Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN Notre invité ce matin est Claude GUÉANT, ministre de lIntérieur, de lOutre-Mer, des Collectivités territoriales et de lImmigration. Claude GUÉANT, bonjour.
CLAUDE GUÉANT Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN Merci dêtre avec nous ce matin, Claude GUÉANT. Vous avez lu le rapport de la COUR DES COMPTES sur la sécurité en France et sur, en fait, le fonctionnement et lefficacité des services de sécurité, 250 pages ?
CLAUDE GUÉANT Oui, je lai lu, bien sûr, puisque jai fait part de mes observations à la COUR DES COMPTES, et je trouve quil est assez navrant quune institution comme la COUR DES COMPTES livre un rapport qui est plein dautant dinexactitudes, dapproximations.
JEAN-JACQUES BOURDIN Cest un rapport bâclé ?
CLAUDE GUÉANT Je ne sais pas si il est bâclé, mais en tout cas ce rapport me met en colère parce quil ne traduit pas la réalité de la situation, ni des efforts qui ont été conduits. Un exemple, le rapport dit dans le lange inimitable de la COUR DES COMPTES, parce que les rapports sont toujours écrits comme ça, « les résultats sont contrastés ». Bon, ce que je voudrais dire quand même cest que par rapport à 2001 nous avions lan dernier 500 000 victimes de moins en France. Cest quand même pas négligeable, cest pas contrasté, cest un vrai résultat. Cest moins quavant 1997, alors même que la population française a augmenté de six millions. Alors, je dis, moi, que cest un vrai succès de la politique de sécurité du gouvernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, que dit le rapport de la COUR DES COMPTES ? La COUR DES COMPTES dit que « lEtat a consacré des moyens croissants budgétaires, technologiques, et humains, à la lutte contre linsécurité. Les résultats sont contrastés », écrit la COUR DES COMPTES, « les statistiques montrent un recul des atteintes aux biens et une hausse des violences aux personnes ». Vous contestez ou pas ?
CLAUDE GUÉANT Tout nest pas contestable, mais tout est dans la façon de le dire. Par exemple, quand on compare laugmentation des violences aux personnes et puis la diminution aux atteintes aux biens, il y a une chose quil ne faut pas oublier, cest que les violences aux personnes représentent, et cest trop bien sûr, toute violence est excessive, 13 % de la délinquance en général. On ne va pas comparer 13 % avec le reste. Cest un exemple dapproximation. La Cour conteste là lopportunité, lutilité de la vidéosurveillance. La vidéosurveillance est quelque chose de formidable tant au stade des enquêtes judiciaires quau sens de la politique de prévention.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais, Claude GUÉANT, la Cour dit à propos de la vidéosurveillance, 10 000 caméras ont été installées en France alors quon en avait promis 20 000. Donc, on fait des promesses et on ne les tient pas, quoi, si bien compris.
CLAUDE GUÉANT Eh bien, là, la promesse est tenue puisque nous sommes à 45 000 aujourdhui, et que nous serons à 60 000 lannée prochaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien.
CLAUDE GUÉANT Quant aux moyens, Jean-Jacques BOURDIN, quant aux moyens, on a mis en place des moyens, cest vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, alors on va parler des moyens, justement.
CLAUDE GUÉANT Par exemple, on a créé le fichier national des empreintes génétiques. Cétait en 2003. Quest-ce que ça a permis ? Ca a permis délucider davantage daffaires. Il faut savoir quen 2001 il y avait 26 % des affaires qui étaient résolues, cest-à-dire des crimes et délits dont on retrouvait les auteurs. Et puis, lannée dernière, cétait 37 %. Et ça continue à gagner.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Claude GUÉANT, parlons justement des policiers parce que je les entends, et vous les entendez mieux que moi, puisque vous dirigez
CLAUDE GUÉANT jen vois beaucoup, cest vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN vous en voyez beaucoup, et moi je les entends, qui mappellent, et ils me disent quoi ? Ils me disent, on a maintenant des missions quon comprend mal, les réformes compliquent notre tâche, et dailleurs une policière de 39 ans sest suicidée à Cagnes sur Mer lundi matin, et cest ce quelle exprimait dans une lettre laissée, écrite, avant son suicide.
CLAUDE GUÉANT Cest vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN Des policiers demandent un moratoire sur le remplacement dun fonctionnaire sur deux partant en retraite. Oui ou non, est-ce que vous allez geler ce non remplacement dun policier sur deux partant en retraite ?
CLAUDE GUÉANT La police et la gendarmerie sont soumises aux mêmes règles que lensemble de la fonction publique.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc, il nen est pas question ?
CLAUDE GUÉANT Cest-à-dire que sur deux fonctionnaires partant à la retraite, un nest pas remplacé.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et vous ne reviendrez pas, vous ne gèlerez pas cette
CLAUDE GUÉANT Et se sera encore le cas lannée prochaine. Pourquoi ? Parce quil y au n impératif majeur, cest que la France maîtrise ses finances publiques. Je voudrais dire deux mots là-dessus, bien que je ne sois pas ministre de lEconomie. Maîtriser les finances publiques, ça signifie que la France emprunte aujourdhui sur les marchés à 3,6 %. Ce nest pas seulement lEtat qui emprunte, mais cest les collectivités locales, cest les entreprises, cest les particuliers pour acheter leur maison par exemple. Et si nous ne maîtrisons pas nos finances publiques, eh bien le coût du crédit va déraper. Nous navons pas lintention de devenir la Grèce ou le Portugal. Ce serait un choc terrible
JEAN-JACQUES BOURDIN pourquoi, il y a un risque, Claude GUÉANT ? Il y a un risque ?
CLAUDE GUÉANT Nous navons pas lintention, cest bien pour ça que nous maîtrisons nos finances publiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN Parce quil y a un risque alors, si vous navez pas lintention.
CLAUDE GUÉANT Mais, bien sûr quil y a un risque.
JEAN-JACQUES BOURDIN Il y a un risque de devenir lEspagne, le Portugal, aujourdhui.
CLAUDE GUÉANT Il faut sen prémunir, cest pour ça quil faut avoir une politique de finances publiques sérieuse, et le gel dun emploi sur deux en fait partie. Le sérieux de la gestion fait que nous pouvons emprunter à des taux extrêmement bas, qui garantissent le développement de notre économie et le bien-être de nos concitoyens. Il y a toujours un risque. Regardez ce qui se passe aux Etats-Unis !
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais cest un casse-tête dans la police et la gendarmerie. Jai même entendu, vous les avez entendus, vous les entendez mieux que moi, plus que moi, Frédéric PECHENARD et Jacques MIGNAUX qui dirigent la police et la gendarmerie, le dire eux-mêmes, « cest un casse-tête pour nous ».
CLAUDE GUÉANT Mais, cela étant, il y a des réponses. La bonne gestion nest pas interdite. Les deux directeurs généraux ont mis en place ces dernières années des mesures qui sont extrêmement bénéfiques. Par exemple dans la gendarmerie, quinze escadrons de gendarmerie mobile ont été supprimés. Pourquoi ? Parce que
JEAN-JACQUES BOURDIN vous allez en supprimer dautres ou pas ?
CLAUDE GUÉANT Non, pour linstant, on sarrête là.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, vous vous engagez, il ny aura pas dautre suppression descadron.
CLAUDE GUÉANT Il ny a pas dautre suppression qui soit programmée au-delà des quinze, je le dis de façon tout à fait claire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ni dans la gendarmerie, ni dans la police ?
CLAUDE GUÉANT Alors, dans la police il ny a pas eu de suppression, il y a eu des réductions deffectifs.
JEAN-JACQUES BOURDIN Il y en aura ?
CLAUDE GUÉANT Il ny pas eu de suppression, il ny en aura pas dans les compagnies républicaines de sécurité. Mais ce qui est en cause cest quoi ? Cest que ce sont des unités spécialisées dans lordre public. Lordre public nest plus ce quil était à la Libération, en France. Heureusement, lordre public est devenu beaucoup plus paisible, les relations sociales se sont apaisées. Et les effectifs sont transférés des unités spécialisées de maintien de lordre à la gendarmerie départementale ou à la sécurité publique. De la même façon que cette année, au deuxième semestre, malgré cette contrainte sur les effectifs, je vais déployer avec laccord du Premier ministre léquivalent de 4 000 policiers et gendarmes supplémentaires pour renforcer la présence de la police dont la population attend beaucoup.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, Jean-Pierre, de Biarritz, cest un auditeur, il ma écrit, il ma dit, « mais ce nest pas un problème deffectif dans la police et la gendarmerie, mais plutôt un problème de répartition des tâches. Hier, jai fait Bayonne Bordeaux, 170 km sur la route, jai recensé trois contrôles de vitesse mobilisant de nombreux fonctionnaires ».
CLAUDE GUÉANT Mais la sécurité routière est aussi un impératif. Cest aussi une mission de la police et de la gendarmerie. Enfin, nous avons lannée dernière déploré un peu moins de 4 000 morts en France sur nos routes. Jamais nous navions eu aussi peu. Mais cest encore beaucoup trop. Et la sécurité routière est une grande cause nationale. Il faut continuer à faire des progrès.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que nous tiendrons lobjectif avancé par le président de la République, le candidat Nicolas SARKOZY, en 2007, franchement ?
CLAUDE GUÉANT Il nous avait fixé lobjectif darriver à 3 000.
JEAN-JACQUES BOURDIN 3 000.
CLAUDE GUÉANT Bon, je voudrais rappeler quand même que quand il est devenu ministre de lIntérieur, il faut rappeler quil participe de cette politique de sécurité routière depuis longtemps, il y avait 8 000 morts. On est descendu à 4 000, mais il nous reste encore à faire un effort. Et les 3 000 ce sera encore trop, bien entendu. Mais cest un impératif national et humain.
JEAN-JACQUES BOURDIN Claude GUÉANT, parlons dimmigration. Il y a une convention de lUMP sur limmigration aujourdhui. Vous allez y participer, je crois.
CLAUDE GUÉANT Cest vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, question toute simple : faut-il ouvrir un débat sur la bi-nationalité ? Oui ou non ?
CLAUDE GUÉANT A mon sens, cest un faux problème.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc, on nouvre pas le débat sur la bi-nationalité ?
CLAUDE GUÉANT Je vais vous répondre complètement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, allez-y, allez-y.
CLAUDE GUÉANT Cest un faux problème parce que les binationaux nont pas le choix, ils sont binationaux du fait des législations des Etats. Et la réalité du problème cest celle des conditions dans lesquelles on entre dans la nationalité française. Imaginez quon demande à quelquun qui a déjà une autre nationalité, qui vit en France, « est-ce que vous voulez abandonner votre nationalité dorigine ? », il va dire oui, bien sûr, pour devenir français. Mais la question cest de savoir si il épouse complètement notre style de vie, si il a bien intégré nos principes républicains les plus fondamentaux, si il maîtrise le français. Et cest la raison pour laquelle je souhaite rehausser le niveau des exigences à légard de ceux qui veulent entrer dans la nationalité. Quand un monsieur refuse, qui veut entrer dans la nationalité française, refuse de serrer la main dun fonctionnaire de préfecture qui se trouve être une femme au motif que cest une femme et que lui serrer la main serait un geste impur, je dis ce monsieur ne doit pas entrer dans la nationalité française parce que il ne correspond pas du tout à la règle de vie commune qui est la nôtre. Et je vais adresser ces jours prochains une circulaire aux préfets pour leur demander dêtre vigilants, plus vigilants, plus exigeants sur les critères de lassimilation, parce que lassimilation cest le mot qui est écrit dans la loi, pour entrer dans la nationalité. Autre exigence, la langue. Aujourdhui, pour entrer dans la nationalité française, il suffit de se débrouiller en français. Eh bien, je vais demander que désormais les postulants à la nationalité française aient un niveau de connaissance du français qui soit celui que lon maîtrise au collège.
JEAN-JACQUES BOURDIN Lionnel LUCA, vous connaissez ?
CLAUDE GUÉANT Oui, très bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN Député UMP et qui reste dailleurs secrétaire national de lUMP chargé des questions dimmigration.
CLAUDE GUÉANT Exact.
JEAN-JACQUES BOURDIN Il a dans un premier temps annoncé sa démission, puis il est revenu sur cette démission, a déclaré « On peut sétonner que ceux qui ont été colonisés veuillent à tout prix conserver la nationalité de leur colonisateur ». Vous partagez ces propos ou pas ?
CLAUDE GUÉANT Je le répète, ce nest pas de leur fait. Il y a un certain nombre de pays
JEAN-JACQUES BOURDIN donc, vous ne partagez pas ses propos.
CLAUDE GUÉANT Non, je ne partage pas ses propos. Il y a un certain nombre de pays qui attribuent la nationalité sans que les gens en aient même conscience. Donc, ils ny peuvent rien.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Donc, pour vous, la bi-nationalité ce nest pas un débat.
CLAUDE GUÉANT Pour moi, le vrai problème, le gouvernement na aucune intention de modification de la loi dans ce domaine. Le vrai problème cest celui
JEAN-JACQUES BOURDIN on ne change pas loi dans le domaine de la bi-nationalité. On ne changera pas loi ?
CLAUDE GUÉANT de laccès à la nationalité française. Exact.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, on ne change pas la loi.
CLAUDE GUÉANT On ne changera pas la loi.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Claude GUÉANT, nous allons parler immigration dans un instant.
JEAN-JACQUES BOURDIN Claude GUÉANT, parlons dimmigration avec cette convention UMP sur limmigration. Jai regardé le programme : je ne vois pas grand-chose de nouveau si ce nest un système à point envisagé, testé en vue de sélectionner les candidats à limmigration. Vous allez le mettre en place, le tester ?
CLAUDE GUÉANT Cette convention a un immense intérêt : on sait quelle fait parler dun sujet qui intéresse les Français et qui est important pour lavenir de notre pays. Je ny suis pas encore allé puisquelle a lieu aujourd'hui, donc je verrai tout à l'heure quelles sont les propositions qui seront faites mais je relevais un certain nombre de propositions qui sont intéressantes et qui vont nourrir bien sûr la réflexion du gouvernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vois conditionner le regroupement familial après deux ans de présence sur le territoire contre dix-huit mois actuellement.
CLAUDE GUÉANT Cest quelque chose sur lequel on peut travailler parce que le regroupement familial continue à être un sujet de préoccupation.
JEAN-JACQUES BOURDIN Marine LE PEN dit : « Cest le sujet majeur de préoccupation ».
CLAUDE GUÉANT Cest un sujet parce quil y a effectivement des abus, des fraudes et il convient de lutter contre les excès du regroupement familial.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui. La Droite populaire répète encore une fois que le gouvernement ne sattaque pas suffisamment au regroupement familial.
CLAUDE GUÉANT Il faut être plus vigilant, je le répète, et cest ce que je fais dans le cadre du droit existant, dans le cadre aussi ne loublions pas dun principe international qui est celui du droit à la vie familiale. Cest quand même quelque chose qui est important et quil faut respecter. Mais je le répète, il y a des abus, il y a aussi un certain nombre dabus aux prestations sociales et jai lancé à cet égard une mission pour voir comment on pouvait mieux lutter contre ces abus-là. Il faut que tout cela soit engagé avec vigueur.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors je vais donner des chiffres sur limmigration et vous allez me dire si vous les contestez ou pas.
CLAUDE GUÉANT Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN Parce que ça nous permet de revenir sur certaines idées reçues. 11,5 millions dimmigrés ou enfants dimmigrés résident en France.
AUDE GUÉANT Cest exact.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ce sont les chiffres que vous avez, ça fait 19 % de la population.
CLAUDE GUÉANT Oui, oui, cest exact. Ce sont les chiffres quon lit effectivement dans les rapports officiels et cela dailleurs donne la mesure du problème national que nous avons à affronter. La France est un pays qui a toujours accueilli des gens venus de limmigration mais il faut intégrer les immigrés et cest beaucoup. Cest la raison pour laquelle je lutte à la fois contre limmigration irrégulière et pour une meilleure maîtrise de limmigration légale, pour que ceux qui arrivent chez nous puissent être intégrés, se couler dans nos modes de vie, les accepter complètement et que par conséquent lharmonie sociale règne dans notre pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-il vrai que la France est lun des pays européens qui accueille le moins détrangers ?
CLAUDE GUÉANT Invités du jeudi 07 juillet 2011 Département Veille et Ressources dinformations 01.42.75.54.58 9 Je ne le crois pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et pourtant, ce sont les mêmes chiffres tirés du même rapport du HCI, les chiffres dont vous venez de me parler.
CLAUDE GUÉANT Oui mais écoutez, quand on cite les chiffres, les précédents chiffres, je trouve quil y a une contradiction.
JEAN-JACQUES BOURDIN Flux net de 100 000 personnes par an, 200 000 arrivent, 100 000 personnes par an quittent la France : flux net, 100 000 personnes.
CLAUDE GUÉANT Il y a chaque année 200 000 autorisations de séjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et 100 000 quittent la France.
CLAUDE GUÉANT Je sais mal comment on peut mesurer ceux qui quittent.
JEAN-JACQUES BOURDIN Moi je vous dis, ce sont les chiffres du HCI.
CLAUDE GUÉANT Oui, oui, mais je dis quil y a en France un problème dintégration et que par conséquent, il faut limiter limmigration.
JEAN-JACQUES BOURDIN Certains chiffres sont bons et dautres sont faux ?
CLAUDE GUÉANT Cela me semble une évaluation un peu approximative ; je ne vois pas sur quoi on peut la fonder.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc vous contestez : la France nest pas lun des pays européens qui accueille le moins détrangers ?
CLAUDE GUÉANT La France accueille beaucoup détrangers et il convient de réguler les flux.
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vous pose la question : est-ce que la France est lun des pays européens qui accueille le moins détrangers ? Parce que sans cesse on nous dit : « La France, la France », mais la France est très fermée !
CLAUDE GUÉANT Ça nest pas un problème statistique. Non, la France nest pas fermée. Écoutez, 200 000 autorisations de séjour par an Jean-Jacques BOURDIN, cest léquivalent dune ville comme Rennes. Je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que ça représente.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous savez que la Suisse accueille six fois plus détrangers que nous ? Six fois plus ?
CLAUDE GUÉANT Bien écoutez, la Suisse cest la Suisse ; la France cest la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous savez que la Norvège, lItalie, lEspagne ont une proportion dimmigrés plus de deux fois supérieure à la nôtre ?
CLAUDE GUÉANT Mais nous ne sommes pas obligés de faire comme les autres. La France cest la France, avec ses caractéristiques. Prenez un exemple en matière dimmigration de travail. En matière dimmigration de travail, on nous dit il faut faire venir des étrangers parce que nous en avons absolument besoin. Moi, quest-ce que je constate ? Cest quil y a 2 650 000 demandeurs demploi en France ; cest que et cest une différence entre la France et dautres pays comme lAllemagne ou la Suisse chaque année, nous avons 110 000 actifs de plus et lINSEE nous promet que cela va se poursuivre. Eh bien ce nest pas la peine de faire venir des étrangers en France pour quils deviennent chômeurs. Pourquoi dis-je cela ? Parce quil y a presque 25 % des étrangers non communautaires, c'est-à-dire originaires de pays situés hors de lUnion européenne qui sot au chômage.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Marine LE PEN a rendu publique une lettre ouverte aux policiers, gendarmes et douaniers de France. Que dit-elle ? Elle dit et elle souhaite sentretenir avec vous dailleurs ; vous êtes prêt à la recevoir ?
CLAUDE GUÉANT Écoutez, jai vu ça dans la presse.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, cest ce quelle a encore dit ce matin sur RMC.
CLAUDE GUÉANT Ceci dit, je nai reçu aucune proposition, donc jattends de recevoir une proposition.
JEAN-JACQUES BOURDIN Elle dit : « Depuis le début de lannée 2011, les reconduites à la frontière sont en chute libre ». Cest vrai ou faux ?
CLAUDE GUÉANT Cest absolument faux. Il y a un objectif qui est fixé chaque année. Lobjectif en 2011 comme en 2010 est de 28 000 et nous sommes à 14 500 éloignements effectués.
JEAN-JACQUES BOURDIN Aujourd'hui ?
CLAUDE GUÉANT Pour le mois de juin mois de juin compris, pour le semestre. Donc nous sommes exactement en ligne et même nous sommes en avance par rapport à lannée dernière de quelques centaines mais ce nest pas ça qui compte. En tout cas, dire « chute libre » : comme dhabitude elle dit nimporte quoi.
JEAN-JACQUES BOURDIN Parce quelle dit : « Les centres de rétention sont vides, pratiquement vides ». Cest vrai ou faux ?
CLAUDE GUÉANT Écoutez, les centres de rétention sont occupés. Je peux vous dire quand jai vu ces déclarations et que jimaginais que vous men parleriez, ils sont occupés à 26 % de leur capacité, mais lobjectif ce nest pas de mettre les gens en centre de rétention. Lobjectif ce nest pas de priver les gens de liberté. Lobjectif, cest de les reconduire chez eux et ce que je constate, cest que nous les reconduisons. Il faut savoir, Jean-Jacques BOURDIN, que depuis 2007 nous avons éloigné 210 000 étrangers. Enfin, nous ne sommes pas inactifs loin de là.
JEAN-JACQUES BOURDIN « Il paraît que la France je cite encore Marine LE PEN se soumet aveuglément et sans protester aux directives européennes en la matière ».
CLAUDE GUÉANT Écoutez, je crois que cette affirmation est intéressante parce quelle ne parle pas des politiques des directives européennes, mais elle parle de la cour de justice.
JEAN-JACQUES BOURDIN De la cour de justice, oui.
CLAUDE GUÉANT Alors je trouve que cest intéressant parce que dans un État démocratique, quand on est Républicain, on accepte les décisions de justice.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous ne regrettez pas davoir déclaré que deux tiers des enfants dimmigrés sortent sans diplôme du système scolaire ? Franchement ?
CLAUDE GUÉANT Vous savez les statistiques, on leur fait dire un peu ce quon veut, dautant que les tableaux de statistiques sont toujours un peu hermétiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça peut arriver de se tromper aussi, Claude GUÉANT.
CLAUDE GUÉANT Mais derrière la polémique sur un chiffre ou un autre, la réalité cest que les enfants dimmigrés et ça, cest écrit noir sur blanc par lINSEE sont deux fois plus nombreux à sortir de lappareil scolaire sans qualification. Et quand je dis cela, Jean-Jacques BOURDIN, je mempresse de dire que je ne veux pas stigmatiser évidemment ni les enfants ni les enseignants : je veux dénoncer une insuffisance, un échec de notre politique dintégration. Les enfants dimmigrés ont le droit de réussir comme les autres lorsquils sont scolarisés dans nos établissements et par ailleurs, il faut quils réussissent pour quils sintègrent bien dans la vie nationale.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors Haut Conseil à lintégration encore décidément, ce Haut Conseil à lintégration !
CLAUDE GUÉANT Mais il travaille très bien, ce conseil.
JEAN-JACQUES BOURDIN Il travaille très bien, oui. 40 % des enfants dimmigrés parviennent en 2nde générale et technologique sans avoir redoublé au collège contre 50 % pour les autres.
CLAUDE GUÉANT Oui, mais ça veut dire queffectivement il y a un échec global mais il ny a pas que des échecs et Dieu merci. On peut saluer des réussites individuelles considérables.
JEAN-JACQUES BOURDIN Claude GUÉANT, depuis lentrée en vigueur de la loi réformant la garde à vue, loi donc qui est entrée en vigueur le 1er juin et qui limite notamment la garde à vue aux seules infractions passibles dune peine de prison, le nombre des gardes à vue a baissé de 26 %. Cest vrai ou cest faux ?
CLAUDE GUÉANT Cest exact.
JEAN-JACQUES BOURDIN Le nombre de gardes à vue a baissé par rapport à juin 2010, 26 %.
CLAUDE GUÉANT Le nombre de gardes à vue a baissé de 26 % effectivement. Nous sommes actuellement le Premier ministre nous en a fait la demande à Michel MERCIER, le garde des Sceaux, et moi-même en période dévaluation de la réforme de la garde à vue. Cest un chiffre qui est préoccupant, cest le chiffre dun mois ; peut-être ne sera-t-il pas confirmé. Ce qui est préoccupant encore davantage, cest que le taux délucidation des affaires a baissé de 9 % et que le taux global a baissé par conséquent.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, a baissé de 9 %. Donc là aussi, vous confirmez.
CLAUDE GUÉANT Je le confirme et cest une interrogation. Dès la mise en oeuvre de la réforme, jai dit une chose : il faut bien sûr cest la décision du conseil constitutionnel, la décision de la cour de cassation mieux assurer les droits de la défense, mais noublions pas les droits des victimes et il est impossible dimaginer que cette réforme se traduise par une baisse defficacité de la police au service de la justice. Il est impossible que ce soient les voyous ou les coupables dactes délictuels ou criminels qui tirent leur épingle du jeu dans cette affaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Question politiquement concrète Claude GUÉANT pour terminer. Ma question sera simple là aussi : je vous demande si vous ne regrettez pas vos propos concernant les deux otages qui heureusement sont revenus sains et saufs dans notre pays. Je rappelle ce que vous aviez déclaré : « Les journalistes ont fait preuve dune imprudence vraiment coupable. Ils font courir des risques aussi à beaucoup de nos forces armées qui, du reste, sont détournées de leur mission principale ». Vous avez ajouté : « Les scoops ne devraient pas être recherchés à tout prix ». Voilà. « Et ce genre denlèvement à un coût tout à fait considérable ». Vous regrettez ces propos ou pas ? Franchement ?
CLAUDE GUÉANT Écoutez, avec le recul le temps nest pas à la polémique.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, non, mais avec le recul, est-ce que vous les regrettez ?
CLAUDE GUÉANT Mais écoutez, ce que je veux dire très sincèrement, cest que jaurais été plus satisfait, eux-mêmes, leurs familles, leurs amis, sils navaient pas été privés de liberté aussi longtemps.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui mais est-ce que vous regrettez ces propos ?
CLAUDE GUÉANT Je veux dire que le temps nest plus à la polémique. Le temps nest plus à la pol??mique et je dis clairement que jaurais préféré quils ne soient pas détenus.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et vous auriez préféré ne pas dire ce que vous avez dit ?
CLAUDE GUÉANT Aujourd'hui je suis heureux parce quils sont libérés et je le suis dautant plus que jai avec beaucoup dautres travaillé très dur sur cette affaire-là et je veux saisir cette occasion que vous me donnez pour rendre hommage à ceux qui ont concouru à leur libération, qui sur le terrain, dans les forces armées, à la DGSE, ont fait un travail fantastique en prenant beaucoup de risques.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais il est difficile de dire : « Je regrette ce que jai dit » pour un homme politique ?
CLAUDE GUÉANT Mais ce jour-là, je le pensais.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous le pensiez ? Aujourd'hui vous le pensez toujours ?
CLAUDE GUÉANT Je dis aujourd'hui que je me réjouis quils soient libérés et que jaurais préféré quils ne soient pas détenus.
JEAN-JACQUES BOURDIN Merci Claude GUÉANT dêtre venu nous voir ce matin sur BFM TV et sur RMC. Merci.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 8 juillet 2011
CLAUDE GUÉANT Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN Merci dêtre avec nous ce matin, Claude GUÉANT. Vous avez lu le rapport de la COUR DES COMPTES sur la sécurité en France et sur, en fait, le fonctionnement et lefficacité des services de sécurité, 250 pages ?
CLAUDE GUÉANT Oui, je lai lu, bien sûr, puisque jai fait part de mes observations à la COUR DES COMPTES, et je trouve quil est assez navrant quune institution comme la COUR DES COMPTES livre un rapport qui est plein dautant dinexactitudes, dapproximations.
JEAN-JACQUES BOURDIN Cest un rapport bâclé ?
CLAUDE GUÉANT Je ne sais pas si il est bâclé, mais en tout cas ce rapport me met en colère parce quil ne traduit pas la réalité de la situation, ni des efforts qui ont été conduits. Un exemple, le rapport dit dans le lange inimitable de la COUR DES COMPTES, parce que les rapports sont toujours écrits comme ça, « les résultats sont contrastés ». Bon, ce que je voudrais dire quand même cest que par rapport à 2001 nous avions lan dernier 500 000 victimes de moins en France. Cest quand même pas négligeable, cest pas contrasté, cest un vrai résultat. Cest moins quavant 1997, alors même que la population française a augmenté de six millions. Alors, je dis, moi, que cest un vrai succès de la politique de sécurité du gouvernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, que dit le rapport de la COUR DES COMPTES ? La COUR DES COMPTES dit que « lEtat a consacré des moyens croissants budgétaires, technologiques, et humains, à la lutte contre linsécurité. Les résultats sont contrastés », écrit la COUR DES COMPTES, « les statistiques montrent un recul des atteintes aux biens et une hausse des violences aux personnes ». Vous contestez ou pas ?
CLAUDE GUÉANT Tout nest pas contestable, mais tout est dans la façon de le dire. Par exemple, quand on compare laugmentation des violences aux personnes et puis la diminution aux atteintes aux biens, il y a une chose quil ne faut pas oublier, cest que les violences aux personnes représentent, et cest trop bien sûr, toute violence est excessive, 13 % de la délinquance en général. On ne va pas comparer 13 % avec le reste. Cest un exemple dapproximation. La Cour conteste là lopportunité, lutilité de la vidéosurveillance. La vidéosurveillance est quelque chose de formidable tant au stade des enquêtes judiciaires quau sens de la politique de prévention.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais, Claude GUÉANT, la Cour dit à propos de la vidéosurveillance, 10 000 caméras ont été installées en France alors quon en avait promis 20 000. Donc, on fait des promesses et on ne les tient pas, quoi, si bien compris.
CLAUDE GUÉANT Eh bien, là, la promesse est tenue puisque nous sommes à 45 000 aujourdhui, et que nous serons à 60 000 lannée prochaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien.
CLAUDE GUÉANT Quant aux moyens, Jean-Jacques BOURDIN, quant aux moyens, on a mis en place des moyens, cest vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, alors on va parler des moyens, justement.
CLAUDE GUÉANT Par exemple, on a créé le fichier national des empreintes génétiques. Cétait en 2003. Quest-ce que ça a permis ? Ca a permis délucider davantage daffaires. Il faut savoir quen 2001 il y avait 26 % des affaires qui étaient résolues, cest-à-dire des crimes et délits dont on retrouvait les auteurs. Et puis, lannée dernière, cétait 37 %. Et ça continue à gagner.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Claude GUÉANT, parlons justement des policiers parce que je les entends, et vous les entendez mieux que moi, puisque vous dirigez
CLAUDE GUÉANT jen vois beaucoup, cest vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN vous en voyez beaucoup, et moi je les entends, qui mappellent, et ils me disent quoi ? Ils me disent, on a maintenant des missions quon comprend mal, les réformes compliquent notre tâche, et dailleurs une policière de 39 ans sest suicidée à Cagnes sur Mer lundi matin, et cest ce quelle exprimait dans une lettre laissée, écrite, avant son suicide.
CLAUDE GUÉANT Cest vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN Des policiers demandent un moratoire sur le remplacement dun fonctionnaire sur deux partant en retraite. Oui ou non, est-ce que vous allez geler ce non remplacement dun policier sur deux partant en retraite ?
CLAUDE GUÉANT La police et la gendarmerie sont soumises aux mêmes règles que lensemble de la fonction publique.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc, il nen est pas question ?
CLAUDE GUÉANT Cest-à-dire que sur deux fonctionnaires partant à la retraite, un nest pas remplacé.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et vous ne reviendrez pas, vous ne gèlerez pas cette
CLAUDE GUÉANT Et se sera encore le cas lannée prochaine. Pourquoi ? Parce quil y au n impératif majeur, cest que la France maîtrise ses finances publiques. Je voudrais dire deux mots là-dessus, bien que je ne sois pas ministre de lEconomie. Maîtriser les finances publiques, ça signifie que la France emprunte aujourdhui sur les marchés à 3,6 %. Ce nest pas seulement lEtat qui emprunte, mais cest les collectivités locales, cest les entreprises, cest les particuliers pour acheter leur maison par exemple. Et si nous ne maîtrisons pas nos finances publiques, eh bien le coût du crédit va déraper. Nous navons pas lintention de devenir la Grèce ou le Portugal. Ce serait un choc terrible
JEAN-JACQUES BOURDIN pourquoi, il y a un risque, Claude GUÉANT ? Il y a un risque ?
CLAUDE GUÉANT Nous navons pas lintention, cest bien pour ça que nous maîtrisons nos finances publiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN Parce quil y a un risque alors, si vous navez pas lintention.
CLAUDE GUÉANT Mais, bien sûr quil y a un risque.
JEAN-JACQUES BOURDIN Il y a un risque de devenir lEspagne, le Portugal, aujourdhui.
CLAUDE GUÉANT Il faut sen prémunir, cest pour ça quil faut avoir une politique de finances publiques sérieuse, et le gel dun emploi sur deux en fait partie. Le sérieux de la gestion fait que nous pouvons emprunter à des taux extrêmement bas, qui garantissent le développement de notre économie et le bien-être de nos concitoyens. Il y a toujours un risque. Regardez ce qui se passe aux Etats-Unis !
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais cest un casse-tête dans la police et la gendarmerie. Jai même entendu, vous les avez entendus, vous les entendez mieux que moi, plus que moi, Frédéric PECHENARD et Jacques MIGNAUX qui dirigent la police et la gendarmerie, le dire eux-mêmes, « cest un casse-tête pour nous ».
CLAUDE GUÉANT Mais, cela étant, il y a des réponses. La bonne gestion nest pas interdite. Les deux directeurs généraux ont mis en place ces dernières années des mesures qui sont extrêmement bénéfiques. Par exemple dans la gendarmerie, quinze escadrons de gendarmerie mobile ont été supprimés. Pourquoi ? Parce que
JEAN-JACQUES BOURDIN vous allez en supprimer dautres ou pas ?
CLAUDE GUÉANT Non, pour linstant, on sarrête là.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, vous vous engagez, il ny aura pas dautre suppression descadron.
CLAUDE GUÉANT Il ny a pas dautre suppression qui soit programmée au-delà des quinze, je le dis de façon tout à fait claire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ni dans la gendarmerie, ni dans la police ?
CLAUDE GUÉANT Alors, dans la police il ny a pas eu de suppression, il y a eu des réductions deffectifs.
JEAN-JACQUES BOURDIN Il y en aura ?
CLAUDE GUÉANT Il ny pas eu de suppression, il ny en aura pas dans les compagnies républicaines de sécurité. Mais ce qui est en cause cest quoi ? Cest que ce sont des unités spécialisées dans lordre public. Lordre public nest plus ce quil était à la Libération, en France. Heureusement, lordre public est devenu beaucoup plus paisible, les relations sociales se sont apaisées. Et les effectifs sont transférés des unités spécialisées de maintien de lordre à la gendarmerie départementale ou à la sécurité publique. De la même façon que cette année, au deuxième semestre, malgré cette contrainte sur les effectifs, je vais déployer avec laccord du Premier ministre léquivalent de 4 000 policiers et gendarmes supplémentaires pour renforcer la présence de la police dont la population attend beaucoup.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, Jean-Pierre, de Biarritz, cest un auditeur, il ma écrit, il ma dit, « mais ce nest pas un problème deffectif dans la police et la gendarmerie, mais plutôt un problème de répartition des tâches. Hier, jai fait Bayonne Bordeaux, 170 km sur la route, jai recensé trois contrôles de vitesse mobilisant de nombreux fonctionnaires ».
CLAUDE GUÉANT Mais la sécurité routière est aussi un impératif. Cest aussi une mission de la police et de la gendarmerie. Enfin, nous avons lannée dernière déploré un peu moins de 4 000 morts en France sur nos routes. Jamais nous navions eu aussi peu. Mais cest encore beaucoup trop. Et la sécurité routière est une grande cause nationale. Il faut continuer à faire des progrès.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que nous tiendrons lobjectif avancé par le président de la République, le candidat Nicolas SARKOZY, en 2007, franchement ?
CLAUDE GUÉANT Il nous avait fixé lobjectif darriver à 3 000.
JEAN-JACQUES BOURDIN 3 000.
CLAUDE GUÉANT Bon, je voudrais rappeler quand même que quand il est devenu ministre de lIntérieur, il faut rappeler quil participe de cette politique de sécurité routière depuis longtemps, il y avait 8 000 morts. On est descendu à 4 000, mais il nous reste encore à faire un effort. Et les 3 000 ce sera encore trop, bien entendu. Mais cest un impératif national et humain.
JEAN-JACQUES BOURDIN Claude GUÉANT, parlons dimmigration. Il y a une convention de lUMP sur limmigration aujourdhui. Vous allez y participer, je crois.
CLAUDE GUÉANT Cest vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, question toute simple : faut-il ouvrir un débat sur la bi-nationalité ? Oui ou non ?
CLAUDE GUÉANT A mon sens, cest un faux problème.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc, on nouvre pas le débat sur la bi-nationalité ?
CLAUDE GUÉANT Je vais vous répondre complètement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, allez-y, allez-y.
CLAUDE GUÉANT Cest un faux problème parce que les binationaux nont pas le choix, ils sont binationaux du fait des législations des Etats. Et la réalité du problème cest celle des conditions dans lesquelles on entre dans la nationalité française. Imaginez quon demande à quelquun qui a déjà une autre nationalité, qui vit en France, « est-ce que vous voulez abandonner votre nationalité dorigine ? », il va dire oui, bien sûr, pour devenir français. Mais la question cest de savoir si il épouse complètement notre style de vie, si il a bien intégré nos principes républicains les plus fondamentaux, si il maîtrise le français. Et cest la raison pour laquelle je souhaite rehausser le niveau des exigences à légard de ceux qui veulent entrer dans la nationalité. Quand un monsieur refuse, qui veut entrer dans la nationalité française, refuse de serrer la main dun fonctionnaire de préfecture qui se trouve être une femme au motif que cest une femme et que lui serrer la main serait un geste impur, je dis ce monsieur ne doit pas entrer dans la nationalité française parce que il ne correspond pas du tout à la règle de vie commune qui est la nôtre. Et je vais adresser ces jours prochains une circulaire aux préfets pour leur demander dêtre vigilants, plus vigilants, plus exigeants sur les critères de lassimilation, parce que lassimilation cest le mot qui est écrit dans la loi, pour entrer dans la nationalité. Autre exigence, la langue. Aujourdhui, pour entrer dans la nationalité française, il suffit de se débrouiller en français. Eh bien, je vais demander que désormais les postulants à la nationalité française aient un niveau de connaissance du français qui soit celui que lon maîtrise au collège.
JEAN-JACQUES BOURDIN Lionnel LUCA, vous connaissez ?
CLAUDE GUÉANT Oui, très bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN Député UMP et qui reste dailleurs secrétaire national de lUMP chargé des questions dimmigration.
CLAUDE GUÉANT Exact.
JEAN-JACQUES BOURDIN Il a dans un premier temps annoncé sa démission, puis il est revenu sur cette démission, a déclaré « On peut sétonner que ceux qui ont été colonisés veuillent à tout prix conserver la nationalité de leur colonisateur ». Vous partagez ces propos ou pas ?
CLAUDE GUÉANT Je le répète, ce nest pas de leur fait. Il y a un certain nombre de pays
JEAN-JACQUES BOURDIN donc, vous ne partagez pas ses propos.
CLAUDE GUÉANT Non, je ne partage pas ses propos. Il y a un certain nombre de pays qui attribuent la nationalité sans que les gens en aient même conscience. Donc, ils ny peuvent rien.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Donc, pour vous, la bi-nationalité ce nest pas un débat.
CLAUDE GUÉANT Pour moi, le vrai problème, le gouvernement na aucune intention de modification de la loi dans ce domaine. Le vrai problème cest celui
JEAN-JACQUES BOURDIN on ne change pas loi dans le domaine de la bi-nationalité. On ne changera pas loi ?
CLAUDE GUÉANT de laccès à la nationalité française. Exact.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, on ne change pas la loi.
CLAUDE GUÉANT On ne changera pas la loi.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Claude GUÉANT, nous allons parler immigration dans un instant.
JEAN-JACQUES BOURDIN Claude GUÉANT, parlons dimmigration avec cette convention UMP sur limmigration. Jai regardé le programme : je ne vois pas grand-chose de nouveau si ce nest un système à point envisagé, testé en vue de sélectionner les candidats à limmigration. Vous allez le mettre en place, le tester ?
CLAUDE GUÉANT Cette convention a un immense intérêt : on sait quelle fait parler dun sujet qui intéresse les Français et qui est important pour lavenir de notre pays. Je ny suis pas encore allé puisquelle a lieu aujourd'hui, donc je verrai tout à l'heure quelles sont les propositions qui seront faites mais je relevais un certain nombre de propositions qui sont intéressantes et qui vont nourrir bien sûr la réflexion du gouvernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vois conditionner le regroupement familial après deux ans de présence sur le territoire contre dix-huit mois actuellement.
CLAUDE GUÉANT Cest quelque chose sur lequel on peut travailler parce que le regroupement familial continue à être un sujet de préoccupation.
JEAN-JACQUES BOURDIN Marine LE PEN dit : « Cest le sujet majeur de préoccupation ».
CLAUDE GUÉANT Cest un sujet parce quil y a effectivement des abus, des fraudes et il convient de lutter contre les excès du regroupement familial.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui. La Droite populaire répète encore une fois que le gouvernement ne sattaque pas suffisamment au regroupement familial.
CLAUDE GUÉANT Il faut être plus vigilant, je le répète, et cest ce que je fais dans le cadre du droit existant, dans le cadre aussi ne loublions pas dun principe international qui est celui du droit à la vie familiale. Cest quand même quelque chose qui est important et quil faut respecter. Mais je le répète, il y a des abus, il y a aussi un certain nombre dabus aux prestations sociales et jai lancé à cet égard une mission pour voir comment on pouvait mieux lutter contre ces abus-là. Il faut que tout cela soit engagé avec vigueur.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors je vais donner des chiffres sur limmigration et vous allez me dire si vous les contestez ou pas.
CLAUDE GUÉANT Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN Parce que ça nous permet de revenir sur certaines idées reçues. 11,5 millions dimmigrés ou enfants dimmigrés résident en France.
AUDE GUÉANT Cest exact.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ce sont les chiffres que vous avez, ça fait 19 % de la population.
CLAUDE GUÉANT Oui, oui, cest exact. Ce sont les chiffres quon lit effectivement dans les rapports officiels et cela dailleurs donne la mesure du problème national que nous avons à affronter. La France est un pays qui a toujours accueilli des gens venus de limmigration mais il faut intégrer les immigrés et cest beaucoup. Cest la raison pour laquelle je lutte à la fois contre limmigration irrégulière et pour une meilleure maîtrise de limmigration légale, pour que ceux qui arrivent chez nous puissent être intégrés, se couler dans nos modes de vie, les accepter complètement et que par conséquent lharmonie sociale règne dans notre pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-il vrai que la France est lun des pays européens qui accueille le moins détrangers ?
CLAUDE GUÉANT Invités du jeudi 07 juillet 2011 Département Veille et Ressources dinformations 01.42.75.54.58 9 Je ne le crois pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et pourtant, ce sont les mêmes chiffres tirés du même rapport du HCI, les chiffres dont vous venez de me parler.
CLAUDE GUÉANT Oui mais écoutez, quand on cite les chiffres, les précédents chiffres, je trouve quil y a une contradiction.
JEAN-JACQUES BOURDIN Flux net de 100 000 personnes par an, 200 000 arrivent, 100 000 personnes par an quittent la France : flux net, 100 000 personnes.
CLAUDE GUÉANT Il y a chaque année 200 000 autorisations de séjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et 100 000 quittent la France.
CLAUDE GUÉANT Je sais mal comment on peut mesurer ceux qui quittent.
JEAN-JACQUES BOURDIN Moi je vous dis, ce sont les chiffres du HCI.
CLAUDE GUÉANT Oui, oui, mais je dis quil y a en France un problème dintégration et que par conséquent, il faut limiter limmigration.
JEAN-JACQUES BOURDIN Certains chiffres sont bons et dautres sont faux ?
CLAUDE GUÉANT Cela me semble une évaluation un peu approximative ; je ne vois pas sur quoi on peut la fonder.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc vous contestez : la France nest pas lun des pays européens qui accueille le moins détrangers ?
CLAUDE GUÉANT La France accueille beaucoup détrangers et il convient de réguler les flux.
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vous pose la question : est-ce que la France est lun des pays européens qui accueille le moins détrangers ? Parce que sans cesse on nous dit : « La France, la France », mais la France est très fermée !
CLAUDE GUÉANT Ça nest pas un problème statistique. Non, la France nest pas fermée. Écoutez, 200 000 autorisations de séjour par an Jean-Jacques BOURDIN, cest léquivalent dune ville comme Rennes. Je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que ça représente.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous savez que la Suisse accueille six fois plus détrangers que nous ? Six fois plus ?
CLAUDE GUÉANT Bien écoutez, la Suisse cest la Suisse ; la France cest la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous savez que la Norvège, lItalie, lEspagne ont une proportion dimmigrés plus de deux fois supérieure à la nôtre ?
CLAUDE GUÉANT Mais nous ne sommes pas obligés de faire comme les autres. La France cest la France, avec ses caractéristiques. Prenez un exemple en matière dimmigration de travail. En matière dimmigration de travail, on nous dit il faut faire venir des étrangers parce que nous en avons absolument besoin. Moi, quest-ce que je constate ? Cest quil y a 2 650 000 demandeurs demploi en France ; cest que et cest une différence entre la France et dautres pays comme lAllemagne ou la Suisse chaque année, nous avons 110 000 actifs de plus et lINSEE nous promet que cela va se poursuivre. Eh bien ce nest pas la peine de faire venir des étrangers en France pour quils deviennent chômeurs. Pourquoi dis-je cela ? Parce quil y a presque 25 % des étrangers non communautaires, c'est-à-dire originaires de pays situés hors de lUnion européenne qui sot au chômage.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Marine LE PEN a rendu publique une lettre ouverte aux policiers, gendarmes et douaniers de France. Que dit-elle ? Elle dit et elle souhaite sentretenir avec vous dailleurs ; vous êtes prêt à la recevoir ?
CLAUDE GUÉANT Écoutez, jai vu ça dans la presse.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, cest ce quelle a encore dit ce matin sur RMC.
CLAUDE GUÉANT Ceci dit, je nai reçu aucune proposition, donc jattends de recevoir une proposition.
JEAN-JACQUES BOURDIN Elle dit : « Depuis le début de lannée 2011, les reconduites à la frontière sont en chute libre ». Cest vrai ou faux ?
CLAUDE GUÉANT Cest absolument faux. Il y a un objectif qui est fixé chaque année. Lobjectif en 2011 comme en 2010 est de 28 000 et nous sommes à 14 500 éloignements effectués.
JEAN-JACQUES BOURDIN Aujourd'hui ?
CLAUDE GUÉANT Pour le mois de juin mois de juin compris, pour le semestre. Donc nous sommes exactement en ligne et même nous sommes en avance par rapport à lannée dernière de quelques centaines mais ce nest pas ça qui compte. En tout cas, dire « chute libre » : comme dhabitude elle dit nimporte quoi.
JEAN-JACQUES BOURDIN Parce quelle dit : « Les centres de rétention sont vides, pratiquement vides ». Cest vrai ou faux ?
CLAUDE GUÉANT Écoutez, les centres de rétention sont occupés. Je peux vous dire quand jai vu ces déclarations et que jimaginais que vous men parleriez, ils sont occupés à 26 % de leur capacité, mais lobjectif ce nest pas de mettre les gens en centre de rétention. Lobjectif ce nest pas de priver les gens de liberté. Lobjectif, cest de les reconduire chez eux et ce que je constate, cest que nous les reconduisons. Il faut savoir, Jean-Jacques BOURDIN, que depuis 2007 nous avons éloigné 210 000 étrangers. Enfin, nous ne sommes pas inactifs loin de là.
JEAN-JACQUES BOURDIN « Il paraît que la France je cite encore Marine LE PEN se soumet aveuglément et sans protester aux directives européennes en la matière ».
CLAUDE GUÉANT Écoutez, je crois que cette affirmation est intéressante parce quelle ne parle pas des politiques des directives européennes, mais elle parle de la cour de justice.
JEAN-JACQUES BOURDIN De la cour de justice, oui.
CLAUDE GUÉANT Alors je trouve que cest intéressant parce que dans un État démocratique, quand on est Républicain, on accepte les décisions de justice.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous ne regrettez pas davoir déclaré que deux tiers des enfants dimmigrés sortent sans diplôme du système scolaire ? Franchement ?
CLAUDE GUÉANT Vous savez les statistiques, on leur fait dire un peu ce quon veut, dautant que les tableaux de statistiques sont toujours un peu hermétiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça peut arriver de se tromper aussi, Claude GUÉANT.
CLAUDE GUÉANT Mais derrière la polémique sur un chiffre ou un autre, la réalité cest que les enfants dimmigrés et ça, cest écrit noir sur blanc par lINSEE sont deux fois plus nombreux à sortir de lappareil scolaire sans qualification. Et quand je dis cela, Jean-Jacques BOURDIN, je mempresse de dire que je ne veux pas stigmatiser évidemment ni les enfants ni les enseignants : je veux dénoncer une insuffisance, un échec de notre politique dintégration. Les enfants dimmigrés ont le droit de réussir comme les autres lorsquils sont scolarisés dans nos établissements et par ailleurs, il faut quils réussissent pour quils sintègrent bien dans la vie nationale.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors Haut Conseil à lintégration encore décidément, ce Haut Conseil à lintégration !
CLAUDE GUÉANT Mais il travaille très bien, ce conseil.
JEAN-JACQUES BOURDIN Il travaille très bien, oui. 40 % des enfants dimmigrés parviennent en 2nde générale et technologique sans avoir redoublé au collège contre 50 % pour les autres.
CLAUDE GUÉANT Oui, mais ça veut dire queffectivement il y a un échec global mais il ny a pas que des échecs et Dieu merci. On peut saluer des réussites individuelles considérables.
JEAN-JACQUES BOURDIN Claude GUÉANT, depuis lentrée en vigueur de la loi réformant la garde à vue, loi donc qui est entrée en vigueur le 1er juin et qui limite notamment la garde à vue aux seules infractions passibles dune peine de prison, le nombre des gardes à vue a baissé de 26 %. Cest vrai ou cest faux ?
CLAUDE GUÉANT Cest exact.
JEAN-JACQUES BOURDIN Le nombre de gardes à vue a baissé par rapport à juin 2010, 26 %.
CLAUDE GUÉANT Le nombre de gardes à vue a baissé de 26 % effectivement. Nous sommes actuellement le Premier ministre nous en a fait la demande à Michel MERCIER, le garde des Sceaux, et moi-même en période dévaluation de la réforme de la garde à vue. Cest un chiffre qui est préoccupant, cest le chiffre dun mois ; peut-être ne sera-t-il pas confirmé. Ce qui est préoccupant encore davantage, cest que le taux délucidation des affaires a baissé de 9 % et que le taux global a baissé par conséquent.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, a baissé de 9 %. Donc là aussi, vous confirmez.
CLAUDE GUÉANT Je le confirme et cest une interrogation. Dès la mise en oeuvre de la réforme, jai dit une chose : il faut bien sûr cest la décision du conseil constitutionnel, la décision de la cour de cassation mieux assurer les droits de la défense, mais noublions pas les droits des victimes et il est impossible dimaginer que cette réforme se traduise par une baisse defficacité de la police au service de la justice. Il est impossible que ce soient les voyous ou les coupables dactes délictuels ou criminels qui tirent leur épingle du jeu dans cette affaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Question politiquement concrète Claude GUÉANT pour terminer. Ma question sera simple là aussi : je vous demande si vous ne regrettez pas vos propos concernant les deux otages qui heureusement sont revenus sains et saufs dans notre pays. Je rappelle ce que vous aviez déclaré : « Les journalistes ont fait preuve dune imprudence vraiment coupable. Ils font courir des risques aussi à beaucoup de nos forces armées qui, du reste, sont détournées de leur mission principale ». Vous avez ajouté : « Les scoops ne devraient pas être recherchés à tout prix ». Voilà. « Et ce genre denlèvement à un coût tout à fait considérable ». Vous regrettez ces propos ou pas ? Franchement ?
CLAUDE GUÉANT Écoutez, avec le recul le temps nest pas à la polémique.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, non, mais avec le recul, est-ce que vous les regrettez ?
CLAUDE GUÉANT Mais écoutez, ce que je veux dire très sincèrement, cest que jaurais été plus satisfait, eux-mêmes, leurs familles, leurs amis, sils navaient pas été privés de liberté aussi longtemps.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui mais est-ce que vous regrettez ces propos ?
CLAUDE GUÉANT Je veux dire que le temps nest plus à la polémique. Le temps nest plus à la pol??mique et je dis clairement que jaurais préféré quils ne soient pas détenus.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et vous auriez préféré ne pas dire ce que vous avez dit ?
CLAUDE GUÉANT Aujourd'hui je suis heureux parce quils sont libérés et je le suis dautant plus que jai avec beaucoup dautres travaillé très dur sur cette affaire-là et je veux saisir cette occasion que vous me donnez pour rendre hommage à ceux qui ont concouru à leur libération, qui sur le terrain, dans les forces armées, à la DGSE, ont fait un travail fantastique en prenant beaucoup de risques.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais il est difficile de dire : « Je regrette ce que jai dit » pour un homme politique ?
CLAUDE GUÉANT Mais ce jour-là, je le pensais.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous le pensiez ? Aujourd'hui vous le pensez toujours ?
CLAUDE GUÉANT Je dis aujourd'hui que je me réjouis quils soient libérés et que jaurais préféré quils ne soient pas détenus.
JEAN-JACQUES BOURDIN Merci Claude GUÉANT dêtre venu nous voir ce matin sur BFM TV et sur RMC. Merci.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 8 juillet 2011