrats de ville : Annonay et Aubenas.
Cette vitalité constitue un atout pour la période qui s'ouvre: celle d'une nouvelle croissance de l'économie nationale. La France a connu en 1993 la crise la plus sévère depuis la Libération. En 1994, la croissance est revenue. Elle sera d'au moins 3 % en 1995. Je ne doute pas que l'Ardèche saura faire mieux que la moyenne nationale.
Aujourd'hui, la découverte de la grotte de la Combe d'Arc nous réunit.
L'environnement de notre pays, qu'il soit naturel ou culturel, constitue une richesse et un atout exceptionnel. Ce bel endroit de France où nous sommes réunis aujourd'hui en est la meilleure illustration. Un patrimoine naturel, les Gorges de l'Ardèche, que le monde entier nous envie - plus de 600 000 visiteurs étrangers ne lui rendent-ils pas visite chaque année -, un patrimoine archéologique qui appartient désormais, avec la découverte de la grotte de la Combe d'Arc, au patrimoine de l'humanité.
Ce patrimoine, cet atout pour votre région et pour notre pays, impose à l'État, aux collectivités et aux citoyens à la fois des droits et des devoirs : le droit de le mettre en valeur, le devoir de le protéger.
Il nous faut préserver le patrimoine. Ce site est un excellent exemple d'une mise en oeuvre intelligente et concertée des outils à la disposition de l'État et des collectivités. La réserve naturelle des Gorges de l'Ardèche et le site classé du Pont d'Arc préservent et mettent en valeur depuis plusieurs années des paysages remarquables, une flore et une faune fragiles tel l'aigle de Bonelli qui niche dans les falaises, une richesse archéologique illustrée jusque là par une quinzaine de grottes ornées.
Grâce à la diligence de l'action de l'État, mais aussi à une concertation étroite avec les propriétaires concernés et les collectivités, des mesures de protection matérielles et juridiques de la grotte de la Combe d'Arc ont pu être prises très rapidement, afin d'éviter tout remaniement et toute intrusion et préserver ainsi son exceptionnel état de conservation. Ces mesures seront pérennisées car cette grotte est destinée à demeurer un objet d'étude scientifique sans pouvoir être ouverte au public. Le projet de classement en tant que monument historique sera présenté dès le 2 mars prochain au Conseil Supérieur des Monuments Historiques.
Les initiatives récentes de mise en place d'un comité consultatif et d'un conseil scientifique de la réserve permettront d'approfondir cette concertation entre tous les intérêts en présence pour poursuivre cette action de protection du patrimoine. Je ne verrais que des avantages à ce qu'aboutisse rapidement le projet de création d'une zone de protection périphérique de la réserve, espace intermédiaire qui servirait de poumon à ces sites remarquables et permettrait de gérer de façon coordonnée leur périphérie, en particulier son urbanisation.
Certains diront que toutes ces protections imposent des contraintes au développement local. Je sais l'importance de l'activité touristique, pilier de l'économie de votre département : 1 600 entreprises, 13 000 emplois, 3 milliards de chiffre d'affaire. Le Conseil Général fonde de grands espoirs pour le développement de l'activité et de l'emploi local sur la valorisation touristique du patrimoine local. Mais l'activité touristique est tellement importante dans les Gorges de l'Ardèche que la fréquentation est mal maîtrisée et que les retombées économiques ne sont pas à la hauteur du nombre de visiteurs.
Votre ambition - notre ambition - doit être de fortifier l'économie de l'Ardèche sans nuire à l'environnement qui constitue son atout majeur pour les années à venir. La loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement vient à sa façon de consacrer ce lien entre tourisme et environnement : le produit de la taxe de séjour pourra être désormais affecté à des actions de protection et de gestion des espaces naturels à des fins touristiques. L'environnement peut également être directement créateur d'emplois : les emplois verts lancés par M. BARNIER en février 1994 ont d'ores et déjà permis la création, en partenariat avec les collectivités territoriales, de 14.800 emplois. Ici, en Ardèche, 12 projets ont créé 184 emplois verts, ce dont je vous félicite. Cette opération se poursuivra en 1995.
Il faut prendre en compte les exigences de qualité des visiteurs, accentuer les efforts vers un tourisme de qualité, donc vers une activité à plus forte valeur ajoutée.
Réhabiliter les espaces dégradés, prévenir les excès de la fréquentation touristique, mettre en place une découverte intelligente du site, tels sont les objectifs de l'Opération Grand Site qui a fait l'objet d'une Charte le 4 août 1993 entre le Syndicat intercommunal de la Vallée de l'Ardèche, gestionnaire des espaces, le Ministère de l'Environnement et le Ministère de l'Équipement, et d'un programme de plus de 21 millions de francs. Des premières opérations ont été réalisées comme la création d'une maison de la réserve. Il convient de donner un nouvel élan à cette opération. L'État apportera, en 1995, 2,2 millions de francs afin que la réhabilitation du site du Pont d'Arc, coeur même de cette opération, soit engagée dès cette année : elle doit permettre de rendre à ce site exceptionnel son caractère pittoresque en améliorant son environnement de proximité, plus particulièrement les infrastructures touristiques peu élégantes, et en restituant les vues amont sur le Pont d'Arc et la rivière Ardèche qui ont été progressivement altérées par des aménagements disgracieux, ce qui nécessitera d'éloigner les parcs de stationnement.
Il conviendrait, à mon sens, d'envisager pour la suite un scénario encore plus ambitieux qui conduirait à mieux protéger le site en interdisant très largement l'accès aux véhicules et à limiter le camping au sein de la réserve.
La valorisation de la grotte de la Combe d'Arc doit également être d'ores et déjà envisagée, sans mercantilisme mais avec volonté et maîtrise, imagination et organisation.
Le Gouvernement va proposer au nouveau Conseil National de la Recherche Archéologique, qui sera mis en place le 14 mars prochain, que la grotte soit inscrite sur la liste des Grands Sites Nationaux Archéologiques. Le Gouvernement va égaiement demander à l'UNESCO que la Grotte de la Combe d'Arc soit inscrite au patrimoine mondial de l'humanité. Mais pour que ce sanctuaire de l'art rupestre puisse contribuer au développement et au prestige de l'Ardèche, il faut savoir prendre du temps pour éviter la destruction, irrémédiable en quelques instants, de ce qui a traversé des dizaines de siècles pour arriver sous nos yeux et donc procéder par étapes successives : assurer sa conservation, c'est le rôle de l'État et ce sera la priorité pour 1995 ; réaliser son étude scientifique, c'est encore le rôle de l'État ; rendre accessible enfin au plus grand nombre les trésors de ce haut lieu de la mémoire humaine, c'est la mission des acteurs locaux avec bien entendu le soutien de l'État sur lequel vous pouvez compter.
Je partage votre souhait que soit mis en place un dispositif provisoire pour satisfaire la curiosité des visiteurs dès l'été prochain, mais aussi celle des établissements scolaires de la région. Il pourrait trouver sa place ici même à Vallon Pont d'Arc, mais aussi au Musée Régional de la Préhistoire d'Orgnac.
J'ai également bien noté avec satisfaction la volonté exprimée par le Conseil Général d'assurer la maîtrise d'ouvrage et la gestion d'un futur centre muséographique. J'espère que d'autres collectivités, mais aussi des entreprises, répondront à cette initiative. L'État, pour sa part, est prêt à travailler dès demain avec les collectivités à la définition de ce projet, et à participer aux études nécessaires. Je souhaite que ce patrimoine exceptionnel soit l'occasion d'une réalisation à sa hauteur qui utilise toutes les ressources des technologies modernes, en particulier de l'image, afin d'offrir une image fidèle et une information complète au public.
Le patrimoine naturel et culturel, constitue une richesse pour notre pays. Il constitue également un facteur important de développement du territoire.
Parmi les nouveaux principes fondamentaux de l'aménagement du territoire, la politique culturelle et celle de la protection de l'environnement sont à égalité avec la politique économique ou la politique sociale. Cette nouvelle approche globale de l'aménagement du territoire constitue, à mes yeux, le grand apport de la loi adoptée par le Parlement.
Les espaces et sites protégés constituent des maillons essentiels, au même titre que les réseaux de ville ou de transport, pour animer et dynamiser nos régions, pour instaurer une solidarité ville-campagne et pour engager les élus et les acteurs locaux en faveur d'un développement durable, respectueux de l'environnement et du patrimoine.
Ne nous trompons pas ! Les espaces et sites remarquables ne sont pas seulement des entités à protéger contre les attaques de l'homme. Ils peuvent également servir sa cause s'il sait les aménager tout en les préservant. C'est aussi de cette manière que nous préserverons la cohésion, la tradition et la force de la France.