Texte intégral
M. Biraben, G. Delafon et L. Mercadet.- G. Delafon : Ministre d'ouverture, cet ancien secrétaire national à l'économie du Parti socialiste est aujourd'hui l'un des confidents du Président, son préféré, dit-on. Il s'est si facilement glissé dans la fonction que certains lui prédisent encore une belle ascension. Bonjour.
M. Biraben : Bonjour E. Besson.
Bonjour.
M. Biraben : Soyez le bienvenu.
Merci.
M. Biraben : J'imagine que vous avez lu les programmes différents qui se présentent aux européennes. Vous savez pour qui vous allez voter.
Oui ! Je vais voter pour les listes de l'UMP, et ça tombe bien puisque j'en suis devenu secrétaire général adjoint. Ca facilite les choses !
M. Biraben : A priori, ça colle, effectivement ! Est-ce que vous comprenez les états d'âme de M. Hirsch et de B. Kouchner ?
Je n'ai pas entendu parler d'états d'âme. B. Kouchner a dit qu'il voulait lire les programmes, puis il a dit qu'il voterait pour les listes UMP. Quant à M. Hirsch, j'ai cru comprendre que lui ne voulait pas dire pour qui il votait. C'était ça ?
M. Biraben : Oui !
G. Delafon : On doit vous remettre aujourd'hui un rapport sur le respect des symboles de la République. En pleine campagne européenne, est-ce que c'est important de réaffirmer l'identité nationale pour se distinguer un petit peu du sentiment européen ?
Il n'y a aucun lien entre la remise de ce rapport, qui était programmé, qui avait été demandé par J.-F. Copé à des parlementaires, et notamment au député Maurer, et la campagne des européennes. Maintenant, est-ce que réaffirmer une identité nationale en même temps qu'une appartenance à une civilisation qui est la civilisation européenne, dire à la fois : « je peux être français et européen », c'est important ? Il y a un pur hasard dans la remise de ce rapport et la campagne européenne.
G. Delafon : Il n'y a pas de contradiction ?
Aucune ! Aucune, au contraire !
G. Delafon : D'accord. Alors, on va peut-être rappeler un petit peu ce que c'est que ce rapport. C'est un rapport qui a été, je crois, commandé après l'affaire des sifflets contre La Marseillaise. Est-ce que vous pouvez m'expliquer en deux mots qu'est-ce que serait cette défense des symboles de la République.
D'abord, il va m'être remis, comme vous l'avez dit, en fin de matinée, donc je suis supposé attendre qu'il me soit remis. Simplement, j'en connais les grandes lignes et la synthèse. L'idée c'est de dire qu'il faut que nos jeunes, les jeunes français, connaissent les symboles de la République et surtout qu'ils les comprennent, qu'ils y adhèrent : pourquoi La Marseillaise, qu'est-ce que signifient les paroles de La Marseillaise, qu'est-ce que c'est Liberté, Egalité et Fraternité, mais aussi laïcité, l'idée que la religion c'est une affaire privée, etc.
G. Delafon : Mais ce n'était pas fait ça, ce n'était pas fait jusqu'à aujourd'hui ?
C'est fait, mais c'est insuffisamment fait. Même si X. Darcos essaie de diffuser davantage cet apprentissage à l'école, on sent bien nous tous que le patriotisme à la française n'est pas encore aussi diffusé que par exemple le patriotisme à l'américaine. Regardez B. Obama, quand on l'a interrogé pendant la campagne, quand on lui demandait par exemple s'il se sentait Noir ou métis, il disait « c'est une évidence, je suis ni Noir ou métis, mais je suis d'abord le produit d'une histoire, l'histoire américaine, d'un creuset américain ». Et c'est ça qu'il faut essayer de valoriser en France.
G. Delafon : Mais, la question qui peut se poser, si on prend le cas de La Marseillaise qui est sifflée, votre projet, ou en tout cas le rapport qu'on vous remet, il s'adresse aux jeunes qui sifflent pour mieux leur expliquer La Marseillaise, ou est-ce qu'il s'adresse à ceux qui n'aiment pas les jeunes qui sifflent et à qui on dit : « regardez ce qu'on va faire » ?
Il s'adresse à tout le monde. Etre citoyen français c'est avoir des droits et des devoirs, c'est se sentir héritier d'une histoire, l'histoire des Lumières, l'histoire des droits et des devoirs de la République. Mais l'idée c'est de dire que si on veut prétendre bien intégrer en France, intégrer les étrangers en France en les intégrant bien, il faut leur dire en même temps qui nous sommes et quelles sont nos valeurs, mais ça ne veut pas dire que c'est de l'arrogance, l'histoire de France elle est pleine de zones de lumière, de choses que nous avons faites qui sont admirables, et puis il y a eu des zones d'ombre, notamment pendant la Seconde guerre mondiale. Et c'est tout cela qu'il faut expliquer et dire : « voilà, vous êtes héritier de cette histoire », mais cette histoire elle a fait aussi le tour de la planète. Les prisonniers pendant très longtemps dans les geôles du monde entier ont chanté La Marseillaise, ça n'était pas par accident.
G. Delafon : D'accord, mais de faire un tel rapport aujourd'hui en campagne électorale, même si c'est un pur hasard, est-ce que ce n'est pas l'objectif politique de ratisser un petit peu à droite, de flatter un certain sentiment national ?
Il n'y a pas à flatter. D'abord, qu'en campagne électorale les candidats se préoccupent- je ne suis pas candidat mais je parle pour les candidats - se préoccupent...
G. Delafon : ... mais vous êtes secrétaire général de l'UMP.
Voilà ! Mais se préoccupent de qui ils sont et disent au peuple : « voilà quelles sont nos valeurs », ça n'a rien de choquant, au contraire.
G. Delafon : Mais vous pensez que de remettre, parce que d'après ce que j'ai vu, de remettre un kit de pédagogie sur La Marseillaise dans les écoles, est-ce que vous pensez que c'est ça qui empêchera de siffler La Marseillaise ?
Ce qui empêchera de siffler La Marseillaise c'est que nos jeunes, ou moins jeunes, mais en tout cas pour la circonstance nos jeunes, se sentent partie intégrante de la nation française, qu'ils se disent, « voilà, je suis chez moi, j'adhère aux valeurs de la République à laquelle j'appartiens ». Ce n'est pas un kit qui empêche de siffler, d'autant que même si c'était extrêmement désagréable, j'y étais en plus ce soir-là pour le match France-Tunisie, c'était inacceptable et insupportable. Mais en même temps, on ne peut pas résumer la jeunesse de France à celles et ceux qui ont sifflé ce soir-là, les uns en sachant ce qu'ils faisaient, et les autres par provocation un peu absurde.
G. Delafon : J'ai lu également dans le rapport qu'il était question de mettre en place un observatoire national du respect des symboles républicains. C'est vraiment nécessaire ?
D'abord, c'est un rapport qui est présenté, ça ne veut pas dire que tout sera repris. Il va y avoir un conseil interministériel pour l'intégration présidé par le Premier ministre et on verra ce que sont les propositions qui sont faites. Il y en a d'intéressantes, il y en a qui ne seront pas obligatoirement retenues.
M. Biraben : Une question de téléspectateur pour vous, E. Besson.
L. Mercadet : Bonjour Monsieur le ministre. C'est une question de Gérard qui vous demande : « si l'ouverture est aussi une ouverture aux idées, quelles idées de gauche avez-vous pu faire valoir au sein du Gouvernement et de l'UMP ? ».
Je ne sais pas si l'ouverture c'est dire : j'ai apporté telle ou telle idée de gauche. D'abord, disons la vérité, N. Sarkozy avait un programme très précis et lorsqu'il nous a proposé à six d'entre nous de le rejoindre, il ne nous a jamais caché que ce serait pour appliquer son programme. En même temps, regardez sur un certain nombre de sujets, celui qui me tient le plus à coeur c'est celui de la régulation. Est-ce que les réformistes en France, et notamment les réformistes de gauche, ont plaidé ou pas pendant des années pour la régulation du capitalisme financier ou ce qu'on appelle le multilatéralisme, c'est-à-dire l'idée qu'il n'y a pas une super puissance qui domine le monde mais qu'il doit y avoir un G20 par exemple, c'est-à-dire vingt pays qui représentent la planète entière et au sein desquels il y aurait l'Afrique ? Tous les réformistes de gauche ou de droite, dans la circonstance de gauche, l'ont rêvé et l'ont plaidé pendant des années. Il se trouve que par un accident de l'histoire que je laisse aux politologues et aux historiens le soin d'expliquer, c'est N. Sarkozy qui l'a mis en oeuvre.
G. Delafon : Oui mais qu'est-ce qui a concrètement été fait en France sur la régulation financière depuis le G20 ?
La mise en oeuvre du G20 elle est dans les semaines et dans les jours qui viennent, mais le simple fait... Vous prenez, par exemple, les paradis fiscaux ; le simple fait que maintenant il existe et que l'Union européenne va appliquer très exactement la mise au ban, parce qu'il faut parler très clairement, des paradis fiscaux qui ne deviendraient pas coopératifs, c'est une évolution majeure parce que vous ne pouvez pas réguler le système financier international si vous avez des sas de sortie permanente qui échappent à la régulation.
M. Biraben : On va peut-être rappeler que l'économie c'est votre sujet de prédilection.
G. Delafon : C'est pour ça que je m'étais permis la question, ça ne vous a pas échappé !
Ce fut, ce fut. En ce moment, je suis sur autre chose.
M. Biraben : « Ce fut ! ».
G. Delafon : Alors, autre domaine de prédilection : l'immigration. Il y a actuellement un débat sur la désignation des associations qui prendront la défense des immigrés et des situations de demandeurs d'asile. Il y avait jusqu'à présent, je crois qu'il faut bien l'expliquer, la CIMADE qui avait une situation de monopole. Et puis, des associations doivent être désignées par le tribunal, mais vous avez signé le décret avant l'avis du tribunal. Pourquoi ?
Ce n'est pas tout à fait ça, si vous me permettez.
G. Delafon : Je vous en prie !
Il y a des centres de rétention administrative, c'est-à-dire là où nous plaçons les étrangers en situation irrégulière juste avant qu'ils ne soient reconduits dans la... Jusque-là, il y avait une seule association, la CIMADE. Maintenant, il va y en avoir six, c'est ça le décret que j'ai signé après un appel d'offres puisque mon prédécesseur...
G. Delafon : ... et ce n'était pas au tribunal de les désigner ?
Non, il y a eu un recours et tout simplement on m'avait demandé de ne pas signer avant le 7 mai. J'ai signé le 10 mai, et ça n'a pas plu à un certain nombre d'associations. C'est un peu dur juridiquement à expliquer. Sur le fond, d'abord la CIMADE n'est pas maltraitée. Pour vous donner un ordre de grandeur, elle conserve la moitié de ses activités. Il y a à peu près 2 000 places en centres de rétention en France, elle va continuer à en gérer 1 000. Elle percevait quatre millions d'euros de la part de l'Etat, de mon ministère, elle va en percevoir deux millions d'euros. Simplement, il y a un spectre plus large avec d'autres associations de qualité qui vont intervenir dans le domaine. Mais la préoccupation première, c'est-à-dire le soutien, l'appui, l'information, des étrangers en situation irrégulière sera toujours assurée en France, c'est la loi et c'est notre état d'esprit. (.../...)
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 mai 2009
M. Biraben : Bonjour E. Besson.
Bonjour.
M. Biraben : Soyez le bienvenu.
Merci.
M. Biraben : J'imagine que vous avez lu les programmes différents qui se présentent aux européennes. Vous savez pour qui vous allez voter.
Oui ! Je vais voter pour les listes de l'UMP, et ça tombe bien puisque j'en suis devenu secrétaire général adjoint. Ca facilite les choses !
M. Biraben : A priori, ça colle, effectivement ! Est-ce que vous comprenez les états d'âme de M. Hirsch et de B. Kouchner ?
Je n'ai pas entendu parler d'états d'âme. B. Kouchner a dit qu'il voulait lire les programmes, puis il a dit qu'il voterait pour les listes UMP. Quant à M. Hirsch, j'ai cru comprendre que lui ne voulait pas dire pour qui il votait. C'était ça ?
M. Biraben : Oui !
G. Delafon : On doit vous remettre aujourd'hui un rapport sur le respect des symboles de la République. En pleine campagne européenne, est-ce que c'est important de réaffirmer l'identité nationale pour se distinguer un petit peu du sentiment européen ?
Il n'y a aucun lien entre la remise de ce rapport, qui était programmé, qui avait été demandé par J.-F. Copé à des parlementaires, et notamment au député Maurer, et la campagne des européennes. Maintenant, est-ce que réaffirmer une identité nationale en même temps qu'une appartenance à une civilisation qui est la civilisation européenne, dire à la fois : « je peux être français et européen », c'est important ? Il y a un pur hasard dans la remise de ce rapport et la campagne européenne.
G. Delafon : Il n'y a pas de contradiction ?
Aucune ! Aucune, au contraire !
G. Delafon : D'accord. Alors, on va peut-être rappeler un petit peu ce que c'est que ce rapport. C'est un rapport qui a été, je crois, commandé après l'affaire des sifflets contre La Marseillaise. Est-ce que vous pouvez m'expliquer en deux mots qu'est-ce que serait cette défense des symboles de la République.
D'abord, il va m'être remis, comme vous l'avez dit, en fin de matinée, donc je suis supposé attendre qu'il me soit remis. Simplement, j'en connais les grandes lignes et la synthèse. L'idée c'est de dire qu'il faut que nos jeunes, les jeunes français, connaissent les symboles de la République et surtout qu'ils les comprennent, qu'ils y adhèrent : pourquoi La Marseillaise, qu'est-ce que signifient les paroles de La Marseillaise, qu'est-ce que c'est Liberté, Egalité et Fraternité, mais aussi laïcité, l'idée que la religion c'est une affaire privée, etc.
G. Delafon : Mais ce n'était pas fait ça, ce n'était pas fait jusqu'à aujourd'hui ?
C'est fait, mais c'est insuffisamment fait. Même si X. Darcos essaie de diffuser davantage cet apprentissage à l'école, on sent bien nous tous que le patriotisme à la française n'est pas encore aussi diffusé que par exemple le patriotisme à l'américaine. Regardez B. Obama, quand on l'a interrogé pendant la campagne, quand on lui demandait par exemple s'il se sentait Noir ou métis, il disait « c'est une évidence, je suis ni Noir ou métis, mais je suis d'abord le produit d'une histoire, l'histoire américaine, d'un creuset américain ». Et c'est ça qu'il faut essayer de valoriser en France.
G. Delafon : Mais, la question qui peut se poser, si on prend le cas de La Marseillaise qui est sifflée, votre projet, ou en tout cas le rapport qu'on vous remet, il s'adresse aux jeunes qui sifflent pour mieux leur expliquer La Marseillaise, ou est-ce qu'il s'adresse à ceux qui n'aiment pas les jeunes qui sifflent et à qui on dit : « regardez ce qu'on va faire » ?
Il s'adresse à tout le monde. Etre citoyen français c'est avoir des droits et des devoirs, c'est se sentir héritier d'une histoire, l'histoire des Lumières, l'histoire des droits et des devoirs de la République. Mais l'idée c'est de dire que si on veut prétendre bien intégrer en France, intégrer les étrangers en France en les intégrant bien, il faut leur dire en même temps qui nous sommes et quelles sont nos valeurs, mais ça ne veut pas dire que c'est de l'arrogance, l'histoire de France elle est pleine de zones de lumière, de choses que nous avons faites qui sont admirables, et puis il y a eu des zones d'ombre, notamment pendant la Seconde guerre mondiale. Et c'est tout cela qu'il faut expliquer et dire : « voilà, vous êtes héritier de cette histoire », mais cette histoire elle a fait aussi le tour de la planète. Les prisonniers pendant très longtemps dans les geôles du monde entier ont chanté La Marseillaise, ça n'était pas par accident.
G. Delafon : D'accord, mais de faire un tel rapport aujourd'hui en campagne électorale, même si c'est un pur hasard, est-ce que ce n'est pas l'objectif politique de ratisser un petit peu à droite, de flatter un certain sentiment national ?
Il n'y a pas à flatter. D'abord, qu'en campagne électorale les candidats se préoccupent- je ne suis pas candidat mais je parle pour les candidats - se préoccupent...
G. Delafon : ... mais vous êtes secrétaire général de l'UMP.
Voilà ! Mais se préoccupent de qui ils sont et disent au peuple : « voilà quelles sont nos valeurs », ça n'a rien de choquant, au contraire.
G. Delafon : Mais vous pensez que de remettre, parce que d'après ce que j'ai vu, de remettre un kit de pédagogie sur La Marseillaise dans les écoles, est-ce que vous pensez que c'est ça qui empêchera de siffler La Marseillaise ?
Ce qui empêchera de siffler La Marseillaise c'est que nos jeunes, ou moins jeunes, mais en tout cas pour la circonstance nos jeunes, se sentent partie intégrante de la nation française, qu'ils se disent, « voilà, je suis chez moi, j'adhère aux valeurs de la République à laquelle j'appartiens ». Ce n'est pas un kit qui empêche de siffler, d'autant que même si c'était extrêmement désagréable, j'y étais en plus ce soir-là pour le match France-Tunisie, c'était inacceptable et insupportable. Mais en même temps, on ne peut pas résumer la jeunesse de France à celles et ceux qui ont sifflé ce soir-là, les uns en sachant ce qu'ils faisaient, et les autres par provocation un peu absurde.
G. Delafon : J'ai lu également dans le rapport qu'il était question de mettre en place un observatoire national du respect des symboles républicains. C'est vraiment nécessaire ?
D'abord, c'est un rapport qui est présenté, ça ne veut pas dire que tout sera repris. Il va y avoir un conseil interministériel pour l'intégration présidé par le Premier ministre et on verra ce que sont les propositions qui sont faites. Il y en a d'intéressantes, il y en a qui ne seront pas obligatoirement retenues.
M. Biraben : Une question de téléspectateur pour vous, E. Besson.
L. Mercadet : Bonjour Monsieur le ministre. C'est une question de Gérard qui vous demande : « si l'ouverture est aussi une ouverture aux idées, quelles idées de gauche avez-vous pu faire valoir au sein du Gouvernement et de l'UMP ? ».
Je ne sais pas si l'ouverture c'est dire : j'ai apporté telle ou telle idée de gauche. D'abord, disons la vérité, N. Sarkozy avait un programme très précis et lorsqu'il nous a proposé à six d'entre nous de le rejoindre, il ne nous a jamais caché que ce serait pour appliquer son programme. En même temps, regardez sur un certain nombre de sujets, celui qui me tient le plus à coeur c'est celui de la régulation. Est-ce que les réformistes en France, et notamment les réformistes de gauche, ont plaidé ou pas pendant des années pour la régulation du capitalisme financier ou ce qu'on appelle le multilatéralisme, c'est-à-dire l'idée qu'il n'y a pas une super puissance qui domine le monde mais qu'il doit y avoir un G20 par exemple, c'est-à-dire vingt pays qui représentent la planète entière et au sein desquels il y aurait l'Afrique ? Tous les réformistes de gauche ou de droite, dans la circonstance de gauche, l'ont rêvé et l'ont plaidé pendant des années. Il se trouve que par un accident de l'histoire que je laisse aux politologues et aux historiens le soin d'expliquer, c'est N. Sarkozy qui l'a mis en oeuvre.
G. Delafon : Oui mais qu'est-ce qui a concrètement été fait en France sur la régulation financière depuis le G20 ?
La mise en oeuvre du G20 elle est dans les semaines et dans les jours qui viennent, mais le simple fait... Vous prenez, par exemple, les paradis fiscaux ; le simple fait que maintenant il existe et que l'Union européenne va appliquer très exactement la mise au ban, parce qu'il faut parler très clairement, des paradis fiscaux qui ne deviendraient pas coopératifs, c'est une évolution majeure parce que vous ne pouvez pas réguler le système financier international si vous avez des sas de sortie permanente qui échappent à la régulation.
M. Biraben : On va peut-être rappeler que l'économie c'est votre sujet de prédilection.
G. Delafon : C'est pour ça que je m'étais permis la question, ça ne vous a pas échappé !
Ce fut, ce fut. En ce moment, je suis sur autre chose.
M. Biraben : « Ce fut ! ».
G. Delafon : Alors, autre domaine de prédilection : l'immigration. Il y a actuellement un débat sur la désignation des associations qui prendront la défense des immigrés et des situations de demandeurs d'asile. Il y avait jusqu'à présent, je crois qu'il faut bien l'expliquer, la CIMADE qui avait une situation de monopole. Et puis, des associations doivent être désignées par le tribunal, mais vous avez signé le décret avant l'avis du tribunal. Pourquoi ?
Ce n'est pas tout à fait ça, si vous me permettez.
G. Delafon : Je vous en prie !
Il y a des centres de rétention administrative, c'est-à-dire là où nous plaçons les étrangers en situation irrégulière juste avant qu'ils ne soient reconduits dans la... Jusque-là, il y avait une seule association, la CIMADE. Maintenant, il va y en avoir six, c'est ça le décret que j'ai signé après un appel d'offres puisque mon prédécesseur...
G. Delafon : ... et ce n'était pas au tribunal de les désigner ?
Non, il y a eu un recours et tout simplement on m'avait demandé de ne pas signer avant le 7 mai. J'ai signé le 10 mai, et ça n'a pas plu à un certain nombre d'associations. C'est un peu dur juridiquement à expliquer. Sur le fond, d'abord la CIMADE n'est pas maltraitée. Pour vous donner un ordre de grandeur, elle conserve la moitié de ses activités. Il y a à peu près 2 000 places en centres de rétention en France, elle va continuer à en gérer 1 000. Elle percevait quatre millions d'euros de la part de l'Etat, de mon ministère, elle va en percevoir deux millions d'euros. Simplement, il y a un spectre plus large avec d'autres associations de qualité qui vont intervenir dans le domaine. Mais la préoccupation première, c'est-à-dire le soutien, l'appui, l'information, des étrangers en situation irrégulière sera toujours assurée en France, c'est la loi et c'est notre état d'esprit. (.../...)
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 mai 2009