Texte intégral
Chers amis,
C'est pour moi un grand honneur de me trouver parmi vous pour inaugurer la plateforme technologique Neurospin.
Avant toute chose, je voudrais, à mon tour, rendre hommage à tous ceux qui ont contribué à cette formidable réalisation de Neurospin : l'Etat, les collectivités locales, les établissements de recherche, les entreprises, les architectes, les chercheurs, les ingénieurs. Sans leur savoir-faire, sans leur engagement, nous ne serions pas là pour cette inauguration. Dans cette aventure, chacun a pris pleinement sa part de responsabilité, chacun a su rassembler ses forces pour participer à l'effort collectif, chacun a su se mobiliser pour porter en un temps record ce projet ambitieux.
1. Neurospin, c'est un exemple pour la France de la recherche et de l'innovation.
Avec Neurospin, notre pays disposera d'un centre d'imagerie du cerveau unique en Europe.
Grâce aux nouvelles techniques que vous développez, nous allons pouvoir repousser les frontières de la connaissance sur le fonctionnement du cerveau. C'est un des grands défis scientifiques de notre siècle.
C'est aussi un enjeu essentiel, il faut le rappeler, pour la santé des Français. Nous soutiendrons le projet Iseult, qui sera mené au sein de Neurospin et qui vise à mettre au point d'ici 2010 le scanner IRM le plus puissant jamais construit pour l'homme. L'Agence de l'Innovation Industrielle apportera 55 millions d'euros aux porteurs de ce projet : Siemens, l'Université de Fribourg, le CEA et l'entreprise française Guerbet. C'est une nouvelle preuve de l'efficacité de la coopération franco-allemande, de la capacité de nos deux pays à faire avancer l'Europe dans une voie concrète qui réponde pleinement aux attentes de nos concitoyens.
Neurospin, c'est l'exemple d'une France en pointe dans le domaine médical. Depuis des décennies, notre pays a fait un choix clair en faveur d'une médecine d'excellence pour tous les Français. C'est un choix de société auquel nos concitoyens sont profondément attachés. C'est un choix exigeant qui a permis et qui nous permet, aujourd'hui, de disposer d'un système de santé unique au monde.
Nous avons été à l'origine d'avancées thérapeutiques majeures. Nous avons su nous mobiliser autour de grandes causes : le cancer, avec le Plan cancer voulu par le Président de la République ; le sida, avec l'Agence nationale de recherche contre le sida et à travers notre engagement dans le Fonds mondial de lutte contre le sida ; les maladies génétiques, avec le Genopôle et le formidable élan de solidarité du Téléthon ; les maladies émergentes, avec le Centre de Recherche et de Veille de l'Océan Indien, que j'ai voulu mettre en place en réponse aux menaces nouvelles comme le Chikungunya.
Ce que nous avons fait pour combattre ces maladies, nous devons aujourd'hui le faire pour les maladies du cerveau et du système nerveux, qui constituent un véritable enjeu de santé publique dans notre pays. Qu'il s'agisse d'Alzheimer, de Parkinson, ou de maladies qui touchent les enfants, on l'a vu tout à l'heure avec l'épilepsie ou l'autisme, ce sont, on le sait, des maladies qui déstabilisent profondément les familles. Nous devons donc nous donner tous les moyens d'avancer. Pour les patients comme pour leur entourage, ce sont des épreuves difficiles à traverser. La France se doit d'être aux avant-postes de la recherche pour apporter les solutions les plus efficaces. C'est une exigence bien sûr d'humanisme et de solidarité. C'est bien sûr un objectif essentiel de Neurospin.
C'est aussi l'objectif du Plan National sur le Cerveau et les Maladies du Système Nerveux que nous avons lancé en mai dernier avec Xavier BERTRAND, François GOULARD et Philippe BAS. Il sera mis en place par une mission interministérielle et devra être opérationnel au premier trimestre 2007.
Dans le cadre de ce plan, sur la base de recommandations du professeur GLOWINSKI, nous allons créer 7 neuropôles. Sur le modèle des canceropôles, ils constitueront des grands réseaux régionaux alliant recherche fondamentale et recherche clinique. Les patients pourront ainsi bénéficier plus rapidement des techniques innovantes et des traitements nouveaux élaborés dans les laboratoires.
Nous engagerons également des actions pour améliorer la prise en charge des malades et de leur famille. Aujourd'hui, nous devons garantir l'égalité de traitement entre les patients, assurer un diagnostic précoce des pathologies, mieux accompagner les patients et informer davantage les familles et le public. C'est indispensable si nous voulons changer le regard sur les pathologies cérébrales et améliorer la qualité de vie des patients. C'est notamment pour cela que j'ai choisi de faire de la maladie d'Alzheimer la grande cause nationale de l'année 2007.
Vous le voyez, le gouvernement est pleinement mobilisé pour que la France prenne toute sa part dans le progrès de la médecine et pour qu'elle reste à la pointe de la recherche et de l'innovation.
2. Le plateau de Saclay est l'un de nos meilleurs atouts dans ce domaine.
Ce territoire, qui va de Massy à Saint Quentin en Yvelines, ce sont aujourd'hui plus de 15 000 chercheurs, plus de 25 000 étudiants. C'est une concentration exceptionnelle d'établissements d'enseignement et de recherche d'excellence : les Universités d'Orsay et de Saint Quentin, l'Ecole Polytechnique, Supélec, le Commissariat à l'énergie atomique, l'Institut National en Informatique et Automatique, le CNRS. C'est le plus grand potentiel de recherche et d'innovation dans notre pays.
Mais aujourd'hui, ce potentiel n'est pas suffisamment mis en valeur. Les forces restent trop dispersées, il n'y a pas encore assez de diffusion des nouveaux savoirs dans le monde économique. Pour prendre un exemple, il ne se crée sur ce territoire qu'une dizaine d'entreprises par an. Aux Etats-Unis, pour une telle concentration de chercheurs, il s'en crée plus de 150. L'innovation ne doit pas être un concept abstrait. Elle doit être le nerf de notre vitalité économique. Elle doit créer les emplois de demain.
Ma conviction, c'est que nous devons rassembler davantage nos forces pour faire du plateau de Saclay le premier territoire de l'innovation en Europe. Ce mouvement, vous l'avez déjà engagé grâce aux outils du pacte pour la recherche, avec les 3 pôles de compétitivité à vocation mondiale, System@tic, Medicen et Move'o, avec les 3 Réseaux thématiques de recherche avancée, Digiteo labs, le triangle de la physique et le réseau Neurosciences de Paris dont Neurospin fait partie.
Aujourd'hui, nous devons franchir une nouvelle étape.
D'abord, pour renforcer encore le potentiel de recherche et d'innovation du plateau de Saclay.
Nous transfèrerons l'Ecole Nationale Supérieure des Techniques Avancées et l'Ecole Nationale Supérieure de l'Administration Economique sur le campus de l'Ecole Polytechnique avant 2010. Nous doublerons les effectifs de l'Institut National en Informatique et Automatique à Saclay entre 2005 et 2009 pour atteindre plus de 450 personnes.
Par ailleurs, nous consacrerons un effort significatif à la recherche et à l'enseignement supérieur dans le Contrat de Projet Etat/Région d'Ile-de-France. C'est le sens du mandat que j'ai donné au préfet de région, qui disposera de moyens en augmentation d'au moins 8% par rapport au contrat précédent. Le plateau de Saclay en est bien une priorité.
Pour avoir une vision globale des équipements de recherche et d'enseignement à implanter dans cette zone durant les prochaines années, j'ai confié une mission à Philippe LAGAYETTE, président du conseil d'administration de l'Institut des Hautes Etudes Scientifiques. Je souhaite pouvoir disposer de ses conclusions en mars 2007.
Ensuite, nous devons donner au plateau de Saclay des infrastructures à la hauteur de son ambition et des exigences d'un environnement qu'il faut mettre en valeur. Il manque aujourd'hui à Saclay des équipements indispensables pour en faire un territoire d'innovation de dimension internationale. Je pense en particulier aux transports en commun et aux équipements collectifs indispensables à l'attractivité.
Nous lancerons dans les toutes prochaines semaines un concours international d'idées, dont le cahier des charges sera élaboré après concertation avec les acteurs locaux. Les meilleurs urbanistes au niveau mondial pourront ainsi faire des propositions d'aménagement à l'échelle du plateau. Ils devront le faire dans le respect des espaces naturels et du cadre de vie.
Je m'engage à mobiliser l'ensemble des terrains appartenant à l'Etat au service du grand projet que nous définirons ensemble. Nous avons identifié un potentiel de 500 hectares que nous utiliserons pour le développement des équipements collectifs, des lieux de vie, de l'habitat et des activités nécessaires à son développement.
Cette opération sera menée dans un esprit de dialogue. Chacun pourra s'exprimer, chacun aura son mot à dire à toutes les étapes. 2 personnalités indépendantes ont été nommées pour garantir cette concertation.
3. L'innovation et la recherche sont des défis majeurs pour notre pays.
Aujourd'hui, il y a une véritable bataille de l'innovation qui est en train de se livrer au niveau mondial, une bataille de plus en plus rude dans laquelle nous avons des armes pour gagner. Encore faut-il que nous ayons tous conscience du défi à relever. Cette année, les Etats-Unis ont remporté tous les prix Nobel scientifiques. De nouveaux acteurs sont en train d'émerger. La Chine est aujourd'hui le cinquième investisseur en recherche et développement. Elle a multiplié par 7 son budget de recherche en 10 ans.
Face à cela, la France a des atouts.
Nous avons des ingénieurs parmi les mieux formés au monde et capables de mettre en oeuvre les programmes technologiques les plus complexes. Grâce à eux, nous avons su être en pointe dans des domaines comme les transports, la microélectronique, le nucléaire et le spatial.
Nous pouvons aussi nous appuyer sur l'excellence de notre recherche fondamentale : le monde entier admire notre Ecole de mathématiques, nous avons des chercheurs de premier rang dans pratiquement tous les domaines de la science. Nos grands organismes de recherche et nos universités font notre richesse et notre histoire et doivent être préservés.
Nous avons aussi une ambition forte en matière de recherche et d'innovation, une volonté de tous les instants portée par le Président de la République.
Cette volonté s'appuie d'abord sur un effort financier sans précédent : entre 2005 et 2007, ce sont 6 milliards d'euros supplémentaires qui auront été injectés dans notre système de recherche et d'innovation. 6000 postes auront été créés dans la recherche et l'enseignement supérieur.
Elle s'appuie également, cette volonté, sur une modernisation de notre système. L'Agence nationale de la Recherche, les réseaux thématiques de recherche avancée, les pôles de compétitivité, l'Agence de l'Innovation Industrielle, tous les outils que nous avons mis en place contribuent à promouvoir une véritable culture de projet et à mieux reconnaître l'excellence scientifique.
Cette politique, nous commençons déjà à en voir les premiers résultats. Nous les voyons ici, bien sûr, avec Neurospin. Mais nous les voyons aussi sur l'ensemble du territoire : partout en France, les acteurs de la recherche publique ou privée se rassemblent pour porter des initiatives ambitieuses et des projets originaux.
Ce mouvement, nous devons l'accélérer. Aujourd'hui, avec François GOULARD, Xavier BERTRAND, avec François LOOS, nous voulons donner une nouvelle impulsion à notre politique de recherche et d'innovation avec 3 objectifs.
Le premier objectif c'est faire émerger des pôles d'excellence de niveau mondial. Je l'ai dit, nous avons aujourd'hui des laboratoires parmi les meilleurs du monde, nous avons des universités et des grandes écoles qui forment les chercheurs les plus brillants. Et nous avons mis en place des outils nécessaires pour permettre à tous les acteurs de la recherche de travailler ensemble et de créer des synergies. Tout l'enjeu aujourd'hui, c'est de rassembler davantage nos forces comme nous le faisons à Saclay pour rivaliser avec Cambridge, avec la Silicon Valley et avec les pôles de recherche les plus ambitieux qui se constituent en Inde ou en Chine.
Le deuxième objectif c'est de renforcer les liens entre la recherche publique et nos entreprises. C'est un enjeu considérable : l'innovation est indispensable pour créer de nouveaux produits et de nouveaux procédés et permettre à nos entreprises de renforcer leur productivité et de conquérir des marchés. L'innovation, c'est la croissance et les emplois de demain.
Pour cela, il faut un effort de la part des entreprises, qui doivent améliorer la formation des cadres à l'innovation. Nous devons aussi les encourager à recruter davantage de docteurs.
Il faut aussi un effort de la part du monde de la recherche publique, qui doit mieux valoriser ses résultats auprès des entreprises. Il ne s'agit en aucun cas de sacrifier notre recherche fondamentale. Il s'agit de professionnaliser nos structures de valorisation de la recherche pour repérer les résultats les plus intéressants, protéger leur propriété intellectuelle et les diffuser vers le monde économique. Cela demande des compétences spécifiques. C'est pourquoi, nous avons besoin de professionnels. Je souhaite que la constitution des Pôles de Recherche et d'Enseignement Supérieur soit l'occasion d'avancer dans ce sens.
Le troisième objectif, c'est de concentrer nos efforts sur les secteurs où nous sommes en pointe. Dans une compétition mondiale toujours plus intense, nous ne pouvons prétendre faire la course en tête dans tous les domaines. Nous devons savoir faire des choix. Je pense qu'il y a notamment trois domaines d'excellence sur lesquels nous devons porter nos efforts.
Les technologies numériques, d'abord. Aujourd'hui, les nouvelles technologies de l'information et de la communication prennent une place de plus en plus importante dans la vie quotidienne des Français. Nous sommes parmi les premiers en Europe en termes d'accès à l'internet haut débit, nous sommes aux avant-postes en matière de télévision numérique et de téléphonie mobile. Ce sont des secteurs dans lesquels il y a une demande forte, des secteurs essentiels pour la croissance et pour l'emploi. Ce sont des secteurs dans lesquels notre pays a les moyens de faire la course en tête : nos mathématiciens sont parmi les plus réputés au monde, le niveau de nos ingénieurs est excellent. Nous devons donc avoir une véritable ambition pour notre pays et devenir un champion dans le domaine des technologies numériques.
Les sciences du vivant, ensuite. La priorité, c'est de renforcer leurs liens avec les sciences de l'ingénieur et de la matière. Car c'est à la frontière entre les disciplines, c'est dans la rencontre entre des cultures scientifiques et des savoir-faire différents que naissent les projets les plus innovants et les idées les plus originales. Nous le voyons ici, à Neurospin, où des physiciens collaborent avec des psychologues, où des médecins travaillent avec des ingénieurs.
Enfin, troisième domaine : les nouvelles technologies de l'énergie. Là encore, nous pouvons nous appuyer sur des compétences solides. Pour relever les défis de l'ère de l'après-pétrole, une recherche de pointe est en effet indispensable.
Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Vous me permettrez pour conclure d'évoquer l'exigence éthique qui est au coeur du métier de chercheur. Car nous le savons tous, il n'y a pas de science neutre, tout acte de science engage l'idée que nous nous faisons de l'homme. Nous devons donc faire preuve de la plus grande vigilance. A cet égard, je voudrais saluer l'avis rendu au mois d'octobre par le comité d'éthique du CNRS sur les nanosciences et les nanotechnologies. Il appelle à ce que « la liberté de la recherche, si fondamentale pour la créativité, soit accompagnée d'un sens aigu des réalités individuelles et sociales ».
Ce sens des réalités individuelles et sociales, je crois qu'il s'acquiert avant tout par le dialogue. La science ne doit pas rester le domaine réservé de quelques uns. Elle doit entretenir un échange fructueux avec la société, faire connaître ses avancées et ses résultats, mais aussi s'interroger sur le sens de ce progrès. C'est ce que nous avons su faire dans des secteurs comme le nucléaire. C'est ce que nous devons faire aujourd'hui pour les biotechnologies ou les nanotechnologies. Ne l'oublions jamais, l'exigence humaniste doit être au coeur de l'élan et du progrès français.
Je vous remercie.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 27 novembre 200
C'est pour moi un grand honneur de me trouver parmi vous pour inaugurer la plateforme technologique Neurospin.
Avant toute chose, je voudrais, à mon tour, rendre hommage à tous ceux qui ont contribué à cette formidable réalisation de Neurospin : l'Etat, les collectivités locales, les établissements de recherche, les entreprises, les architectes, les chercheurs, les ingénieurs. Sans leur savoir-faire, sans leur engagement, nous ne serions pas là pour cette inauguration. Dans cette aventure, chacun a pris pleinement sa part de responsabilité, chacun a su rassembler ses forces pour participer à l'effort collectif, chacun a su se mobiliser pour porter en un temps record ce projet ambitieux.
1. Neurospin, c'est un exemple pour la France de la recherche et de l'innovation.
Avec Neurospin, notre pays disposera d'un centre d'imagerie du cerveau unique en Europe.
Grâce aux nouvelles techniques que vous développez, nous allons pouvoir repousser les frontières de la connaissance sur le fonctionnement du cerveau. C'est un des grands défis scientifiques de notre siècle.
C'est aussi un enjeu essentiel, il faut le rappeler, pour la santé des Français. Nous soutiendrons le projet Iseult, qui sera mené au sein de Neurospin et qui vise à mettre au point d'ici 2010 le scanner IRM le plus puissant jamais construit pour l'homme. L'Agence de l'Innovation Industrielle apportera 55 millions d'euros aux porteurs de ce projet : Siemens, l'Université de Fribourg, le CEA et l'entreprise française Guerbet. C'est une nouvelle preuve de l'efficacité de la coopération franco-allemande, de la capacité de nos deux pays à faire avancer l'Europe dans une voie concrète qui réponde pleinement aux attentes de nos concitoyens.
Neurospin, c'est l'exemple d'une France en pointe dans le domaine médical. Depuis des décennies, notre pays a fait un choix clair en faveur d'une médecine d'excellence pour tous les Français. C'est un choix de société auquel nos concitoyens sont profondément attachés. C'est un choix exigeant qui a permis et qui nous permet, aujourd'hui, de disposer d'un système de santé unique au monde.
Nous avons été à l'origine d'avancées thérapeutiques majeures. Nous avons su nous mobiliser autour de grandes causes : le cancer, avec le Plan cancer voulu par le Président de la République ; le sida, avec l'Agence nationale de recherche contre le sida et à travers notre engagement dans le Fonds mondial de lutte contre le sida ; les maladies génétiques, avec le Genopôle et le formidable élan de solidarité du Téléthon ; les maladies émergentes, avec le Centre de Recherche et de Veille de l'Océan Indien, que j'ai voulu mettre en place en réponse aux menaces nouvelles comme le Chikungunya.
Ce que nous avons fait pour combattre ces maladies, nous devons aujourd'hui le faire pour les maladies du cerveau et du système nerveux, qui constituent un véritable enjeu de santé publique dans notre pays. Qu'il s'agisse d'Alzheimer, de Parkinson, ou de maladies qui touchent les enfants, on l'a vu tout à l'heure avec l'épilepsie ou l'autisme, ce sont, on le sait, des maladies qui déstabilisent profondément les familles. Nous devons donc nous donner tous les moyens d'avancer. Pour les patients comme pour leur entourage, ce sont des épreuves difficiles à traverser. La France se doit d'être aux avant-postes de la recherche pour apporter les solutions les plus efficaces. C'est une exigence bien sûr d'humanisme et de solidarité. C'est bien sûr un objectif essentiel de Neurospin.
C'est aussi l'objectif du Plan National sur le Cerveau et les Maladies du Système Nerveux que nous avons lancé en mai dernier avec Xavier BERTRAND, François GOULARD et Philippe BAS. Il sera mis en place par une mission interministérielle et devra être opérationnel au premier trimestre 2007.
Dans le cadre de ce plan, sur la base de recommandations du professeur GLOWINSKI, nous allons créer 7 neuropôles. Sur le modèle des canceropôles, ils constitueront des grands réseaux régionaux alliant recherche fondamentale et recherche clinique. Les patients pourront ainsi bénéficier plus rapidement des techniques innovantes et des traitements nouveaux élaborés dans les laboratoires.
Nous engagerons également des actions pour améliorer la prise en charge des malades et de leur famille. Aujourd'hui, nous devons garantir l'égalité de traitement entre les patients, assurer un diagnostic précoce des pathologies, mieux accompagner les patients et informer davantage les familles et le public. C'est indispensable si nous voulons changer le regard sur les pathologies cérébrales et améliorer la qualité de vie des patients. C'est notamment pour cela que j'ai choisi de faire de la maladie d'Alzheimer la grande cause nationale de l'année 2007.
Vous le voyez, le gouvernement est pleinement mobilisé pour que la France prenne toute sa part dans le progrès de la médecine et pour qu'elle reste à la pointe de la recherche et de l'innovation.
2. Le plateau de Saclay est l'un de nos meilleurs atouts dans ce domaine.
Ce territoire, qui va de Massy à Saint Quentin en Yvelines, ce sont aujourd'hui plus de 15 000 chercheurs, plus de 25 000 étudiants. C'est une concentration exceptionnelle d'établissements d'enseignement et de recherche d'excellence : les Universités d'Orsay et de Saint Quentin, l'Ecole Polytechnique, Supélec, le Commissariat à l'énergie atomique, l'Institut National en Informatique et Automatique, le CNRS. C'est le plus grand potentiel de recherche et d'innovation dans notre pays.
Mais aujourd'hui, ce potentiel n'est pas suffisamment mis en valeur. Les forces restent trop dispersées, il n'y a pas encore assez de diffusion des nouveaux savoirs dans le monde économique. Pour prendre un exemple, il ne se crée sur ce territoire qu'une dizaine d'entreprises par an. Aux Etats-Unis, pour une telle concentration de chercheurs, il s'en crée plus de 150. L'innovation ne doit pas être un concept abstrait. Elle doit être le nerf de notre vitalité économique. Elle doit créer les emplois de demain.
Ma conviction, c'est que nous devons rassembler davantage nos forces pour faire du plateau de Saclay le premier territoire de l'innovation en Europe. Ce mouvement, vous l'avez déjà engagé grâce aux outils du pacte pour la recherche, avec les 3 pôles de compétitivité à vocation mondiale, System@tic, Medicen et Move'o, avec les 3 Réseaux thématiques de recherche avancée, Digiteo labs, le triangle de la physique et le réseau Neurosciences de Paris dont Neurospin fait partie.
Aujourd'hui, nous devons franchir une nouvelle étape.
D'abord, pour renforcer encore le potentiel de recherche et d'innovation du plateau de Saclay.
Nous transfèrerons l'Ecole Nationale Supérieure des Techniques Avancées et l'Ecole Nationale Supérieure de l'Administration Economique sur le campus de l'Ecole Polytechnique avant 2010. Nous doublerons les effectifs de l'Institut National en Informatique et Automatique à Saclay entre 2005 et 2009 pour atteindre plus de 450 personnes.
Par ailleurs, nous consacrerons un effort significatif à la recherche et à l'enseignement supérieur dans le Contrat de Projet Etat/Région d'Ile-de-France. C'est le sens du mandat que j'ai donné au préfet de région, qui disposera de moyens en augmentation d'au moins 8% par rapport au contrat précédent. Le plateau de Saclay en est bien une priorité.
Pour avoir une vision globale des équipements de recherche et d'enseignement à implanter dans cette zone durant les prochaines années, j'ai confié une mission à Philippe LAGAYETTE, président du conseil d'administration de l'Institut des Hautes Etudes Scientifiques. Je souhaite pouvoir disposer de ses conclusions en mars 2007.
Ensuite, nous devons donner au plateau de Saclay des infrastructures à la hauteur de son ambition et des exigences d'un environnement qu'il faut mettre en valeur. Il manque aujourd'hui à Saclay des équipements indispensables pour en faire un territoire d'innovation de dimension internationale. Je pense en particulier aux transports en commun et aux équipements collectifs indispensables à l'attractivité.
Nous lancerons dans les toutes prochaines semaines un concours international d'idées, dont le cahier des charges sera élaboré après concertation avec les acteurs locaux. Les meilleurs urbanistes au niveau mondial pourront ainsi faire des propositions d'aménagement à l'échelle du plateau. Ils devront le faire dans le respect des espaces naturels et du cadre de vie.
Je m'engage à mobiliser l'ensemble des terrains appartenant à l'Etat au service du grand projet que nous définirons ensemble. Nous avons identifié un potentiel de 500 hectares que nous utiliserons pour le développement des équipements collectifs, des lieux de vie, de l'habitat et des activités nécessaires à son développement.
Cette opération sera menée dans un esprit de dialogue. Chacun pourra s'exprimer, chacun aura son mot à dire à toutes les étapes. 2 personnalités indépendantes ont été nommées pour garantir cette concertation.
3. L'innovation et la recherche sont des défis majeurs pour notre pays.
Aujourd'hui, il y a une véritable bataille de l'innovation qui est en train de se livrer au niveau mondial, une bataille de plus en plus rude dans laquelle nous avons des armes pour gagner. Encore faut-il que nous ayons tous conscience du défi à relever. Cette année, les Etats-Unis ont remporté tous les prix Nobel scientifiques. De nouveaux acteurs sont en train d'émerger. La Chine est aujourd'hui le cinquième investisseur en recherche et développement. Elle a multiplié par 7 son budget de recherche en 10 ans.
Face à cela, la France a des atouts.
Nous avons des ingénieurs parmi les mieux formés au monde et capables de mettre en oeuvre les programmes technologiques les plus complexes. Grâce à eux, nous avons su être en pointe dans des domaines comme les transports, la microélectronique, le nucléaire et le spatial.
Nous pouvons aussi nous appuyer sur l'excellence de notre recherche fondamentale : le monde entier admire notre Ecole de mathématiques, nous avons des chercheurs de premier rang dans pratiquement tous les domaines de la science. Nos grands organismes de recherche et nos universités font notre richesse et notre histoire et doivent être préservés.
Nous avons aussi une ambition forte en matière de recherche et d'innovation, une volonté de tous les instants portée par le Président de la République.
Cette volonté s'appuie d'abord sur un effort financier sans précédent : entre 2005 et 2007, ce sont 6 milliards d'euros supplémentaires qui auront été injectés dans notre système de recherche et d'innovation. 6000 postes auront été créés dans la recherche et l'enseignement supérieur.
Elle s'appuie également, cette volonté, sur une modernisation de notre système. L'Agence nationale de la Recherche, les réseaux thématiques de recherche avancée, les pôles de compétitivité, l'Agence de l'Innovation Industrielle, tous les outils que nous avons mis en place contribuent à promouvoir une véritable culture de projet et à mieux reconnaître l'excellence scientifique.
Cette politique, nous commençons déjà à en voir les premiers résultats. Nous les voyons ici, bien sûr, avec Neurospin. Mais nous les voyons aussi sur l'ensemble du territoire : partout en France, les acteurs de la recherche publique ou privée se rassemblent pour porter des initiatives ambitieuses et des projets originaux.
Ce mouvement, nous devons l'accélérer. Aujourd'hui, avec François GOULARD, Xavier BERTRAND, avec François LOOS, nous voulons donner une nouvelle impulsion à notre politique de recherche et d'innovation avec 3 objectifs.
Le premier objectif c'est faire émerger des pôles d'excellence de niveau mondial. Je l'ai dit, nous avons aujourd'hui des laboratoires parmi les meilleurs du monde, nous avons des universités et des grandes écoles qui forment les chercheurs les plus brillants. Et nous avons mis en place des outils nécessaires pour permettre à tous les acteurs de la recherche de travailler ensemble et de créer des synergies. Tout l'enjeu aujourd'hui, c'est de rassembler davantage nos forces comme nous le faisons à Saclay pour rivaliser avec Cambridge, avec la Silicon Valley et avec les pôles de recherche les plus ambitieux qui se constituent en Inde ou en Chine.
Le deuxième objectif c'est de renforcer les liens entre la recherche publique et nos entreprises. C'est un enjeu considérable : l'innovation est indispensable pour créer de nouveaux produits et de nouveaux procédés et permettre à nos entreprises de renforcer leur productivité et de conquérir des marchés. L'innovation, c'est la croissance et les emplois de demain.
Pour cela, il faut un effort de la part des entreprises, qui doivent améliorer la formation des cadres à l'innovation. Nous devons aussi les encourager à recruter davantage de docteurs.
Il faut aussi un effort de la part du monde de la recherche publique, qui doit mieux valoriser ses résultats auprès des entreprises. Il ne s'agit en aucun cas de sacrifier notre recherche fondamentale. Il s'agit de professionnaliser nos structures de valorisation de la recherche pour repérer les résultats les plus intéressants, protéger leur propriété intellectuelle et les diffuser vers le monde économique. Cela demande des compétences spécifiques. C'est pourquoi, nous avons besoin de professionnels. Je souhaite que la constitution des Pôles de Recherche et d'Enseignement Supérieur soit l'occasion d'avancer dans ce sens.
Le troisième objectif, c'est de concentrer nos efforts sur les secteurs où nous sommes en pointe. Dans une compétition mondiale toujours plus intense, nous ne pouvons prétendre faire la course en tête dans tous les domaines. Nous devons savoir faire des choix. Je pense qu'il y a notamment trois domaines d'excellence sur lesquels nous devons porter nos efforts.
Les technologies numériques, d'abord. Aujourd'hui, les nouvelles technologies de l'information et de la communication prennent une place de plus en plus importante dans la vie quotidienne des Français. Nous sommes parmi les premiers en Europe en termes d'accès à l'internet haut débit, nous sommes aux avant-postes en matière de télévision numérique et de téléphonie mobile. Ce sont des secteurs dans lesquels il y a une demande forte, des secteurs essentiels pour la croissance et pour l'emploi. Ce sont des secteurs dans lesquels notre pays a les moyens de faire la course en tête : nos mathématiciens sont parmi les plus réputés au monde, le niveau de nos ingénieurs est excellent. Nous devons donc avoir une véritable ambition pour notre pays et devenir un champion dans le domaine des technologies numériques.
Les sciences du vivant, ensuite. La priorité, c'est de renforcer leurs liens avec les sciences de l'ingénieur et de la matière. Car c'est à la frontière entre les disciplines, c'est dans la rencontre entre des cultures scientifiques et des savoir-faire différents que naissent les projets les plus innovants et les idées les plus originales. Nous le voyons ici, à Neurospin, où des physiciens collaborent avec des psychologues, où des médecins travaillent avec des ingénieurs.
Enfin, troisième domaine : les nouvelles technologies de l'énergie. Là encore, nous pouvons nous appuyer sur des compétences solides. Pour relever les défis de l'ère de l'après-pétrole, une recherche de pointe est en effet indispensable.
Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Vous me permettrez pour conclure d'évoquer l'exigence éthique qui est au coeur du métier de chercheur. Car nous le savons tous, il n'y a pas de science neutre, tout acte de science engage l'idée que nous nous faisons de l'homme. Nous devons donc faire preuve de la plus grande vigilance. A cet égard, je voudrais saluer l'avis rendu au mois d'octobre par le comité d'éthique du CNRS sur les nanosciences et les nanotechnologies. Il appelle à ce que « la liberté de la recherche, si fondamentale pour la créativité, soit accompagnée d'un sens aigu des réalités individuelles et sociales ».
Ce sens des réalités individuelles et sociales, je crois qu'il s'acquiert avant tout par le dialogue. La science ne doit pas rester le domaine réservé de quelques uns. Elle doit entretenir un échange fructueux avec la société, faire connaître ses avancées et ses résultats, mais aussi s'interroger sur le sens de ce progrès. C'est ce que nous avons su faire dans des secteurs comme le nucléaire. C'est ce que nous devons faire aujourd'hui pour les biotechnologies ou les nanotechnologies. Ne l'oublions jamais, l'exigence humaniste doit être au coeur de l'élan et du progrès français.
Je vous remercie.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 27 novembre 200