Texte intégral
Le 30 janvier dernier, le président de la République annonçait qu'il retenait la date du 10 mai, date anniversaire de l'adoption par le Sénat de la loi reconnaissant la traite et l'esclavage comme un crime contre l'humanité, pour commémorer en métropole la traite négrière, l'esclavage et leurs abolitions. Pour la première fois de son histoire, notre pays donne aujourd'hui toute leur place à ces deux mémoires liées à l'esclavage : celle de la souffrance et celle de la liberté.
Car cette journée ne marque pas seulement l'abolition de l'esclavage, pas plus qu'elle ne commémore uniquement l'esclavage : ce sont ces deux aspects de l'Histoire qu'elle entend célébrer. C'est à la fois le partage d'une mémoire de la souffrance, d'une blessure, et celui des luttes pour la liberté qui ont trouvé leur aboutissement avec l'abolition instaurée par la République. C'est la longue et douloureuse marche pour vaincre la « barbarie civilisée », pour reprendre les termes d'Aimé Césaire, que nous commémorons aujourd'hui. C'est, après tant d'efforts, la victoire sur l'asservissement, portée par les conceptions humanistes républicaines. Cette date vient également répondre comme un écho lointain à la Proclamation du Colonel de l'Armée républicaine Louis Delgrès, qui, le 10 mai 1802 en Guadeloupe, face à la menace du rétablissement de l'esclavage, préfère la mort volontaire à la servitude. Ce sont ces diverses histoires que nous rendons présentes au travers du 10 mai. C'est l'inscription de ces histoires dans l'histoire.
Il nous faut toutefois nous garder de tout vision partielle, de toute simplification, de tout raccourci historique, de tout amalgame. Il nous faut nous garder, par une dangereuse illusion d'optique, de superposer passé et présent pour les confondre. Ne pas occulter l'histoire de la traite et de l'esclavage en se focalisant sur l'abolition. Ne pas se servir de l'histoire de la servitude comme prétexte au communautarisme. Il existe au coeur de notre République un espace où la mémoire de l'esclavage et la mémoire de l'abolition se retrouvent dans la sérénité : celui de la citoyenneté. Il existe désormais une date à cette rencontre.
Cette commémoration allie le symbolique à la mise en oeuvre très concrète d'une meilleure reconnaissance, d'une meilleure connaissance, de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions. S'appuyant sur le rapport du Comité Pour la Mémoire de l'Esclavage, le Chef de l'Etat a d'ores et déjà initié une série d'actions. Ainsi, les programmes scolaires des écoles, les collèges et les lycées donneront une place plus significative à l'esclavage ; la recherche scientifique sur le sujet sera encouragée. Un Centre national entièrement consacré à la traite négrière, l'esclavage et leurs abolitions, dont la mission de préfiguration a été confiée à Edouard Glissant, l'un de nos plus grands écrivains, et à laquelle sera naturellement associée le Comité Pour la Mémoire de l'Esclavage, permettra à ces mémoires de s'incarner en un lieu ouvert à chacun.
A travers cette commémoration, c'est aussi tout l'apport d'une partie de l'outre-mer français, de sa culture -au sens le plus large du terme-, sa richesse, sa créativité, sa diversité, qui est légitimement mise en avant. Cette histoire culturelle participe bien sûr pleinement de la construction de notre Nation et de notre identité. Elle doit, elle aussi, être plus amplement partagée en métropole.
Enfin, le 10 mai s'inscrit dans l'universalité de son propre message. La France a été le premier pays au monde à reconnaître l'esclavage comme crime contre l'humanité. C'est autant une réappropriation de l'histoire qu'une lutte contemporaine contre toutes les formes de servitudes, toutes les dégradations infligées à la dignité humaine. C'est dans cette réappropriation et dans ce prolongement actuel et à venir de cette lutte que, comme avec toute lutte contre l'oubli, s'enracine son universalité. Source http://www.u-m-p.org, le 11 mai 2006
Car cette journée ne marque pas seulement l'abolition de l'esclavage, pas plus qu'elle ne commémore uniquement l'esclavage : ce sont ces deux aspects de l'Histoire qu'elle entend célébrer. C'est à la fois le partage d'une mémoire de la souffrance, d'une blessure, et celui des luttes pour la liberté qui ont trouvé leur aboutissement avec l'abolition instaurée par la République. C'est la longue et douloureuse marche pour vaincre la « barbarie civilisée », pour reprendre les termes d'Aimé Césaire, que nous commémorons aujourd'hui. C'est, après tant d'efforts, la victoire sur l'asservissement, portée par les conceptions humanistes républicaines. Cette date vient également répondre comme un écho lointain à la Proclamation du Colonel de l'Armée républicaine Louis Delgrès, qui, le 10 mai 1802 en Guadeloupe, face à la menace du rétablissement de l'esclavage, préfère la mort volontaire à la servitude. Ce sont ces diverses histoires que nous rendons présentes au travers du 10 mai. C'est l'inscription de ces histoires dans l'histoire.
Il nous faut toutefois nous garder de tout vision partielle, de toute simplification, de tout raccourci historique, de tout amalgame. Il nous faut nous garder, par une dangereuse illusion d'optique, de superposer passé et présent pour les confondre. Ne pas occulter l'histoire de la traite et de l'esclavage en se focalisant sur l'abolition. Ne pas se servir de l'histoire de la servitude comme prétexte au communautarisme. Il existe au coeur de notre République un espace où la mémoire de l'esclavage et la mémoire de l'abolition se retrouvent dans la sérénité : celui de la citoyenneté. Il existe désormais une date à cette rencontre.
Cette commémoration allie le symbolique à la mise en oeuvre très concrète d'une meilleure reconnaissance, d'une meilleure connaissance, de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions. S'appuyant sur le rapport du Comité Pour la Mémoire de l'Esclavage, le Chef de l'Etat a d'ores et déjà initié une série d'actions. Ainsi, les programmes scolaires des écoles, les collèges et les lycées donneront une place plus significative à l'esclavage ; la recherche scientifique sur le sujet sera encouragée. Un Centre national entièrement consacré à la traite négrière, l'esclavage et leurs abolitions, dont la mission de préfiguration a été confiée à Edouard Glissant, l'un de nos plus grands écrivains, et à laquelle sera naturellement associée le Comité Pour la Mémoire de l'Esclavage, permettra à ces mémoires de s'incarner en un lieu ouvert à chacun.
A travers cette commémoration, c'est aussi tout l'apport d'une partie de l'outre-mer français, de sa culture -au sens le plus large du terme-, sa richesse, sa créativité, sa diversité, qui est légitimement mise en avant. Cette histoire culturelle participe bien sûr pleinement de la construction de notre Nation et de notre identité. Elle doit, elle aussi, être plus amplement partagée en métropole.
Enfin, le 10 mai s'inscrit dans l'universalité de son propre message. La France a été le premier pays au monde à reconnaître l'esclavage comme crime contre l'humanité. C'est autant une réappropriation de l'histoire qu'une lutte contemporaine contre toutes les formes de servitudes, toutes les dégradations infligées à la dignité humaine. C'est dans cette réappropriation et dans ce prolongement actuel et à venir de cette lutte que, comme avec toute lutte contre l'oubli, s'enracine son universalité. Source http://www.u-m-p.org, le 11 mai 2006