Texte intégral
J.-J. Bourdin [8h33 - Première partie].- C. Boutin est avec nous, ministre du Logement et de la Ville. Bonjour C. Boutin.
R.- Bonjour.
Q.- Merci d'être là ce matin. Vous n'avez pas de leçon de sensibilité à prendre, si j'ai bien compris ?
R.- Cette affaire est classée pour moi. J'aime beaucoup Rama, il y a pas de problème. Ce qui est important...
Q.- Oh ! Elle a fait une petite gaffe, quoi.
R.-...ce qui est important c'est qu'on arrive à résoudre le problème d'Aubervilliers. Monsieur le préfet Balland a pris en charge ce dossier. Je compte beaucoup cet après midi pour son règlement et voilà.
Q.- Donc, si j'ai bien compris, la prochaine fois, elle viendra vous voir avant de s'en aller comme ça.
R.- Oui on doit déjeuner bientôt. C'était prévu. Avec Rama, aucun problème.
Q.- D'accord.
R.- Rama est une collègue très sympathique.
Q.- D'accord. Parlons de logement. Vous êtes allée en Espagne récemment. Oui. L'Espagne, 86% de propriétaires. J'ai vu cela. 56% en France. Les Espagnols peuvent déduire jusqu'à 15% du montant de leurs intérêts d'emprunt. C'est ça ? Oui, absolument. 15% c'est énorme. Jusqu'à concurrence de 1.400 euros par an. Est-ce qu'on va faire de nouveaux efforts dans ce domaine-là ?
R.- Ecoutez, le président de la République a dit pendant sa campagne présidentielle qu'il souhaitait que la France devienne un pays de propriétaires. Donc effectivement, l'Espagne est assez intéressante puisque 86% de la population est propriétaire. Cela dit, alors on peut s'inspirer. Moi j'ai été très frappée surtout par les modes de financement de cet immobilier qui, en fait, a montré surtout en Espagne - ce que je tire de la leçon espagnole c'est - que le logement est facteur de croissance et qu'il est indispensable que le logement devienne une des priorités dans ce pays car à côté de la valeur travail qui a été parfaitement développée par le Président et qui a été pris par les Français à la suite de la campagne et de sa responsabilité présidentielle, je pense qu'à côté de la valeur travail, il faut le logement. Et le logement en Espagne, on nous montre que ça a été l'effet détonateur. Tout le monde montre l'Espagne comme un exemple de créativité et de développement etc. C'est le logement qui a apporté ça.
Q.- Oui mais avec beaucoup de prêts hypothécaires.
R.- Oui mais les prêts hypothécaires, ce n'est pas du tout gênant.
Q.- Avec des banques qui prêtent sur 40 ans, 50 ans.
R.- Oui mais ce qui montre bien, monsieur Bourdin, que la réalité d'aujourd'hui, c'est quelle est la réalité de l'argent ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
Q.- Alors quelle est la réalité de l'argent, C. Boutin ?
R.- En France, on commence déjà à voir des prêts à 40 ans, à 50 ans. La réalité de l'argent, ça c'est un autre dossier que le logement. Mais je pense effectivement qu'en ce qui concerne le problème du partage de la richesse, vous savez que ça c'est un de mes dada...
Q.- Je sais.
R.- Je pense qu'un jour, nous serons amenés à nous poser véritablement la question de l'argent. Et quelle est la valeur de l'argent ?
Q.- Alors quand la première mesure prise par le Président, c'est le bouclier fiscal, franchement, le partage de l'argent, C. Boutin, c'est...
R.- Vous savez, il faut aller petit pas par petit pas pour que les choses soient bien comprises. Cette mesure est une mesure fiscale. Oui ça fait de l'épargne. Non. C. Boutin, ministre du Logement, est heureuse de cette décision dans la mesure où grâce à l'interrogation qui a été posée par le Conseil constitutionnel pour les petits, pour les faibles, pour ceux qui n'ont pas beaucoup de revenus, on est passé de 20% à 40% en ce qui concerne la déduction fiscale. Si bien que la mesure qui a été décidée par le Gouvernement est favorable aux plus fragiles de notre pays. Et donc le ministre du Logement, C. Boutin, ne peut qu'être heureuse de cette décision.
Q.- Heureuse de la décision du Conseil constitutionnel, si j'ai bien compris.
R.- De la décision de passer de 20 à 40%, la déduction...
Q.- Oui, oui, imposée par le Conseil constitutionnel.
R.- Non, non, non, le Conseil constitutionnel est revenu sur la date mais pas sur le pourcentage et c'est le Gouvernement qui a eu la préoccupation des plus faibles.
Q.- Le problème en Espagne, c'est qu'il y a moins de locataires et que quand on est jeune, on est obligé de rester chez ses parents.
R.- Oui alors le problème... Je me suis aperçue aussi lors de ce voyage en Espagne, c'est que s'il y avait 86 % de propriétaires, en fait les Espagnols se posent beaucoup de questions. Et nous, en France, nous avons beaucoup de chance par rapport à eux parce que, eux, ils n'ont pas sur le marché du logement différentes catégories. Ils n'ont quasiment pas de location, ils n'ont pas de parc social. Alors que nous, nous avons les HLM, nous avons un parc locatif, nous avons un parc privé de propriétaires. Je pense qu'il faut que nous fassions un effort pour que le logement ne soit pas aussi lourd dans le budget des familles, mais je pense qu'il ne faut surtout pas que l'ensemble de notre parc soit un parc de propriétaires. En tous les cas, c'est vraiment le message que les Espagnols m'ont passé, qu'ils soient de droite ou de gauche du reste. Parce que là, ils arrivent à un blocage car les jeunes, en particulier, n'arrivent pas à quitter le logement de leurs parents.
Q.- Donc une France de propriétaires mais pas trop quand même, dans une certaine limite, si j'ai bien compris ?
R.- Vous savez la France, il faut bien savoir, nous sommes à 56%. Sans doute il faut augmenter et je crois qu'il faut donner cette perspective aux Français de devenir propriétaires. Mais quand on regarde suivant les tranches d'âge, si vous regardez les Français entre 60 et 65 ans, 80% de la population française est propriétaire. Donc nous avons déjà la perspective de devenir propriétaires. Mais il faut augmenter notre moyenne nationale.
Q.- Alors on va regarder concrètement. Est-ce que vous allez changer la loi ou obliger les communes à la respecter, mieux la respecter ? Vous me direz, elles sont condamnées à payer des amendes les communes qui ne respectent pas la fameuse loi SRU, qui les oblige à avoir au moins 20% de logements sociaux sur leur territoire. Est-ce que vous allez changer cette loi ?
R.- Mon objectif n'est pas de mettre mon nom sur une loi. Mon objectif est de faire en sorte que tous les Français, hommes, femmes, enfants, trouvent un logement dans ce pays. C'est ça qui est important.
Q.- Oui mais il faut du foncier. Attendez pour des logements sociaux, il faut du foncier donc des terrains.
R.- Oui, mais nous allons en trouver.
Q.- Enfin dans certaines communes, on n'en trouve pas !
R.- Depuis ces quatre mois où je suis en responsabilité ministérielle, j'ai beaucoup auditionné, j'ai beaucoup écouté les uns et les autres. Tous les partenaires, qu'ils soient publics, qu'ils soient privés, que ce soit les élus, que ce soit les financeurs, que ce soit les personnes qui cherchent des logements. Et je m'aperçois que tout le monde a envie de travailler ensemble. Et c'est ce que je vais mettre en place. Alors pour répondre de façon très concrète à votre question, la loi SRU je ne reviendrai pas dessus.
Q.- Vous ne reviendrez pas dessus ?
R.- Je la ferai appliquer par contre. Mais ce que je peux vous dire, vous avez eu raison de dire qu'il y avait des amendes mais les amendes, qu'est-ce que ça me donne à moi ? Ca me donne des logements ? Non ça ne me donne pas de logements.
Q.- Non, rien du tout.
R.- Ça ne répond pas du tout à mon problème.
Q.- Alors qu'est-ce que vous allez changer alors ?
R.- Je vais mettre tout le monde ensemble et c'est, justement, l'opération que nous faisons à Lyon du 17 septembre au 27 septembre où en fait, je vais rassembler tous les partenaires, il y a plus de 30 partenaires, qui pendant dix jours, je décentralise mon ministère et pendant dix jours nous allons être présents à Lyon, à l'occasion du congrès HLM qui a lieu cette année à Lyon. Et nous allons signer des conventions de partenariat entre l'Etat et les partenaires privés, publics etc. et les élus.
Q.- Mais alors qu'est-ce que vous allez faire avec ces communes qui paient des amendes, plutôt que de construire des logements sociaux ? Qu'est-ce que vous allez faire ? Qu'ils soient de droite ou de gauche d'ailleurs, peu importe.
R.- Le problème n'est pas de mettre en accusation les uns par rapport aux autres. Je crois que le problème du logement est une crise nationale. Et qu'il faut absolument que nous y répondions. Il ne s'agit pas de montrer du doigt les uns par rapport aux autres. D'autant plus que les citoyens ont également leur part de responsabilité car ceux qui ont un logement, aujourd'hui, en tous les cas certains d'entre eux, une fois qu'ils ont leur logement, ils n'acceptent plus que l'on construise à côté d'eux. Et les maires ont beaucoup de difficultés à construire, aussi en raison des réticences de leurs habitants. Donc il faut qu'ensemble, nous prenions la mesure de la dimension sociale et morale même que nous avons, de construire. On ne peut pas s'intégrer dans une société si on n'a pas un logement. Donc moi, je mettrai toute mon énergie et je peux vous dire que je suis heureuse de constater que tous les partenaires ont envie d'avancer ensemble. Et il va y avoir des propositions très concrètes qui vont être faites lors de ces dix jours...
Q.- Lesquelles ?
R.-...Mais je ne vous les dirai pas...
Q.- Ah bon ?!
R.- ...Parce qu'il faut que vous veniez. Je vous invite à venir à Lyon.
Q.- Mais nous viendrons suivre les travaux.
R.- Ce que je voulais vous dire aussi, c'est que dans ma conception du logement, aujourd'hui le gros problème du logement c'est que toute la chaîne du logement est embolisée. C'est-à-dire qu'il n'y a aucune fluidité. Il faut regarder le logement de celui qui n'a pas de logement, du SDF à celui qui est très bien logé. Car celui qui est très bien logé peut aussi, un jour, se trouver sans logement. Et donc il faut avoir une vision globale. Ça ne concerne pas que ceux qui peuvent se loger mais également il faut partir de celui qui n'a pas de logement.
Q.- Bien. Certains propriétaires ne veulent plus louer...
R.- Il y a des choses intéressantes qui vont être dites à Lyon.
Q.- C'est-à-dire, par exemple ? Pour les propriétaires qui ne veulent plus louer ?
R.- On va essayer de leur trouver des réponses. Ça peut être légitime car certains d'entre eux ont été grugés, si je puis ainsi m'exprimer, par un certain nombre de locataires et donc il faut donner certaines formes de garantie.
Q.- Alors comment allez-vous les protéger ?
R.- Ce que je peux vous dire, par exemple, c'est la mise en place de la garantie du risque locatif que nous allons rendre universelle. Il va y avoir des choses, enfin il y a déjà un accord qui a été pris avec le 1%. Du reste, j'ai de très bonnes relations avec eux. Mais cela dit, il faut que ça bouge aussi et je pense que les propriétaires vont avoir une satisfaction et je compte beaucoup sur eux, une fois que ce partenariat va être signé, vous le verrez, à Lyon, je compte beaucoup sur eux pour libérer les logements qui sont actuellement vacants et qui ne sont pas occupés. Car moi, le président de la République et le Premier ministre m'ont donné comme objectif un objectif superbe, très ambitieux, très difficile à atteindre : 500.000 logements. Cet objectif est indispensable pour que tout le monde soit logé. Or vous savez très bien que de toutes façons, même si tout le monde se met en route, la construction d'un logement ça demande plusieurs mois.
Q.- Oui mais deux millions de logements vides ne sont même pas recensés.
R.- Attendez ! Il n'y a pas deux millions de logements vides.
Q.- Pas deux millions ?
R.- Non, non, il n'y en a pas deux millions, il y en a un certain nombre. Vous me parlez en particulier des propriétaires privés, d'après les chiffres que je peux avoir, on me dit qu'il y en a à peu près 300.000. Sur ces 300.000, déjà si j'obtiens...
Q.- Il y a aussi des propriétaires institutionnels.
R.- Oui les propriétaires institutionnels, ce n'est pas si simple que ça.
Q.- Je veux bien vous croire.
R.- Parce que, voilà... Vous savez, moi je suis une femme qui vous dirait, je ne vais pas vous raconter d'histoire. Je pense qu'avec les mesures que nous allons proposer, la garantie des risques locatifs, des accords avec l'UNPI et un certain nombre d'accords, nous pouvons avoir rapidement une centaine de milliers de logements qui sont actuellement inoccupés sur le marché. 100.000 logements, ça me permet de redonner une fluidité à l'ensemble de la chaîne du logement. Et à partir de ce moment-là, je peux davantage répondre à cette obligation. Mon objectif, monsieur Bourdin, vous savez j'ai été porteuse du droit au logement opposable à l'Assemblée nationale. Comme ministre, je suis au pied du mur et je la mettrai en application cette loi car il est indigne qu'un pays comme la France...
Q.- Mais il y a le coût ?
R.- Mais il n'y a pas un problème de coût, ce n'est pas uniquement un problème de coût. Vous savez quand le logement marche...
Q.- 25 milliards d'euros d'ici dix ans, disent les spécialistes du logement.
R.- C'est quelque chose qui participera à la croissance de toutes façons. Vous savez il y a un vieux diction qui dit que quand le bâtiment va, tout va. Moi je veux que le bâtiment aille encore mieux pour que la France aille encore mieux.
Q.- C. Boutin est notre invitée ce matin, ministre du Logement et de la Ville, nous la retrouvons dans deux minutes. [08 :47 - Deuxième et dernière partie] Ministre du Logement et de la Ville, C. Boutin est avec nous ce matin...
R.-...De l'Exclusion et de la Précarité.
Q.- Ah oui ! De l'Exclusion et de la Précarité. C. Boutin, les locataires maintenant. Je gagne, je ne sais pas moi, 800, 900, 1.000 euros, 1.100 euros, 1.200 euros par mois, j'habite une grande ville. Pour me loger, c'est la croix et la bannière...
R.- Oui.
Q.- Qu'est-ce que vous me dites ce matin ?
R.- Aujourd'hui, vous avez raison c'est la croix et la bannière, et même pour un certain nombre de nos concitoyens...,
Q.- C'est même impossible.
R.-...C'est quasiment impossible, absolument. Il faut savoir qu'aujourd'hui en France, 72 % de la population française répond aux critères d'attribution des logements HLM, 22 % y accèdent. Ça veut dire que 50 % de la population française est cliente - si je puis m'exprimer ainsi - sur le marché libre. Dans un monde qui est contraint, c'est-à-dire où il n'y a pas suffisamment de logements, il est évident que le marché fait que les loyers sont exorbitants par rapport...
Q.- C'est une forme d'exclusion.
R.- Voilà. Et donc, il faut absolument répondre à cette problématique, et pour ma part, je pense que la seule réponse véritablement efficace, c'est la construction de logements. Car aujourd'hui, comme il n'y a pas d'offres de logement, naturellement le coût est très cher. Donc, plus on construira plus le prix de l'immobilier pourra baisser.
Q.- Les cautions, où en êtes-vous avec les cautions ?
R.- Alors justement, le problème de la garantie du risque locatif va remettre en cause tout ce système, puisque nous assurerons aux propriétaires... on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre, il n'y a aucune raison que l'on assure une sécurité aux propriétaires et puis qu'ils redemandent encore plus de garanties. Alors il faut regarder parce qu'il y a des susceptibilités entre la caution, la provision, etc. Donc on va regarder tout ça. Mais je pense que la garantie du risque locatif, encore une fois je remercie beaucoup le 1 % d'avoir participé à son financement...
Q.- Mais est-ce qu'on peut par exemple demander le plafonnement de la caution, un plafonnement qui ne devrait pas dépasser 2 mois par exemple, parce que parfois c'est exorbitant...
R.- Mais bien sûr que c'est exorbitant, et vous voyez des jeunes parler...
Q.- Mais bien sûr.
R.- On voit des jeunes de 30, 35 ans qui sont obligés de demander des cautions de leurs parents, ce qui m'est arrivé à moi pour mon fils. Je trouve ça absolument indigne pour mon fils, qu'il soit obligé - et comme tous les jeunes - de demander à leurs parents. Donc, ceci va...
Q.- Mais qu'est-ce que vous dites à votre fils ?
R.- Ce que je lui dis, c'est que c'est scandaleux et j'essaie de l'aider comme je peux, mais ce n'est pas normal, c'est absolument anormal. Et donc, je pense que la garantie du risque locatif devrait...
Q.- Quand ?
R.- Mais ça y est, ça va être...
Q.- Oui mais applicable quand ?
R.- En janvier, ça va être rapide...
Q.- 1er janvier ?
R.- Oui, début janvier oui.
Q.- Début janvier, bien. J'ai plein d'autres questions à vous poser... Mais j'espère bien. Tiens ! La TVA sociale, parlons-en parce que vous défendez la TVA sociale.
R.- Bien sûr mais je ne suis pas toute seule.
Q.- Elle est pourtant déjà sur l'étagère...
R.- Non, non, elle n'est pas sur l'étagère, elle n'est pas sur l'étagère. Le président de la République en avait parlé pendant la campagne présidentielle. Ensuite, on a dit que c'était abandonné, et puis c'est revenu en discussion. Aujourd'hui, on dit que c'est abandonné. Personnellement, je pense que c'est...
Q.- C'est le Gouvernement qui dit ça, enfin il y a quand même...
R.- Non, mais vous-même...
Q.- Vous êtes très partagés...
R.- Non, non, pas du tout...
Q.- Vous êtes très partagés. Moi j'écoute...
R.- Mais c'est le débat, mais c'est le débat, on a le droit au débat...
Q.- Attendez, moi j'écoute ce que nous disent les représentants du Gouvernement...
R.- Mais on a le droit au débat Monsieur Bourdin...
Q.- Oui, oui, C. Boutin.
R.- Merci beaucoup...
Q.- Je vous en prie, allez-y.
R.- Donc la TVA sociale est une idée nouvelle qui touche à l'allègement des charges des entreprises, et qui permet de rétablir une égalité entre les produits importés et les produits exportés, et moi ça me semble être une idée intéressante. C'est une idée nouvelle, mais comme toutes les idées nouvelles, naturellement, ça inquiète un certain nombre de personnes. Alors pour l'instant, moi je ne sais pas ce que va nous dire mon collègue Besson, que j'apprécie beaucoup du reste, mais on verra bien. Mais moi, personnellement, avec le Forum des Républicains sociaux - mon parti politique est associé à l'UMP - nous portons...
Q.- Vous dites qu'il faut y aller ?
R.- Nous portons la TVA sociale. Nous allons même beaucoup plus loin puisque nous, nous soutenons le dividende universel qui est un partage de la richesse nouveau et qui me semble inéluctable à terme.
Q.- Alors expliquez aux auditeurs.
R.- Le dividende universel, c'est assurer à tous de ne jamais tomber dans l'extrême précarité...
Q.- C'est utopique, dit M. Hirsch.
R.- M. Hirsch, oui mais la phrase a été coupée, il dit que c'est utopique mais que le RSA est un début de cette utopie.
Q.- Bon. C. Boutin, nous allons écouter P. Dufreigne. P. Dufreigne (de RMC) :
Oui, avec un autre Philippe justement, auditeur de RMC celui-là qui vient de nous appeler au 32.16, qui nous dit : bon d'accord, on a du mal à construire des logements aujourd'hui, on n'en construit pas assez. Alors est-ce qu'il ne serait pas possible justement d'accélérer un petit peu les permis de construire, par exemple, toutes les formalités en fait pour aller plus vite dans la construction de logements, est-ce qu'on s'intéresse à tout ça ?
R.- Oui sans doute. De toute façon, tout ce qui va dans la simplification administrative, j'y suis naturellement favorable. Mais je ne crois pas que ça soit véritablement cela qui pose un problème. La véritable difficulté... elles sont multiples, elles sont d'origines multiples, il y a naturellement le problème du foncier, il y a naturellement le regard des citoyens encore, je vous l'ai dit tout à l'heure, qui souvent s'opposent à la construction de logements, il y a aussi parfois un manque de volonté politique, il y a beaucoup de choses. Mais ce que je crois vraiment, c'est que... je me permets de vous dire que quand je suis arrivée à la tête de ce ministère, toutes les Cassandres me disaient « ça va être terrible en 2007, vous n'allez pas avoir suffisamment de permis de construire en 2008 », eh bien ! Aujourd'hui, le rythme de croissance et de dépôt de permis de construire est équivalent à celui de 2006, et depuis 30 ans, on n'a jamais autant construit. Mais ce n'est pas suffisant, je vous le dis clairement, ce n'est pas suffisant, il faut que nous allions beaucoup plus loin.
Q.- Bien, merci. Philippe, autre chose ? P. Dufreigne : J'ai Marie-Lou, si vous voulez, qui écrit sur le blog de l'émission, qui nous dit « logement et handicap, on évoque souvent le handicap en période électorale, et puis après plus rien. Alors est-ce que le gouvernement est actif de ce côté-là, au niveau du logement des personnes handicapées » ?
R.- Je remercie beaucoup cette dame d'avoir posé cette question. Effectivement, maintenant en ce qui concerne les constructions neuves, il y a naturellement la loi qui doit s'appliquer. Il faut que tout cela rentre bien dans la tête de nos concitoyens et de nos partenaires du logement, mais ils y sont sensibles. Pour les constructions neuves, je pense que ça ne devrait pas poser de problème. Mis à part que naturellement la mise aux normes de l'accessibilité a un coût, et que naturellement par rapport au coût de la construction, ça se rajoute, tout comme les préoccupations, que je soutiens naturellement vis-à-vis de l'énergie, a un coût. Et ce que je voudrais vous dire Monsieur Bourdin, parce que ça j'y tiens énormément...
Q.- Q.- Allez-y.
R.- En ce qui concerne toutes les normes d'énergie qui vont être données à la construction...
Q.- Oui, et le Grenelle de l'environnement...
R.- Le Grenelle de l'environnement.
Q.- Tiens ! Qu'est-ce que vous allez faire comme proposition ?
R.- Le Grenelle de l'environnement bien sûr que je soutiens totalement parce que nous devons participer à l'économie...
Q.- Bien sûr, alors qu'est-ce que vous allez faire comme proposition ?
R.- Alors je dis simplement que je voudrais que les aides qui vont être décidées in fine, par rapport à l'adaptation des logements à ces exigences environnementales, soient d'abord données aux plus précaires et aux plus pauvres, parce que je ne voudrais pas que se créer une précarité énergétique, parce qu'il ne faudrait pas que ceux qui ont des logements qui sont...
Q.- Donc en fonction des revenus...
R.- Oui ou la nature du logement parce que sinon, vous allez avoir ceux qui ne peuvent pas adapter leur logement qui vont avoir des dépenses d'énergie, qui vont être sanctionnés et des dépenses d'énergies supplémentaires. Donc je serai particulièrement vigilante pour que les premières aides aillent d'abord sur les plus fragiles.
Q.- Régimes spéciaux de retraite, je change, est-ce qu'il faut la faire très vite cette réforme ?
R.- Ecoutez, c'est le Premier ministre et moi, je suis en charge du Logement, c'est le Premier ministre qui en a parlé hier...
Q.- Oui mais enfin, vous êtes aussi républicaine sociale...
R.- Mais bien sûr, mais bien sûr. Ecoutez, là, je suis naturellement ce qu'a dit le Premier ministre...
Q.- Il faut aller très vite !
R.- Et ce que décidera le président de la République.
Q.- Oui, mais il faut aller très vite donc ?
R.- Ce que décidera le président de la République...
Q.- Mais vous ne pouvez pas parler ? Vous n'êtes pas libre de dire ce que vous pensez ?
R.- Si, si, écoutez, je crois...
Q.- Mais alors C. Boutin, je vous pose la question, alors est-ce qu'il faut que cette réforme soit engagée très vite, oui ou non ?
R.- Ce n'est pas moi qui suis décideur dans cette affaire, mais je suis plutôt favorable...
Q.- Vous n'avez pas d'avis ?
R.- Si, si, je suis plutôt favorable à ce que cette mise en place soit le plus rapide possible. Mais il faut aussi qu'il y ait un accord des partenaires sociaux parce que sinon, nous n'y arriverons pas vous savez.
Q.- David, 24 ans, en Ille-et-Vilaine. David : Oui, bonjour Jean-Jacques. Coresponsable de magasin de prêt-à-porter pour enfant. Allez-y David. David : Oui, bonjour Jean-Jacques, bonjour Madame la ministre.
R.- Bonjour.
Q.- David : Très bien. Je veux tout simplement vous poser une question, à savoir : qu'est-ce que vous avez fait et qu'est-ce que vous allez faire au sujet de l'engagement électoral de Monsieur Sarkozy, qui avait annoncé zéro SDF qui dormirait dehors en hiver 2007 ?
R.- Cher Monsieur, écoutez je ne me souviens pas que le président Sarkozy ait dit « Zéro SDF à l'hiver 2007 », il me semble que c'était Monsieur Jospin qui l'avait dit quand il a été candidat à l'élection présidentielle. Ce que je peux vous dire, c'est que le problème que vous soulevez ne doit faire en aucune manière l'objet de polémique partisane ou politicienne. C'est un vrai sujet, dans notre pays il y a un problème de logement important, et naturellement vous pouvez imaginer...
Q.- 3 millions de mal-logés.
R.- Et de non logés, il y a en a beaucoup...
Q.- Et de non logés.
R.-...Il y en a énormément. Ce que je peux vous dire, c'est que mon prédécesseur, Monsieur Borloo, s'était engagé à ce qu'il y ait 3.000 ouvertures de logement pour ces personnes qui sont sans-abri, en particulier pendant l'hiver. Personne ne pensait que j'arriverais à obtenir cela, je suis arrivée à avoir 1.000 logements cette année, c'est inespéré, 1.000 logements l'année prochaine et 1.000 logements dans 2 ans. Donc, nous obtiendrons ces 3.000 logements. Mais je vous dis aussi Monsieur, et j'en suis absolument désolée, c'est que vraisemblablement ça ne suffira pas. Alors ce qu'il faut, c'est qu'on retrousse tous les manches, et que nous arrivions à donner une réponse à cela. Ceci étant dit, il y a un problème très important qui est que chaque jour... parce qu'en particulier dans l'Europe, il y a un certain nombre de pays qui sont pauvres, eh bien ! La France et Paris est une capitale qui est attractive et qui fait que nous avons tous les jours des nouvelles personnes qui arrivent et qui sont totalement démunies. Et je sais très bien que nous allons avoir des difficultés. Alors je demande à tous les responsables politiques et tous les responsables d'association de ne pas faire un enjeu partisan politicien vis-à-vis de ce problème de l'hiver, car nous avons tous à travailler ensemble pour faire en sorte que nous apportions une réponse concrète à ces hommes, ces femmes et ces enfants qui n'ont pas de logement.
Q.- 8h57. Merci d'être venue nous voir ce matin, C. Boutin.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 10 septembre 2007
R.- Bonjour.
Q.- Merci d'être là ce matin. Vous n'avez pas de leçon de sensibilité à prendre, si j'ai bien compris ?
R.- Cette affaire est classée pour moi. J'aime beaucoup Rama, il y a pas de problème. Ce qui est important...
Q.- Oh ! Elle a fait une petite gaffe, quoi.
R.-...ce qui est important c'est qu'on arrive à résoudre le problème d'Aubervilliers. Monsieur le préfet Balland a pris en charge ce dossier. Je compte beaucoup cet après midi pour son règlement et voilà.
Q.- Donc, si j'ai bien compris, la prochaine fois, elle viendra vous voir avant de s'en aller comme ça.
R.- Oui on doit déjeuner bientôt. C'était prévu. Avec Rama, aucun problème.
Q.- D'accord.
R.- Rama est une collègue très sympathique.
Q.- D'accord. Parlons de logement. Vous êtes allée en Espagne récemment. Oui. L'Espagne, 86% de propriétaires. J'ai vu cela. 56% en France. Les Espagnols peuvent déduire jusqu'à 15% du montant de leurs intérêts d'emprunt. C'est ça ? Oui, absolument. 15% c'est énorme. Jusqu'à concurrence de 1.400 euros par an. Est-ce qu'on va faire de nouveaux efforts dans ce domaine-là ?
R.- Ecoutez, le président de la République a dit pendant sa campagne présidentielle qu'il souhaitait que la France devienne un pays de propriétaires. Donc effectivement, l'Espagne est assez intéressante puisque 86% de la population est propriétaire. Cela dit, alors on peut s'inspirer. Moi j'ai été très frappée surtout par les modes de financement de cet immobilier qui, en fait, a montré surtout en Espagne - ce que je tire de la leçon espagnole c'est - que le logement est facteur de croissance et qu'il est indispensable que le logement devienne une des priorités dans ce pays car à côté de la valeur travail qui a été parfaitement développée par le Président et qui a été pris par les Français à la suite de la campagne et de sa responsabilité présidentielle, je pense qu'à côté de la valeur travail, il faut le logement. Et le logement en Espagne, on nous montre que ça a été l'effet détonateur. Tout le monde montre l'Espagne comme un exemple de créativité et de développement etc. C'est le logement qui a apporté ça.
Q.- Oui mais avec beaucoup de prêts hypothécaires.
R.- Oui mais les prêts hypothécaires, ce n'est pas du tout gênant.
Q.- Avec des banques qui prêtent sur 40 ans, 50 ans.
R.- Oui mais ce qui montre bien, monsieur Bourdin, que la réalité d'aujourd'hui, c'est quelle est la réalité de l'argent ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
Q.- Alors quelle est la réalité de l'argent, C. Boutin ?
R.- En France, on commence déjà à voir des prêts à 40 ans, à 50 ans. La réalité de l'argent, ça c'est un autre dossier que le logement. Mais je pense effectivement qu'en ce qui concerne le problème du partage de la richesse, vous savez que ça c'est un de mes dada...
Q.- Je sais.
R.- Je pense qu'un jour, nous serons amenés à nous poser véritablement la question de l'argent. Et quelle est la valeur de l'argent ?
Q.- Alors quand la première mesure prise par le Président, c'est le bouclier fiscal, franchement, le partage de l'argent, C. Boutin, c'est...
R.- Vous savez, il faut aller petit pas par petit pas pour que les choses soient bien comprises. Cette mesure est une mesure fiscale. Oui ça fait de l'épargne. Non. C. Boutin, ministre du Logement, est heureuse de cette décision dans la mesure où grâce à l'interrogation qui a été posée par le Conseil constitutionnel pour les petits, pour les faibles, pour ceux qui n'ont pas beaucoup de revenus, on est passé de 20% à 40% en ce qui concerne la déduction fiscale. Si bien que la mesure qui a été décidée par le Gouvernement est favorable aux plus fragiles de notre pays. Et donc le ministre du Logement, C. Boutin, ne peut qu'être heureuse de cette décision.
Q.- Heureuse de la décision du Conseil constitutionnel, si j'ai bien compris.
R.- De la décision de passer de 20 à 40%, la déduction...
Q.- Oui, oui, imposée par le Conseil constitutionnel.
R.- Non, non, non, le Conseil constitutionnel est revenu sur la date mais pas sur le pourcentage et c'est le Gouvernement qui a eu la préoccupation des plus faibles.
Q.- Le problème en Espagne, c'est qu'il y a moins de locataires et que quand on est jeune, on est obligé de rester chez ses parents.
R.- Oui alors le problème... Je me suis aperçue aussi lors de ce voyage en Espagne, c'est que s'il y avait 86 % de propriétaires, en fait les Espagnols se posent beaucoup de questions. Et nous, en France, nous avons beaucoup de chance par rapport à eux parce que, eux, ils n'ont pas sur le marché du logement différentes catégories. Ils n'ont quasiment pas de location, ils n'ont pas de parc social. Alors que nous, nous avons les HLM, nous avons un parc locatif, nous avons un parc privé de propriétaires. Je pense qu'il faut que nous fassions un effort pour que le logement ne soit pas aussi lourd dans le budget des familles, mais je pense qu'il ne faut surtout pas que l'ensemble de notre parc soit un parc de propriétaires. En tous les cas, c'est vraiment le message que les Espagnols m'ont passé, qu'ils soient de droite ou de gauche du reste. Parce que là, ils arrivent à un blocage car les jeunes, en particulier, n'arrivent pas à quitter le logement de leurs parents.
Q.- Donc une France de propriétaires mais pas trop quand même, dans une certaine limite, si j'ai bien compris ?
R.- Vous savez la France, il faut bien savoir, nous sommes à 56%. Sans doute il faut augmenter et je crois qu'il faut donner cette perspective aux Français de devenir propriétaires. Mais quand on regarde suivant les tranches d'âge, si vous regardez les Français entre 60 et 65 ans, 80% de la population française est propriétaire. Donc nous avons déjà la perspective de devenir propriétaires. Mais il faut augmenter notre moyenne nationale.
Q.- Alors on va regarder concrètement. Est-ce que vous allez changer la loi ou obliger les communes à la respecter, mieux la respecter ? Vous me direz, elles sont condamnées à payer des amendes les communes qui ne respectent pas la fameuse loi SRU, qui les oblige à avoir au moins 20% de logements sociaux sur leur territoire. Est-ce que vous allez changer cette loi ?
R.- Mon objectif n'est pas de mettre mon nom sur une loi. Mon objectif est de faire en sorte que tous les Français, hommes, femmes, enfants, trouvent un logement dans ce pays. C'est ça qui est important.
Q.- Oui mais il faut du foncier. Attendez pour des logements sociaux, il faut du foncier donc des terrains.
R.- Oui, mais nous allons en trouver.
Q.- Enfin dans certaines communes, on n'en trouve pas !
R.- Depuis ces quatre mois où je suis en responsabilité ministérielle, j'ai beaucoup auditionné, j'ai beaucoup écouté les uns et les autres. Tous les partenaires, qu'ils soient publics, qu'ils soient privés, que ce soit les élus, que ce soit les financeurs, que ce soit les personnes qui cherchent des logements. Et je m'aperçois que tout le monde a envie de travailler ensemble. Et c'est ce que je vais mettre en place. Alors pour répondre de façon très concrète à votre question, la loi SRU je ne reviendrai pas dessus.
Q.- Vous ne reviendrez pas dessus ?
R.- Je la ferai appliquer par contre. Mais ce que je peux vous dire, vous avez eu raison de dire qu'il y avait des amendes mais les amendes, qu'est-ce que ça me donne à moi ? Ca me donne des logements ? Non ça ne me donne pas de logements.
Q.- Non, rien du tout.
R.- Ça ne répond pas du tout à mon problème.
Q.- Alors qu'est-ce que vous allez changer alors ?
R.- Je vais mettre tout le monde ensemble et c'est, justement, l'opération que nous faisons à Lyon du 17 septembre au 27 septembre où en fait, je vais rassembler tous les partenaires, il y a plus de 30 partenaires, qui pendant dix jours, je décentralise mon ministère et pendant dix jours nous allons être présents à Lyon, à l'occasion du congrès HLM qui a lieu cette année à Lyon. Et nous allons signer des conventions de partenariat entre l'Etat et les partenaires privés, publics etc. et les élus.
Q.- Mais alors qu'est-ce que vous allez faire avec ces communes qui paient des amendes, plutôt que de construire des logements sociaux ? Qu'est-ce que vous allez faire ? Qu'ils soient de droite ou de gauche d'ailleurs, peu importe.
R.- Le problème n'est pas de mettre en accusation les uns par rapport aux autres. Je crois que le problème du logement est une crise nationale. Et qu'il faut absolument que nous y répondions. Il ne s'agit pas de montrer du doigt les uns par rapport aux autres. D'autant plus que les citoyens ont également leur part de responsabilité car ceux qui ont un logement, aujourd'hui, en tous les cas certains d'entre eux, une fois qu'ils ont leur logement, ils n'acceptent plus que l'on construise à côté d'eux. Et les maires ont beaucoup de difficultés à construire, aussi en raison des réticences de leurs habitants. Donc il faut qu'ensemble, nous prenions la mesure de la dimension sociale et morale même que nous avons, de construire. On ne peut pas s'intégrer dans une société si on n'a pas un logement. Donc moi, je mettrai toute mon énergie et je peux vous dire que je suis heureuse de constater que tous les partenaires ont envie d'avancer ensemble. Et il va y avoir des propositions très concrètes qui vont être faites lors de ces dix jours...
Q.- Lesquelles ?
R.-...Mais je ne vous les dirai pas...
Q.- Ah bon ?!
R.- ...Parce qu'il faut que vous veniez. Je vous invite à venir à Lyon.
Q.- Mais nous viendrons suivre les travaux.
R.- Ce que je voulais vous dire aussi, c'est que dans ma conception du logement, aujourd'hui le gros problème du logement c'est que toute la chaîne du logement est embolisée. C'est-à-dire qu'il n'y a aucune fluidité. Il faut regarder le logement de celui qui n'a pas de logement, du SDF à celui qui est très bien logé. Car celui qui est très bien logé peut aussi, un jour, se trouver sans logement. Et donc il faut avoir une vision globale. Ça ne concerne pas que ceux qui peuvent se loger mais également il faut partir de celui qui n'a pas de logement.
Q.- Bien. Certains propriétaires ne veulent plus louer...
R.- Il y a des choses intéressantes qui vont être dites à Lyon.
Q.- C'est-à-dire, par exemple ? Pour les propriétaires qui ne veulent plus louer ?
R.- On va essayer de leur trouver des réponses. Ça peut être légitime car certains d'entre eux ont été grugés, si je puis ainsi m'exprimer, par un certain nombre de locataires et donc il faut donner certaines formes de garantie.
Q.- Alors comment allez-vous les protéger ?
R.- Ce que je peux vous dire, par exemple, c'est la mise en place de la garantie du risque locatif que nous allons rendre universelle. Il va y avoir des choses, enfin il y a déjà un accord qui a été pris avec le 1%. Du reste, j'ai de très bonnes relations avec eux. Mais cela dit, il faut que ça bouge aussi et je pense que les propriétaires vont avoir une satisfaction et je compte beaucoup sur eux, une fois que ce partenariat va être signé, vous le verrez, à Lyon, je compte beaucoup sur eux pour libérer les logements qui sont actuellement vacants et qui ne sont pas occupés. Car moi, le président de la République et le Premier ministre m'ont donné comme objectif un objectif superbe, très ambitieux, très difficile à atteindre : 500.000 logements. Cet objectif est indispensable pour que tout le monde soit logé. Or vous savez très bien que de toutes façons, même si tout le monde se met en route, la construction d'un logement ça demande plusieurs mois.
Q.- Oui mais deux millions de logements vides ne sont même pas recensés.
R.- Attendez ! Il n'y a pas deux millions de logements vides.
Q.- Pas deux millions ?
R.- Non, non, il n'y en a pas deux millions, il y en a un certain nombre. Vous me parlez en particulier des propriétaires privés, d'après les chiffres que je peux avoir, on me dit qu'il y en a à peu près 300.000. Sur ces 300.000, déjà si j'obtiens...
Q.- Il y a aussi des propriétaires institutionnels.
R.- Oui les propriétaires institutionnels, ce n'est pas si simple que ça.
Q.- Je veux bien vous croire.
R.- Parce que, voilà... Vous savez, moi je suis une femme qui vous dirait, je ne vais pas vous raconter d'histoire. Je pense qu'avec les mesures que nous allons proposer, la garantie des risques locatifs, des accords avec l'UNPI et un certain nombre d'accords, nous pouvons avoir rapidement une centaine de milliers de logements qui sont actuellement inoccupés sur le marché. 100.000 logements, ça me permet de redonner une fluidité à l'ensemble de la chaîne du logement. Et à partir de ce moment-là, je peux davantage répondre à cette obligation. Mon objectif, monsieur Bourdin, vous savez j'ai été porteuse du droit au logement opposable à l'Assemblée nationale. Comme ministre, je suis au pied du mur et je la mettrai en application cette loi car il est indigne qu'un pays comme la France...
Q.- Mais il y a le coût ?
R.- Mais il n'y a pas un problème de coût, ce n'est pas uniquement un problème de coût. Vous savez quand le logement marche...
Q.- 25 milliards d'euros d'ici dix ans, disent les spécialistes du logement.
R.- C'est quelque chose qui participera à la croissance de toutes façons. Vous savez il y a un vieux diction qui dit que quand le bâtiment va, tout va. Moi je veux que le bâtiment aille encore mieux pour que la France aille encore mieux.
Q.- C. Boutin est notre invitée ce matin, ministre du Logement et de la Ville, nous la retrouvons dans deux minutes. [08 :47 - Deuxième et dernière partie] Ministre du Logement et de la Ville, C. Boutin est avec nous ce matin...
R.-...De l'Exclusion et de la Précarité.
Q.- Ah oui ! De l'Exclusion et de la Précarité. C. Boutin, les locataires maintenant. Je gagne, je ne sais pas moi, 800, 900, 1.000 euros, 1.100 euros, 1.200 euros par mois, j'habite une grande ville. Pour me loger, c'est la croix et la bannière...
R.- Oui.
Q.- Qu'est-ce que vous me dites ce matin ?
R.- Aujourd'hui, vous avez raison c'est la croix et la bannière, et même pour un certain nombre de nos concitoyens...,
Q.- C'est même impossible.
R.-...C'est quasiment impossible, absolument. Il faut savoir qu'aujourd'hui en France, 72 % de la population française répond aux critères d'attribution des logements HLM, 22 % y accèdent. Ça veut dire que 50 % de la population française est cliente - si je puis m'exprimer ainsi - sur le marché libre. Dans un monde qui est contraint, c'est-à-dire où il n'y a pas suffisamment de logements, il est évident que le marché fait que les loyers sont exorbitants par rapport...
Q.- C'est une forme d'exclusion.
R.- Voilà. Et donc, il faut absolument répondre à cette problématique, et pour ma part, je pense que la seule réponse véritablement efficace, c'est la construction de logements. Car aujourd'hui, comme il n'y a pas d'offres de logement, naturellement le coût est très cher. Donc, plus on construira plus le prix de l'immobilier pourra baisser.
Q.- Les cautions, où en êtes-vous avec les cautions ?
R.- Alors justement, le problème de la garantie du risque locatif va remettre en cause tout ce système, puisque nous assurerons aux propriétaires... on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre, il n'y a aucune raison que l'on assure une sécurité aux propriétaires et puis qu'ils redemandent encore plus de garanties. Alors il faut regarder parce qu'il y a des susceptibilités entre la caution, la provision, etc. Donc on va regarder tout ça. Mais je pense que la garantie du risque locatif, encore une fois je remercie beaucoup le 1 % d'avoir participé à son financement...
Q.- Mais est-ce qu'on peut par exemple demander le plafonnement de la caution, un plafonnement qui ne devrait pas dépasser 2 mois par exemple, parce que parfois c'est exorbitant...
R.- Mais bien sûr que c'est exorbitant, et vous voyez des jeunes parler...
Q.- Mais bien sûr.
R.- On voit des jeunes de 30, 35 ans qui sont obligés de demander des cautions de leurs parents, ce qui m'est arrivé à moi pour mon fils. Je trouve ça absolument indigne pour mon fils, qu'il soit obligé - et comme tous les jeunes - de demander à leurs parents. Donc, ceci va...
Q.- Mais qu'est-ce que vous dites à votre fils ?
R.- Ce que je lui dis, c'est que c'est scandaleux et j'essaie de l'aider comme je peux, mais ce n'est pas normal, c'est absolument anormal. Et donc, je pense que la garantie du risque locatif devrait...
Q.- Quand ?
R.- Mais ça y est, ça va être...
Q.- Oui mais applicable quand ?
R.- En janvier, ça va être rapide...
Q.- 1er janvier ?
R.- Oui, début janvier oui.
Q.- Début janvier, bien. J'ai plein d'autres questions à vous poser... Mais j'espère bien. Tiens ! La TVA sociale, parlons-en parce que vous défendez la TVA sociale.
R.- Bien sûr mais je ne suis pas toute seule.
Q.- Elle est pourtant déjà sur l'étagère...
R.- Non, non, elle n'est pas sur l'étagère, elle n'est pas sur l'étagère. Le président de la République en avait parlé pendant la campagne présidentielle. Ensuite, on a dit que c'était abandonné, et puis c'est revenu en discussion. Aujourd'hui, on dit que c'est abandonné. Personnellement, je pense que c'est...
Q.- C'est le Gouvernement qui dit ça, enfin il y a quand même...
R.- Non, mais vous-même...
Q.- Vous êtes très partagés...
R.- Non, non, pas du tout...
Q.- Vous êtes très partagés. Moi j'écoute...
R.- Mais c'est le débat, mais c'est le débat, on a le droit au débat...
Q.- Attendez, moi j'écoute ce que nous disent les représentants du Gouvernement...
R.- Mais on a le droit au débat Monsieur Bourdin...
Q.- Oui, oui, C. Boutin.
R.- Merci beaucoup...
Q.- Je vous en prie, allez-y.
R.- Donc la TVA sociale est une idée nouvelle qui touche à l'allègement des charges des entreprises, et qui permet de rétablir une égalité entre les produits importés et les produits exportés, et moi ça me semble être une idée intéressante. C'est une idée nouvelle, mais comme toutes les idées nouvelles, naturellement, ça inquiète un certain nombre de personnes. Alors pour l'instant, moi je ne sais pas ce que va nous dire mon collègue Besson, que j'apprécie beaucoup du reste, mais on verra bien. Mais moi, personnellement, avec le Forum des Républicains sociaux - mon parti politique est associé à l'UMP - nous portons...
Q.- Vous dites qu'il faut y aller ?
R.- Nous portons la TVA sociale. Nous allons même beaucoup plus loin puisque nous, nous soutenons le dividende universel qui est un partage de la richesse nouveau et qui me semble inéluctable à terme.
Q.- Alors expliquez aux auditeurs.
R.- Le dividende universel, c'est assurer à tous de ne jamais tomber dans l'extrême précarité...
Q.- C'est utopique, dit M. Hirsch.
R.- M. Hirsch, oui mais la phrase a été coupée, il dit que c'est utopique mais que le RSA est un début de cette utopie.
Q.- Bon. C. Boutin, nous allons écouter P. Dufreigne. P. Dufreigne (de RMC) :
Oui, avec un autre Philippe justement, auditeur de RMC celui-là qui vient de nous appeler au 32.16, qui nous dit : bon d'accord, on a du mal à construire des logements aujourd'hui, on n'en construit pas assez. Alors est-ce qu'il ne serait pas possible justement d'accélérer un petit peu les permis de construire, par exemple, toutes les formalités en fait pour aller plus vite dans la construction de logements, est-ce qu'on s'intéresse à tout ça ?
R.- Oui sans doute. De toute façon, tout ce qui va dans la simplification administrative, j'y suis naturellement favorable. Mais je ne crois pas que ça soit véritablement cela qui pose un problème. La véritable difficulté... elles sont multiples, elles sont d'origines multiples, il y a naturellement le problème du foncier, il y a naturellement le regard des citoyens encore, je vous l'ai dit tout à l'heure, qui souvent s'opposent à la construction de logements, il y a aussi parfois un manque de volonté politique, il y a beaucoup de choses. Mais ce que je crois vraiment, c'est que... je me permets de vous dire que quand je suis arrivée à la tête de ce ministère, toutes les Cassandres me disaient « ça va être terrible en 2007, vous n'allez pas avoir suffisamment de permis de construire en 2008 », eh bien ! Aujourd'hui, le rythme de croissance et de dépôt de permis de construire est équivalent à celui de 2006, et depuis 30 ans, on n'a jamais autant construit. Mais ce n'est pas suffisant, je vous le dis clairement, ce n'est pas suffisant, il faut que nous allions beaucoup plus loin.
Q.- Bien, merci. Philippe, autre chose ? P. Dufreigne : J'ai Marie-Lou, si vous voulez, qui écrit sur le blog de l'émission, qui nous dit « logement et handicap, on évoque souvent le handicap en période électorale, et puis après plus rien. Alors est-ce que le gouvernement est actif de ce côté-là, au niveau du logement des personnes handicapées » ?
R.- Je remercie beaucoup cette dame d'avoir posé cette question. Effectivement, maintenant en ce qui concerne les constructions neuves, il y a naturellement la loi qui doit s'appliquer. Il faut que tout cela rentre bien dans la tête de nos concitoyens et de nos partenaires du logement, mais ils y sont sensibles. Pour les constructions neuves, je pense que ça ne devrait pas poser de problème. Mis à part que naturellement la mise aux normes de l'accessibilité a un coût, et que naturellement par rapport au coût de la construction, ça se rajoute, tout comme les préoccupations, que je soutiens naturellement vis-à-vis de l'énergie, a un coût. Et ce que je voudrais vous dire Monsieur Bourdin, parce que ça j'y tiens énormément...
Q.- Q.- Allez-y.
R.- En ce qui concerne toutes les normes d'énergie qui vont être données à la construction...
Q.- Oui, et le Grenelle de l'environnement...
R.- Le Grenelle de l'environnement.
Q.- Tiens ! Qu'est-ce que vous allez faire comme proposition ?
R.- Le Grenelle de l'environnement bien sûr que je soutiens totalement parce que nous devons participer à l'économie...
Q.- Bien sûr, alors qu'est-ce que vous allez faire comme proposition ?
R.- Alors je dis simplement que je voudrais que les aides qui vont être décidées in fine, par rapport à l'adaptation des logements à ces exigences environnementales, soient d'abord données aux plus précaires et aux plus pauvres, parce que je ne voudrais pas que se créer une précarité énergétique, parce qu'il ne faudrait pas que ceux qui ont des logements qui sont...
Q.- Donc en fonction des revenus...
R.- Oui ou la nature du logement parce que sinon, vous allez avoir ceux qui ne peuvent pas adapter leur logement qui vont avoir des dépenses d'énergie, qui vont être sanctionnés et des dépenses d'énergies supplémentaires. Donc je serai particulièrement vigilante pour que les premières aides aillent d'abord sur les plus fragiles.
Q.- Régimes spéciaux de retraite, je change, est-ce qu'il faut la faire très vite cette réforme ?
R.- Ecoutez, c'est le Premier ministre et moi, je suis en charge du Logement, c'est le Premier ministre qui en a parlé hier...
Q.- Oui mais enfin, vous êtes aussi républicaine sociale...
R.- Mais bien sûr, mais bien sûr. Ecoutez, là, je suis naturellement ce qu'a dit le Premier ministre...
Q.- Il faut aller très vite !
R.- Et ce que décidera le président de la République.
Q.- Oui, mais il faut aller très vite donc ?
R.- Ce que décidera le président de la République...
Q.- Mais vous ne pouvez pas parler ? Vous n'êtes pas libre de dire ce que vous pensez ?
R.- Si, si, écoutez, je crois...
Q.- Mais alors C. Boutin, je vous pose la question, alors est-ce qu'il faut que cette réforme soit engagée très vite, oui ou non ?
R.- Ce n'est pas moi qui suis décideur dans cette affaire, mais je suis plutôt favorable...
Q.- Vous n'avez pas d'avis ?
R.- Si, si, je suis plutôt favorable à ce que cette mise en place soit le plus rapide possible. Mais il faut aussi qu'il y ait un accord des partenaires sociaux parce que sinon, nous n'y arriverons pas vous savez.
Q.- David, 24 ans, en Ille-et-Vilaine. David : Oui, bonjour Jean-Jacques. Coresponsable de magasin de prêt-à-porter pour enfant. Allez-y David. David : Oui, bonjour Jean-Jacques, bonjour Madame la ministre.
R.- Bonjour.
Q.- David : Très bien. Je veux tout simplement vous poser une question, à savoir : qu'est-ce que vous avez fait et qu'est-ce que vous allez faire au sujet de l'engagement électoral de Monsieur Sarkozy, qui avait annoncé zéro SDF qui dormirait dehors en hiver 2007 ?
R.- Cher Monsieur, écoutez je ne me souviens pas que le président Sarkozy ait dit « Zéro SDF à l'hiver 2007 », il me semble que c'était Monsieur Jospin qui l'avait dit quand il a été candidat à l'élection présidentielle. Ce que je peux vous dire, c'est que le problème que vous soulevez ne doit faire en aucune manière l'objet de polémique partisane ou politicienne. C'est un vrai sujet, dans notre pays il y a un problème de logement important, et naturellement vous pouvez imaginer...
Q.- 3 millions de mal-logés.
R.- Et de non logés, il y a en a beaucoup...
Q.- Et de non logés.
R.-...Il y en a énormément. Ce que je peux vous dire, c'est que mon prédécesseur, Monsieur Borloo, s'était engagé à ce qu'il y ait 3.000 ouvertures de logement pour ces personnes qui sont sans-abri, en particulier pendant l'hiver. Personne ne pensait que j'arriverais à obtenir cela, je suis arrivée à avoir 1.000 logements cette année, c'est inespéré, 1.000 logements l'année prochaine et 1.000 logements dans 2 ans. Donc, nous obtiendrons ces 3.000 logements. Mais je vous dis aussi Monsieur, et j'en suis absolument désolée, c'est que vraisemblablement ça ne suffira pas. Alors ce qu'il faut, c'est qu'on retrousse tous les manches, et que nous arrivions à donner une réponse à cela. Ceci étant dit, il y a un problème très important qui est que chaque jour... parce qu'en particulier dans l'Europe, il y a un certain nombre de pays qui sont pauvres, eh bien ! La France et Paris est une capitale qui est attractive et qui fait que nous avons tous les jours des nouvelles personnes qui arrivent et qui sont totalement démunies. Et je sais très bien que nous allons avoir des difficultés. Alors je demande à tous les responsables politiques et tous les responsables d'association de ne pas faire un enjeu partisan politicien vis-à-vis de ce problème de l'hiver, car nous avons tous à travailler ensemble pour faire en sorte que nous apportions une réponse concrète à ces hommes, ces femmes et ces enfants qui n'ont pas de logement.
Q.- 8h57. Merci d'être venue nous voir ce matin, C. Boutin.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 10 septembre 2007