Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- Votre plan de relance pèse au moins 26 milliards d'euros. A cette date, quelle somme avez-vous déjà injecté dans l'économie ?
13,2 milliards, c'est-à-dire, la moitié, alors que l'objectif est de dépenser 75 % sur l'année 2009, 25 % sur l'année 2010. Donc, à la moitié de l'année, nous avons fait presque les trois-quarts du chemin.
Mais quelles sont les lenteurs ou les couacs qui vous empêchent d'en injecter plus vite, davantage ?
Non, on est au-delà du rythme normal, donc ça marche très bien, on n'a pas de raison d'aller plus vite. Il faut voir aussi que la France est le pays le plus en avance sur la mise en oeuvre de son plan de relance parce qu'on a une organisation administrative dédiée, ce que n'ont pas les autres. Et donc...
Les autres européens, voulez-vous dire.
Les autres pays européens, et même les Etats-Unis, dont l'essentiel du plan de relance est prévu sur 2010.
Mais les Allemands et les Américains ont des plans de relance pour 2010... Oui. Les experts de l'OFCE disent que vous, vous misiez tout sur 2009, et qu'en 2010 vous serez exsangue, alors que Mme Merkel, par exemple, a placé 50 % du plan allemand en 2009 et le reste en 2010.
Nous ne serons pas "exsangue", au contraire. D'abord, si vous regardez la situation de la France, la situation se maintient en France beaucoup mieux qu'ailleurs, et nous serons rejoints au moment où notre plan de relance sera pleinement déployé par les plans de relance des autres pays, c'est au contraire une très bonne stratégie. Nous faisons l'amorçage, ce qui nous permet d'être très bien tenus. Je prends un exemple : l'automobile en France, c'est en France que ça tient le mieux ; la prime à la casse est un grand succès, nous en avons 235.000. Je regarde les chiffres : par exemple, Citroën au mois de juin, + 15 % ; Peugeot au mois de Juin, + 10 % ; Renault, + 6 % ; Dacia, qui est une filiale de Renault, + 87 % ; Sochaux, par exemple s'est remis aux trois huit, les chaînes de montage. Donc l'automobile, grâce au plan automobile que le président de la République avait lancé, plan important qui s'ajoute au plan de relance, qui vient en plus, ce plan a finalement très, très bien fonctionné.
Mais pour la voiture, il faut préciser que c'est le plan de relance, si je me souviens bien, qui finance la prime à la casse ?
Le plan de relance finance entièrement la prime à la casse.
Vous êtes allé à Bruxelles défendre une fin programmée et européenne, c'est-à-dire, coordonnée. Alors, puisque vous en parlez, la prime à la casse sera-t-elle supprimée à la date prévue en décembre, brutalement, d'un coup ?
Je suis très hostile à ça. La prime à la casse, normalement elle est budgétée jusqu'à la fin décembre, mais dans loi de Finances, je pense qu'il faudra prolonger progressivement cette prime à la casse pour ne pas avoir d'arrêt brutal.
C'est-à-dire qu'elle disparaîtra, si vous êtes écouté, progressivement...
Voilà.
...entre, combien, 12-18 mois ?
Au moins un an en tous les cas, au moins 12 mois.
C'est-à-dire, on passe de 1.000 euros à... ?
On pourrait passer de 1.000 euros à 800 ou 700 euros sur les six mois qui suivent, et ensuite passer à 400 ou 300 euros. Mais ce qu'il faut faire aussi, c'est le faire de manière coordonnée. Il y a 13 pays qui pratiquent, sur 27, plus ou moins sur 27 dans l'Union européenne, qui pratiquent plus ou moins la prime à la casse, il faut le faire de manière coordonnée. Je suis allée voir le commissaire Verheugen qui est chargé de ça à Bruxelles...
Que vous a-t-il dit ?
Il est d'accord pour essayer de coordonner, parce que chacun y va un petit peu selon sa musique.
Oui, mais M. Verheugen et les commissaires s'en vont, en octobre.
Oui mais pour le moment ils sont là, et il faut qu'ils fassent le travail.
Avec le plan de relance, vous promettiez de réduire et retarder la récession, sauver des PME et protéger sinon créer des emplois. Est-ce que vous le faites ?
Oui, bien sûr. D'abord, le Premier ministre avait annoncé le 2 février le lancement de 1.000 grands chantiers d'Etat, nous en avons déjà lancé 550 ; c'est-à-dire, il y en a 550 qui sont ouverts avec des ouvriers dessus. Cela crée des emplois. Lorsque, par exemple on lance un bateau pour la Marine nationale à Saint-Nazaire, c'est 250 emplois qui sont immédiatement sauvegardés pendant deux ans et demi, et ça, évidemment, les exemples comme ça il y en a à l'infini. Si je regarde le logement, par exemple, dans le domaine du logement, une entreprise comme Nexity, qui était en difficulté au début de l'année, à la fin du mois de juin c'est + 35 % de contrats pour eux. Donc, le logement, grâce au plan de relance qui a prévu d'aider à la construction de 100.000 logements et qui est déjà très avancé, le logement ça redémarre et ça redémarre bien.
Vous n'êtes pas en train de jouer le prince de l'intox, là ?
Non, je ne joue pas le prince de l'intox parce que ce sont des chiffres qui sont tous vérifiables, des chantiers qu'on peut visiter. Si vous allez sur le site du ministère de la Relance, vous pourrez visualiser chacun des chantiers qui sont ouverts. Même chose avec les collectivités locales.
Vous avez l'impression de créer des emplois ou de sauver, ou de protéger des emplois ?
Ou bien nous sauvegardons des emplois qui étaient condamnés ou bien nous créons des emplois. Et sur l'ensemble de l'année, ça représente, en prenant les ratios de chaque profession, environ 250.000 emplois. Bien sûr, ça n'est pas le total du chômage, le chômage est plus fort que ça. Mais le plan de relance constitue un amortisseur du chômage et une réduction malgré tout de l'effet de la crise.
En Allemagne, les ministres des Finances et de l'Economie, ils sont deux, demandent aux banques de mieux prêter aux entreprises à des conditions raisonnables. Ne faut-il pas en faire autant, vous, ce matin, pour les banques françaises ?
Nous le faisons, bien sûr. C'est un des problèmes, mais aussi les banques sont dans une situation délicate, je le comprends bien, mais nous avons besoin que les banques soient plus généreuses dans l'offre de prêts, parce que c'est ce qui soutient l'économie. De ce point de vuelà d'ailleurs, le travail du médiateur du crédit, avec R. Ricol, qui a été lancé, est un vrai succès, puisque 8.500 entreprises, grâce au dispositif OSEO et au plan de relance qui finance le dispositif OSEO, 8.500 entreprises, ont bénéficié d'ores et déjà du système.
Attention, vous allez passer ce matin pour quelqu'un d'auto satisfait !
Non, je ne suis pas auto satisfait, simplement, ce que je dis : j'en ai assez d'entendre le pessimisme répétitif et non fondé d'un certain nombre de gens ! Bien sûr, nous sommes dans la crise, bien sûr, elle n'est pas finie, mais en même temps, de très nombreux, très nombreux signes positifs se montrent un peu partout. Par exemple, ce matin, sur votre antenne, vous annonciez la reprise du haut fourneau d'Alliange...
D'Alliange, d'Arcelor-Mittal.
...d'Arcelor-Mittal, ce qui représente environ 520 ou 560 emplois, ce qui n'est pas rien, alors que, quand il a été arrêté ce haut fourneau, la reprise était envisagée pour le mois d'octobre ou pour le mois de novembre, il va redémarrer en août. Vous me direz que ce n'est pas la lune, mais c'est aussi un signe positif.
Est-ce que le plan de relance, puisque vous dites que c'est un succès, qu'on en a besoin, sera reconduit en totalité ou en partie en 2010 ?
Déjà je voudrais dire que le plan de relance va connaître aussi un coût d'effort et une dynamisation dès la rentrée. Puisque, nous avons eu un très grand succès, un effet d'entraînement, avec notre dispositif sur le remboursement de la TVA pour les collectivités locales. A partir de la rentrée, les collectivités locales vont investir 54 milliards d'euros, c'est considérable, c'est beaucoup plus que le plan de relance lui-même, 54 milliards sur l'année ! Sur l'année, c'est-à-dire d'ici à la fin de l'année. Ca va être d'ailleurs un vrai défi d'arriver à les investir.
Vous êtes en train de nous dire qu'on n'a pas besoin en France de plan de relance numéro 2 ?
Je ne crois pas qu'on ait besoin de plan de relance numéro 2. Je pense qu'au contraire, ce que nous avons prévu et qui se prolongera en 2010, plus le grand emprunt, dont je préconise qu'il prolonge un certain nombre d'actions d'investissement du plan de relance, comme par exemple, les lignes de TGV, plus les plans des autres pays qui ne sont pas encore entrés dans le système économique...
Pas de relance numéro 2, pas de mesures additionnelles ?
Peut-être ponctuelles, chaque fois que c'est nécessaire. Ca a d'ailleurs été fait régulièrement. Il y a eu le plan pour les PME : 22 milliards ; il y a eu le plan bancaire pour sauvegarder, ça a été le premier, pour sauvegarder les banques ; il y a eu le plan automobile qui a sauvé l'industrie automobile française ; il y a eu le plan social, il va y avoir le plan jeunes. Donc, on n'hésite pas à ajouter les mesures ponctuelles chaque fois que c'est nécessaire.
Vous surveillez l'évolution de la consommation. 15 jours après la TVA pour la restauration à 5,5, les Echos de ce matin découvrent qu'un restaurateur sur trois joue le jeu. Est-ce que l'Etat va être floué dans l'histoire ?
D'abord je veux dire que, en France, là aussi, et contrairement au débat qu'on a eu en début d'année, la consommation se tient bien puisqu'elle est positive ; les derniers chiffres, c'est + 0,6 et + 0,5 le mois d'avant.
Les restaurateurs ?
...Mais sur la restauration, ça n'est pas satisfaisant. La situation actuelle n'est pas satisfaisante parce qu'ils s'étaient engagés à faire des embauches, on n'en voit pas beaucoup, et ils s'étaient engagés à réduire les prix, on ne le sent pas encore assez à la veille de l'été.
La fessée est pour bientôt ?
Non, mais enfin, il faut faire un effort.
Qu'ils se réveillent !
Il y a eu des engagements, j'espère qu'ils seront tenus, je leur fais confiance.
Je n'oublie pas que vous êtes avocat et juriste. Il y aura un nouveau procès des 14 des 27 appelés "le gang des barbares". J'aimerais votre avis : est-ce que vous pensez que le principal coupable et l'instigateur de l'assassinat horrible d'I. Halimi, doit être présent dans ce procès ?
Bien sûr, mais de toute façon, le nouveau procès, et il est salutaire ce nouveau procès, ce nouveau procès doit avoir lieu en présence de tous les accusés, même si Fofana, contre lequel il n'y a pas d'appel, ne sera pas recondamné à une autre peine, il doit être présent, parce que le débat doit être complet.
Mais vous n'êtes pas choqué que la politique intervienne, n'est-ce pas un précédent fâcheux dans un procès ?
Ce n'est pas un crime ordinaire, et il a une dimension morale et politique au regard de l'ensemble de la société. Il montre que le racisme, l'antisémitisme c'est un poison qui contamine les esprits faibles. Il n'y a pas de petit antisémitisme, pas d'antisémitisme mondain...
Il n'y a pas d'antisémitisme banal ?
...il n'y a pas d'antisémitisme banal, parce que peut-être chez certains ça n'est qu'un préjugé social, mais en se propageant sur des esprits faibles, il conduit au meurtre.
Donc, il faudra un procès ouvert, pédagogique, exemplaire, comme les sanctions ?
Oui, je regrette qu'il y ait eu un huis clos, justement.
Il n'y aura pas sans doute de huis clos, et est-ce qu'il n'y a pas le risque le verdict et les peines soient fixés même avant que le procès ait lieu à ce rythme ?
Non, je ne le crois pas, et d'ailleurs je rappelle que la justice est rendue au nom du peuple français, et que ce sont des jurés, et ils ont toujours montré qu'ils étaient dignes de confiance.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 31 juillet 2009
13,2 milliards, c'est-à-dire, la moitié, alors que l'objectif est de dépenser 75 % sur l'année 2009, 25 % sur l'année 2010. Donc, à la moitié de l'année, nous avons fait presque les trois-quarts du chemin.
Mais quelles sont les lenteurs ou les couacs qui vous empêchent d'en injecter plus vite, davantage ?
Non, on est au-delà du rythme normal, donc ça marche très bien, on n'a pas de raison d'aller plus vite. Il faut voir aussi que la France est le pays le plus en avance sur la mise en oeuvre de son plan de relance parce qu'on a une organisation administrative dédiée, ce que n'ont pas les autres. Et donc...
Les autres européens, voulez-vous dire.
Les autres pays européens, et même les Etats-Unis, dont l'essentiel du plan de relance est prévu sur 2010.
Mais les Allemands et les Américains ont des plans de relance pour 2010... Oui. Les experts de l'OFCE disent que vous, vous misiez tout sur 2009, et qu'en 2010 vous serez exsangue, alors que Mme Merkel, par exemple, a placé 50 % du plan allemand en 2009 et le reste en 2010.
Nous ne serons pas "exsangue", au contraire. D'abord, si vous regardez la situation de la France, la situation se maintient en France beaucoup mieux qu'ailleurs, et nous serons rejoints au moment où notre plan de relance sera pleinement déployé par les plans de relance des autres pays, c'est au contraire une très bonne stratégie. Nous faisons l'amorçage, ce qui nous permet d'être très bien tenus. Je prends un exemple : l'automobile en France, c'est en France que ça tient le mieux ; la prime à la casse est un grand succès, nous en avons 235.000. Je regarde les chiffres : par exemple, Citroën au mois de juin, + 15 % ; Peugeot au mois de Juin, + 10 % ; Renault, + 6 % ; Dacia, qui est une filiale de Renault, + 87 % ; Sochaux, par exemple s'est remis aux trois huit, les chaînes de montage. Donc l'automobile, grâce au plan automobile que le président de la République avait lancé, plan important qui s'ajoute au plan de relance, qui vient en plus, ce plan a finalement très, très bien fonctionné.
Mais pour la voiture, il faut préciser que c'est le plan de relance, si je me souviens bien, qui finance la prime à la casse ?
Le plan de relance finance entièrement la prime à la casse.
Vous êtes allé à Bruxelles défendre une fin programmée et européenne, c'est-à-dire, coordonnée. Alors, puisque vous en parlez, la prime à la casse sera-t-elle supprimée à la date prévue en décembre, brutalement, d'un coup ?
Je suis très hostile à ça. La prime à la casse, normalement elle est budgétée jusqu'à la fin décembre, mais dans loi de Finances, je pense qu'il faudra prolonger progressivement cette prime à la casse pour ne pas avoir d'arrêt brutal.
C'est-à-dire qu'elle disparaîtra, si vous êtes écouté, progressivement...
Voilà.
...entre, combien, 12-18 mois ?
Au moins un an en tous les cas, au moins 12 mois.
C'est-à-dire, on passe de 1.000 euros à... ?
On pourrait passer de 1.000 euros à 800 ou 700 euros sur les six mois qui suivent, et ensuite passer à 400 ou 300 euros. Mais ce qu'il faut faire aussi, c'est le faire de manière coordonnée. Il y a 13 pays qui pratiquent, sur 27, plus ou moins sur 27 dans l'Union européenne, qui pratiquent plus ou moins la prime à la casse, il faut le faire de manière coordonnée. Je suis allée voir le commissaire Verheugen qui est chargé de ça à Bruxelles...
Que vous a-t-il dit ?
Il est d'accord pour essayer de coordonner, parce que chacun y va un petit peu selon sa musique.
Oui, mais M. Verheugen et les commissaires s'en vont, en octobre.
Oui mais pour le moment ils sont là, et il faut qu'ils fassent le travail.
Avec le plan de relance, vous promettiez de réduire et retarder la récession, sauver des PME et protéger sinon créer des emplois. Est-ce que vous le faites ?
Oui, bien sûr. D'abord, le Premier ministre avait annoncé le 2 février le lancement de 1.000 grands chantiers d'Etat, nous en avons déjà lancé 550 ; c'est-à-dire, il y en a 550 qui sont ouverts avec des ouvriers dessus. Cela crée des emplois. Lorsque, par exemple on lance un bateau pour la Marine nationale à Saint-Nazaire, c'est 250 emplois qui sont immédiatement sauvegardés pendant deux ans et demi, et ça, évidemment, les exemples comme ça il y en a à l'infini. Si je regarde le logement, par exemple, dans le domaine du logement, une entreprise comme Nexity, qui était en difficulté au début de l'année, à la fin du mois de juin c'est + 35 % de contrats pour eux. Donc, le logement, grâce au plan de relance qui a prévu d'aider à la construction de 100.000 logements et qui est déjà très avancé, le logement ça redémarre et ça redémarre bien.
Vous n'êtes pas en train de jouer le prince de l'intox, là ?
Non, je ne joue pas le prince de l'intox parce que ce sont des chiffres qui sont tous vérifiables, des chantiers qu'on peut visiter. Si vous allez sur le site du ministère de la Relance, vous pourrez visualiser chacun des chantiers qui sont ouverts. Même chose avec les collectivités locales.
Vous avez l'impression de créer des emplois ou de sauver, ou de protéger des emplois ?
Ou bien nous sauvegardons des emplois qui étaient condamnés ou bien nous créons des emplois. Et sur l'ensemble de l'année, ça représente, en prenant les ratios de chaque profession, environ 250.000 emplois. Bien sûr, ça n'est pas le total du chômage, le chômage est plus fort que ça. Mais le plan de relance constitue un amortisseur du chômage et une réduction malgré tout de l'effet de la crise.
En Allemagne, les ministres des Finances et de l'Economie, ils sont deux, demandent aux banques de mieux prêter aux entreprises à des conditions raisonnables. Ne faut-il pas en faire autant, vous, ce matin, pour les banques françaises ?
Nous le faisons, bien sûr. C'est un des problèmes, mais aussi les banques sont dans une situation délicate, je le comprends bien, mais nous avons besoin que les banques soient plus généreuses dans l'offre de prêts, parce que c'est ce qui soutient l'économie. De ce point de vuelà d'ailleurs, le travail du médiateur du crédit, avec R. Ricol, qui a été lancé, est un vrai succès, puisque 8.500 entreprises, grâce au dispositif OSEO et au plan de relance qui finance le dispositif OSEO, 8.500 entreprises, ont bénéficié d'ores et déjà du système.
Attention, vous allez passer ce matin pour quelqu'un d'auto satisfait !
Non, je ne suis pas auto satisfait, simplement, ce que je dis : j'en ai assez d'entendre le pessimisme répétitif et non fondé d'un certain nombre de gens ! Bien sûr, nous sommes dans la crise, bien sûr, elle n'est pas finie, mais en même temps, de très nombreux, très nombreux signes positifs se montrent un peu partout. Par exemple, ce matin, sur votre antenne, vous annonciez la reprise du haut fourneau d'Alliange...
D'Alliange, d'Arcelor-Mittal.
...d'Arcelor-Mittal, ce qui représente environ 520 ou 560 emplois, ce qui n'est pas rien, alors que, quand il a été arrêté ce haut fourneau, la reprise était envisagée pour le mois d'octobre ou pour le mois de novembre, il va redémarrer en août. Vous me direz que ce n'est pas la lune, mais c'est aussi un signe positif.
Est-ce que le plan de relance, puisque vous dites que c'est un succès, qu'on en a besoin, sera reconduit en totalité ou en partie en 2010 ?
Déjà je voudrais dire que le plan de relance va connaître aussi un coût d'effort et une dynamisation dès la rentrée. Puisque, nous avons eu un très grand succès, un effet d'entraînement, avec notre dispositif sur le remboursement de la TVA pour les collectivités locales. A partir de la rentrée, les collectivités locales vont investir 54 milliards d'euros, c'est considérable, c'est beaucoup plus que le plan de relance lui-même, 54 milliards sur l'année ! Sur l'année, c'est-à-dire d'ici à la fin de l'année. Ca va être d'ailleurs un vrai défi d'arriver à les investir.
Vous êtes en train de nous dire qu'on n'a pas besoin en France de plan de relance numéro 2 ?
Je ne crois pas qu'on ait besoin de plan de relance numéro 2. Je pense qu'au contraire, ce que nous avons prévu et qui se prolongera en 2010, plus le grand emprunt, dont je préconise qu'il prolonge un certain nombre d'actions d'investissement du plan de relance, comme par exemple, les lignes de TGV, plus les plans des autres pays qui ne sont pas encore entrés dans le système économique...
Pas de relance numéro 2, pas de mesures additionnelles ?
Peut-être ponctuelles, chaque fois que c'est nécessaire. Ca a d'ailleurs été fait régulièrement. Il y a eu le plan pour les PME : 22 milliards ; il y a eu le plan bancaire pour sauvegarder, ça a été le premier, pour sauvegarder les banques ; il y a eu le plan automobile qui a sauvé l'industrie automobile française ; il y a eu le plan social, il va y avoir le plan jeunes. Donc, on n'hésite pas à ajouter les mesures ponctuelles chaque fois que c'est nécessaire.
Vous surveillez l'évolution de la consommation. 15 jours après la TVA pour la restauration à 5,5, les Echos de ce matin découvrent qu'un restaurateur sur trois joue le jeu. Est-ce que l'Etat va être floué dans l'histoire ?
D'abord je veux dire que, en France, là aussi, et contrairement au débat qu'on a eu en début d'année, la consommation se tient bien puisqu'elle est positive ; les derniers chiffres, c'est + 0,6 et + 0,5 le mois d'avant.
Les restaurateurs ?
...Mais sur la restauration, ça n'est pas satisfaisant. La situation actuelle n'est pas satisfaisante parce qu'ils s'étaient engagés à faire des embauches, on n'en voit pas beaucoup, et ils s'étaient engagés à réduire les prix, on ne le sent pas encore assez à la veille de l'été.
La fessée est pour bientôt ?
Non, mais enfin, il faut faire un effort.
Qu'ils se réveillent !
Il y a eu des engagements, j'espère qu'ils seront tenus, je leur fais confiance.
Je n'oublie pas que vous êtes avocat et juriste. Il y aura un nouveau procès des 14 des 27 appelés "le gang des barbares". J'aimerais votre avis : est-ce que vous pensez que le principal coupable et l'instigateur de l'assassinat horrible d'I. Halimi, doit être présent dans ce procès ?
Bien sûr, mais de toute façon, le nouveau procès, et il est salutaire ce nouveau procès, ce nouveau procès doit avoir lieu en présence de tous les accusés, même si Fofana, contre lequel il n'y a pas d'appel, ne sera pas recondamné à une autre peine, il doit être présent, parce que le débat doit être complet.
Mais vous n'êtes pas choqué que la politique intervienne, n'est-ce pas un précédent fâcheux dans un procès ?
Ce n'est pas un crime ordinaire, et il a une dimension morale et politique au regard de l'ensemble de la société. Il montre que le racisme, l'antisémitisme c'est un poison qui contamine les esprits faibles. Il n'y a pas de petit antisémitisme, pas d'antisémitisme mondain...
Il n'y a pas d'antisémitisme banal ?
...il n'y a pas d'antisémitisme banal, parce que peut-être chez certains ça n'est qu'un préjugé social, mais en se propageant sur des esprits faibles, il conduit au meurtre.
Donc, il faudra un procès ouvert, pédagogique, exemplaire, comme les sanctions ?
Oui, je regrette qu'il y ait eu un huis clos, justement.
Il n'y aura pas sans doute de huis clos, et est-ce qu'il n'y a pas le risque le verdict et les peines soient fixés même avant que le procès ait lieu à ce rythme ?
Non, je ne le crois pas, et d'ailleurs je rappelle que la justice est rendue au nom du peuple français, et que ce sont des jurés, et ils ont toujours montré qu'ils étaient dignes de confiance.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 31 juillet 2009