Conseil des ministres du 1er octobre 2003. Le bilan de la lutte contre les incendies de forêt.

Prononcé le 1er octobre 2003

Intervenant(s) : 

Auteur(s) moral(aux) : Secrétariat général du Gouvernement

Texte intégral

Le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales a présenté le bilan de la campagne de lutte contre les incendies de forêt.
Le bilan des feux de forêt en cette année 2003 est lourd : le feu a tué 10 personnes, dont 4 sapeurs-pompiers, et il a parcouru plus de 60 000 hectares de forêt. Plus de 2000 départs de feu ont été recensés. Un tel bilan n'avait pas été atteint depuis au moins 30 ans et il est dû avant tout à des conditions météorologiques exceptionnelles ainsi qu'à des actes malveillants plus nombreux que les années précédentes. Ces facteurs conjoncturels ne peuvent pas être sous-estimés.
Toutefois, après plus de dix ans de relative maîtrise des incendies de forêt, il apparaît indispensable de revoir la politique de prévention et de lutte contre le feu, dès la prochaine saison.
Incontestablement, l'habitat diffus en forêt accroît le risque et ce d'autant que les zones situées en limite de forêt et zones construites sont souvent insuffisamment équipées. Les préfets devront veiller à ce que les collectivités territoriales prennent en compte les risques de feux de forêts lors de la révision des documents d'urbanisme. De même, le contrôle du défrichement, dans les cas de changement d'affectation du sol, devra être très strict.
L'élaboration des plans de prévention des risques liés aux incendies de forêt devra être généralisée. Onze de ces plans sont d'ores et déjà en vigueur dans les Alpes-maritimes. Enfin, la réglementation en zone forestière sera renforcée, par l'utilisation de matériaux moins sensibles au feu et par l'obligation de disposer de matériels de première urgence contre l'incendie.
Malgré les campagnes de communication, de nombreux propriétaires ne respectent pas l'obligation de débroussaillement. Une conséquence majeure de cette situation est de détourner les sapeurs-pompiers de la lutte contre la propagation du feu en forêt pour protéger les habitations et les personnes. Les communes, si elles effectuent des mises en demeure, n'exécutent que trop rarement les travaux de débroussaillement en cas de carence des propriétaires.
Le dispositif national de lutte contre les feux de forêts, dont l'engagement avait été anticipé d'un mois, a été amplifié par la mobilisation de renforts exceptionnels dès le mois de juillet. L'intégration des colonnes de renforts de sapeurs-pompiers venant d'autres départements s'est déroulée dans les meilleures conditions. Par ce dispositif de solidarité, 1500 sapeurs-pompiers venus en renfort de toute la France ont été engagés simultanément au plus fort des risques, en complément de l'action des 33 000 pompiers du Sud et avec l'appui constant des unités militaires de la sécurité civile.
La participation des moyens militaires a été renforcée. Au total, 500 militaires ont été engagés et ont effectué un millier de missions de quadrillage du terrain et 1500 heures de vol pour des missions d'héliportage et de surveillance. Il faut enfin souligner la mobilisation exceptionnelle de l'ensemble des personnels forestiers.
Toutefois, pour tenir compte des délais d'acheminement souvent longs, le prépositionnement préventif d'un minimum de moyens d'intervention dans des lieux stratégiques devra être prévu l'été prochain.
L'action des forces de police et de gendarmerie et la mobilisation des Parquets ont été particulièrement positives, cet été, pour permettre de rechercher et d'identifier les auteurs d'incendies. Une cellule nationale spécialisée de la Gendarmerie est à l'oeuvre dans le Var depuis le mois de juillet. Pour la première fois, 88 personnes ont été interpellées et 25 incendiaires écroués. Jamais de tels résultats n'avaient été obtenus auparavant.
Les équipages de la sécurité civile ont confirmé leur grande efficacité. Au total, ils ont effectué plus de 9000 heures de vol en opérations contre 4000 en moyenne. Mais il convient toutefois de s'interroger sur le format actuel de la flotte d'avions bombardiers d'eau. L'absence d'avions de grande capacité d'emport a été fortement ressentie et l'ampleur des feux a nécessité de faire appel, en complément, à des renforts aériens étrangers.
Par conséquent, dès cette année, sera mise à l'étude l'acquisition de deux avions gros porteurs capables d'emporter au moins dix tonnes de produits "retardants" en remplacement des deux Fokker 27, devenus obsolètes. L'emploi d'hélicoptères lourds devra également être recherché pour accroître la polyvalence de la flotte de la sécurité civile. Enfin, le recours à des moyens étrangers sera négocié en amont de la campagne feux de forêt afin de répondre plus efficacement aux conditions concrètes de nos interventions.
[UD 4]