Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, en réponse à une question au sujet de l'article 4 de la loi du 23 février 2005, sur l'enseignement du "rôle positif" de la colonisation, à l'Assemblée nationale le 14 décembre 2005.

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Circonstance : Séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 14 décembre 2005-question de Jean-Marc Ayrault (PS)

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le président Ayrault,
Nous sommes une grande nation, qui a connu des épreuves et la grandeur. Il y a dans notre histoire des combats exemplaires, l'affirmation d'idéaux qui font notre fierté, les grands principes de 1789, la loi de 1905 sur la laïcité, l'égalité des chances dont j'ai décidé qu'elle serait la grande cause nationale pour l'année 2006. Voilà des valeurs que nous devons porter haut et défendre.
Je le dis ici solennellement, Monsieur le président Ayrault, cette histoire, il ne faut pas seulement la commémorer, il faut la faire vivre au quotidien, il nous faut la partager, tous ensemble, il faut en tirer les leçons, avec humilité et enthousiasme. Mais soyons attentifs. Soyons attentifs à chacun, à toutes les mémoires, aux souffrances qui sont encore vivantes, aux mémoires qui ne sont pas suffisamment reconnues, aux identités blessées. La République doit leur faire toute leur place.
La France est riche de l'outre-mer, qui affirme notre présence et notre rayonnement sur tous les continents. La France est riche des ses enfants issus de l'immigration qui nous apportent leur confiance et leur espoir. Nous sommes tous citoyens, égaux en droits et en devoirs, fils et filles de la République. Ensemble, nous devons nous retrouver pour faire face aux défis d'aujourd'hui.
D'abord, nous devons affirmer une règle : ce n'est pas au Parlement de faire l'histoire. Il n'y a pas en France d'histoire officielle, il y a le travail des historiens.
C'est pourquoi le président de la République a proposé au président de l'Assemblée nationale de constituer une mission pluraliste pour évaluer l'action législative dans les domaines de la mémoire et de l'histoire. Cette mission devra s'entourer d'historiens et rendra ses conclusions dans les trois mois. Le président de la République a également demandé que soit créée dans les meilleurs délais, la Fondation sur la mémoire prévue par l'article 3 de la loi de février 2005.
Monsieur le président Ayrault, vous m'avez interpellé. Je ne veux pas qu'il y ait d'ambiguïté dans votre esprit sur ma réponse. Il est normal que nous nous posions des questions sur notre identité commune. Mais oui, je suis fier d'être français ! J'assume toute l'histoire de France ! Oui, j'ai l'honneur et tout mon gouvernement, de servir nos compatriotes et de relever les défis de l'avenir ! Tous ensemble sur ces bancs, nous pouvons dire fraternellement, debout, la tête haute : vive la République et vive la France !source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 16 décembre 2005)