Texte intégral
Monsieur le Député,
Madame la Présidente du Comité pour la mémoire et lhistoire de lesclavage, chère Françoise,
Monsieur le Commissaire à la Diversité et à lEgalité des chances, cher Yazid Sabeg,
Monsieur le représentant du Maire de Paris,
Monsieur le Commissaire chargé de 2011, année des Outre-mer, cher Daniel Maximin,
Monsieur le Délégué interministériel à légalité des chances des Français,
Monsieur le Président du Jardin dacclimatation, cher Marc-Antoine Jamet,
Mesdames et Messieurs,
Cette année des Outre-mer voulue par le chef de lEtat, porte lambition, vous le savez, loin des oublis et des clichés, de dire la contribution des femmes, des hommes et des territoires doutre-mer à la grandeur de notre nation, de cette France bercée par trois océans.
Dans le cadre de la programmation de cette année menée de main de maître par Daniel Maximin, le "Jardin en Outre-mer" qui sest déroulé au mois davril dernier au jardin dacclimatation a connu un succès considérable avec plus de 350 000 visiteurs.
Sans rien ignorer de lhistoire de ce lieu, Daniel Maximin a voulu que lOutre-mer réinvestisse le Jardin dacclimatation parce que précisément des expositions ethnographiques et coloniales sy sont déroulées.
Et comme la rappelé le Commissaire : "il est temps pour lOutre-mer de réinvestir ce Jardin, de répondre aux errements passés en y affirmant la vitalité des cultures dont nous ne pouvons quêtre immensément fiers et de les présenter avec toute lexigence dexcellence qui préside aux choix des spectacles et activité envisagés. [ ] Afin que le passé révolu ne fasse pas reculer lavenir."
Alors oui, mesdames et messieurs, il y a bien deux manières de faire face à lHistoire :
Nous pouvons oublier les chapitres douloureux de notre passé avec le risque inexorable que leffacement des faits permette un jour leur résurgence.
Ou bien regarder les faits tels quils se sont produits, les étudier et agir de telle sorte que léveil des consciences et la diffusion des savoirs empêchent lhistoire de se répéter.
Cest bien la seconde option que nous avons choisis avec le ministre de la culture Frédéric Mitterrand, la présidente du Comité pour la mémoire et lhistoire de lesclavage, François Vergès et Daniel Maximin, Commissaire chargé de lannée des Outre-mer.
Nous avons choisis dagir parce que "sans la mémoire, le présent se vide et simultanément est déjà un passé mort" comme le disait lécrivain portugais José Cardoso Pires.
Je ne reviendrai pas sur la polémique née à loccasion du "Jardin en Outre-mer" que certains ont voulu entretenir. Je suis résolument du côté de ceux qui affrontent les difficultés plutôt que du côté de ceux qui les évitent en choisissant les petites phrases ou les attaques politiciennes.
Cest pourquoi, je me suis saisie de larticle 4 du décret du 6 mai 2009 pour confier à François Vergès une mission sur la mémoire des expositions ethnographiques et coloniales.
Entourée des meilleurs experts, des élus et des représentants des populations concernées, Françoise Vergès et son équipe ont effectué un immense travail que je salue ce matin et pour lequel je les remercie chaleureusement.
Ma chère Françoise, nous nous connaissons bien, et je tiens à souligner la rigueur et lhonnêteté intellectuelle qui vous caractérisent.
Dans la lettre de mission que je vous ai adressée le 7 avril 2011, je vous avais fixé pour objectif de proposer des actions dans le champ mémoriel et dans le champ historique. Il sagissait aussi bien de proposer des actions de sensibilisation des publics que de mener des recherches et envisager des restitutions pour transmettre le plus objectivement cette partie méconnue de notre histoire.
La République a le devoir de reconnaître cette histoire, sans aucunement occulter le passé et instruire de procès.
Je viens de prendre connaissance de lensemble des préconisations formulées dans le rapport que vous mavez remis. Soyez assurée que sa mise en uvre se fera en lien avec le Jardin dacclimatation dont je salue lengagement, la mairie de Paris dont je salue la participation efficace et également avec les élus de Guyane, de Nouvelle Calédonie en particulier.
Parmi ces propositions jai bien noté le projet dune inscription mémorielle au Jardin dacclimatation et en Guyane. A cet effet, je souhaite que les acteurs concernés finalisent ce projet avec le ministère de la culture en 2012, en lien avec les Amérindiens de Guyane et les communautés Kanaks. Par ailleurs, un travail dinformation et de sensibilisation devra également être prévu pour sensibiliser les différents publics du jardin.
Le Comité a souhaité également inscrire parmi ses priorités de 2012, la confection dun programme de signalisation des lieux dhistoire et de mémoire. Nous allons lexaminer bien évidemment.
Enfin, il convient également de valoriser les archives qui permettent aux historiens de mener leurs recherches et ainsi faciliter laccès du grand public à la connaissance. Jy suis favorable et la proposition dun guide me paraît tout à fait pertinente.
Vous proposez délaborer une doctrine sur la question de lidentification et la restitution éventuelle des restes humains des collections patrimoniales. Vous avez raison, il faut pouvoir avancer sur ce point également.
Enfin, nous ne devons jamais oublier que la protection des populations autochtones doit, plus que jamais, à lheure des grands bouleversements du monde, être au cur de nos politiques publiques. Cest pourquoi lorsque loccasion mest donnée, je cherche à mentretenir avec les chefs coutumiers Amérindiens. Je viens de le faire lors dun récent déplacement en Guyane. Je suis très respectueuse de leurs coutumes et de leurs traditions.
Mesdames et Messieurs, avant de conclure mon propos, je voudrais, une fois de plus, saluer le travail de la présidente du Comité pour la mémoire et lhistoire de lesclavage et vous assurer de mon soutien pour faire aboutir ces propositions dans le cadre de cette démarche de concertation que nous avons souhaitée pour que chacun sapproprie cette partie de lhistoire de France, cette partie de notre histoire.