Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Cher Jacques Singer,
Je suis très heureux que vous mayez demandé douvrir officiellement cette troisième édition du Salon des entrepreneurs. Deux raisons expliquent ce sentiment.
La première est quil sagit dune initiative heureuse, puisque son audience croît régulièrement, année après année, mais surtout dune initiative utile. Utile pour la promotion de lesprit dentreprise, auquel je suis personnellement très attaché, mais aussi pour la création demplois qui va de pair, thème qui est au coeur du débat politique.
La seconde raison, cest que cette édition revêt une importance particulière, puisquelle se place dans la perspective de la naissance de leuro.
En effet, avec le passage à leuro le 1er janvier 1999, nous avons vécu un moment historique. Mais prenons garde à ne pas succomber à leurophorie ambiante. En effet, avec leuro, la question de la compétitivité de léconomie française se posera de plus en plus. Et cette question se posera pendant longtemps encore, jusquà ce que dans une ultime étape les différentes économies européennes forment un tout, jusquà ce que nous soyons capables de prendre en compte non plus notre compétitivité nationale, mais la compétitivité européenne.
Pour linstant, il me semble évident que leuro va mettre en concurrence les territoires européens et agir comme le révélateur de nos forces et de nos faiblesses.
Dans cette compétition accrue, notre pays possède des atouts importants, à commencer par la qualité de notre main-doeuvre, qui est parmi les plus productives du monde, la valeur de nos ingénieurs, la qualité de nos infrastructures, notre position géographique, la dimension de notre marché, sans oublier bien sûr la qualité de la vie dans notre doux pays.
Noublions pas que la France dégage, année après année, un excédent commercial confortable et se place au quatrième rang pour laccueil des investisseurs étrangers.
Pour autant, il nous faut aussi être lucide sur nos faiblesses, comme par exemple le niveau élevé de nos impôts qui décourage linitiative et rebute les investisseurs étrangers, le coût de notre main-doeuvre du fait de charges sociales trop importantes, les grèves dans le secteur public qui paralysent régulièrement les transports publics et puis enfin, la complexité et linstabilité de notre cadre législatif, fiscal et réglementaire, complexité qui conduit des entrepreneurs français à implanter leur entreprise ailleurs et, notamment, au Royaume-Uni parce que là-bas une société peut être créée en dix minutes, alors quen France cela peut prendre des mois. Cela nest pas normal.
Or, parmi toutes ces faiblesses qui, mises bout à bout, contribuent au fait que notre taux de chômage est parmi les plus élevés dEurope, il en est une qui vous intéresse et qui mintéresse plus particulièrement : cest linsuffisance des créateurs dentreprise, notre déficit dentrepreneurs.
Car le fait est que les créations dentreprises diminuent ! Elles étaient de lordre de 204.000 en 1989. Elles ne sont plus aujourdhui que de 166.000.
En outre, les créations « contraintes « , cest-à-dire lorsque le créateur a pris sa décision parce quil ne trouvait pas de travail ailleurs, prennent désormais le pas sur le nombre de créations volontaires.
Enfin, trop nombreuses sont encore les entreprises qui ne passent pas le cap de la cinquième année.
Il y a donc bien un problème entre les Français et lentreprise : nous ne créons pas suffisamment dentreprises et les entreprises créées reposent dans leur très large majorité sur une seule personne ce qui est sans doute une fragilité qui les rend plus vulnérables.
Doù vient le mal ?
Du côté de la demande de projets dentreprises, cest-à-dire dun déficit de capitaux prêts à sinvestir dans des projets dont le succès nest pas garanti ?
Du côté de loffre de projets dentreprises, cest-à-dire dun déficit dentrepreneurs ?
Ou encore du côté de lenvironnement de lentreprise, cest-à-dire principalement de la fiscalité, du droit des sociétés et de la réglementation sociale ?
Et cest là que des études, telles que celles qui ont été menées à linitiative du Salon des entrepreneurs, sont éminemment instructives, éminemment précieuses, et peuvent servir de guide à laction des pouvoirs publics. Quelles leçons en tirer ? Pour ma part, jen vois trois.
Premièrement, il convient de relativiser le problème du financement. En effet, et je cite la remarquable étude réalisée par Euro PME et le professeur Duchéneaut, directeur général de lEcole supérieure de commerce de Rennes :
« contre toute attente, et contrairement au cliché largement répandu, la constitution de linvestissement financier de départ est jugée facile par la majorité des créateurs (62 %). «
Du coup, cela relativise également bon nombre des initiatives prises par lactuel gouvernement, telles que les contrats dassurance-vie dits « D.S.K. « , les bons de souscription de parts de créateurs dentreprise, ou encore le report dimposition des plus-values pour les investissements dans les petites entreprises.
Cela ne veut pas dire que ces mesures nétaient pas opportunes et quil ne faille pas, effectivement, encourager lorientation de lépargne de nos concitoyens vers les petites et moyennes entreprises. Mais, de fait, le financement ne semble pas constituer un obstacle majeur à la création dentreprise, du moins pour les projets qui ont abouti. Le problème du financement ne saurait donc servir de prétexte pour se dispenser dexaminer les autres causes.
Deuxième enseignement : il y a effectivement un problème du côté de lenvironnement de lentreprise puisque les freins au développement résident dans le poids des charges sociales pour 80 % des entrepreneurs et dans les impôts et les charges sociales pour 78 %. Plus grave encore, les freins à lembauche vécus par les créateurs dentreprise ne tiennent pas à la gestion du personnel, mais au coût et aux charges pour 82 % et à la rigidité de la législation sociale pour 73 % des créateurs dentreprise. Je crains que la loi sur les 35 heures narrange pas les choses.
Troisième enseignement, le principal verrou à la création dentreprises réside dans linsuffisance de projets dentreprises. Pourquoi ?
Ma réponse, ma conviction, est que la valeur « entreprise « occupe une place insuffisante dans la hiérarchie de nos valeurs sociales.
Où se trouve la racine du mal ?
Un premier élément de réponse tient certainement au fait que notre système éducatif forme des salariés, plus quil ne cultive les talents des entrepreneurs potentiels. Cela me semble vrai à tous les niveaux de lenseignement et même dans les écoles de commerce françaises où lon apprend aux jeunes lauréats à « chercher « un emploi, davantage quà « créer « une entreprise.
Or, sil est vrai que lesprit dentreprise ne sacquiert pas par lenseignement, le système éducatif a néanmoins un rôle plus important à jouer dans la compréhension de lentreprise, de son activité, de ses ressorts. Jen veux pour preuve le fait quune majorité dentrepreneurs pensent que lenfance ou ladolescence a été pour eux une période déterminante dans leur orientation.
Que cela soit clair, il ne sagit pas de polémiquer en vain sur notre système éducatif qui fait ce quil peut avec ce quil a, mais de réfléchir aux voies et moyens pour laméliorer.
Jai relevé du reste dans létude mentionnée quelque chose qui mapparaît comme une faiblesse extraordinaire : les entreprises françaises reposent sur un seul homme : 76 % des entreprises créées nont aucun salarié.
Et si lon y réfléchit bien, tout notre système éducatif privilégie la réussite individuelle sur lesprit déquipe, les connaissances livresques sur les expériences pratiques. Sans parler du fétichisme du concours, de lobsession du rang de sortie et de la propension des élites françaises à se réaliser, au moins dans un premier temps, dans le service de lEtat plutôt que dans lentreprise.
Tout se passe comme si les enfants de notre pays devaient jouer leur avenir sur un seul coup, un peu à quitte ou double.
Cest ce que lon pourrait appeler le bonapartisme éducatif : très jeune, très vite, très haut. Cela peut donner parfois de bons résultats. Cela aboutit aussi à des Waterloo de la finance, de lassurance ou de lindustrie.
Nous aurons donc fait un grand pas en avant, dans ce pays, lorsque nos enfants comprendront que la meilleure façon de diriger une entreprise cest encore de la créer et quà côté de la « voie royale « de la fonction publique, existe - je crois que le terme a été prononcé ici même - une « voie royale « de lentreprise. Cest, en tout cas, ce vers quoi il faut tendre nos efforts.
Deuxième élément de réponse, je pense que nous, hommes politiques, de droite comme de gauche, portons notre part de responsabilité dans linsuffisante diffusion de lesprit dentreprise.
Cest la raison de ma présence ici, je suis convaincu que nous, les hommes politiques, avons un rôle à jouer pour promouvoir lentreprise en tant que valeur sociale.
Certes, ce rôle est difficile et ingrat, parce que agir sur la dimension culturelle des choses suppose davoir pour soi la durée ; parce que lon peut difficilement y attacher son nom comme on le fait généralement par le truchement dune mesure normative - tout le monde dans cette salle serait capable den citer au moins une - ; parce quenfin cela nécessite non seulement dêtre présent dans les enceintes parisiennes mais aussi daller en province. Or, toutes ces raisons, qui sont autant dhandicaps pour un gouvernement, quel quil soit, constituent le pain et le sel de laction sénatoriale.
Cest pourquoi, jai pensé que le Sénat de la République était particulièrement bien placé pour sassigner un tel objectif afin de contribuer à rehausser la place de lentreprise dans la hiérarchie de nos valeurs sociales.
Aussi, lorsque M. Jacques Singer ma demandé de participer à cette manifestation, jai pris connaissance de son livre blanc sur la création dentreprise et jai été frappé par la phrase suivante - je cite : "Tout ou presque a été déjà dit sur la création dentreprise, sur lisolement du créateur, sur son manque de fonds propres, sur lallégement des charges, des formalités, sur les moyens de limiter les risques de défaillance, sur la nécessité dun statut adapté à la petite entreprise. Mais il faut arrêter de penser et AGIR."
Vous avez donc sollicité, cher Jacques Singer, un "engagement fort" du monde politique en faveur de lentrepreneur. Cest pourquoi je suis venu. Et non seulement je suis venu pour mefforcer de vous encourager, pour vous montrer lintérêt que nous, les hommes politiques, en tout cas les sénateurs, portons aux entrepreneurs, mais aussi pour vous annoncer que jai la ferme intention de placer lentreprise au coeur des actions et des réflexions que le Sénat entreprendra sous ma présidence.
Et parmi toutes les initiatives que jenvisage de proposer à mes collègues sénateurs, il en est une qui me tient particulièrement à coeur. Cest celle qui consistera, chaque fois que jaurais à me rendre en province, à prendre par la main quelques élèves des lycées et des collèges, mais aussi des écoles de commerce, et à leur faire visiter, une ou deux entreprises, afin de leur désigner clairement le créateur dentreprise comme la référence, comme le modèle à suivre.
Bien sûr cela nest pas très médiatique. Mais en ce qui me concerne, jaurai le sentiment davoir quelque peu contribué au bien public, quand un jour ou lautre, jentendrai un père dire à son enfant : « Si tu veux être un Homme, mon fils, crée ton entreprise « .
Je vous remercie et je souhaite longue vie au Salon des entrepreneurs.
(Source http://www.senat.fr)
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Cher Jacques Singer,
Je suis très heureux que vous mayez demandé douvrir officiellement cette troisième édition du Salon des entrepreneurs. Deux raisons expliquent ce sentiment.
La première est quil sagit dune initiative heureuse, puisque son audience croît régulièrement, année après année, mais surtout dune initiative utile. Utile pour la promotion de lesprit dentreprise, auquel je suis personnellement très attaché, mais aussi pour la création demplois qui va de pair, thème qui est au coeur du débat politique.
La seconde raison, cest que cette édition revêt une importance particulière, puisquelle se place dans la perspective de la naissance de leuro.
En effet, avec le passage à leuro le 1er janvier 1999, nous avons vécu un moment historique. Mais prenons garde à ne pas succomber à leurophorie ambiante. En effet, avec leuro, la question de la compétitivité de léconomie française se posera de plus en plus. Et cette question se posera pendant longtemps encore, jusquà ce que dans une ultime étape les différentes économies européennes forment un tout, jusquà ce que nous soyons capables de prendre en compte non plus notre compétitivité nationale, mais la compétitivité européenne.
Pour linstant, il me semble évident que leuro va mettre en concurrence les territoires européens et agir comme le révélateur de nos forces et de nos faiblesses.
Dans cette compétition accrue, notre pays possède des atouts importants, à commencer par la qualité de notre main-doeuvre, qui est parmi les plus productives du monde, la valeur de nos ingénieurs, la qualité de nos infrastructures, notre position géographique, la dimension de notre marché, sans oublier bien sûr la qualité de la vie dans notre doux pays.
Noublions pas que la France dégage, année après année, un excédent commercial confortable et se place au quatrième rang pour laccueil des investisseurs étrangers.
Pour autant, il nous faut aussi être lucide sur nos faiblesses, comme par exemple le niveau élevé de nos impôts qui décourage linitiative et rebute les investisseurs étrangers, le coût de notre main-doeuvre du fait de charges sociales trop importantes, les grèves dans le secteur public qui paralysent régulièrement les transports publics et puis enfin, la complexité et linstabilité de notre cadre législatif, fiscal et réglementaire, complexité qui conduit des entrepreneurs français à implanter leur entreprise ailleurs et, notamment, au Royaume-Uni parce que là-bas une société peut être créée en dix minutes, alors quen France cela peut prendre des mois. Cela nest pas normal.
Or, parmi toutes ces faiblesses qui, mises bout à bout, contribuent au fait que notre taux de chômage est parmi les plus élevés dEurope, il en est une qui vous intéresse et qui mintéresse plus particulièrement : cest linsuffisance des créateurs dentreprise, notre déficit dentrepreneurs.
Car le fait est que les créations dentreprises diminuent ! Elles étaient de lordre de 204.000 en 1989. Elles ne sont plus aujourdhui que de 166.000.
En outre, les créations « contraintes « , cest-à-dire lorsque le créateur a pris sa décision parce quil ne trouvait pas de travail ailleurs, prennent désormais le pas sur le nombre de créations volontaires.
Enfin, trop nombreuses sont encore les entreprises qui ne passent pas le cap de la cinquième année.
Il y a donc bien un problème entre les Français et lentreprise : nous ne créons pas suffisamment dentreprises et les entreprises créées reposent dans leur très large majorité sur une seule personne ce qui est sans doute une fragilité qui les rend plus vulnérables.
Doù vient le mal ?
Du côté de la demande de projets dentreprises, cest-à-dire dun déficit de capitaux prêts à sinvestir dans des projets dont le succès nest pas garanti ?
Du côté de loffre de projets dentreprises, cest-à-dire dun déficit dentrepreneurs ?
Ou encore du côté de lenvironnement de lentreprise, cest-à-dire principalement de la fiscalité, du droit des sociétés et de la réglementation sociale ?
Et cest là que des études, telles que celles qui ont été menées à linitiative du Salon des entrepreneurs, sont éminemment instructives, éminemment précieuses, et peuvent servir de guide à laction des pouvoirs publics. Quelles leçons en tirer ? Pour ma part, jen vois trois.
Premièrement, il convient de relativiser le problème du financement. En effet, et je cite la remarquable étude réalisée par Euro PME et le professeur Duchéneaut, directeur général de lEcole supérieure de commerce de Rennes :
« contre toute attente, et contrairement au cliché largement répandu, la constitution de linvestissement financier de départ est jugée facile par la majorité des créateurs (62 %). «
Du coup, cela relativise également bon nombre des initiatives prises par lactuel gouvernement, telles que les contrats dassurance-vie dits « D.S.K. « , les bons de souscription de parts de créateurs dentreprise, ou encore le report dimposition des plus-values pour les investissements dans les petites entreprises.
Cela ne veut pas dire que ces mesures nétaient pas opportunes et quil ne faille pas, effectivement, encourager lorientation de lépargne de nos concitoyens vers les petites et moyennes entreprises. Mais, de fait, le financement ne semble pas constituer un obstacle majeur à la création dentreprise, du moins pour les projets qui ont abouti. Le problème du financement ne saurait donc servir de prétexte pour se dispenser dexaminer les autres causes.
Deuxième enseignement : il y a effectivement un problème du côté de lenvironnement de lentreprise puisque les freins au développement résident dans le poids des charges sociales pour 80 % des entrepreneurs et dans les impôts et les charges sociales pour 78 %. Plus grave encore, les freins à lembauche vécus par les créateurs dentreprise ne tiennent pas à la gestion du personnel, mais au coût et aux charges pour 82 % et à la rigidité de la législation sociale pour 73 % des créateurs dentreprise. Je crains que la loi sur les 35 heures narrange pas les choses.
Troisième enseignement, le principal verrou à la création dentreprises réside dans linsuffisance de projets dentreprises. Pourquoi ?
Ma réponse, ma conviction, est que la valeur « entreprise « occupe une place insuffisante dans la hiérarchie de nos valeurs sociales.
Où se trouve la racine du mal ?
Un premier élément de réponse tient certainement au fait que notre système éducatif forme des salariés, plus quil ne cultive les talents des entrepreneurs potentiels. Cela me semble vrai à tous les niveaux de lenseignement et même dans les écoles de commerce françaises où lon apprend aux jeunes lauréats à « chercher « un emploi, davantage quà « créer « une entreprise.
Or, sil est vrai que lesprit dentreprise ne sacquiert pas par lenseignement, le système éducatif a néanmoins un rôle plus important à jouer dans la compréhension de lentreprise, de son activité, de ses ressorts. Jen veux pour preuve le fait quune majorité dentrepreneurs pensent que lenfance ou ladolescence a été pour eux une période déterminante dans leur orientation.
Que cela soit clair, il ne sagit pas de polémiquer en vain sur notre système éducatif qui fait ce quil peut avec ce quil a, mais de réfléchir aux voies et moyens pour laméliorer.
Jai relevé du reste dans létude mentionnée quelque chose qui mapparaît comme une faiblesse extraordinaire : les entreprises françaises reposent sur un seul homme : 76 % des entreprises créées nont aucun salarié.
Et si lon y réfléchit bien, tout notre système éducatif privilégie la réussite individuelle sur lesprit déquipe, les connaissances livresques sur les expériences pratiques. Sans parler du fétichisme du concours, de lobsession du rang de sortie et de la propension des élites françaises à se réaliser, au moins dans un premier temps, dans le service de lEtat plutôt que dans lentreprise.
Tout se passe comme si les enfants de notre pays devaient jouer leur avenir sur un seul coup, un peu à quitte ou double.
Cest ce que lon pourrait appeler le bonapartisme éducatif : très jeune, très vite, très haut. Cela peut donner parfois de bons résultats. Cela aboutit aussi à des Waterloo de la finance, de lassurance ou de lindustrie.
Nous aurons donc fait un grand pas en avant, dans ce pays, lorsque nos enfants comprendront que la meilleure façon de diriger une entreprise cest encore de la créer et quà côté de la « voie royale « de la fonction publique, existe - je crois que le terme a été prononcé ici même - une « voie royale « de lentreprise. Cest, en tout cas, ce vers quoi il faut tendre nos efforts.
Deuxième élément de réponse, je pense que nous, hommes politiques, de droite comme de gauche, portons notre part de responsabilité dans linsuffisante diffusion de lesprit dentreprise.
Cest la raison de ma présence ici, je suis convaincu que nous, les hommes politiques, avons un rôle à jouer pour promouvoir lentreprise en tant que valeur sociale.
Certes, ce rôle est difficile et ingrat, parce que agir sur la dimension culturelle des choses suppose davoir pour soi la durée ; parce que lon peut difficilement y attacher son nom comme on le fait généralement par le truchement dune mesure normative - tout le monde dans cette salle serait capable den citer au moins une - ; parce quenfin cela nécessite non seulement dêtre présent dans les enceintes parisiennes mais aussi daller en province. Or, toutes ces raisons, qui sont autant dhandicaps pour un gouvernement, quel quil soit, constituent le pain et le sel de laction sénatoriale.
Cest pourquoi, jai pensé que le Sénat de la République était particulièrement bien placé pour sassigner un tel objectif afin de contribuer à rehausser la place de lentreprise dans la hiérarchie de nos valeurs sociales.
Aussi, lorsque M. Jacques Singer ma demandé de participer à cette manifestation, jai pris connaissance de son livre blanc sur la création dentreprise et jai été frappé par la phrase suivante - je cite : "Tout ou presque a été déjà dit sur la création dentreprise, sur lisolement du créateur, sur son manque de fonds propres, sur lallégement des charges, des formalités, sur les moyens de limiter les risques de défaillance, sur la nécessité dun statut adapté à la petite entreprise. Mais il faut arrêter de penser et AGIR."
Vous avez donc sollicité, cher Jacques Singer, un "engagement fort" du monde politique en faveur de lentrepreneur. Cest pourquoi je suis venu. Et non seulement je suis venu pour mefforcer de vous encourager, pour vous montrer lintérêt que nous, les hommes politiques, en tout cas les sénateurs, portons aux entrepreneurs, mais aussi pour vous annoncer que jai la ferme intention de placer lentreprise au coeur des actions et des réflexions que le Sénat entreprendra sous ma présidence.
Et parmi toutes les initiatives que jenvisage de proposer à mes collègues sénateurs, il en est une qui me tient particulièrement à coeur. Cest celle qui consistera, chaque fois que jaurais à me rendre en province, à prendre par la main quelques élèves des lycées et des collèges, mais aussi des écoles de commerce, et à leur faire visiter, une ou deux entreprises, afin de leur désigner clairement le créateur dentreprise comme la référence, comme le modèle à suivre.
Bien sûr cela nest pas très médiatique. Mais en ce qui me concerne, jaurai le sentiment davoir quelque peu contribué au bien public, quand un jour ou lautre, jentendrai un père dire à son enfant : « Si tu veux être un Homme, mon fils, crée ton entreprise « .
Je vous remercie et je souhaite longue vie au Salon des entrepreneurs.
(Source http://www.senat.fr)