Déclaration de M. Alain Madelin, président de Démocratie libérale, sur son programme pour l'élection présidentielle, notamment en matière d'enseignement, de sécurité, d'allègement de la fiscalité, de décentralisation et de régionalisation, de retraite et de don aux associations, intitulée "Le choix d'une nouvelle France", à Paris le 2 avril 2001.

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Circonstance : Soirée organisée à l'initiative des cercles socio-professionnels à la Salle Wagram à Paris le 2 avril 2001

Texte intégral

Mes chers amis, Merci, Merci d'être là, ce soir, à mes côtés, merci de la chaleur de votre accueil.
Trois mois ont passé depuis le moment où j'ai annoncé que je m'engageais dans la campagne de l'élection présidentielle. Et depuis, partout en France -en Métropole comme en Outre Mer- j'ai rencontré l'attente d'un vrai changement et une forte espérance. Et ce soir vous êtes là, nombreux, très nombreux, si nombreux qu'il a fallu ouvrir une autre salle, si nombreux que tous les représentants de vos cercles n'ont pas pu être inscrits à ce dîner qui est pour moi le plus amical et le plus chaleureux des encouragements.
Il reste maintenant 400 jours, 400 jours jusqu'à l'élection présidentielle, jusqu'au deuxième tour de l'élection présidentielle...
Les jeux ne sont pas faits. Tout est ouvert. Et tout est possible.
Car il existe aujourd'hui plus que jamais, nous venons de le constater dans les urnes des municipales, une France du bon sens, une France d'en bas, qui n'accepte ni le prêt-à-penser des politiques et des médias, ni le prêt-à-voter de Monsieur CSA, de Madame Ifop, de Monsieur BVA ou de Madame SOFRES.
Dans toutes les élections il y a les favoris des sondages, les favoris des médias. Et puis il y a le choix des Français. Et l'élection présidentielle, c'est le grand rendez-vous, celui qui va permettre de bousculer les jeux combinés d'avance, de faire bouger les lignes en s'adressant directement aux Français.
Si chaque élection a un enjeu, pour moi l'enjeu de la prochaine élection présidentielle est clair : la modernisation de la France.
A l'aube d'un nouveau monde et d'un nouveau siècle, c'est l e rendez-vous de 2002 qui fixera le cap de la France dans ces années charnières . Ce rendez-vous ne doit pas être gâché. C'est pour cela que vous êtes là, et c'est pour cela que je suis là aussi.
Je suis là pour offrir aux Français le vrai choix réformateur, celui d'une France moderne, le choix que je porte, vous le savez, depuis longtemps avec conviction et aussi avec patience.
Oh bien sûr, lors de ce rendez-vous, tout le monde cherchera à se parer de la modernité. Mais il est des habits empruntés qui ne trompent pas, qui ne tromperons pas les Français ou qui ne les tromperont plus.
Le choix réformateur moderne, celui qui fait place d'abord sa confiance dans la liberté et la responsabilité des personnes avant de la placer dans l'Etat, ce choix là il existe partout autour de nous, pour peu que l'on regarde au delà de nos frontières. Partout il est proposé et presque partout choisi.En Angleterre, avec bien sûr les conservateurs britanniques, mais aujourd'hui encore sous une autre forme avec Tony Blair. En Belgique, avec mon ami le premier ministre Guy Verostatd, En Allemagne avec la nouvelle CDU mais aussi pour une part avec Gherardt Schroeder. En Italie avec mon ami Berlusconi. En Espagne avec le premier ministre, le démocrate libéral, José Maria Aznar.
Et nous resterions, nous, en France, à l'écart de ce mouvement, à l'abri du monde, bunkerisés dans notre glorieuse exception Française, condamnés à 5 ans de socialisme de plus. Allons donc ! Je n'en crois rien.
Comment imaginer que dans 400 jours en France, le choix se réduise à deux politiques au demeurant si proches, énarques de gauche ou énarques de droite ? Comment penser que les Français soient condamnés à signer un nouveau bail au socialisme le plus archaïque d'Europe ou à revenir vers une droite timorée, aux propositions frileuses, et plus frileuses même que celle des sociaux démocrates allemands avec Gerhard Schroeder ou celle des travaillistes britanniques avec Tony Blair ?
Oui, il y a un nouveau monde et je ne veux pas que la France passe à l'écart de ce monde là. C'est pourquoi, dans 400 jours, je porterai ce choix au premier tour et aussi au deuxième tour de l'élection présidentielle. Car je suis convaincu que c'est là le choix gagnant. Deux fois gagnant. Celui qui peut faire réussir l'alternance en proposant une franche alternative. Celui qui fera réussir la France.
Car ce n'est pas avec une nouvelle dose de socialisme que l'on pourra moderniser la France. Si les socialistes sont aujourd'hui incapable d'apporter de bonnes réponses à l'enjeu de la modernisation de la France c'est parce que même s'ils évoluent - Europe oblige- ce nouveau monde leur reste étranger. Ils ne le comprennent pas. Ce n'est pas le leur. Car ce nouveau monde c'est d'abord celui de la liberté, pas des bureaucratie ni de l'Etat.
Du futur candidat Jospin nous ne connaissons pour l'instant que le bilan. Il paraît même qu'il aura un projet. Que Martine Aubry et Dominique Strauss Kahn y travaillent. Voilà qui n'est guère rassurant...
Le bilan, vous le connaissez. Il y a ce que monsieur Jospin a fait, et il y a ce qu'il n'a pas fait. Ce qu'il a fait C'est a contre courant du monde entier, continué d'augmenter la dépense publique, recruter de nouveaux fonctionnaires -20000 cette année-. Clémenceau disait déjà "la France est un pays extrêmement fertile. On y sème des fonctionnaires et on y récolte des impôts". Côté impôts, les Français ont été gâté. 500 milliards en plus. Non seulement on n'a pas profité de cette croissance pour entreprendre les réformes nécessaires mais les fruits de la croissance ont été dilapidées, avec les 35 heures au détriment de la feuille de paie des Français, avec des emplois publics en plus, au détriment de la réforme de l'Etat.
Oui, A contre courant on a poursuivi une folle politique de dépense et d'assistance. Aucune grande réforme n'a été engagé. La réforme de l'Etat rien. Allègre débarqué. Sauter viré. La réforme des retraites. Rien. La réforme de la santé et de nos hôpitaux rien. La décentralisation et la régionalisation rien. Ou presque rien, si ce n'était un projet de statut que le gouvernement juge bon pour la Corse mais imprudent d'étendre aux autres régions. Toutes les grandes réformes ont été esquivées.
Oh, il restera bien sûr les 35 heures, les emplois-jeunes et leur facture. Il s'agissait à en croire Martine AUBRY d'inventer de nouveaux métiers. Les nouveaux métiers ont ne les a pas vu, mais on commence à compter les nouveaux fonctionnaires. Quant aux 35 heures, obligatoires et subventionnés, non décidément non je ne réussis pas à comprendre comment l'on peut contre toute logique économique, ponctionner un peu plus les uns, ceux qui travaillent le plus, pour leur demander d'en payer d'autres afin qu'ils travaillent moins. Non, décidément non, je ne réussis pas à accepter que l'on veuille demain imposer ce carcan des 35 heures à la petite entreprise, au petit commerçant, au petit restaurateur, au petit artisan.
On dit que M. Jospin ce week end a cherché à repenser sa politique. Il est vrai que M. Jospin à défaut de réformer fait de la politique. Et faire de la politique chez M. Jospin c'est redoper Hue, marginaliser Chevènement, latéraliser Voynet, écarter Mamère, contenir Dray et Mélenchon, ne pas oublier Fabius et surtout se méfier d'AubrySelon le communiqué même de Matignon, au soir d'un séminaire gouvernemental fort médiatisé, il paraît que Monsieur Jospin fait des ajustements.
Mais pour moderniser la France, pour proposer une vraie alternative à la politique socialiste, il faut savoir ranger dans les placards toute cette panoplie dirigiste interventionniste, faites de contraintes, d'assistance et de prélèvements, forgée par les idéologies socialistes au siècle dernier mais portée aussi, il est vrai, par une technocratie multicarte, tantôt à gauche, tantôt à droite, tantôt au centre.
Alors si, comme moi, vous voulez une franche alternative, il faudra savoir tirer un trait sur ces politiques qui nous ont fait tant de mal : l'appauvrissement de l'épargne, la fuite en avant dans l'endettement, le refus des moyens à la Justice, l'assouplissement des textes sur la délinquance des mineurs, l'agriculture dopée aux subventions, l'étouffement fiscal des petits propriétaires, la construction de cités ghettos, l'extension de la société d'assistance, l'ouverture sans contrôle des frontières à l'immigration tout en maintenant fermées les portes de la société aux jeunes issus de l'immigration, l'instauration du collège unique, la carte scolaire obligatoire, l'étatisation de l'assurance maladie
Ne demandez pas à ceux qui ont hier conçu, porté, mené ces politiques là, de les remettre en cause aujourd'hui et d'en imaginer de nouvelles; Autant demander à un chat de bien vouloir aboyer. Car comme le dit la sagesse populaire pas plus qu'on ne résout les problèmes en les mettant de côtéet je pense à Jospin, On ne saurait les résoudre aussi avec ceux qui ont contribué à les créer.
Le choix de la nouvelle France
Oui, je veux permettre à la France de choisir un autre avenir. Au fil des ans, j'ai cherché à donner un visage à cet avenir, en dessinant le contour des réformes nécessaires. Je lui ai donné un nom, la nouvelle France. Ce choix, je l'ai forgé à l'écoute du temps, à l'écoute du monde, à l'écoute des Français.
Il repose sur deux idées simples : remettre de l'ordre dans l'Etat, mettre des libertés dans la société. Je voudrais ce soir vous faire partager cette envie d'une nouvelle France autour de six engagements.
Mon 1er engagement
Libérer l'école et supprimer la carte scolaire
Parce qu'il n'y a pas de plus grande priorité que l'éducation aujourd'hui. Pas de meilleur investissement. Parce que la révolution scolaire est en marche partout autour de nous. En Angleterre, en Belgique, en Hollande, en Allemagne, en Italie en Espagne Partout on libère l'école. On utilise toutes les ressources des nouvelles technologies pour de nouvelles pédagogies. On refuse la standardisation, on adapte l'école au plus près des enfants, et l'on offre la liberté de choix aux parents.
Non, notre éducation nationale n'est pas condamnée à l'immobilisme et au corporatisme. Et je n'accepte pas l'école de l'échec ou l'école de la violence; de cette violence qui est d'ailleurs souvent la conséquence de l'échec scolaire et de la ségrégation. Je veux que l'on réforme avec audace, que l'on sache fermer un mauvais établissement, se séparer des mauvais enseignants.
Oui, en France aussi, le moment est venu de donner aux enseignants, aux chefs d'établissements -grâce à un vrai statut d'autonomie- les moyens de faire une meilleure école : une plus grande obligation de résultats, avec une plus grande liberté des moyens.
Il faut innover, revoir complètement l'organisation scolaire dans la journée, dans la semaine, dans l'année. Adapter l'école aux réalités locales, développer l'enseignement artistique et le sport dans l'école mais aussi en dehors de l'école grâce à un chèque éducation-artistique et un chèque éducation-multisport. Offrir aussi à chaque enfant pour assurer l'égalité des chances un capital formation dont il pourra disposer tout au long de sa vie.
Beaucoup plus d'enseignants qu'on ne le croient ont envie de se donner à cette nouvelle école pourvu qu'on sache leur faire confiance, les responsabiliser, et reconnaître les mérites de ceux qui veulent travailler mieux ou plus.
Offrir pour moi le projet d'une nouvelle France c'est d'abord pour moi le projet d'une nouvelle Ecole.
Mon 2ème engagement
12 milliards pour la Justice et la sécurité
Parce que je refuse que tant de familles vivent dans l'angoisse de voir leurs enfants agressés et rackettés dans leur école, dans la rue ou dans l'autobus, parce que j'en ai assez que l'on bombe le torse et que l'on baisse les bras.
Parce qu'aujourd'hui à l'insécurité s'ajoute le sentiment d'impunité, le découragement du policier qui va ce soir arrêter le jeune délinquant qu'il a déjà arrêté hier soir et qui a été relâché ce matin, narguant sa victime, transformé ainsi en caïd à l'ascendant grandissant sur les gamins de son quartier.
Parce que quand l'insécurité grandit ce sont d'abord les plus faibles qui sont touchés.
Parce que c'est la première fonction du Président de la République et le premier des devoirs de l'Etat que d'assurer la sécurité des personnes et des biens. Et l'Etat ne fait pas son métier quand le budget de la nation consacre plus d'argent aux chemin de fer qu'au total du budget de la Police et de la Justice.
Faute de moyens, trop de plaintes sont classées sans suite, trop de sanctions ne sont pas prononcées, trop de peines ne sont pas exécutées. Nos prisons sont dans une situation inhumaine et dégradante et nous n'avons pas d'établissements adaptés en nombre suffisant pour faire face à la délinquance des mineurs.
Les chiffres parlent d'eux même. Si en dix ans tous les indicateurs de la délinquance ont doublé et si dans le même temps le nombre de personnes incarcérées est resté stable, c'est donc qu'il est deux fois moins risqué d'être délinquant aujourd'hui qu'il y a dix ans. Et quand le risque d'être arrêté, condamné et d'exécuter une peine à la mesure des faits reprochés diminue, la délinquance augmente.
C'est pourquoi s'il est nécessaire de repenser l'organisation de la police, de donner l'autorité aux maires sur les polices locales, le chemin de la sécurité publique passe par ce que j'ai appelé un plan ORSEC pour la Justice : 12 milliards par an pour désembouteiller nos tribunaux, humaniser nos prisons, créer des établissements adaptés à la délinquance des mineurs. 12 milliards, certains diront c'est beaucoup. Mais ce n'est que 10 % de la facture des 35 heures. Et c'est là le prix à payer pour la sécurité des Français.
3ème engagement
Simplifier, alléger l'impôt sur le revenu avec un taux maximum à 33 %
Parce que je crois à la récompense du travail, du mérite et de l'effort, parce que plus que jamais dans le nouveau monde ce sont les personnes qui sont le moteur de la croissance et de l'emploi, parce que la nouvelle croissance a besoin d'une fiscalité de progrès, parce que la réforme fiscale est depuis longtemps à l'ordre du jour de tous les pays autour de nous, parce que nous avons le record de la confiscation fiscale, nous devons baisser nos impôts, tous nos impôts dans une réforme fiscale d'ensemble. C'est un choix d'efficacité. C'est un choix de progrès. C'est aussi un choix de société.
C'est pourquoi je propose notamment d'alléger, de simplifier l'impôt sur le revenu, d'y intégrer la CSG, de le retenir à la source (directement sur la feuille de paie), et de fixer le taux maximum à 33 %. 33 %, parce que c'est là aujourd'hui l'objectif fiscal de tous les pays dynamiques.
A cette réforme fiscale de base, je veux ajouter la refondation de notre système de solidarité, la remise en chantier de ce système d'assistance généralisé conçu au temps de l'Etat providence, de ce maquis d'aides sociales devenues au fil des ans illisible, injuste, et qui enferme tant de famille française dans un assistanat dont elles ne peuvent sortir.
Muhammed Yunus disait: "Votre système d'aide sociale consiste à mettre les pauvres dans une bouteille et à bien fermer le bouchon pour qu'il ne s'échappe pas."
C'est pourquoi, pour encourager le travail et non le décourager, je propose d'instaurer un revenu familial minimum garanti, vrai filet de sécurité pour tous les Français, et qui permette par une allocation dégressive jusqu'à un certain seuil de compléter la feuille de paie en cas de reprise d'activité.
Parce que je crois aussi qu'il est juste de permettre d'épargner et de transmettre à ses enfants le fruit du travail de toute une vie, je veux aussi alléger fortement l'impôt sur les successions pour les petits et moyens patrimoines qui sont ceux de l'immense majorité des Français.
Mais ne croyez pas les candidats qui vous diront qu'ils vont baisser les impôts, s'ils ne vous disent pas d'abord qu'ils veulent baisser les dépenses publiques et s'ils ne vous expliquent pas comment. Pour baisser la dépense publique, le moment est venu de s'interdire constitutionnellement, comme vient de le faire l'Espagne, tout recours au déficit budgétaire. Pour baisser la dépense publique, il faut aussi soigner le mal à la racine et réformer l'Etat. Alléger, privatiser, évaluer l'action publique, simplifier nos lois et nos règlements. Vous vous en doutez je ne serai pas avare de propositions sur ce point.
Mais s'il n'y a pas de baisse des dépenses publiques sans réforme de l'Etat, il n'y a pas de réforme de l'Etat qui ne passe par la régionalisation.
Mon 4ème engagement
Donner un statut de pleine liberté à l'ensemble des régions française et pas seulement à la Corse
Parce que vous le savez au nom d'une certaine conception de la personne et de l'Etat, je refuse depuis longtemps un Etat trop centralisé, trop lourd, trop coûteux, trop semelle de plomb, inapte au changement, carapaçoné, paralysant, incapable de suivre le rythme du nouveau monde.
Il n'y a pas de réforme plus essentielle que la réforme des institutions françaises. D'ailleur, l'Europe, le quinquennat, les nouvelles régulations économiques, tout nous invite à remettre en cause ce vieil uniforme jacobin centralisateur qui craque de toute part. Tout nous invite à dessiner les nouvelles institutions de la nouvelle France.
Ce que les citoyens, les familles, les associations, les partenaires sociaux, les collectivités locales peuvent faire par eux-mêmes il faut leur laisser faire. Voilà le fil directeur de ma démarche.
Je propose de faire des 5 années qui viennent les années de la grande redistribution des pouvoirs.
A la loi de déterminer les règles essentielles et les principes fondamentaux applicables à tous et en tout point du territoire. Aux acteurs de la vie économique et sociales, aux partenaires sociaux, et aux pouvoirs locaux, de définir dans le cadre de ces lois générales, leur propre règles du jeu en fonction des réalités locales, économiques ou professionnelles;
C'est pourquoi j'entends proposer aux Français une réforme constitutionnelle afin de donner vie à de vrais gouvernements régionaux.
Car on le voit partout autour de nous, les gouvernements locaux, lorsqu'ils ont en charge l'éducation, l'environnement, le développement économique, l'emploi, la santé, l'urbanisme, la culture, l'action sociale, partout ces gouvernement sont plus proches, plus attentifs, plus économes, plus efficaces que l'Etat national.
Mon 5ème engagement
Donner à chaque Français la liberté de choisir l'âge de sa retraite et l'accès aux fonds de pension comme en bénéficient déjà tous les fonctionnaires
Cela fait déjà bien longtemps que je dénonce cette politique de l'autruche face au désastre programmé de nos retraites. Ce que j'ai appelé non assistance à retraite en danger. Assez de tergiversations, de faux alibis, de création de nouvelles commissions pour faire la synthèse des commissions qui les ont précédés, des rapports qui aussitôt publiés sont aussitôt rangés au placard.
Si l'on veut sauver les retraites des Français il faut offrir à tous les Français de vrais fonds de pension à l'instar de ceux dont bénéficient déjà les fonctionnaires -la Préfon- ou pour une part les professions indépendantes -grâce à la loi que j'avais fait voter en 1994.
Quant au régime général, je proposerai d'allonger progressivement la durée de cotisation, comme l'on fait tous nos partenaires en Europe, dans un système de retraite par points, à la carte, qui permettra à chacun de choisir l'âge de sa retraite et en rapprochant, enfin, dans un souci d'équité le système des pensions du public de celui des retraites du privé.
Mon 6ème engagement
Laisser les Français affecter librement une part de l'impôt sur le revenu ou sur les successions à l'association ou à la fondation de leur choix.
Il ne s'agit pas là d'une simple mesure fiscale. La nouvelle France, est pour moi une France qui demande un peu moins à l'Etat et qui fait un peu plus confiance aux Français.
Tocqueville disait déjà que "partout où il y a un problème social, on voit en Angleterre un Lord, on aperçoit aux Etats Unis une association, et en France on se tourne vers l'Etat".
La nouvelle France que je propose c'est celle d'une société civile vivante, faites d'associations et de fondations dynamiques, capables de prendre le relais de l'Etat, et de prendre en charge avec plus de cur, plus de chaleur et d'efficacité, des actions d'intérêt général pour aider les plus pauvres, pour développer l'action humanitaire, pour défendre l'environnement, pour encourager l'éducation et la culture, pour exprimer une passion sportive ou artistique, soutenir des musées, des orchestres, des hôpitaux, des écoles, des universités.
La nouvelle France pour moi c'est une France à taille humaine, une France généreuse. Une France qui libère cette générosité qui avant d'être dans les lois et dans nos feuilles d'impôt est dans le cur de chacun d'entre nous.
Ce ne sont pas les Français généreux qui manquent. Bien au contraire. Mais la vitalité associative de notre pays n'est pas à la dimension de ce qu'elle est ailleurs autour de nous, deux fois moins qu'en Allemagne, huit fois moins qu'aux Etats Unis. Elle est encore trop sous la dépendance de l'Etat et pas assez à la hauteur de la générosité des Français.
Aussi ma proposition est simple, laissons aux Français une part de leur impôt sur le revenu ou sur les successions pour qu'ils l'affectent librement aux fondations et aux associations de leur choix.
Voilà mes chers amis, quelques uns des traits de cette nouvelle France, la nouvelle France dont je veux donner envie.
Mais si je suis là, si je me suis engagé dans cette campagne, croyez le bien, ce n'est pas pour figurer ou témoigner, c'est pour donner vie, demain, à cette nouvelle France.
Je suis, en effet, convaincu qu'il existe une majorité de Français qui attend qu'on leur offre ce choix. J'entends déjà tous ceux qui vont dire que ce choix est sans doute le bon, qu'il serait sûrement souhaitable pour la France mais que je suis une fois encore en avance sur l'opinion, que les Français ne sont pas prêts, que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.
Il y a quelques jours, l'éditorialiste Claude Imbert, dont j'apprécie l'immense talent, écrivait qu'il y avait "peu de chance lors des grandes échéances électorales de 2002 de voir", je le cite, "se délier les langues de Chirac et de Bayrou pour les faire parler comme Aznar en Espagne ou Berlusconi en Italie". Et Claude Imbert d'ajouter, "Un Madelin ose. Il sème, mais la récolte n'est pas pour demain. " Aussi je me suis interrogé. Et Claude Imbert a sans doute partiellement raison : la récolte n'est pas pour demain. Car demain c'est mardi. Et l'élection présidentielle c'est dans 400 jours.
Et si vous êtes là, si je suis là, c'est bien avec l'ambition de récolter ensemble ce que nous allons semer encore tout au long de ces 400 jours qui nous séparent du soir du deuxième tour de l'élection présidentielle.
Ceux qui pensent que les blocages, les scléroses, les archaïsmes de la France constituent une sorte de donnée naturelle de notre pays comme la place des montagnes et des fleuves, ceux là se trompent.
Si aujourd'hui beaucoup de Français sont désenchantés par la politique, c'est parce qu'ils ont été trop souvent mal compris, mal gouvernés. C'est parfois aussi parce qu'ils ont été trompés.
Non la France n'est pas bloquée. Il existe une France d'en bas, une France du bon sens, audacieuse, dynamique, populaire, créative, prête aux réforme et au changement pourvu qu'on lui parle avec des mots simples, que l'on fixe les enjeux de façon claire et qu'on lui donne envie. Que l'on montre que les réformes nécessaires ne sont pas des punitions mais des chances, et que l'on a tous à y gagner.
Quand on demande aux Français, voulez-vous que les maires partagent avec l'Etat la responsabilité de la sécurité dans vos quartiers ?
Voulez vous limiter la grève dans les services publics ?
Voulez vous créer des fonds de pension ?
Voulez vous réduire le nombre de fonctionnaires ?
Voulez vous demander une contrepartie d'activité d'intérêt général au RMI ?
Voulez vous réduire les dépenses publiques ?
Voulez vous rémunérer les fonctionnaires au mérite ?
Voulez-vous déléguer la gestion de l'assurance maladie à des caisses autonomes et offrir un libre choix ?
Voulez-vous décentraliser largement la culture, l'environnement, le développement économique, l'éducation, la santé ?
Voulez-vous simplifier le droit du travail dans les PME ?
Voulez-vous que les magasins restent ouverts le dimanche ?
Voulez-vous sanctionner les mineurs délinquants dès la première infraction ?
Voulez-vous donner l'autonomie à nos collèges et à nos lycées ?
Voulez vous supprimer la carte scolaire ?
A toutes ces questions, entre 60 et 90 % des Français ont répondu OUI avec constance chaque fois qu'on les a interrogé. Mais ces choix simples, ces choix de la vie quotidienne, ne leur ont jamais été à ce jour proposés clairement dans les urnes.
Vous connaissez peut être cette définition de la politique selon Paul Valery : " la politique, c'est l'art d'empêcher les gens de s'occuper de ce qui les regarde ! " Et bien je veux justement tout le contraire.
Je veux que les Français puissent décider eux mêmes de ce qui les concerne à la place des technocraties et des bureaucraties. Je veux leur offrir dans 400 jours le choix qu'une majorité d'entre eux attend.
Voilà pourquoi je vais porter avec vous le projet de cette nouvelle France, une France aux couleurs de la vie, une France en liberté, celle qui promet le meilleur avenir pour nos enfants, la France que vous aimez, la France que j'aime, notre France, la France que nous allons construire ensemble.

(source http://www.demlib.com, le 3 avril 2001)