Discours de M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, sur l'action du gouvernement en faveur de l'outre-mer dans le cadre de la loi d'orientation, les mesures destinées à créer l'emploi, aider les entreprises et favoriser le développemenr régional et le renforcement des liens entre l'outre-mer et la Métropole, Paris, le 23 janvier 2001.

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Circonstance : Voeux aux associations, à Paris, le 23 janvier 2001

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Madame et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs
Chers amis,

Cette rencontre m'offre l'occasion de vous souhaiter à chacune et à chacun d'entre vous une très bonne année 2001. Ces vux s'adressent à vous et à vos familles, à vos projets mais aussi aux départements et territoires d'outre-mer auxquels chacun ici est lié par des relations très fortes, qui tiennent à des liens anciens, et à des responsabilités d'aujourd'hui, à une passion partagée pour l'outre-mer.
Je salue avec beaucoup de plaisir dans cette maison de la République chacun d'entre vous, élus, responsables d'associations, artistes et créateurs, et citoyens engagés à un titre ou a un autre dans le débat public ou la vie de la cité.
J'ai rejoint au début du mois de septembre l'équipe gouvernementale de Lionel Jospin, avec le désir d'agir pour l'outre-mer, avec pour méthode l'écoute et l'échange.
J'ai abordé cette période sans vérité révélée mais avec des principes républicains et des convictions qui m'ont accompagné dans un premier tour du monde des trois océans qui s'achèvera à La Réunion avec le Premier ministre à la fin de cette semaine. J'ai beaucoup appris sur l'outre-mer, mais je veux dire aussi l'outre-mer nous apprend beaucoup sur la République.
Mesdames, Messieurs, ce gouvernement fonde son action sur une vision renouvelée de l'outre-mer dans la République.
Mais d'emblée, je veux dire qu'il écarte d'autres approches.
*trop souvent, à propos de l'outre-mer, et à tort, on a opposé développement économique et évolution institutionnelle. Nous entendons les concilier, voire les réconcilier. La loi d'orientation du 13 décembre 2000 est imprégnée de cette volonté.
*trop souvent, à propos de l'outre-mer, on a opposé des logiques d'émancipation et l'aspiration à la justice sociale. Nous entendons démontrer que la conquête de l'égalité des droits ne peut être invoquée comme un obstacle rendant impossible toute réforme statutaire. Il s'agit de rendre plus efficace, de simplifier les institutions locales, mais aussi d'aller vers davantage de libre-administration, dans certains champs de compétences, là où les élus le souhaitent, ensemble là où les populations consultées le veulent.
La République d'aujourd'hui et de demain ne s'y oppose pas. Sur ce plan, l'outre-mer est une école de la diversité dans la République.
Trop souvent, à propos de l'outre-mer, on a cru possible d'opposer l'unité de la République et le respect, la reconnaissance d'identités fortes, forgées par l'Histoire et la géographie.
Mesdames, Messieurs, l'égalité républicaine n'est pas, ne saurait être, l'uniformisation des identités.
Entre toutes ces aspirations, développement économique, égalité des droits, mouvement de réforme institutionnelle, il y a place pour une synthèse républicaine que nous devons écrire ensemble.
En 2000, comme en 2001, le travail de ce ministère s'est ordonné autour de quelques grands chantiers, qui doivent beaucoup aux impulsions données par Jean-Jack Queyranne :

Le principal, ce fut la loi d'orientation :
La première mi-temps a été jouée en 2000. Il nous faut en 2001 gagner la seconde mi-temps, celle de l'application dans les DOM.
J'y travaille chaque jour, avec tous ceux dont c'est la mission, ici et là-bas. Les décisions prises pour l'économie locale ou pour la cohésion sociale sont sans précédent.
Oui, une stratégie est à l'uvre, elle est fondée sur trois convictions :
*pour améliorer la situation des entreprises et favoriser les créations d'emplois dont on ne sait pas toujours qu'elles sont, en proportion, plus nombreuses outre-mer que dans l'hexagone, il était important de baisser les charges sociales. Nous l'avons fait.
*En second lieu, la loi d'orientation met à la disposition des DOM une panoplie de mesures qui ont en commun de favoriser la création d'emplois, mais au-delà d'affirmer deux priorités : l'emploi des jeunes et le retour vers l'emploi des bénéficiaires du RMI.
C'est vrai, le chômage a baissé dans les DOM au cours des dernières années. Le chemin à parcourir reste considérable et nos énergies doivent s'y employer.
*Enfin, et c'est la troisième conviction qui doit nous animer, c'est l'idée que tout converge dans les DOM, les difficultés de la vie quotidienne, l'urgence sociale comme le niveau réel des prix pour aller plus loin dans l'égalité des droits, et dans l'alignement des minima sociaux. 2001 sera l'année de cette évolution attendue.
Notre engagement en ce début d'année doit être de gagner cette seconde mi-temps. Mais en ce moment où il m'est possible de tracer des perspectives, je veux en dessiner au moins trois :
renforcer, rendre plus dense et plus intense la relation entre l'outre-mer et la France de l'hexagone. Je vous invite, j'invite chacun d'entre vous à y travailler, singulièrement, ceux dont le métier est d'écrire, d'interpréter et de créer. J'y invite aussi les associations très représentées ce soir. Ce chantier se décline de plusieurs manières :
*pour ceux originaires d'outre-mer qui vivent ici, il est de rassembler dans la fierté d'une identité partagée des femmes et des hommes que la démarche associative fait se retrouver.
Je n'oublie pas ce que doit la République à la loi de 1901. En conséquence, j'ai bien sûr reconduit cette année le soutien en faveur des associations dont le trait commun est l'outre-mer.
J'ai, en outre, souhaité la création au sein du site internet du ministère d'une rubrique qui vous sera entièrement consacrée. Elle vous fournira des informations utiles, notamment cette année dans le cadre de la préparation du Centenaire de la loi de 1901 dont la semaine anniversaire sera organisée au début du mois de juillet.
En outre, la loi d'orientation pour l'outre-mer a prévu la mise en place d'un fonds d'échange permettant la prise en charge des frais de transports d'artistes, sportifs ou de jeunes participant à un projet éducatif. Ce dispositif est susceptible de vous concerner dans le cadre des projets que certains d'entre vous mènent en partenariat avec les associations d'outre-mer.
*Ce chantier, c'est aussi de tordre le cou aux caricatures et aux idées fausses, aux préjugés voire aux discriminations. Il nous faut gagner, à propos de l'outre-mer, la bataille des idées.
Sans nier les difficultés de l'outre-mer dans les départements, les territoires ou parmi ceux que les choix professionnels ou l'aventure de la vie ont conduit en Europe, je crois de notre devoir à tous de dire que l'outre-mer a sa part de lumière et sa part de réussite, que des talents s'y expriment avec force dans la culture, l'économie, la recherche ou le service de l'intérêt général.
Tous, nous devons être ces porte-paroles de l'outre-mer à Paris.
Dans des espaces de culture, mais aussi auprès d'universités ou d'entreprises, il nous faudra en 2001, imaginer des rencontres, des événements, les lieux qui permettent cette expression. Ce ministère soutiendra vos initiatives. Il en suscitera également.
Deux priorités pourront également rythmer cette année.
*2001 peut également être une année importante pour l'usage des nouvelles technologies de l'information outre-mer. A ma manière, j'entends y contribuer non pas pour me sacrifier à un " culte de l'internet " mais parce que je suis convaincu, que plus qu'ailleurs, ces technologies rebattront les cartes de la géographie, pour peu qu'elles s'inscrivent dans un projet économique, culturel et démocratique. Le secrétariat d'Etat prépare actuellement un état des lieux, disponible au printemps et un programme d'action avant l'été, pour définir comment l'Etat peut agir efficacement en ce domaine, aux côtés d'initiatives privées ou de collectivités locales déjà pionnières, sans se substituer à eux.
*2001, un appel au dialogue social.
A partir d'une expérience vraiment exemplaire, née en Martinique et dont l'extension est souhaitée ailleurs, je souhaite encourager tous ceux, organisations syndicales, chefs d'entreprises, acteurs publics qui oeuvrent pour que les relations sociales s'appuient sur un principe : le respect et la reconnaissance de la dignité de chacun et sur la pratique de la négociation. Sans nier les conflits, sans faire preuve d'angélisme, je veux vous dire combien j'ai observé chez beaucoup, syndicalistes ou professionnels, cette attente de voir améliorer et moderniser des relations trop souvent marquées par la brutalité des rapports sociaux.

(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 26 janvier 2001)