Déclaration de M. Christian Estrosi, secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, sur les dispositifs d'accompagnement à la création d'entreprises en outre-mer, Paris le 27 juin 2007.

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Circonstance : Clôture du séminaire sur la création d'entreprises, à Paris le 27 juin 2007

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi un grand plaisir de partager avec vous ce moment de conclusions de la journée d'information et de réflexion que la Caisse des dépôts et mon ministère ont souhaité organiser sur le thème des dispositifs d'accompagnement à la création d'entreprises.
Ce séminaire est pour moi l'occasion d'une première rencontre avec le monde économique de l'outre-mer et je suis heureux de voir une salle aussi bien remplie, ce qui témoigne de votre intérêt pour cette question comme de la pertinence du thème choisi. Je me réjouis donc que tant de représentants du monde socioprofessionnel des départements d'outre-mer et de Mayotte, ainsi que des élus et des personnels des services des collectivités territoriales aient participé activement à cette journée de travail.
Je voudrais profiter de l'opportunité qui m'est ainsi donnée de m'adresser à vous pour vous rappeler les principales orientations du projet du Gouvernement pour l'outre-mer, telles qu'elles ont été définies par Nicolas SARKOZY, Président de la République, et vous faire partager mes premières réflexions notamment sur le thème de ce séminaire.
Je signalerai tout d'abord, que ce partenariat d'organisation qui associe l'Etat et l'un de ses partenaires financiers privilégiés notamment sur l'outre-mer, est une démarche à encourager.
Elle est la preuve d'une communauté d'objectifs, d'une synergie des actions qui ne peuvent être que positives pour les zones et les activités qu'ensemble nous souhaitons accompagner pour le développement économique de l'outre-mer. Vous pouvez donc compter sur mon soutien pour que cette démarche soit amplifiée car je crois fermement que l'addition des talents conduit à la démultiplication des compétences.
Merci donc aux deux organisateurs de cette manifestation d'avoir retenu cette approche et merci à la Caisse des dépôts d'avoir accepté d'en être l'hôte en offrant ses locaux, plus largement que prévu, devant le succès d'intérêt obtenu par le séminaire et le nombre important de participants.
Mais ce partenariat va bien au delà de ces deux acteurs. En effet, ce que les organisateurs ont souhaité avec cette journée, c'est non seulement montrer la riche panoplie des dispositifs d'accompagnement à la création d'entreprises dont d'ailleurs, beaucoup relèvent de la sphère privée et du monde associatif, mais aussi développer les capacités d'initiative et rendre tout simplement les choses possibles. Je souhaite donc que dans ce domaine, comme dans beaucoup d'autres, l'outre-mer soit un laboratoire partenarial et exemplaire dans la démarche entreprise.
Le thème de la création d'entreprises s'inscrit dans le droit fil de l'ambition définie par le Président de la République, ambition que je partage, pour les économies ultramarines.
Ces économies peuvent et doivent devenir des zones actives de production, beaucoup plus qu'elles ne le sont aujourd'hui.
Le risque est grand de les transformer en une vaste zone tournée essentiellement vers la consommation où tous les produits seraient importés en se contentant de favoriser le seul moteur de la demande des ménages. Les DOM n'ont pas vocation à devenir de vastes supermarchés. Ils possèdent déjà intrinsèquement des éléments indéniables d'attractivité et de compétitivité par leur situation géographique, leur histoire, leur culture. Une économique dynamique et performante doit impérativement faire partie de ces éléments. Il nous faut donc tous démontrer de l'audace et de la détermination.
Oui, je crois résolument en la compétitivité de l'outre-mer, et je compte bien la revendiquer. Il n'y a pas, d'un côté la France du savoir et de la connaissance, et de l'autre la France de l'exécution.
Je revendique un outre-mer qui se bat, un outre-mer qui croit en son avenir, un outre-mer qui gagne. Tel est ma conception de cette France des trois océans.
Mais je refuse cette conception d'un autre âge : celle d'une pensée unique qui délivre un schéma "prédigéré' applicable indifféremment à tous les territoires ultramarins. Nous devons respecter les femmes et les hommes qui font la culture et les traditions de chacun de ces territoires. Ce qui est vrai en métropole n'est pas nécessairement vrai ailleurs. Et ce qui est vrai dans une région ou une collectivité d'outre-mer, n'est pas forcément vrai dans la région ou la collectivité voisines.
Vous savez mieux que moi qu'il existe outre-mer de vrais talents, une forte capacité d'initiative, une réelle créativité qui sont encore aujourd'hui trop souvent méconnus. Pêle-mêle je citerai :
- le taux de création d'entreprises qui, dans les DOM, est le plus élevé de France,
- la moyenne du taux de croissance du PIB dans les DOM qui est de 3%, soit un taux plus rapide que celui de la Métropole, ou encore,
- la création de l'emploi salarié dans les entreprises du secteur privé qui est deux fois supérieur à celui constaté en Métropole.
Autant d'exemples simples et probants de la réelle volonté d'entreprendre et d'un fort dynamisme économique outre-mer, dont je me félicite.
Pour autant, ces bons résultats ne doivent pas masquer les réelles difficultés qui sont les vôtres et notamment l'insuffisante compétitivité d'entreprises des DOM à cause des handicaps liés à leur insularité, leur éloignement, l'étroitesse de leur marché, notamment.
Ainsi que vous le savez, les dispositifs de la loi de programme pour l'outre-mer viennent compenser en partie ces handicaps essentiellement par un dispositif de réduction des charges sociales patronales et par la défiscalisation.
Le Président de la République a souhaité aller encore plus loin dans le sens dans la réduction des coûts de production et des charges d'exploitation des entreprises afin d'augmenter leurs capacités à investir et améliorer leur compétitivité. Dans cet esprit, la création de zones franches globales d'activités dans les DOM devrait permettre de consolider le développement des entreprises et la croissance économique.
Le projet de zones franches globales d'activités viendra prolonger les dispositifs de la loi de programme. L'objectif d'une visibilité à long terme de cet outil puissant en faveur de l'outre-mer est bien évidemment réaffirmé.
Les zones franches seront conçues pour produire des effets stables dans la durée et je souhaite qu'à cette occasion, les dispositifs qui seront mis en place, soient adaptés aux réalités de terrain et au contexte spécifique de chaque DOM.
Il ne me paraît pas pertinent aujourd'hui de traiter les DOM comme un bloc unique et homogène. Il me paraît indispensable, au contraire, à chaque fois que cela sera nécessaire de tenir compte des particularités propres à chaque géographie.
Mes services étudient actuellement le contenu de ces zones franches. Je puis vous dire qu'il s'agit, pour les secteurs les plus porteurs et les plus exposés à la concurrence, de bénéficier, notamment, d'exonérations partielles de l'impôt sur les sociétés et de la taxe professionnelle. L'objectif d'une telle réforme est bien une aide au développement des entreprises et non un appui à la consommation
J'ai pour objectif que le dispositif des zones franches globales d'activités soit applicable dès l'année 2008, et créer ainsi les conditions du nécessaire élan économique qu'il nous faut accomplir.
Autre sujet qui me tient tout particulièrement à coeur : les pôles de compétitivité. Créés par Nicolas SARKOZY, j'ai contribué à la mise en place des 66 pôles dont QUALITROPIC, pôle d'agro-nutrition en milieu tropical à La Réunion.
Dans cette politique des pôles de compétitivité, j'ai volontairement voulu que chaque territoire puisse faire valoir ses atouts, ses talents et ses savoir-faire et que la France entière participe à cet élan, à cette dynamique des pôles. Chaque territoire d'outre-mer doit s'inscrire dans la compétitivité de la France. Pour prendre un exemple, je ne vois pas pourquoi la Silicon Valley est bonne pour la Californie et qu'une telle idée serait mauvaise pour la Polynésie française.
Je suis convaincu que chaque composante de l'outre-mer français détient les capacités nécessaires pour s'inscrire dans cette dynamique qui est un succès incontestable. J'en veux pour preuve QUALITROPIC dont 1 dossier avait été retenu par le fonds unique interministériel pour un montant de 608 000 euros, et les projets de création de nouveaux pôles dans d'autres territoire que je suivais tout particulièrement lorsque j'étais en charge de cette politique à l'aménagement du territoire.
Ces pôles sont une opportunité de démontrer les capacités de valorisation de la recherche en outre-mer, et sont également des moteurs de créations de richesses et d'emploi. Là encore, il faut savoir faire émerger les talents et les additionner au besoin avec ceux de pôles existants comme cela est envisagé en Guyane ou en Guadeloupe.
A ce titre, je citerai l'exemple des deux pôles de compétitivité MER l'un en région PACA : SEANERGIE et l'autre en Bretagne, qui ont depuis longtemps créé un comité de coordination interrégional afin de ne pas se concurrencer mais au contraire de mutualiser leur compétence et de multiplier le spectre de leur recherche. Je compte bien m'appuyer sur ces structures pour intégrer le formidable potentiel que représente l'Outre-mer en la matière.
Je suis bien conscient que ces mesures ont un coût, et l'Etat assumera ses responsabilités. Mais l'Etat ne peut pas tout faire et le secteur public comme le secteur privé doivent jouer leur rôle. Avec la loi de programme pour l'outre-mer, la création des zones franches globales, les pôles de compétitivité, l'Etat fixe ses objectifs de manière claire permettant la visibilité et la stabilité nécessaires qu'attendent les investisseurs.
J'attends de vous et notamment des collectivités, du secteur bancaire et de l'ingénierie financière, que vous accompagnez cette détermination de développement de l'outre-mer. Il faut oser pour savoir gagner. Tous s'accordent à reconnaître et à dire que les potentialités de l'outre-mer sont fortes. Il nous appartient à tous de les valoriser.
Dans ce cadre, tout doit être tenté : s'il faut inventer de nouvelles formules de financement, créons les et expérimentons les. Soyons imaginatifs et audacieux ! Adaptons nos capacités aux réalités de chaque territoire et à chaque type d'entreprises. S'il faut développer la micro-finance pour des très petites entreprises, faisons le, car, les incubateurs et les pépinières d'entreprises le démontrent chaque jour, c'est bien sur ce terreau des TPE que naîtront les PME de demain.
Pour tous ces dispositifs, existants ou qui seront créés, je souhaite mettre en oeuvre des procédures d'évaluation. Dans mon esprit, ce n'est pas une démarche de contrôle tatillon de l'Etat mais bien un instrument réactif d'aide à la décision, de manière à faire évoluer, voire corriger rapidement ces dispositifs pour qu'ils accompagnent au mieux le développement économique de l'outre-mer. Je me base sur mon expérience des pôles de compétitivité ou, grâce à cette évaluation et à l'écoute permanente de tous les partenaires associés, nous avons pu engager plusieurs mesures d'adaptation de cette politique en moins de 18 mois.
Vous comme moi savons que les sociétés ultramarines ont atteint un niveau de maturité et de réflexion sur leur développement qui permet à l'Etat d'envisager un appui conforme aux priorités que ces régions décideront, dans un esprit de partenariat visant à renforcer la volonté d'entreprendre qui est la vôtre.
Nous avons un formidable défi à relever ensemble. Il y a une phrase de Shakespeare que j'aime beaucoup qui dit: "Ils ont échoué parce qu'ils n'avaient pas commencé par le rêve".
Nous réussirons parce que nous allons rêver d'unir l'ensemble des forces vives de l'outre-mer pour vivre une nouvelle révolution industrielle. Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 28 juin 2007