Texte intégral
Oui nous l'avons fait ; oui nous avons osé ; oui nous sommes libres ; c'est nouveau pour l'UDF, mais c'est bon. Ah c'est toujours difficile de quitter la rive qui vous abrite, le confort enveloppant de schémas déterminés mais tellement enveloppants qu'il vous étouffe pour le grand large.
Vous aviez appelé à Lyon à la liberté, vous aviez demandé aux députés du Groupe de vous affranchir des chaînes qui entravaient l'expression de notre analyse de la société française, qui entravaient notre capacité à nous rebeller contre un système qui ne marche plus, qui entravaient notre capacité d'exprimer librement nos propositions.
Nous sommes désormais affranchis du lien permanent avec le RPR devenu UMP, qui faisait dire à nos interlocuteurs à chaque élection « mais quelle alternative êtes-vous ? Mais qu'êtes vous donc sinon la caution centriste de vos alliés ? »
Mes chers amis, ce double vote, celui de Lyon et celui de l'Assemblée, il est fondateur. Et c'est grâce à ce double vote que nous pouvons clairement afficher et incarner une expression nouvelle de la politique. Nous avons enfin osé aller jusqu'au bout de notre démarche. Bien entendu, c'est moins confortable d'aborder la haute mer par nous même que d'être l'annexe du grand paquebot de l'UMP. Bien entendu, c'est plus risqué. Mais à travers ce vote, c'est notre identité que nous avons enfin osé déclarer.
Mes chers amis, dîtes-le autour de vous, l'UDF c'est nouveau, totalement nouveau ; et notre identité elle n'est ni de gauche ni de droite. Depuis ce vote de la motion de censure, pas plus à gauche et moins à droite ou plus à droite et moins à gauche, mais nous sommes seulement nous-mêmes, ceux qui veulent présenter une nouvelle démarche politique pour de nouvelles propositions.
Notre identité politique c'est quoi ? Le centrisme, c'est quoi ?
Notre identité ce n'est plus le doute ni l'inexactitude. Notre identité ce n'est pas l'eau tiède et la demi mesure dont on a souvent affublé les centristes.
Nous voulons proposer un monde nouveau, un modèle nouveau.
Dans un pays où l'on a enfermé les français dans un monde binaire, dans un espèce de réflexe pavlovien - les bons d'un côté et les méchants de l'autre côté - la tâche qui est devant nous est rude mais elle est exaltante. L'expliquer demande de la passion car elle refuse le simplisme pour faire appel à l'intelligence des français.
C'est si facile de faire campagne - et nous avons tous fait campagne comme cela - en expliquant à nos compatriotes qu'il y a les bons et qu'il y a les méchants ; qu'il y a un camp qu'il faut défendre avec herses et barricades et de l'autre un camp qu'il faut mépriser et vouer à l'enfer, qu'il y a des propositions qualifiées de droite, toutes bonnes et celles qualifiées de gauche, toutes mauvaises.
C'est tellement plus difficile de faire appel à l'intelligence, d'expliquer que les solutions acceptées par le plus grand nombre et donc viables pour la société française demandent non seulement de la pédagogie mais requiert aussi la conciliation des contraires, le partage de solutions communes et que les choses ne se rangent pas aussi facilement dans les tiroirs et qu'il y a dans les tiroirs de droite de bonnes idées et qu'il y a dans les tiroirs de gauche de bonnes idées.
Vous l'aviez dit à Lyon, François l'a dit à l'Assemblée nationale, il y avait en France la gauche et la droite ; désormais il y a la gauche, la droite et nous, le centre.
Et le centre ce n'est pas la demi mesure, l'eau tiède, c'est l'expression d'une vision de la société qui cherche des solutions parfois à gauche, parfois à droite.
L'équilibre que nous appelons de nos voeux n'est pas dans des solutions moyennes comme on voudrait si souvent nous enfermer, mais dans des solutions qui peuvent être considérées comme radicalement de gauche ou considérées radicalement de droite mais qui par leur conjonction donneront un équilibre, une force, une volonté à la société française.
Je voudrais essayer de vous donner deux applications concrètes.
Puis-je vous affirmer qu'en matière sociale, les règles du droit du travail sont trop compliquées, que c'est un maquis qui nuit à la création d'emplois, qui nuit à la création d'entreprises et qu'il faut aller vers une organisation du travail qui soit plus contractuelle et qui en finisse avec la multiplication infinie des contrats de travail pour aller vers un contrat de travail unique à droits renforcés - ça, c'est une proposition de droite.
Et peut-on dire en même temps qu'il est absolument indispensable qu'il y ait une intervention massive, massive, de l'Etat pour une grande politique d'égalité des chances dont j'ai eu déjà l'occasion de dresser les grandes lignes dans de précédents conseils nationaux.
D'ailleurs il était idiot comme on l'a fait en 2002 d'opposer traitement social du chômage - politique dite de gauche- et traitement économique du chômage - politique dite de droite. En 2002, à tribord toute ! Le traitement économique devient l'alpha et l'oméga de la politique de l'emploi. Le traitement social est banni car il est de gauche.
Puis devant l'échec, à bâbord toute avec le plan Borloo et le traitement massif du chômage à coups de milliards d'euros. Mais on le sait bien, la solution, elle est dans les deux. Il ne peut y avoir uniquement du traitement économique du chômage quand on est dans une société destructurée par 25 ans de chômage de masse et qu'il faut l'un et l'autre, qu'il faut un système en biseau qui permette d'abandonner progressivement le traitement social du chômage et seulement si l'emploi marchand a repris des couleurs. Et cela après un long travail de fond pour aider les personnes à retrouver le chemin de l'entreprise.
Autre exemple qui va vous faire hurler.
Puis-je vous dire que l'ISF est un impôt idiot, un impôt qui appauvrit la France et enrichit les Belges et les Suisses ? Puis-je vous dire qu'il est idiot de voir des milliards d'euros ficher le camp chaque année souvent au moment de la vente des plus belles PME françaises et que c'est d'autant plus consternant quand il s'agit d'une richesse liée à l'inventivité et au travail des Français ? Puis-je dire qu'il faut avoir le courage d'affirmer qu'il faut supprimer ou remplacer cet impôt anti économique - vous allez me dire c'est trop de droite, c'est ultra-libéral, c'est affreux. Et puis-je vous dire aussi que le capitalisme total, le capitalisme de rente, assis sur des monopoles ou sur des oligopoles qui captent la création de richesses au détriment des consommateurs et des salariés est absolument inacceptable et qu'il faut mettre en place des mécanismes correcteurs majeurs ? Puis-je vous dire que les 250 millions d'euros perçus par M. Zaccharias pour son départ de Vinci est un crachas à la figure des salariés français ?
Et on pourrait continuer ainsi sur la mondialisation, l'école...
Tony Blair avait donné une formidable leçon à Lionel Jospin, alors Premier ministre, lors de son discours à l'Assemblée nationale au début de l'année 1998. Il avait expliqué à la majorité socialiste d'alors qui avait trouvé la pilule désagréable, qu'il n'y avait pas de politiques de gauche et politiques de droite mais de bonnes politiques ou de mauvaises politiques.
Et pour cela, quelle doit être la démarche qui doit nous guider ?
D'abord, rassembler, tendre la main à toutes celles et tous ceux qui pensent la même chose mais qu'on a figé dans des camps différents.
L'Allemagne vient de nous donner un magnifique exemple, parce que les allemands ont obligé la gauche et la droite à s'entendre.
Si vous ne l'avez pas lu, je vous invite à lire un très bel article paru dans le Figaro en page 2 il y a environ un mois, une grande page entièrement consacrée au bilan d'Angela Merkel. Après sa lecture, je me disais qu'il devait y avoir encore un centriste au Figaro et que Serge Dassault ne l'avait pas encore viré.
Dans cet article le journaliste faisait parler des responsables syndicaux, des grands patrons, des responsables associatifs, des allemands et tous disaient : ce qui est formidable, c'est que depuis la coalition CDU-CSU-SPD, on a le sentiment que les politiques s'occupent de nos problèmes, qu'ils ne sont plus là à régler des comptes, à chercher des positionnements qui sont forcément des positionnements en opposition, où la politique est dans la recherche d'attitudes ; qu'enfin les politiques se sont mis autour d'une table pour appréhender la réalité et trouver des solutions. Pour la première fois depuis longtemps on a le sentiment qu'ils s'occupent de nos problèmes, de trouver des solutions plutôt que de régler leurs comptes.
Eh bien mes chers amis, seule l'UDF peut faire en sorte que notre système politique puisse donner ce même sentiment aux Français.
Seule une UDF libre, assez forte et non prédéterminée, ayant donc une place centrale dans le système politique français, peut imposer ce dialogue entre les banquises. Seule une UDF indépendante peut avoir ce rôle pivot qui oblige au rassemblement. Car si l'on veut bien regarder les choses réellement, si l'on enlève l'extrême gauche et l'extrême droite, la gauche du PS définitivement indécrottable et la droite de la droite définitivement insupportable, il y a 60 ou 70% des Français qui pensent peu ou prou la même chose et qui se retrouvent sur la nécessité d'une économie de marché, mais d'une économie de marché régulée. Tant que nous étions inféodés, tant que nous étions sous tutelle, tant que nous étions des mineurs face à la grande puissance tutélaire, tout cela était impossible car nous n'étions pas crédibles, car nous n'étions que comme le bras de l'autre.
Depuis le congrès de Lyon, depuis le vote de la motion de censure, depuis que nous roulons pour nous-même, tout cela devient possible. C'est parce que nous serons à une place centrale que l'on pourra jeter des ponts entre les deux rives.
Seule cette alliance des Français qui pensent la même chose donnera à la France la stabilité politique dont elle a besoin. Il est consternant de constater à quel point le camp qui est dans l'opposition cherche toujours à se positionner pour indiquer qu'il fera le contraire de l'autre dès qu'il aura accédé au pouvoir. Peu importe que la mesure soit bonne ou mauvaise, que la mesure soit nécessaire ou utile, que les effets de la mesure ne soient pas encore évalués ; il faut abroger, supprimer, éradiquer.
Le programme du PS est à cet égard consternant :
On va renationaliser complètement EDF, quel qu'en soit le coût ; et même s'il l'Etat n'a pas un sou, et même si l'Etat a tellement d'autres choses à faire ; on va abroger la réforme des retraites, même si notre population vieillit, même si le monde le monde entier a à peu près décidé des mêmes mesures pour relever le défi démographique. On va revoir complètement la réforme de la sécu pour on ne sait quoi...
Peu importe le contenu, il faut se positionner. La société française vit à ce rythme : l'abrogation, la suppression, le remplacement des mesures prises par l'autre camp pour les remplacer par d'autres mesures qui finalement seront à peu près les mêmes.
Tout cela, toute cette instabilité juridique finit par donner le tournis aux Français et ensuite faute de réel changement, la nausée. Parce que dans cette histoire, c'est l'apparence qui compte plus que le fond.
Dans le Guépard, le comte Fabrizzio de Salinas recommandait à ses amis : « Il faut faire bouger les choses pour que les gens aient le sentiment que tout change afin que rien ne change ». Eh bien la politique française, c'est exactement cela : une politique de connivence où tous les pouvoirs économiques, médiatiques, sociaux, politiques veulent que tout bouge pour que rien ne change car au moins on sait où on va.
Ainsi une autre politique de la ville remplacera une autre politique de la ville ; une autre politique de sécurité remplacera une autre politique de sécurité ; une autre politique fiscale remplacera une autre politique fiscale. Mais qu'y aura-t-il de vraiment changé ? A peu près rien. Car on fera toujours les choses dans un même cadre.
Ce dont nous avons besoin, c'est d'examiner chaque politique ensemble, de pouvoir en faire le bilan sans dogmatisme, sans sectarisme, d'attendre les effets des politiques vraiment mises en oeuvre avant de les évaluer et d'éventuellement de les modifier.
Ce que nous devrions faire lorsque nous serons vainqueurs : définir la dizaine de sujets sur lesquels la France a besoin de s'adapter : le marché du travail, la fiscalité, l'éducation, l'université, la recherche... Mettre ensuite ensemble toutes les personnes concernées par ces sujets : patrons, syndicalistes, experts français et étrangers, fonctionnaires, bref toutes celles et tous ceux qui sont concernés par le sujet. Qu'ensemble ils participent au constat, qu'ils déterminent les forces et les faiblesses et qu'ensuite ils proposent des solutions. Faire cette épreuve de pédagogie, de vérité est indispensable pour permettre le changement. Et c'est à l'issue de ce travail commun que les politiques dans le cadre du débat démocratique auront à prendre leurs responsabilités, à prendre des risques, c'est-à-dire décider.
Etre au centre, c'est aussi respecter un certain nombre de principes. J'ai déjà eu souvent l'occasion de parler de démocratie, d'équilibre des pouvoirs, d'impartialité de l'Etat, d'exemplarité des politiques, de transparence du système. Je n'en parle pas à nouveau.
Mais parmi les principes qui doivent guider notre action, il y en a un que je voudrais évoquer rapidement : c'est le respect de la société civile.
Respecter la société civile, c'est déjà faire une démocratie et un Etat exemplaire, mais ce n'est pas uniquement cela. Et ce n'est certainement pas nommer des soi-disant ministres de la société civile sous forme de gadgets et qui d'ailleurs entre nous et vous ne le répéterez pas, sont en général de bien piètres ministres. Ça, c'est de la foutaise.
Un Gouvernement respectueux de la société civile, c'est un Gouvernement qui gère sa propre complexité, qui ne l'impose pas aux autres, qui se rend accessible à nos compatriotes qui ne comprennent plus rien d'un fonctionnement qui leur échappe.
Combien voyons-nous dans nos permanences de concitoyens cherchant seulement à comprendre la décision qui les frappe, qui veulent être guidés dans les méandres d'une administration qui leur donne trop souvent l'impression de tourner sur elle-même ? Il nous faudra revoir en profondeur l'architecture de notre administration. Communes, établissements de coopération intercommunale, syndicats mixtes divers, pays, départements, régions, Etat, Etat central et Etat déconcentré, Europe : tout cela est infernal, tout cela duplique à l'infini les administrations qui gèrent les mêmes dossiers. Chaque échelon de collectivité a son propre service économique, son propre service culturel, et tous ces services gèrent in fine le même dossier. On a, à juste titre, fait confiance à la décentralisation, mais on n'a pas eu le courage de faire deux réformes. Premièrement, faire le nettoyage dans les échelons de collectivités locales, comme par exemple fusionner département et région comme nous le proposions. Deuxièmement, fixer une règle simple : quand on confie une responsabilité à une collectivité, plus personne d'autre ne peut l'exercer. Cela simplifiera le système, le rendra visible pour nos concitoyens, et moins coûteux pour le pays, car d'un coup d'un seul une telle réforme dégage des sources d'économies considérables.
Un Gouvernement qui respecte la société civile, c'est un Gouvernement qui respecte la parole donnée et qui ne change pas de politique en permanence en fonction du climat, de l'actualité ou de je ne sais quelle lubie. L'actualité récente nous en donne deux exemples : un dramatique, les condamnés d'Outreau. 14 personnes ont été condamnées injustement, ont fait plusieurs dizaines de mois de prison, alors qu'elles étaient totalement innocentes. Quelles que soient les fautes du juge Burgaud, nous avons tout fait collectivement pour en arriver là. A chaque fois qu'un dangereux criminel psychopathe commet des crimes en série, la majorité réclame encore un peu plus de sévérité, réclame des peines encore plus lourdes. Début 2004, je faisais le compte, il y a eu 23 réformes du code de procédure pénale en 22 ans, 15 réformes en 10 ans. En 23 ans, on a modifié à 11 reprises les règles de détention provisoire. Ainsi, comment voulez-vous ensuite que notre système judiciaire ne commette pas des erreurs relâchant de grands criminels pour une erreur de procédure ?
Comment voulez-vous que la justice puisse avoir la sérénité nécessaire pour exercer son métier, quand à chaque grand crime on réclame des peines supplémentaires ? Comment voulez-vous qu'à peine interpellés, les gens ne soient pas immédiatement condamnés, quand la présomption d'innocence est systématiquement bafouée par le pouvoir politique et le pouvoir médiatique ?
Vous l'avez peut-être oublié, mais souvenez-vous : en août 2005, dans le nord de la France, un Marocain et son fils français ont été arrêtés par la DST devant les caméras de télévision, les journalistes de l'AFP et de la presse régionale, et immédiatement condamnés comme étant de dangereux terroristes liés aux réseaux islamistes, pour que quelques jours plus tard, on s'aperçoive qu'ils étaient totalement innocents. Tout cela conduit aux dérives que les Français découvrent avec l'affaire d'Outreau.
Et le même Garde des Sceaux qui, il y a quelques mois, réclamait un assouplissement des conditions de la détention provisoire pour incarcérer un peu plus, vous explique depuis huit jours qu'il faut mieux encadrer les règles de la détention provisoire pour respecter la présomption d'innocence, car les Français viennent de constater que, sous la pression du tout répressif, la justice finit par s'emballer.
Et vous voudriez ensuite que la justice ne soit pas faillible ; et vous voudriez que la justice soit sereine pour faire ce qu'il y a de plus difficile sur cette basse terre, c'est-à-dire juger ; et vous voudriez que la justice ne rentre pas dans la surenchère ?
Enfin, un Etat qui respecte la société civile, c'est accorder une place à la démocratie participative.
La politique ne doit pas être seulement le miroir de la société ; il ne suffit pas de dire : dîtes moi ce que vous voulez et on le fera, car sinon, cela risque rapidement de cacher la vacuité de la pensée...
La politique doit éclairer l'avenir, fixer un cap, déterminer des ambitions, prendre ses responsabilités en proposant une stratégie ; mais respecter la société civile, c'est aussi faire preuve de modestie, c'est aussi accepter que sur des sujets complexes, des sujets de société qui touchent à la substance de notre collectivité ou à la fibre de nos compatriotes, on n'a pas de solutions préétablies toutes faites. C'est savoir dire qu'on écoute car on n'est pas sûr de la bonne solution.
A travers une démocratie refondée, un Etat exemplaire et impartial, des pouvoirs qui respectent la société civile, des hommes et des femmes qui se parlent à nouveau parce qu'on les a rassemblés plutôt que de les diviser, on pourra recréer les conditions d'une société de confiance.
Mes chers amis, nous sommes à la croisée des chemins, probablement à une période de mutation et de bouleversement de la vie politique comme la France en connaît tous les 40 ou 50 ans. Nos compatriotes regardent cette immense confusion, cet espèce de chaos qui touche toutes les formations politiques avec disons-le pour rester correct un grand scepticisme et beaucoup d'interrogations. En réalité ce moment de confusion généralisée est assez comparable aux processus chimiques.
Vous qui contrairement à moi avez bien appris vos cours de chimie à l'école, vous avez retenu que le passage d'une structure moléculaire à une autre s'effectue par des échanges d'atomes et d'électrons, par des mouvements qui pour l'oeil non initié apparaissent chaotiques et incompréhensibles. Eh bien nous sommes exactement dans cette phase du passage d'une structure à une autre. Et dans ce jeu, l'UDF a un rôle historique à jouer : celui de participer à cette transformation, de servir de catalyseur de cette transformation. Et nous ne réussirons que si nous allons au bout de notre volonté, si nous sommes assez unis, soudés, si en quelque sorte l'atome que nous représentons est assez dense, compact, solide pour résister à toutes les forces qui empêcheront cette transformation. Eh bien je vous invite à la fois à cette union et à cette passion, la passion et la force qui bouleverseront les montagnes de l'immobilisme qui font tant de mal à la France. Soyons déterminés et nous vaincrons car ce que l'on croit avec force arrive toujours plus facilement que ce que l'on espère trop tranquillement.
source http://www.udf.org, le 12 juin 2006
Vous aviez appelé à Lyon à la liberté, vous aviez demandé aux députés du Groupe de vous affranchir des chaînes qui entravaient l'expression de notre analyse de la société française, qui entravaient notre capacité à nous rebeller contre un système qui ne marche plus, qui entravaient notre capacité d'exprimer librement nos propositions.
Nous sommes désormais affranchis du lien permanent avec le RPR devenu UMP, qui faisait dire à nos interlocuteurs à chaque élection « mais quelle alternative êtes-vous ? Mais qu'êtes vous donc sinon la caution centriste de vos alliés ? »
Mes chers amis, ce double vote, celui de Lyon et celui de l'Assemblée, il est fondateur. Et c'est grâce à ce double vote que nous pouvons clairement afficher et incarner une expression nouvelle de la politique. Nous avons enfin osé aller jusqu'au bout de notre démarche. Bien entendu, c'est moins confortable d'aborder la haute mer par nous même que d'être l'annexe du grand paquebot de l'UMP. Bien entendu, c'est plus risqué. Mais à travers ce vote, c'est notre identité que nous avons enfin osé déclarer.
Mes chers amis, dîtes-le autour de vous, l'UDF c'est nouveau, totalement nouveau ; et notre identité elle n'est ni de gauche ni de droite. Depuis ce vote de la motion de censure, pas plus à gauche et moins à droite ou plus à droite et moins à gauche, mais nous sommes seulement nous-mêmes, ceux qui veulent présenter une nouvelle démarche politique pour de nouvelles propositions.
Notre identité politique c'est quoi ? Le centrisme, c'est quoi ?
Notre identité ce n'est plus le doute ni l'inexactitude. Notre identité ce n'est pas l'eau tiède et la demi mesure dont on a souvent affublé les centristes.
Nous voulons proposer un monde nouveau, un modèle nouveau.
Dans un pays où l'on a enfermé les français dans un monde binaire, dans un espèce de réflexe pavlovien - les bons d'un côté et les méchants de l'autre côté - la tâche qui est devant nous est rude mais elle est exaltante. L'expliquer demande de la passion car elle refuse le simplisme pour faire appel à l'intelligence des français.
C'est si facile de faire campagne - et nous avons tous fait campagne comme cela - en expliquant à nos compatriotes qu'il y a les bons et qu'il y a les méchants ; qu'il y a un camp qu'il faut défendre avec herses et barricades et de l'autre un camp qu'il faut mépriser et vouer à l'enfer, qu'il y a des propositions qualifiées de droite, toutes bonnes et celles qualifiées de gauche, toutes mauvaises.
C'est tellement plus difficile de faire appel à l'intelligence, d'expliquer que les solutions acceptées par le plus grand nombre et donc viables pour la société française demandent non seulement de la pédagogie mais requiert aussi la conciliation des contraires, le partage de solutions communes et que les choses ne se rangent pas aussi facilement dans les tiroirs et qu'il y a dans les tiroirs de droite de bonnes idées et qu'il y a dans les tiroirs de gauche de bonnes idées.
Vous l'aviez dit à Lyon, François l'a dit à l'Assemblée nationale, il y avait en France la gauche et la droite ; désormais il y a la gauche, la droite et nous, le centre.
Et le centre ce n'est pas la demi mesure, l'eau tiède, c'est l'expression d'une vision de la société qui cherche des solutions parfois à gauche, parfois à droite.
L'équilibre que nous appelons de nos voeux n'est pas dans des solutions moyennes comme on voudrait si souvent nous enfermer, mais dans des solutions qui peuvent être considérées comme radicalement de gauche ou considérées radicalement de droite mais qui par leur conjonction donneront un équilibre, une force, une volonté à la société française.
Je voudrais essayer de vous donner deux applications concrètes.
Puis-je vous affirmer qu'en matière sociale, les règles du droit du travail sont trop compliquées, que c'est un maquis qui nuit à la création d'emplois, qui nuit à la création d'entreprises et qu'il faut aller vers une organisation du travail qui soit plus contractuelle et qui en finisse avec la multiplication infinie des contrats de travail pour aller vers un contrat de travail unique à droits renforcés - ça, c'est une proposition de droite.
Et peut-on dire en même temps qu'il est absolument indispensable qu'il y ait une intervention massive, massive, de l'Etat pour une grande politique d'égalité des chances dont j'ai eu déjà l'occasion de dresser les grandes lignes dans de précédents conseils nationaux.
D'ailleurs il était idiot comme on l'a fait en 2002 d'opposer traitement social du chômage - politique dite de gauche- et traitement économique du chômage - politique dite de droite. En 2002, à tribord toute ! Le traitement économique devient l'alpha et l'oméga de la politique de l'emploi. Le traitement social est banni car il est de gauche.
Puis devant l'échec, à bâbord toute avec le plan Borloo et le traitement massif du chômage à coups de milliards d'euros. Mais on le sait bien, la solution, elle est dans les deux. Il ne peut y avoir uniquement du traitement économique du chômage quand on est dans une société destructurée par 25 ans de chômage de masse et qu'il faut l'un et l'autre, qu'il faut un système en biseau qui permette d'abandonner progressivement le traitement social du chômage et seulement si l'emploi marchand a repris des couleurs. Et cela après un long travail de fond pour aider les personnes à retrouver le chemin de l'entreprise.
Autre exemple qui va vous faire hurler.
Puis-je vous dire que l'ISF est un impôt idiot, un impôt qui appauvrit la France et enrichit les Belges et les Suisses ? Puis-je vous dire qu'il est idiot de voir des milliards d'euros ficher le camp chaque année souvent au moment de la vente des plus belles PME françaises et que c'est d'autant plus consternant quand il s'agit d'une richesse liée à l'inventivité et au travail des Français ? Puis-je dire qu'il faut avoir le courage d'affirmer qu'il faut supprimer ou remplacer cet impôt anti économique - vous allez me dire c'est trop de droite, c'est ultra-libéral, c'est affreux. Et puis-je vous dire aussi que le capitalisme total, le capitalisme de rente, assis sur des monopoles ou sur des oligopoles qui captent la création de richesses au détriment des consommateurs et des salariés est absolument inacceptable et qu'il faut mettre en place des mécanismes correcteurs majeurs ? Puis-je vous dire que les 250 millions d'euros perçus par M. Zaccharias pour son départ de Vinci est un crachas à la figure des salariés français ?
Et on pourrait continuer ainsi sur la mondialisation, l'école...
Tony Blair avait donné une formidable leçon à Lionel Jospin, alors Premier ministre, lors de son discours à l'Assemblée nationale au début de l'année 1998. Il avait expliqué à la majorité socialiste d'alors qui avait trouvé la pilule désagréable, qu'il n'y avait pas de politiques de gauche et politiques de droite mais de bonnes politiques ou de mauvaises politiques.
Et pour cela, quelle doit être la démarche qui doit nous guider ?
D'abord, rassembler, tendre la main à toutes celles et tous ceux qui pensent la même chose mais qu'on a figé dans des camps différents.
L'Allemagne vient de nous donner un magnifique exemple, parce que les allemands ont obligé la gauche et la droite à s'entendre.
Si vous ne l'avez pas lu, je vous invite à lire un très bel article paru dans le Figaro en page 2 il y a environ un mois, une grande page entièrement consacrée au bilan d'Angela Merkel. Après sa lecture, je me disais qu'il devait y avoir encore un centriste au Figaro et que Serge Dassault ne l'avait pas encore viré.
Dans cet article le journaliste faisait parler des responsables syndicaux, des grands patrons, des responsables associatifs, des allemands et tous disaient : ce qui est formidable, c'est que depuis la coalition CDU-CSU-SPD, on a le sentiment que les politiques s'occupent de nos problèmes, qu'ils ne sont plus là à régler des comptes, à chercher des positionnements qui sont forcément des positionnements en opposition, où la politique est dans la recherche d'attitudes ; qu'enfin les politiques se sont mis autour d'une table pour appréhender la réalité et trouver des solutions. Pour la première fois depuis longtemps on a le sentiment qu'ils s'occupent de nos problèmes, de trouver des solutions plutôt que de régler leurs comptes.
Eh bien mes chers amis, seule l'UDF peut faire en sorte que notre système politique puisse donner ce même sentiment aux Français.
Seule une UDF libre, assez forte et non prédéterminée, ayant donc une place centrale dans le système politique français, peut imposer ce dialogue entre les banquises. Seule une UDF indépendante peut avoir ce rôle pivot qui oblige au rassemblement. Car si l'on veut bien regarder les choses réellement, si l'on enlève l'extrême gauche et l'extrême droite, la gauche du PS définitivement indécrottable et la droite de la droite définitivement insupportable, il y a 60 ou 70% des Français qui pensent peu ou prou la même chose et qui se retrouvent sur la nécessité d'une économie de marché, mais d'une économie de marché régulée. Tant que nous étions inféodés, tant que nous étions sous tutelle, tant que nous étions des mineurs face à la grande puissance tutélaire, tout cela était impossible car nous n'étions pas crédibles, car nous n'étions que comme le bras de l'autre.
Depuis le congrès de Lyon, depuis le vote de la motion de censure, depuis que nous roulons pour nous-même, tout cela devient possible. C'est parce que nous serons à une place centrale que l'on pourra jeter des ponts entre les deux rives.
Seule cette alliance des Français qui pensent la même chose donnera à la France la stabilité politique dont elle a besoin. Il est consternant de constater à quel point le camp qui est dans l'opposition cherche toujours à se positionner pour indiquer qu'il fera le contraire de l'autre dès qu'il aura accédé au pouvoir. Peu importe que la mesure soit bonne ou mauvaise, que la mesure soit nécessaire ou utile, que les effets de la mesure ne soient pas encore évalués ; il faut abroger, supprimer, éradiquer.
Le programme du PS est à cet égard consternant :
On va renationaliser complètement EDF, quel qu'en soit le coût ; et même s'il l'Etat n'a pas un sou, et même si l'Etat a tellement d'autres choses à faire ; on va abroger la réforme des retraites, même si notre population vieillit, même si le monde le monde entier a à peu près décidé des mêmes mesures pour relever le défi démographique. On va revoir complètement la réforme de la sécu pour on ne sait quoi...
Peu importe le contenu, il faut se positionner. La société française vit à ce rythme : l'abrogation, la suppression, le remplacement des mesures prises par l'autre camp pour les remplacer par d'autres mesures qui finalement seront à peu près les mêmes.
Tout cela, toute cette instabilité juridique finit par donner le tournis aux Français et ensuite faute de réel changement, la nausée. Parce que dans cette histoire, c'est l'apparence qui compte plus que le fond.
Dans le Guépard, le comte Fabrizzio de Salinas recommandait à ses amis : « Il faut faire bouger les choses pour que les gens aient le sentiment que tout change afin que rien ne change ». Eh bien la politique française, c'est exactement cela : une politique de connivence où tous les pouvoirs économiques, médiatiques, sociaux, politiques veulent que tout bouge pour que rien ne change car au moins on sait où on va.
Ainsi une autre politique de la ville remplacera une autre politique de la ville ; une autre politique de sécurité remplacera une autre politique de sécurité ; une autre politique fiscale remplacera une autre politique fiscale. Mais qu'y aura-t-il de vraiment changé ? A peu près rien. Car on fera toujours les choses dans un même cadre.
Ce dont nous avons besoin, c'est d'examiner chaque politique ensemble, de pouvoir en faire le bilan sans dogmatisme, sans sectarisme, d'attendre les effets des politiques vraiment mises en oeuvre avant de les évaluer et d'éventuellement de les modifier.
Ce que nous devrions faire lorsque nous serons vainqueurs : définir la dizaine de sujets sur lesquels la France a besoin de s'adapter : le marché du travail, la fiscalité, l'éducation, l'université, la recherche... Mettre ensuite ensemble toutes les personnes concernées par ces sujets : patrons, syndicalistes, experts français et étrangers, fonctionnaires, bref toutes celles et tous ceux qui sont concernés par le sujet. Qu'ensemble ils participent au constat, qu'ils déterminent les forces et les faiblesses et qu'ensuite ils proposent des solutions. Faire cette épreuve de pédagogie, de vérité est indispensable pour permettre le changement. Et c'est à l'issue de ce travail commun que les politiques dans le cadre du débat démocratique auront à prendre leurs responsabilités, à prendre des risques, c'est-à-dire décider.
Etre au centre, c'est aussi respecter un certain nombre de principes. J'ai déjà eu souvent l'occasion de parler de démocratie, d'équilibre des pouvoirs, d'impartialité de l'Etat, d'exemplarité des politiques, de transparence du système. Je n'en parle pas à nouveau.
Mais parmi les principes qui doivent guider notre action, il y en a un que je voudrais évoquer rapidement : c'est le respect de la société civile.
Respecter la société civile, c'est déjà faire une démocratie et un Etat exemplaire, mais ce n'est pas uniquement cela. Et ce n'est certainement pas nommer des soi-disant ministres de la société civile sous forme de gadgets et qui d'ailleurs entre nous et vous ne le répéterez pas, sont en général de bien piètres ministres. Ça, c'est de la foutaise.
Un Gouvernement respectueux de la société civile, c'est un Gouvernement qui gère sa propre complexité, qui ne l'impose pas aux autres, qui se rend accessible à nos compatriotes qui ne comprennent plus rien d'un fonctionnement qui leur échappe.
Combien voyons-nous dans nos permanences de concitoyens cherchant seulement à comprendre la décision qui les frappe, qui veulent être guidés dans les méandres d'une administration qui leur donne trop souvent l'impression de tourner sur elle-même ? Il nous faudra revoir en profondeur l'architecture de notre administration. Communes, établissements de coopération intercommunale, syndicats mixtes divers, pays, départements, régions, Etat, Etat central et Etat déconcentré, Europe : tout cela est infernal, tout cela duplique à l'infini les administrations qui gèrent les mêmes dossiers. Chaque échelon de collectivité a son propre service économique, son propre service culturel, et tous ces services gèrent in fine le même dossier. On a, à juste titre, fait confiance à la décentralisation, mais on n'a pas eu le courage de faire deux réformes. Premièrement, faire le nettoyage dans les échelons de collectivités locales, comme par exemple fusionner département et région comme nous le proposions. Deuxièmement, fixer une règle simple : quand on confie une responsabilité à une collectivité, plus personne d'autre ne peut l'exercer. Cela simplifiera le système, le rendra visible pour nos concitoyens, et moins coûteux pour le pays, car d'un coup d'un seul une telle réforme dégage des sources d'économies considérables.
Un Gouvernement qui respecte la société civile, c'est un Gouvernement qui respecte la parole donnée et qui ne change pas de politique en permanence en fonction du climat, de l'actualité ou de je ne sais quelle lubie. L'actualité récente nous en donne deux exemples : un dramatique, les condamnés d'Outreau. 14 personnes ont été condamnées injustement, ont fait plusieurs dizaines de mois de prison, alors qu'elles étaient totalement innocentes. Quelles que soient les fautes du juge Burgaud, nous avons tout fait collectivement pour en arriver là. A chaque fois qu'un dangereux criminel psychopathe commet des crimes en série, la majorité réclame encore un peu plus de sévérité, réclame des peines encore plus lourdes. Début 2004, je faisais le compte, il y a eu 23 réformes du code de procédure pénale en 22 ans, 15 réformes en 10 ans. En 23 ans, on a modifié à 11 reprises les règles de détention provisoire. Ainsi, comment voulez-vous ensuite que notre système judiciaire ne commette pas des erreurs relâchant de grands criminels pour une erreur de procédure ?
Comment voulez-vous que la justice puisse avoir la sérénité nécessaire pour exercer son métier, quand à chaque grand crime on réclame des peines supplémentaires ? Comment voulez-vous qu'à peine interpellés, les gens ne soient pas immédiatement condamnés, quand la présomption d'innocence est systématiquement bafouée par le pouvoir politique et le pouvoir médiatique ?
Vous l'avez peut-être oublié, mais souvenez-vous : en août 2005, dans le nord de la France, un Marocain et son fils français ont été arrêtés par la DST devant les caméras de télévision, les journalistes de l'AFP et de la presse régionale, et immédiatement condamnés comme étant de dangereux terroristes liés aux réseaux islamistes, pour que quelques jours plus tard, on s'aperçoive qu'ils étaient totalement innocents. Tout cela conduit aux dérives que les Français découvrent avec l'affaire d'Outreau.
Et le même Garde des Sceaux qui, il y a quelques mois, réclamait un assouplissement des conditions de la détention provisoire pour incarcérer un peu plus, vous explique depuis huit jours qu'il faut mieux encadrer les règles de la détention provisoire pour respecter la présomption d'innocence, car les Français viennent de constater que, sous la pression du tout répressif, la justice finit par s'emballer.
Et vous voudriez ensuite que la justice ne soit pas faillible ; et vous voudriez que la justice soit sereine pour faire ce qu'il y a de plus difficile sur cette basse terre, c'est-à-dire juger ; et vous voudriez que la justice ne rentre pas dans la surenchère ?
Enfin, un Etat qui respecte la société civile, c'est accorder une place à la démocratie participative.
La politique ne doit pas être seulement le miroir de la société ; il ne suffit pas de dire : dîtes moi ce que vous voulez et on le fera, car sinon, cela risque rapidement de cacher la vacuité de la pensée...
La politique doit éclairer l'avenir, fixer un cap, déterminer des ambitions, prendre ses responsabilités en proposant une stratégie ; mais respecter la société civile, c'est aussi faire preuve de modestie, c'est aussi accepter que sur des sujets complexes, des sujets de société qui touchent à la substance de notre collectivité ou à la fibre de nos compatriotes, on n'a pas de solutions préétablies toutes faites. C'est savoir dire qu'on écoute car on n'est pas sûr de la bonne solution.
A travers une démocratie refondée, un Etat exemplaire et impartial, des pouvoirs qui respectent la société civile, des hommes et des femmes qui se parlent à nouveau parce qu'on les a rassemblés plutôt que de les diviser, on pourra recréer les conditions d'une société de confiance.
Mes chers amis, nous sommes à la croisée des chemins, probablement à une période de mutation et de bouleversement de la vie politique comme la France en connaît tous les 40 ou 50 ans. Nos compatriotes regardent cette immense confusion, cet espèce de chaos qui touche toutes les formations politiques avec disons-le pour rester correct un grand scepticisme et beaucoup d'interrogations. En réalité ce moment de confusion généralisée est assez comparable aux processus chimiques.
Vous qui contrairement à moi avez bien appris vos cours de chimie à l'école, vous avez retenu que le passage d'une structure moléculaire à une autre s'effectue par des échanges d'atomes et d'électrons, par des mouvements qui pour l'oeil non initié apparaissent chaotiques et incompréhensibles. Eh bien nous sommes exactement dans cette phase du passage d'une structure à une autre. Et dans ce jeu, l'UDF a un rôle historique à jouer : celui de participer à cette transformation, de servir de catalyseur de cette transformation. Et nous ne réussirons que si nous allons au bout de notre volonté, si nous sommes assez unis, soudés, si en quelque sorte l'atome que nous représentons est assez dense, compact, solide pour résister à toutes les forces qui empêcheront cette transformation. Eh bien je vous invite à la fois à cette union et à cette passion, la passion et la force qui bouleverseront les montagnes de l'immobilisme qui font tant de mal à la France. Soyons déterminés et nous vaincrons car ce que l'on croit avec force arrive toujours plus facilement que ce que l'on espère trop tranquillement.
source http://www.udf.org, le 12 juin 2006