Texte intégral
En ce début de mois de novembre, vos deux régions ont été touchées par des intempéries dune intensité et dune durée exceptionnelles avec, pour conséquence, la crue rapide, impressionnante et dévastatrice de plusieurs fleuves côtiers ou cours deau. Quon les nomme « épisode cévenol » ou « système convectif », ces orages sont pour vous de grandes épreuves. Je ne saurais oublier les riverains de la mer, notamment dans les Alpes-Maritimes, dont certains commerces ont été endommagés par la houle.
Les images que nous voyons à la télévision ne rendent pas justice des traumatismes que constituent ces inondations, sans doute plus encore dans le Var où elles ravivent le souvenir encore récent des inondations de juin 2010. Les habitants du Gard nont pas oublié, non plus, lhorreur du mois de septembre 2002, qui a dévasté Aramon, au bord du Vidourle, et des communes riveraines du Gardon. Les habitants de Cuxhac, dans lAude, ne peuvent oublier 1999.
Mes pensées vont dabord, naturellement, aux familles des huit personnes [6 morts ou disparus emportés par les eaux et 2 intoxiqués au monoxyde de carbone au cours dune opération de pompage] victimes de cette catastrophe.
Mais elles vont aussi, plus largement, à tous ceux qui ont vécu ces derniers jours dans linquiétude, tous ceux qui ont été coupés du monde, tous ceux qui ont vu leur habitation sinistrée ou leur outil de travail détruit.
À tous, habitants de lHérault, du Gard, de la Lozère, du Var, des Alpes-Maritimes et de la Corse, je veux dire : vous nêtes pas seuls.
Face à ce déchaînement des éléments, la solidarité nationale sera forte et rapide.
Cette solidarité sest exprimée, dabord, au cur de la crise.
Avant même le déclenchement des intempéries, lefficacité de nos mécanismes de prévention et dalerte ont permis de prendre les mesures nécessaires :
* alerte des populations, dabord, avec le placement par Météo-France de 23 départements en « vigilance orange », de 3 départements en « vigilance rouge » et le déclenchement, pour la première fois, dune vigilance « vague-submersion » sur le littoral ; je veux aussi remercier les services de Météo-France, ainsi que les experts du SCHAPI (service central hydrométéorologique dappui à la prévision des inondations, les « chasseurs dorages »).Des vies ont été sauvées grâce à ce dispositif pendant les intempéries et je salue les pompiers, départementaux mobilisés par les SDIS ou nationaux, envoyés par la sécurité civile du ministère de lintérieur
* évacuation préventive de près de 2.000 personnes, ensuite ;
* et enfin, pré-positionnement par lEtat dimportants moyens nationaux en renfort jusquà 10 hélicoptères et 450 sapeurs-sauveteurs militaires de la sécurité civile qui ont ainsi pu venir appuyer immédiatement les forces des départements sinistrés.
Grâce à leur mobilisation, 6.500 interventions ont pu être menées à bien dont un peu plus de 600 [614] sauvetages et plus de 150 hélitreuillages [154].
Je pense, aussi, à la forte mobilisation des préfets et des maires qui se sont dépensés sans compter pour répondre aux besoins et au désarroi de leurs administrés.
A tous, jadresse lexpression de ma reconnaissance.
Je pense, enfin, aux mesures immédiatement prises par le Gouvernement afin que se manifestent sur le terrain, concrètement et sans retard, la solidarité nationale :
* dès le 7 novembre, la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises a débloqué à ma demande 300.000 euros de crédits dextrême urgence à la préfecture du Var afin de répondre aux besoins de première nécessité, notamment nourriture et hébergement, de ceux qui avaient tout perdu ;
* le même jour, Frédéric LEFEBVRE sest rendu sur place, au nom du gouvernement, afin de lancer sans attendre le plan daide aux entreprises touchées par les intempéries.
Au cur des intempéries, lÉtat était présent à vos côtés pour gérer la crise, pour prendre les premières mesures. Parce que nous avons agi ensemble, en parfaite concertation et coordination, notre gestion des événements a permis de sauver des vies et de répondre à la détresse de nos concitoyens touchés par les inondations.
Mais la solidarité nationale ne sarrête pas avec la fin des intempéries et lamorce de la décrue.
Lélan de solidarité nationale au cur de la crise est nécessaire. Il est essentiel. Il est même naturel, au moment où les images de la catastrophe rendent tangibles, pour tous, la détresse des populations soumises aux éléments.
Mais la fin des précipitations ne marque pas un retour immédiat à la normale. Il faut maintenant nettoyer, indemniser et relancer lactivité. Pour que lampleur de la tâche sajoutant au traumatisme de la catastrophe ne plonge pas les sinistrés dans le désarroi, lÉtat doit être présent aussi, pendant cette période.
Cet engagement, lengagement de vous soutenir jusquau retour complet à la normale, je suis venu aujourdhui le prendre solennellement devant vous.
LÉtat se mobilise à vos côtés pour vous permettre de tourner la page aussi vite que possible.
Ce que les inondations ont détruit, nous allons le reconstruire ensemble, nous allons le reconstruire vite et nous allons le reconstruire selon des procédures simplifiées.
Concernant, lindemnisation des victimes, vous savez quelle est conditionnée par la reconnaissance de létat de catastrophe naturelle. Selon la procédure normale, cette reconnaissance nintervient quaprès constitution de dossiers par chaque victime et examen de ceux-ci par une commission interministérielle. Cette procédure normale doit rester la règle, je mempresse de le dire. Mais elle nest pas adaptée, du point de vue du Gouvernement, à des populations comme celles du Var, confrontées à deux catastrophes majeures successives et rapprochées.
Dans un esprit de justice et de bon sens, nous traiterons les habitants de la région Languedoc-Roussillon comme ceux de la région Provence-Alpes-Côte dAzur et de la région Corse le cas échéant, en fonction des rapports des préfets.
Pour permettre une indemnisation plus rapide des victimes, nous avons donc décidé de recourir à la procédure accélérée : en sappuyant sur lexpertise transmise par les préfectures, je signerai avant la fin de de cette semaine larrêté de reconnaissance de létat de catastrophe naturel. Très concrètement, cela signifie que les indemnisations pourront commencer dès cette semaine et non dans plusieurs semaines, comme cela aurait été le cas en suivant la procédure normale.
Cette reconnaissance de létat de catastrophe naturelle va ainsi permettre aux assurances dintervenir vers les particuliers, les entreprises et les collectivités territoriales. Jai demandé à Bernard SPITZ, président de la fédération française des sociétés dassurance mutuelle, de maccompagner aujourdhui, afin de prendre la mesure de la situation et de garantir le bon fonctionnement des mécanismes dindemnisation. Je lui suis profondément reconnaissant de sa venue. Je demande également aux préfets dêtre à lécoute et de faciliter le dialogue entre les victimes et les assurances, notamment par lintermédiaire des médiateurs départementaux qui sont mis en place. Il faut une garantie daction, avec des évaluations rapide. Le temps des assurances doit être le plus proche possible de celui des victimes, qui attendent souvent dans langoisse une juste et rapide indemnisation de leurs sinistres.
À ces indemnisations doivent sajouter les accompagnements financiers des différents acteurs économiques.
Notre action doit être rapide car, pour ces acteurs, le temps passé à attendre est un temps improductif. Cette période dinactivité forcée a donc un coût qui sajoute au coût intrinsèque des dégâts.
Notre action doit aussi être simple : lobjectif est de venir en aide aux acteurs économiques et non de les assommer de procédures administratives lourdes et complexes. Cest pourquoi nous avons retenu une logique de guichet unique permettant de mobiliser tous les dispositifs en un seul lieu : les chambres de commerce et dindustrie ou les chambres de métiers et dartisanat en fonction des acteurs concernés.
Concrètement, nous allons agir dans quatre directions pour aider à la relance de lactivité économique:
* première direction, nous allons apporter une aide exceptionnelle aux entreprises et aux exploitations agricoles :
- pour les entreprises commerciales, artisanales et de services situées dans les cantons ayant fait lobjet dun arrêté de reconnaissance de catastrophe naturelle et ayant un chiffre daffaires annuel inférieur à 1 million deuros, le Gouvernement a décidé la mise en place dun « FISAC-intempéries » sur le modèle de ce qui avait été fait à loccasion des inondations de juin 2010 ;
- dans le secteur agricole, la procédure des calamités agricoles sera mise en uvre, ainsi que la rappelé Bruno LEMAIRE. Sous le contrôle des préfets de département des missions d'enquête seront chargées d'identifier, de localiser et de quantifier les dommages considérés comme non assurables, afin quils fassent l'objet d'une indemnisation par le Fonds national de gestion des risques en agriculture.
* deuxième direction, dans les départements du Gard, de lHérault, de la Lozère, des Alpes-Maritimes et du Var, et bien sûr, en fonction de ce que nous dirons les préfets, le cas échéant en Corse, les services des finances publiques examineront, au cas par cas, les possibilités de dérogation et de délais, afin quaucune entreprise fragilisée par les intempéries ne soit mise en péril par ses obligations fiscales ou sociales ;
* troisième direction, nous allons accompagner les entreprises dans leurs démarches auprès des assureurs :
- concernant, immédiatement, lindemnisation des dommages, je rappelle que la franchise en matière dinondation est fixée par voie réglementaire à 10% des biens de lentreprise ;
- concernant ensuite, les entreprises qui se verraient refuser un contrat dassurance en raison du risque important ou récurrent dinondation de ses locaux, François BAROIN a rappelé quelles pourront se tourner vers le bureau central de tarification. Celui-ci imposera à lassureur de les prendre en charge évitant ainsi quune discontinuité napparaisse dans leur couverture face aux risques naturels ; il ny aura donc pas de trou dans la garantie ;
- par ailleurs, je tiens à rappeler que le meilleur moyen, et à vrai dire le seul soutenable sur le moyen terme pour quà lavenir les entreprises et les particuliers soient prémunis contre les franchises élevées est que leur commune se dote dun plan de prévention des risques naturels.
* quatrième et dernière direction, nous allons, dans les départements que jai cités, soutenir les entreprises afin de maintenir lemploi des salariés mis au chômage partiel par les dégâts causés à leur outil de travail. Je demande aux préfets qui coordonneront ce dispositif de veiller à la rapidité des procédures.
Solidarité avec les particuliers, solidarité avec les entreprises, lÉtat se mobilise, aussi, pour les collectivités territoriales.
Comme cela est prévu en cas de catastrophe naturelle de grande ampleur, je vais demander au Premier ministre lenvoi dune mission réunissant linspection générale des finances, linspection générale de ladministration et le conseil général de lenvironnement et du développement durable. Elle sera déployée dans les tous prochains jours sur le terrain, dans les départements dont les préfets nous ferons des demandes, afin dévaluer les dégâts infligés aux biens non assurables des collectivités tels que les routes, les réseaux de distribution et dassainissement de leau, les stations dépuration et de relevage des eaux ou encore les dispositifs découlement des eaux. Jai souhaité que Michel ROUZEAU, inspecteur général de ladministration, soit présent aujourdhui dans ce déplacement afin que la coordination à mettre en place sétablisse rapidement et que cette mission interministérielle rende des conclusions précises et rapides dans les deux mois.
En se basant sur ses conclusions, lÉtat attribuera aux collectivités touchées des aides exceptionnelles, qui pourront couvrir jusquà 80% du montant des travaux nécessaires en fonction des situations financières. Ces aides se feront à partir de louverture de crédits exceptionnels à la ligne « calamités publiques » du programme 122 de la mission « relations avec les collectivités territoriales ». Le directeur général des collectivités locales est à mes côtés pour garantir la procédure.
Particuliers, acteurs économiques ou collectivités territoriales, cest bien à lensemble des sinistrés que lÉtat apporte durablement et efficacement son soutien.
Au-delà de cette mobilisation exceptionnelle, traduction concrète de la solidarité de la Nation avec les sinistrés, le devoir de lÉtat est aussi de limiter les risques de répétition dune telle catastrophe.
Identifier et promouvoir les dispositifs susceptibles de limiter lexposition des populations et des entreprises aux risques naturels, cest précisément lobjet des plans de prévention des risques naturels. Cest pourquoi jincite très fortement toutes les communes qui nen sont pas encore dotées à élaborer un tel plan et à le transcrire rapidement dans leurs dispositions durbanisme. On ne peut plus accepter que des constructions continuent de se réaliser en zone inondable, cest essentiel. Je souhaite avec les élus que les préfets y veillent et fasse respecter lobligation de ladoption de plan prévention des risques dans les communes qui ont été sinistrées.
Enfin sur lensemble des mesures daccompagnement et de soutien que je viens de vous décrire, je souhaite une mobilisation totale des préfets et des services de lEtat afin de garantir une cohérence et une efficacité dans laction. La gestion commune de la crise a été exemplaire, il est primordiale que la phase qui commence maintenant soit tout autant réussie afin que nos concitoyens, nos entreprises et nos territoires puissent reconstruire rapidement leur avenir.
Source http://www.interieur.gouv.fr, le 22 novembre 2011