Texte intégral
Mes chers amis merci beaucoup mes chers amis,
Dans quelques jours, mes chers amis, dans quelques jours, les 22 avril et 6 mai prochains, le peuple français choisira le chemin quempruntera notre République pour les cinq années à venir.
Depuis deux mois, jour après jour, je madresse à chacun de nos compatriotes sans détours aussi directement que possible, je leur parle de la France et je ne veux rien leur cacher des difficultés que notre pays a eu à surmonter et aura à surmonter.
Je crois dans une France forte, car nous navons pas le choix. Le monde est à un tournant, si nous voulons relever les défis de ce monde nouveau, qui a totalement changé, la France ne peut pas choisir la voie de la faiblesse, seule une France forte dans ce monde qui bouge pourra préserver notre identité et notre mode de vie.
La France veut préserver lessentiel, veut rester une grande Nation, et pour cela, elle doit réinventer ses politiques, la France forte qui pourra protéger nos concitoyens, car si la France est faible, chaque Français sera exposé.
Lenjeu est considérable, il se résume au fond en une phrase : comment réconcilier les gagnants de la mondialisation et les perdants de la mondialisation, ce sont des nouveaux clivages, quaucun dentre nous na connus il y a quelques années.
Les gagnants de la mondialisation, ce sont nos compatriotes qui ont soif de conquête, qui ont envie de partir à la conquête de ce monde, et qui le font, et les blessés de la mondialisation, cest tous ceux qui voient nos usines se fermer, leurs compétences se dévaloriser, ceux qui trouvent que le monde change trop vite, et ceux qui pensent que leurs enfants vivront moins bien queux.
La France a besoin de ces deux France, qui nen font quune, et qui ont chacune leur part de vérité. Et nous devons, dans le même temps, nous adresser à ces deux France, je crois que la réconciliation est possible, je crois même quelle est incontournable.
Les cinq années dexpérience à la tête de notre pays, au travers de crises dune violence inouïe, mont convaincu que la France avait tous les atouts pour demeurer une Nation qui compte. Mais il y a une condition à cela, cest regarder les réalités en face. On ne peut pas nier les réalités.
Et vous tous, qui êtes réunis ici, élus des villes ou des campagnes, élus de toutes les provinces de France, élus de métropoles ou dOutremer, venus des rangs de la droite, du centre, mais aussi dune gauche ouverte, vous avez fait le choix de lengagement, puisque vous avez souhaité vous présenter au suffrage de nos concitoyens.
Vous avez donc choisi dassumer votre part de lintérêt général, et cest de cet intérêt général dont je veux vous parler aujourdhui, dabord, je veux dire aux observateurs que cest une richesse davoir un demi-million de Français qui consacrent une partie de leur temps à être des élus locaux, des élus de terrain, qui y consacrent leur énergie, leurs compétences, leur enthousiasme et leur Cest une spécificité française que dautres pays en Europe ne connaissent pas, mais cest une force, ce nest pas une faiblesse.
Et je voudrais dire que je me sens de la famille de tous ceux qui, comme vous, sengagent, car quand on ne sengage pas, on subit moins de critiques, quand on sengage, on subit des critiques.
Nous sommes de la famille de ceux qui subissent les critiques. Et mieux que tout autre, vous connaissez la responsabilité qui sous-tend lexercice de toute fonction élective, vous connaissez mieux que tout autre le poids de la responsabilité, de celui qui doit dire non, pas oui, de celui qui doit trancher, de celui qui doit arbitrer, dans sa commune, dans son département, dans sa région, dans son canton. Vous, mieux que les autres, connaissez les enjeux pour notre pays, et vous, mieux que dautres, vous pouvez comprendre la vérité, la vérité, cest que nous sommes passés au bord du gouffre, cette vérité, elle est absolument incontournable.
Au bord du gouffre dune faillite bancaire, mondiale, généralisée, qui aurait ruiné nos compatriotes, les images que lon croyait démodées à jamais de clients de banques faisant la queue devant létablissement bancaire pour récupérer ce qui restait de leur épargne, ces images sont redevenus dactualité tous ces mois derniers. Au bord du gouffre dune récession mondiale, de plusieurs années, si lensemble des pays navait pas réagi de façon coordonnée. Souvent, le monde avait connu des crises économiques, elles avaient une caractéristique, cest quelles étaient régionalisées, et il y avait toujours un continent pour compenser lautre, en tout cas, depuis la crise de 29.
Cest la première fois que la crise économique a frappé tous les continents du monde et tous les secteurs, sans aucune prudence et sans aucune exception. Au bord du gouffre dune implosion de leuro, qui aurait fait exploser la construction européenne et plongé les pays européens dans une crise plus grave encore. Jamais depuis la création de leuro personne navait imaginé comme possible, comme même crédible lexplosion de notre monnaie. Nous sommes passés à quelques centimètres de cette explosion.
Toutes ces réalités, nous ne pouvons pas faire comme si elles ne sétaient pas passées, toutes ces années de crise, ces quatre années de crise internationale, dune force inouïe, nous ne pouvons pas faire comme si nous navions aucun enseignement à en tirer, comme si elles nobligeaient pas la France à réfléchir sur ce qui sest passé, et comme si elles étaient le résultat dune politique et dun gouvernement, quil suffirait de changer de politique et de gouvernement pour oublier ces quatre années de crise phénoménales dans leur ampleur et dans leur universalité, dans la crise, je devrais dire dans les crises, la France a tenu, elle a tenu car tous les Français ont fait des efforts, et vos collectivités également. Elle a tenu car notre socle de protection sociale a été préservé.
Elle a tenu pour une raison, cest quau plus fort de la crise, nous avons assumé des décisions difficiles, qui ont protégé la France, que certains de nos voisins, de lautre côté de la frontière, nont pas prises parce que leur gouvernements respectifs nont pas voulu les prendre et ils paient aujourdhui laddition du manque de courage de ceux qui les ont dirigés dans la période de crise. Voilà la situation, voilà la vérité.
Quand au moment de la réforme des retraites, nous accumulions les manifestations nationales, dautres nous regardaient, aujourdhui, cest nous qui les regardons devoir baisser les pensions de retraite et les salaires dans la Fonction publique, et cest nous qui avons préservé le pouvoir dachat de notre pays. Il y a toujours un rendez-vous, le hasard sur le long terme, ça ne marche pas, il y a toujours un moment où il faut régler les factures, et assumer les décisions quon a prises ou que lon na pas prises.
La France a tenu, mais ce nest pas parce que nous avons tenu que nous devons ignorer les faiblesses que ces crises ont révélées, faiblesses de nos finances publiques, faiblesses de notre économie, pas assez compétitive, et par-dessus tout, faiblesses de notre rapport au travail, parce quil faut dire la vérité : on ne travaille pas assez, parce que nous nen finissons pas den payer les conséquences : dune retraite à 60 ans, décidée à linverse de ce que faisaient tous les autres, alors que nous navions absolument pas les moyens de la financer, des 35h, de lassistanat et de toutes ces mesures qui ont adressé un message désastreux à notre pays : le travail est dépass??, le travail ne sert à rien, on peut sen sortir sans le travail ; voilà la facture du début des années 80. Cette facture, cest les Français qui la paient. Cest donc avec un sens aigu de nos responsabilités quil nous faut affronter les prochaines échéances électorales.
La France ne peut rester elle-même que si elle accepte de regarder la réalité du monde telle quelle est. Vous-mêmes, les élus, vous avez dû faire des efforts, et avec François FILLON, avec le gouvernement, nous avons dû prendre des décisions difficiles pour vous, je le sais, mais avec le recul, je vous demande dy réfléchir, la réforme de la carte judiciaire, la réforme de la carte militaire, la réforme de la carte hospitalière, la carte des services publics, je veux y revenir, pouvait-on maintenir la carte judiciaire sans modifications depuis 1958 ?
Est-ce quon pense vraiment que la justice de notre pays était incontournable si chacun gardait son tribunal dinstance et si, dans chaque département, il y avait deux ou trois tribunaux de grande instance ? Est-ce quon croit vraiment que pour nos concitoyens, la justice de proximité, cest un quart dheure pour aller au tribunal ? Non, la justice de proximité, cest une justice dont on comprend les décisions, une justice qui arrive dans les temps, et qui est rendue au nom du peuple français et pas au nom de telle ou telle organisation syndicale. Ça na rien à voir avec la carte judiciaire. La carte militaire, ce fut un fameux débat, Hervé MORIN sen souvient, la carte militaire, pouvions-nous continuer à concentrer nos unités sur la frontière Est, plus de vingt ans après la chute du mur de Berlin et plus de quinze ans après la fin du service national ? Qui peut croire que cétait un service rendu à notre pays ! La carte hospitalière, cher Xavier BERTRAND, à lépoque de la télémédecine, des réseaux de soins, du travail en réseau, pouvait-on garder la carte hospitalière comme si rien navait changé ? Je ne dis pas que partout, ces réformes ont été accueillies avec enthousiasme. Et je sais les préoccupations quelles ont suscitées, y compris chez nombre de mes amis. Je sais les incompréhensions quelles ont pu provoquer. Et jai entendu les élus qui, ici, ne souhaitaient pas que lon ferme un régiment, là, voulaient préserver une maternité, bien sûr, et sans doute, à votre place, jaurais eu la même réaction, mais il se trouve que je ne suis pas à votre place, que je suis président de la République, et je dois préserver lintérêt général et assumer mes responsabilités et les choix qui ont été faits. Jai pris mes responsabilités.
Pourquoi je les ai prises ces responsabilités, cest parce que la France ne pouvait pas se permettre de vivre plus longtemps au-dessus de ses moyens, cest une réalité incontournable.
Parce que la France ne pouvait plus se permettre pardon du mot une forme de gabegie dargent public dépensé en fonds perdus oubliant que cette dette colossale, nous la laisserions à nos enfants et à personne dautre. Cest incontournable.
Naturellement que la santé va coûter de plus en plus cher, mais on na pas le droit de dépenser plus dargent pour la santé, uniquement pour maintenir une maternité qui ne fait pas assez de naissances, pour être sécure, on na pas le droit de le faire pour maintenir une Trésorerie, un bureau de POSTE, une brigade de gendarmerie qui recevaient une personne tous les trois jours, on na pas le droit, on na pas le droit, vis-à-vis de lintérêt général, et on na pas le droit vis-à-vis même des territoires ruraux, à qui nous devons donner la chance dun développement économique endogène, et non pas le sentiment que ce développement passait par la présence dun bureau de POSTE, dune sous-préfecture ou dun tribunal dinstance, voire dune garnison, voire dune base aérienne où depuis dix-huit ans, il ny avait plus un avion. Les collectivités locales, elles-mêmes, que vous représentez, et je me suis interrogé avant de proposer de vous inviter à cette réunion, jai pensé que la vérité et le devoir de transparence étaient toujours la meilleure stratégie, les collectivités locales, elles-mêmes ny voyez de ma part aucun jugement, Monsieur le Président, cher Jacques ne peuvent pas rester en dehors de ce vaste mouvement de réformes. Cest impossible. Ceux qui vous le diront vous mentiront, et vous savez très bien au fond de vous-même, citoyens, et pas simplement élus, que ce nest pas possible.
Il était indispensable daccomplir la première étape de la réforme des collectivités locales, cest complexe, parce que vous êtes le réceptacle de toutes les demandes de nos compatriotes, vous êtes en première ligne, en quelque sorte, entre le marteau, qui serait lEtat, et lenclume, qui serait le peuple.
Et pourtant, nombreux parmi vous, vous nous avez soutenus avec courage. Il a fallu faire des choix, le premier choix que nous avons fait, cest de préserver lidentité de chaque commune.
Jai refusé lidée absurde qui aurait consisté à fusionner par la force des communes héritées de notre histoire. La réforme de la collectivité territoriale, des collectivités territoriales, que nous avons engagée, a dabord protégé les communes qui demeurent aujourdhui le seul niveau de compétence générale avec lEtat, la commune est sortie plus forte de la réforme des collectivités territoriales.
La commune, cest lélément de base du vivre ensemble, de notre identité, de notre identité rurale notamment. Nous avons réussi à fédérer les efforts des communes parce que ce nest pas un village isolé qui pourrait, seul, aménager une zone dactivités ou faire venir lInternet à très haut débit, jen parlerai.
Nous avons réussi, après quel combat, cher Philippe RICHERT, à supprimer la taxe professionnelle, mais je vous propose dy revenir un instant, pour savoir, au moment du débat, qui disait la vérité et qui mentait, qui avait peur et qui était courageux ; nous avons conduit cette réforme à son terme, malgré lopposition virulente de la gauche, à grand renfort il faut bien le dire de campagnes de communication financées par les budgets des régions, des départements et des villes quils dirigent, de ce côté-là, le moins quon puisse dire, cest que la période nest pas à léconomie !
Quavons-nous entendu à ce moment-là, que la suppression de la taxe professionnelle allait asphyxier le budget des collectivités locales, avec le recul, avons-nous, oui ou non, garanti les engagements au centime deuro près, sur une fiscalité de remplacement qui ne vous pénaliserait pas, ces engagements ont été tenus, les plus virulents à critiquer hier, pourquoi sont-ils si silencieux aujourdhui ?
La vérité, cest que nous ne pouvions pas garder la taxe professionnelle parce que nous étions le seul pays dEurope à garder cette fiscalité, qui encourageait à la délocalisation.
Nous avons également essayé de faire émerger des métropoles capables de rivaliser avec les grandes aires urbaines européennes, la métropole de Nice, cher Christian ESTROSI, le pôle métropolitain du sillon lorrain, cher André ROSSINOT, qui ont montré lexemple.
Il nous faut aller plus loin, régions et départements, vingt milliards deuros de dépenses engagées de manière concurrente sur les mêmes sujets par ces deux niveaux de collectivités. Ce qui était possible hors la période des crises, ce qui était possible au 20ème siècle, ce nest plus possible aujourdhui, vingt milliards deuros de dépenses communes sur les mêmes sujets.
Je crois beaucoup à la création du conseiller territorial, pourquoi, parce quil me semble que nous avons trouvé le bon arbitrage qui permet de sauver le canton, et nous avons voulu sauver le canton parce que sans canton, on ne sauvait pas la ruralité, qui est la circonscription géographique adaptée à la ruralité.
Mais en même temps, ce sont les mêmes désormais qui dirigeront régions et départements. Nous avons proposé 40% délus en moins. Y a-t-il un seul parmi vous qui puisse me dire quavec la crise, les efforts qui sont demandés aux Français, il y a beaucoup de Français qui nous demandaient davoir plus délus ?
Ceux qui contestent la réforme sont ceux qui considèrent que les collectivités locales sont leur chose, leur propriété, leur baronnie, je comprends quon ne soit pas content de la création du conseiller territorial et de la diminution de 40% du nombre délus territoriaux, quand la communauté dagglomérations de Rouen compte 45 vice-présidents, quand la communauté urbaine de Lille métropole compte 32 vice-présidents, dont 10 premiers vice-présidents, sont-ils absolument indispensables ?
Est-ce la conception que nous avons des collectivités locales, est-ce lexemple que nous voulons donner, est-ce quon croit vraiment quon travaille pour limage des élus locaux et des collectivités territoriales en donnant ce spectacle de la gabegie au moment où on demande des efforts à nos compatriotes ? Jai vu que les sénateurs socialistes ont voté labrogation du conseiller territorial, comme sil ny avait rien de plus urgent à faire que daugmenter de 40% le nombre des élus régionaux et départementaux.
Regarder la vérité en face, ne pas biaiser, ne pas mentir, ne pas raconter dhistoires, la vérité, mes chers amis, cest que le redressement de nos comptes publics appelle non seulement à un comportement irréprochable, mais des efforts partagés.
Si vous voulez, comme je le souhaite, que la France reste maîtresse de son destin, la France doit rembourser ses dettes et doit réduire son déficit. Il ny a pas dexercice souverain de son destin lorsquon paie 42 milliards deuros dintérêts de la dette chaque année. Cest incontournable.
Pendant trente années, le choix de travailler moins, toujours moins, déresponsabiliser toujours plus, car en même temps, on dit aux Français : travailler moins, et on leur dit : et déresponsabiliser plus ; excuser toujours tout, et surtout, dépenser toujours davantage, eh bien, la succession de crises brutales que nous avons affrontée depuis 2008 nous a définitivement interdit le choix de la facilité.
Ce que je pense est très simple, à ceux qui, dans vos communes, dans vos départements, dans vos régions, dans vos cantons, ne croiraient pas à cette analyse, il suffit de leur dire de regarder simplement au-delà de nos frontières juste à côté de nous, y a-t-il un Français qui veut connaître le sort de lIrlande il y a deux ans ? Y a-t-il un Français qui veut connaître le sort de la Grèce, qui ne pouvait payer aucun de ses fonctionnaires, qui était au bord de la faillite il y a trois mois ? Et y a-t-il un Français qui veut connaître le sort de ce grand pays daujourdhui, lEspagne, qui se demande si elle va pouvoir affronter les prochaines échéances. Nous avons protégé la France de ce drame. Nous avons protégé la France de cette situation. Il ny a pas besoin de faire de discours grandiloquents, den appeler à des grands exemples, simplement, décrire la situation, regarder la situation et dire la vérité. Jentends souvent quon dise, quon se sent inspiré par lesprit de 1981, cest leur droit, en 1981, il a fallu deux ans pour que tout sarrête, tout se retourne. En 2012, il faudrait deux jours, cest ça la vérité !
Il y a entre nous et cest bien ainsi des différences, différences de sensibilité et différences de parcours, différences de culture, différences parfois didées, mais il y a un point qui nous rassemble, cest : nous ne voulons pas dune crise de confiance qui emporterait la France, nous ne voulons pas dune France à genoux, nous ne voulons pas dune France qui perdrait la maîtrise de son destin, nous ne voulons pas que tous ceux qui ont amené la France où elle est aujourdhui aient à ramasser la France dans une situation que connaissent aujourdhui une partie de nos partenaires européens. Ce nest pas les juger que de dire cela, cest simplement décrire les choses, et présenter aux Français une évaluation lucide de la situation. François HOLLANDE doit bien la connaître cette situation, puisque le seul chef dEtat qui la reçu, chef de gouvernement, à qui il a voulu rendre visite, cest José Luis ZAPATERO, qui a conduit lEspagne pendant sept ans. Nous avons pris des engagements, et cest là où dailleurs ceux qui compareraient la campagne de 2007 et celle de 2012 se trompent complètement, dans lengagement que jai pris et qui est compatible dailleurs avec lengagement qua pris le gouvernement de François FILLON, en 2016, nos finances seront à léquilibre. Cest un engagement incontournable. 2013, 3%, parce que, à partir de 3%, la dette dans le PIB commence à baisser. 2016, léquilibre. Nous sommes en avance sur la marche de léquilibre. Nous avions prévu 7,7 en 2010, nous étions à 7,1. Nous avions prévu 5,7 en 2011, nous sommes à 5,2. Et nous serons à 4,4 à la fin de cette année. Je sais bien quon ne fait pas campagne sur les additions, sur les soustractions ou sur les comptes, mais on ne fait pas campagne non plus en promettant la ruine à un pays que lon prétend aimer. Quel est le chemin ? Le chemin, nous lavons fixé, jai pris un autre engagement, cest que ce chemin, nous latteindrons sans aucune augmentation dimpôts pour les ménages durant les cinq années qui viennent, je voudrais dailleurs attirer votre attention sur cette bizarrerie, la France est lun des pays qui a les prélèvements obligatoires les plus élevés, et cest en même temps le pays où on adore se déchirer sur la question des riches qui seraient préservés ; la France est le pays qui taxe le plus, sans doute avec la Suède, nous devrions en tirer un certain contentement du côté de la justice fiscale, mais on a limpression que cest une aspiration sans fin, quil faut absolument crier au loup, ignorer ce que font les autres de lautre côté, et continuer, nous-mêmes, dans des débats idéologiques qui ne signifient plus rien. La seule voie, pour aboutir, pour arriver au résultat que jai proposée cest la réduction des dépenses publiques. LEtat a commencé, ce fut difficile, la première année du 1 sur 2 a été dure, et chaque année, on se disait : ça va être encore plus dur. Et finalement, 160.000 postes de fonctionnaires, que nous navons pas remplacés.
Dans le débat public, dans les réunions que vous faites, chez nos compatriotes, y en a-t-il souvent qui se lèvent pour dire : allez, supprimez la règle du 1 sur 2, dépensez plus ! La maturité du débat public auprès du public est infiniment plus grande que la maturité du débat médiatique qui nen a aucune et même la maturité du débat dans nos élites. Les Français ont compris, bien avant les élus, la nécessité de cette politique. Mais là encore, il faut quon se dise la vérité, nous avons diminué le nombre des fonctionnaires dEtat de 160.000, mais depuis 2007, depuis 2007, cher Jacques, jusquà aujourdhui, les effectifs des collectivités ont augmenté de 100.000 agents, 2007, je ne dis pas que cest facile. Je dis que cest le même pays et le même contribuable. Que le contribuable local, je ne sais pas qui cest, et que le contribuable national, je sais qui cest, cest le même, que celui quon sollicite pour la commune, pour le département, pour la région ou pour lEtat, cest le même, les poches de lEtat sont celles du contribuable, et ce ne sont pas des poches sans fond. Les effectifs des fonctionnaires travaillant dans les services du département, plus 57%, 98-2009, les effectifs dans les régions, sur la même période, plus 173%. Et les effectifs dans les intercommunalités, plus 177%, or, nous avions tous présenté les intercommunalités comme une façon de faire des économies pour nos compatriotes. Dire cela, ce nest pas mettre en cause les élus, jai été moi-même pendant tant dannées élu, cest simplement attirer votre attention sur le fait que cest le même contribuable et que cest le même pays. Et que lorsquon parle des déficits et de lendettement de la France, il faut parler Sécurité sociale, il faut parler Etat et il faut parler collectivités territoriales. Voilà les propositions que je voudrais que nous fassions que je voudrais vous faire autour dun pacte de stabilité fait dengagements réciproques. Jai trop de respect pour les collectivités territoriales et les élus territoriaux pour ne pas imaginer une seconde quils ne sont pas concernés par la question des déficits, pas une seconde. Les élus sont responsables, ils savent ce quil en est. Un pacte de stabilité, les grandes collectivités locales, cest incontournable, devront appliquer, comme lEtat, la règle du non remplacement de fonctionnaires, dun fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Je sais que la pyramide des âges nest pas la même, je sais quil y a des difficultés, je le sais, mais je vous dis une chose, cest le même électeur, cest le même contribuable, cest le même pays, nous avons la même ambition.
La question de la dépense publique est incontournable. Et dans nos budgets, la question des dépenses du personnel représente entre la moitié et les deux tiers de notre budget. Leffort financier de lEtat pourrait consister à un mécanisme de bonus/malus, permettant une modulation intelligente des dotations versées aux collectivités, pour récompenser quoi, récompenser un comportement vertueux. Je sais que cest complexe, mais je pense quil faut quon change nos paradigmes. Comment peut-on y arriver ? Je propose des contrats individuels négociés entre le gouvernement et les plus grandes collectivités, celles au-dessus de 30.000 habitants, qui concentrent plus des deux tiers de la dépense locale. Contrats individuels, bien sûr, cher Jean-Louis BORLOO, le tissu social nest pas le même, et il ne suffit pas de sen tenir au critère de la richesse ou au critère du nombre dhabitants. Dautres paramètres doivent rentrer en compte. Mais on ne pourra pas faire léconomie de ce pacte de stabilité individualisé collectivité par collectivité, région, département ou grande commune. Je crois quil nous faut également progresser vers plus de transparence. Je suis clairement pour une feuille dimpôt par collectivité, pour que chaque Français sache précisément ce quil paie pour la région, pour le département, pour sa commune, la transparence ! Mais en échange, je voudrais vous proposer, dans ce pacte individualisé de stabilité, dautres idées, parce que jentends déjà, et je le comprends très bien, nous, les collectivités, on va prendre des engagements, mais vous, lEtat, quels engagements prendrez-vous, je pense que le premier engagement que nous devons prendre, cest celui qui consistera pour un ministre à sinterdire toute nouvelle norme qui entraînerait de nouvelles charges financières pour les collectivités territoriales. Je ne crois pas à la modération sur ce sujet, excusez-moi, je ne crois pas à la modération, je crois à la désintoxication par la privation absolue. Je veux dire, non, moi, je ne suis un addicte que des choses bonnes, je nai pas de problème, mais je veux dire quil ny a pas de désintoxication qui puisse sengager sans privation absolue, que si on dit un niveau raisonnable de normes, ça sera un niveau très déraisonnable de normes. Je propose même une chose, après avoir dit : pas de normes qui engagent financièrement, lorsquun ministre voudra créer une nouvelle norme, il devra proposer la suppression de deux normes anciennes. Comprenez-moi bien, je ne pense pas quil soit raisonnable de dire : on immobilise tout, on arrête tout, il peut y avoir de nouveaux problèmes, de nouveaux choix, de nouvelles décisions, mais je propose une nouvelle norme, proposition de normes anciennes supprimées, jajoute que sur chaque norme, chaque ministre devra se poser la question de son adaptation au monde rural et proposer, chaque fois que cest nécessaire, une norme pour lurbain, une norme pour la ruralité, ce nest pas possible de considérer que les mêmes règles sappliquent de la même façon pour la crèche en ruralité et pour la crèche au coeur de Paris, ce nest pas possible, ce nest pas raisonnable. Je crois depuis bien longtemps que cest luniformité qui crée la division, et que cest la souplesse qui renforce lunité dun pays. Donc jajoute que et ça sera une priorité notre législation doit être considérablement simplifiée. Cest un sujet qui concerne au premier rang les parlementaires et le gouvernement, mais le droit de lurbanisme, le droit de la construction, le contentieux invraisemblable qui accompagne non pas la mise en oeuvre du droit à la construction, mais le contentieux sur lidée quon pourrait construire, parce quavant même quon aie décidé de construire, on se retrouve devant le tribunal administratif et le Conseil dEtat, avant même, cest lidée même qui est contestée, ce nest même pas la réalisation, ce sont des freins, des freins considérables à la construction de nouveaux logements.
Je voudrais vous rendre attentifs à une bizarrerie française et une incohérence française. Le budget public pour le logement, cest quarante milliards deuros. Et en même temps le droit de lurbanisme, le droit de la construction, le contentieux rendent parfaitement inutiles ces quarante milliards deuros qui ne servent en vérité pour la plupart quà augmenter la spéculation puisque ça a fait rentrer de largent dans un système qui ne peut pas construire du fait de sa complexité. Donc par la complexité, on empêche la construction ; par le soutien public on amène de largent ; ça se traduit par une augmentation des prix et non pas par une augmentation de loffre. Déséquilibre entre la demande et loffre : spéculation immobilière. La France est le seul pays au monde où quand il y a crise, les prix de limmobilier augmentent. Voilà le problème du logement dans notre pays.
Je regardais encore les chiffres. Sur les dix dernières années, les prix de limmobilier ont doublé. Comment voulez-vous que les Français y comprennent quelque chose. Quel est le décalage entre les chiffres du pouvoir dachat qui augmentent et la réalité perçue par les Français qui est différente ? Cest le logement, car le logement pèse tant, quon soit propriétaire (il faut rembourser) ou quon soit locataire (il faut payer le loyer) que cela pénalise le sentiment quon a de son propre pouvoir dachat. Les prêts à taux 0, cest une très bonne idée. Simplement, on est sans arrêt en train de courir pour solvabiliser une demande avec des prix qui courent encore plus vite, donc on nen fait jamais assez. Les efforts sur la TVA pour le bâtiment, cest très bien. Ça a donné du travail, mais na-t-on jamais vu le prix de limmobilier baisser parce que tout dun coup la TVA baissait spectaculairement sur la construction de logements nouveaux ? Qui a empoché la plus-value ? Qui ? Chacun le sait. La situation ne peut donc pas durer et lune de nos priorités absolues sera lallègement, la simplification du droit de lurbanisme, du droit de la construction et du droit de limmobilier. Nul nest censé ignorer la loi. Qui oserait le dire aujourd'hui ?
Enfin mes chers amis, je voudrais dire un mot de nos territoires et de réfléchir à ce que nous pouvons faire pour eux. Ce sont des sujets extraordinairement compliqués, parce que je suis convaincu quil faut réinventer une politique de laménagement du territoire pour une raison très simple. Cest que pendant des décennies, la politique de laménagement du territoire a consisté à accompagner des territoires vers une mort la moins rapide possible.
Cétait ça pour beaucoup, laménagement du territoire. Des territoires qui se vidaient ; or nous constatons depuis quinze ans un phénomène parfaitement inverse : des territoires qui se repeuplent, des populations qui augmentent avec une difficulté particulière. Cest quun certain nombre de vos territoires se repeuplent de personnes qui viennent à la retraite, consommateurs de service public les pauvres, bien sûr, et donc déséquilibre des finances. Je pense que cette politique du développement passe par une réflexion sur la péréquation. *applaudissements+ Non, ce nest pas la peine.
Vous vous dénonceriez comme non-Francilien ! non-Francilien. Il faut progresser dans cette loi. Il faut progresser dans cette loi, mais la péréquation ce nest pas toujours ce quon dit. Département riche, département pauvre : oui, bien sûr. Mais cest aussi la commune centre qui offre des services pour tout le monde, à lextérieur. Donc là aussi, il faut une réflexion beaucoup plus intelligente, beaucoup plus ouverte sur ce que doit être la péréquation. Sur ce quelle doit être, comment elle doit être fixée mais je pense profondément que cest quelque chose quon doit faire de façon transparente et cest un débat national quon ne peut plus avoir simplement, cher Gilles CARREZ, au moment dune loi de finance, dans le secret ou dans la complexité des débats en Commission de finances. Cest un débat qui doit avoir lieu devant la communauté nationale et qui doit dire comment nous accompagnons des territoires qui ont moins datouts que dautres et pour combien de temps. Et pour combien de temps. Voilà.
Car je crois aussi que les règles de la péréquation, aussi nécessaires quelles soient, nont pas vocation à être définitives. Quil lui faut de la souplesse ; quil lui faut tenir compte de la réalité, de lévolution dun marché ou dune situation. Je pense également que lidée quon peut maintenir des territoires ruraux sous perfusion est une idée fausse.
Les territoires ruraux ont le droit au développement. Cest un droit. Cest la seule façon : les laisser des terres de production. Nous avons mobilisé un demi-milliard deuros pour soutenir les six cent cinquante-deux pôles dexcellence rurale à travers la France. Lexcellence, ce nest pas que laffaire de nos métropoles : cest aussi laffaire des territoires ruraux. Le dispositif dexonérations fiscales prévues pour la création dentreprise a été étendu à la reprise et à la transmission dentreprise artisanale, et nous avons maintenu lexonération des charges sociales pour les organismes dintérêt général.
Ces deux mesures, cest encore un demi-milliard deuros pour la ruralité. Et je veux dire une chose : les finances de lÉtat peuvent être mises à contribution pour aider au développement des territoires ruraux, pas pour faire survivre une trésorerie où plus personne ne vient, ou un bureau de poste où plus personne ne vient à lheure dInternet, de léchange des mails et de la communication électronique. Voilà la vérité.
Aucun tribunal dinstance ne sauvera un territoire rural et je préfère de beaucoup quon mette largent en investissement dans un pôle dexcellence plutôt que dans le maintien artificiellement dun bureau de poste, dune trésorerie, dune sous-préfecture ou dun tribunal. Je nai rien contre ; je comprends quil y ait un problème de statut, mais permettez-moi de vous dire que pour Metz, Beaubourg ça compte davantage que le maintien artificiel dune base pour veiller à notre frontière avec une Union soviétique qui nexiste plus.
Je veux évoquer la question du numérique et du très haut débit. Cest une question absolument essentielle et elle est, me semble-t-il, aussi essentielle quà lépoque de linstallation du téléphone. Pourquoi ? Parce que la présence du numérique à très haut débit, cest un critère décisif pour linstallation dune PME, comme pour linstallation dune famille.
Quels que soient les efforts que feront les élus des territoires pour attirer des PME, des entreprises, de lactivité, sil ny a pas le haut débit comment ferez-vous ? Sur le grand emprunt, deux milliards deuros sont consacrés à léquipement numérique du territoire et sur cette somme, neuf cents millions deuros sont affectés au projet de raccordement des collectivités situées dans des zones délaissées par les opérateurs. Les premiers projets viennent dêtre financés.
Mais enfin, disons-nous les choses. La couverture en très haut débit du territoire, cest une affaire dune vingtaine de milliards deuros, tout le monde le sait bien. Cessons lhypocrisie, disons les choses comme elles sont. Qui va financer ? Comment va-t-on financer ? Voilà le problème : si un territoire na pas le haut débit, son développement économique endogène sera rendu extraordinairement difficile, voire impossible. Nous voulons accélérer la couverture en très haut débit du territoire. Eh bien il faudra créer une solidarité financière entre les territoires urbains facilement pourvus, et les territoires ruraux pas assez rentables pour les opérateurs.
Cest ce qui a été fait pour le téléphone à lépoque ; cest ce qui devra être fait si on veut bien considérer que la République doit donner sa chance à chacun. Sans cette mutualisation, il ny aura pas dinstallation du numérique sur lensemble du territoire national. Et ceux qui la promettront sans sengager sur cette mutualisation mentiront aux Français. Cette somme napparaîtra pas comme par miracle.
Elle sera lobjet comme pour la couverture téléphonique, où tant que la France na pas été complètement installée en téléphone : eh bien dans les zones où il y avait le téléphone, on avait une taxe qui a permis déquiper au fur et à mesure et plus rapidement un certain nombre de territoires qui, sinon, auraient été totalement exclus. Je dis clairement que je pense quon ne peut pas attendre 2025 pour linstallation du numérique sur lensemble du territoire national et quil faudra avoir ce grand débat pour savoir comment on va financer cette installation généralisée sur lensemble du territoire qui créera beaucoup de richesse.
La voie que je propose, cest celle de la mutualisation entre les territoires urbains et les territoires ruraux.
Jajoute quà ceux qui me diront que je pénalise les territoires urbains : non. Vous savez, les territoires urbains : une île de prospérité dans un océan de pauvreté, ça ne dure jamais très longtemps.
Un pays qui se développe avec des déséquilibres, cest un pays qui cassera son développement.
Je voudrais dire un autre mot dun sujet absolument considérable pour vous qui est la question médicale et de la désertification médicale. Il nest pas normal quun enfant qui vient en zone rurale doive attendre six mois avant dobtenir une consultation chez un ophtalmologiste.
Pour un enfant qui a des problèmes de vue, ça peut être une année scolaire perdue. Et en même temps, je veux dire aux partisans du blocage des loyers, du blocage des prix, de linterdiction que je ne leur conseille pas daller voir un médecin quon aurait obligé à exercer dans une ville où dans un territoire quil napprécie pas. Vous voyez le spectacle.
On va voir un médecin qui vous soigne très bien. Le seul problème : il déteste votre ville, il déteste votre territoire et on a dû lui mettre lépée dans les reins pour quil puisse y exercer. Vous pensez que ça peut fonctionner ? Moi je ne pense pas que ça peut fonctionner. Il ny a que lincitation qui est efficace ; et je remercie Xavier BERTRAND, pour ce que nous avons fait pour les majorations dhonoraires de 10 % pour les médecins qui sinstallent dans un secteur géographique sous doté. Je voudrais que vous fassiez là aussi la publicité de cela.
Nous avons vaincu un tabou considérable. Le paiement à lacte : désormais, quand un médecin sinstalle dans une zone reconnue comme un désert médical, pour la même prestation, pour le même acte il sera rémunéré 10 % de plus. Cest la vraie solidarité à lendroit des territoires ruraux. Je pense la même chose avec les bourses que nous allons doubler.
Ces étudiants en médecine dont lÉtat paye les études et qui leur dit simplement et qui leur dit simplement : « Vous rembourserez vos études en exerçant pendant dix ans dans un territoire sous doté. » Regardez, mes chers amis, les catastrophes auxquelles a conduit le numerus clausus fixé par Lionel JOSPIN. Nous avons mis dix ans à rattraper. Le problème des déserts médicaux vient de la décision numerus clausus de Lionel JOSPIN qui a fait quau lieu de former sept mille médecins par an comme nous le faisons aujourd'hui, ils en ont formé quatre mille et encore une fois, les socialistes promettent et cest nous qui réglons les additions.
Enfin, je crois bien sûr aux maisons pluridisciplinaires.
Quel changement quand jai commencé dans la vie politique : les médecins que nous rencontrions navaient quun rêve : exercer dans leur cabinet, en général seuls et libres, une profession parfaitement libérale. Aujourd'hui ces médecins que jai rencontrés par dizaines, par centaines, nont quune seule idée : exercer en commun dans des maisons pluridisciplinaires avec, ô sacrilège !
Qui nen est plus un, dautres professionnels de la santé. Des kinés, des infirmiers, des dentistes, des sages-femmes, bref ! Tout ce quon peut trouver de panel de métiers de la santé pour faire des maisons pluridisciplinaires.
Savez-vous quil y en a sept cents dici à la fin de lannée ? Je souhaite porter leur nombre à mille cinq cents à la fin du prochain quinquennat. Et vous voyez, sur ce sujet qui navait pas évolué depuis des années, le sujet de la médecine que lon touchait, cher Bernard ACCOYER, avec une main tremblante ; imaginez quelqu'un qui viendrait participer à cette réunion sans transition avec une réunion il y a trente ans, ne reconnaîtrait absolument plus le débat sur lorganisation du système de soins.
Je veux terminer par lécole parce que je sais combien de maires de petites communes sont à raison attachés à leur école. Je sais que quand une classe ferme, cest un drame. Je sais tout ça mais je veux vous dire également que les enseignants représentent la moitié de la fonction publique dÉtat.
Et dire quon ne touchera pas à léducation nationale : on ne touchera à rien. Jentends que certains proposent, avant même davoir négocié quoi que ce soit, simplement comme on dit pour voir, la création de soixante et un mille postes denseignants. Il faut que vous connaissiez les chiffres : il y a douze millions denfants scolarisés ; il y a un million denseignants. Le taux dencadrement, cest un pour douze, le taux dencadrement national, je veux par classe, dencadrement. Cest lun des plus élevés de tous les pays de lOCDE. Je regardais sur les trente dernières années lévolution des effectifs et des budgets.
Chaque année, le budget de léducation nationale a augmenté. Chaque année les effectifs ont augmenté. Si nous devions jouer lévaluation de notre éducation nationale à la seule question du nombre denseignants, nous devrions avoir et de loin la meilleure éducation nationale. Nous devrions, et de loin, avoir les enseignants les plus heureux, les familles les plus épanouies et les enfants réussissant le mieux. Est-ce la situation ?
Qui peut contester quil y a un problème gigantesque de mal-être chez les enseignants ? Que nous avons chaque année sur sept cent cinquante mille enfants qui arrivent, cent mille (cent mille !) qui perdent pied dans la classe ? Et que le budget de léducation nationale est de loin le premier budget de la nation ?
Nous devons réfléchir autrement, y compris dans les territoires ruraux. Je vous ferai dailleurs la proposition que ce que nous allons faire pour éradiquer léchec scolaire, vos écoles rurales soient les premières à bénéficier du nouveau dispositif.
La vérité, cest quon a fait croire aux Français que légalité consistait à traiter tout le monde de la même façon.
Ce nest pas de légalité, cest de légalitarisme. Légalité, ça consiste à traiter chacun en fonction de ses atouts et de ses handicaps. Dire que tout enfant qui est donné à linstitution scolaire doit mériter le même nombre dheures, la même pédagogie, le même programme sans se préoccuper de qui il est et de quelles sont ses difficultés, cest un mensonge et cest une erreur. Parce que la vérité, cest que dans nos classes, il y a une majorité denfants qui nont pas besoin quon soccupe deux indépendamment de ce quon fait dans la classe.
Parce quils ont une famille, parce quils ont un environnement social, culturel, affectif qui fait quils sen sortent très bien ici et que ça ne pose aucun problème. Quest-ce quon fait avec les cent mille qui ny arrivent pas ?
Qui ny arrivent pas parce quils sont dyslexiques, qui ny arrivent pas parce quils ont un problème psychologique, qui ny arrivent pas parce quils ont un problème familial, qui ny arrivent pas parce quils ont un problème de santé, qui ny arrivent pas et qui se noient. Aujourd'hui, on nen fait rien. Pourquoi ?
Parce que le maître, quel que soit son dévouement, est payé pour faire ses heures de classe. Pour assurer la classe, le faire le mieux possible, et limmense majorité dentre eux le font le mieux possible.
Et dans lorganisation actuelle, le maître, le professeur, quand il voit les parents pour discuter, il nest pas rémunéré : cest en dehors de ses heures dobligation de service. Dailleurs, sil venait à lidée au professeur, bizarre, de parler à son élève en difficulté, il le ferait où ?
Aucun professeur na un bureau dans nos établissements. Il ny a pas un lieu où on puisse sisoler pour parler, pour rencontrer, pour comprendre, pour échanger. Nous allons changer complètement cette logique car nous avons observé que les mêmes, vos enfants, qui perdent pied au CP ce sont les mêmes que lon retrouve en échec scolaire gravissime au lycée ou en échec tout court dans la rue, lorsquils ont vingt ans ou vingt-deux ans.
Les mêmes ! Certains sen sortent mais en général, non seulement les difficultés ne diminuent pas mais elles saggravent au fur et à mesure quon a fait semblant de les traiter en les ignorant et quon les laisse grandir sans traiter le problème qui est le leur. Et ça coûte à la société infiniment plus cher que si on sen occupe.
Eh bien je vais proposer une mesure extrêmement structurante, qui va concerner lensemble de vos écoles et qui consistera à donner le pouvoir aux directeurs décoles et aux maires, didentifier ces enfants qui ont des difficultés au croisement de la maternelle et de la primaire.
Davoir un crédit de deux mille euros par an et par enfant, de pouvoir utiliser ce crédit comme ils lentendent pour analyser les problèmes de cet enfant et mettre au chevet de cet enfant les spécialistes (médecins, psychologues, qui vous voulez) qui permettra daider ces enfants à reprendre pied et à avoir une scolarité primaire normale. Aucun enfant ne sortira de primaire sans savoir lire, écrire, compter.
Aucun de nos enfants ne sera sacrifié par la République parce que cest nos enfants. Comprenez- moi bien, cette idée qui était la tienne, Jean-Louis, je la crois beaucoup plus importante pour la République que celle qui consisterait à promettre à tous les élus locaux de garder les classes même si les enfants sen vont.
Que celle de promettre de ne fermer aucune école, même si les enfants sen vont. Il y a une spécificité de la ruralité, je le sais : nous la préserverons et nous mettrons à lextérieur de la règle du un sur deux le primaire. Je dis une chose : ce nest plus une affaire de quantité, cest une affaire de qualité.
Ce nest plus une affaire de prêt-à-porter, cest une affaire de soins particuliers parce que chaque enfant a sa propre histoire et chacun mérite dêtre pris en charge par la République.
Cest un enjeu considérable dont on peut dailleurs me dire : « Pourquoi ne lavez-vous pas fait lors du premier quinquennat ? » Je répondrais très volontiers : « Jai considéré, avec le Premier ministre, que la priorité du premier quinquennat devait être la réforme de luniversité. » Rappelez-vous létat dans lequel nous lavons trouvée, avec nos universités qui dégringolaient année après année dans les classements internationaux. Et la réforme de la recherche parce que cétait lenjeu de la compétitivité pour la France et de linvestissement pour la France.
Et jai considéré quil nétait pas raisonnable de prendre le risque dadditionner le monde de la recherche, le monde de luniversité et le monde de léducation nationale pour des réformes de cette importance, pour des réformes aussi structurelles. Luniversité fut la priorité de mon premier quinquennat ; léducation nationale sera la priorité de mon second quinquennat.
Voilà mes chers amis. Jai encore trois choses à vous dire. La première, cest que jai écrit une lettre au peuple français. Jy ai mis toute mon expérience des cinq dernières années.
Je nai pas fait cette lettre comme un tract, je nai pas fait cette lettre comme une compilation de discours. Je nai pas fait cette lettre comme un livre quon doit mettre en vitrine et dont le seul message est la photo quon met en couverture.
Jai dailleurs voulu cette lettre sans photo. Jai écrit cette lettre parce que je crois que lécrit engage, parce que je pense que cétait une preuve de respect à lendroit de chaque Français, quil ait voté pour moi ou quil ne lait pas fait, quil sapprête à le faire ou quil sapprête à ne pas le faire. Écrire à chacun.
Et au fond, lidée cest de lui dire : « Peu importe pour qui vous avez voté dans le passé, peu importe les habitudes politiques qui étaient les vôtres, celles de votre famille ou celles de votre environnement, voulez-vous sil vous plaît prendre le temps de lire cette lettre et de regarder lavenir de notre pays, et de décider en fonction de ce que vous pensez être lavenir de ce pays. En toute liberté, comme je fais campagne en toute liberté. » Je vous demande de maider à faire en sorte que cette lettre soit lue par le maximum de nos compatriotes. La situation de notre pays lexige.
Je voudrais vous dire une deuxième chose. Nous menons depuis deux mois une campagne vraiment passionnante et avec un certain dynamisme. Cette campagne rencontre de plus en plus de Français et de plus en plus dadhésion.
Je vous demande de considérer que, pour nous, il ny a pas dautre choix que de nous adresser directement au peuple de France et jai voulu donner rendez-vous au peuple de France, à cette majorité silencieuse, dimanche prochain à la Concorde. Jai voulu que chacun de ceux qui croient en nous ne se sente pas seul dans le déferlement dimages, de propos, dattaques, de critiques. Jai voulu quil y ait un grand rassemblement populaire de façon à ce que cette majorité silencieuse puisse adresser un message tranquille : « Cest nous. Nous sommes là et nous disons : Ça suffit. On veut nos idées, nos valeurs et nous prendrons nos décisions en peuple libre. » Voilà pourquoi jai besoin de vous dimanche à la Concorde.
Et enfin, je veux dire une chose plus personnelle encore. Vous tous qui êtes ici, vous savez ce que cest quune campagne électorale, tous. Une campagne électorale, cest toujours une épreuve. Une épreuve de vérité pour celui qui est candidat ou candidate, pour ses idées et pour sa personne. Cest une épreuve mais cest en même temps un moment de très grande joie parce que cest un moment de liberté. Je suis dans cette campagne électorale de tout mon être, de toutes mes forces, sans aucune crainte. Et je dis à tous ceux qui veulent maider : « Ayez le même état desprit. » Cette campagne électorale nest pas faite pour les gens à la colonne vertébrale un peu fragile.
Cette campagne électorale nest pas faite pour ceux qui doutent.
Cette campagne électorale nest pas faite pour ceux qui pensent que la victoire est facile.
Cette campagne électorale, elle est faite pour ceux qui aiment la France, qui croient profondément dans leurs idées, qui ont confiance dans le bon sens et la lucidité du peuple français, et qui ont envie décrire les pages les plus extraordinaires de la vie politique contemporaine.
Cest cela, la campagne électorale que nous avons décidé de faire ensemble.
Elle est faite pour des femmes et des hommes qui aiment la France, qui y croient, qui ne sont pas fatigués, qui ont lenthousiasme et qui ont envie de convaincre.
Voilà pourquoi à dimanche !
Jai besoin de vous ! Merci !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 13 avril 2012
Dans quelques jours, mes chers amis, dans quelques jours, les 22 avril et 6 mai prochains, le peuple français choisira le chemin quempruntera notre République pour les cinq années à venir.
Depuis deux mois, jour après jour, je madresse à chacun de nos compatriotes sans détours aussi directement que possible, je leur parle de la France et je ne veux rien leur cacher des difficultés que notre pays a eu à surmonter et aura à surmonter.
Je crois dans une France forte, car nous navons pas le choix. Le monde est à un tournant, si nous voulons relever les défis de ce monde nouveau, qui a totalement changé, la France ne peut pas choisir la voie de la faiblesse, seule une France forte dans ce monde qui bouge pourra préserver notre identité et notre mode de vie.
La France veut préserver lessentiel, veut rester une grande Nation, et pour cela, elle doit réinventer ses politiques, la France forte qui pourra protéger nos concitoyens, car si la France est faible, chaque Français sera exposé.
Lenjeu est considérable, il se résume au fond en une phrase : comment réconcilier les gagnants de la mondialisation et les perdants de la mondialisation, ce sont des nouveaux clivages, quaucun dentre nous na connus il y a quelques années.
Les gagnants de la mondialisation, ce sont nos compatriotes qui ont soif de conquête, qui ont envie de partir à la conquête de ce monde, et qui le font, et les blessés de la mondialisation, cest tous ceux qui voient nos usines se fermer, leurs compétences se dévaloriser, ceux qui trouvent que le monde change trop vite, et ceux qui pensent que leurs enfants vivront moins bien queux.
La France a besoin de ces deux France, qui nen font quune, et qui ont chacune leur part de vérité. Et nous devons, dans le même temps, nous adresser à ces deux France, je crois que la réconciliation est possible, je crois même quelle est incontournable.
Les cinq années dexpérience à la tête de notre pays, au travers de crises dune violence inouïe, mont convaincu que la France avait tous les atouts pour demeurer une Nation qui compte. Mais il y a une condition à cela, cest regarder les réalités en face. On ne peut pas nier les réalités.
Et vous tous, qui êtes réunis ici, élus des villes ou des campagnes, élus de toutes les provinces de France, élus de métropoles ou dOutremer, venus des rangs de la droite, du centre, mais aussi dune gauche ouverte, vous avez fait le choix de lengagement, puisque vous avez souhaité vous présenter au suffrage de nos concitoyens.
Vous avez donc choisi dassumer votre part de lintérêt général, et cest de cet intérêt général dont je veux vous parler aujourdhui, dabord, je veux dire aux observateurs que cest une richesse davoir un demi-million de Français qui consacrent une partie de leur temps à être des élus locaux, des élus de terrain, qui y consacrent leur énergie, leurs compétences, leur enthousiasme et leur Cest une spécificité française que dautres pays en Europe ne connaissent pas, mais cest une force, ce nest pas une faiblesse.
Et je voudrais dire que je me sens de la famille de tous ceux qui, comme vous, sengagent, car quand on ne sengage pas, on subit moins de critiques, quand on sengage, on subit des critiques.
Nous sommes de la famille de ceux qui subissent les critiques. Et mieux que tout autre, vous connaissez la responsabilité qui sous-tend lexercice de toute fonction élective, vous connaissez mieux que tout autre le poids de la responsabilité, de celui qui doit dire non, pas oui, de celui qui doit trancher, de celui qui doit arbitrer, dans sa commune, dans son département, dans sa région, dans son canton. Vous, mieux que les autres, connaissez les enjeux pour notre pays, et vous, mieux que dautres, vous pouvez comprendre la vérité, la vérité, cest que nous sommes passés au bord du gouffre, cette vérité, elle est absolument incontournable.
Au bord du gouffre dune faillite bancaire, mondiale, généralisée, qui aurait ruiné nos compatriotes, les images que lon croyait démodées à jamais de clients de banques faisant la queue devant létablissement bancaire pour récupérer ce qui restait de leur épargne, ces images sont redevenus dactualité tous ces mois derniers. Au bord du gouffre dune récession mondiale, de plusieurs années, si lensemble des pays navait pas réagi de façon coordonnée. Souvent, le monde avait connu des crises économiques, elles avaient une caractéristique, cest quelles étaient régionalisées, et il y avait toujours un continent pour compenser lautre, en tout cas, depuis la crise de 29.
Cest la première fois que la crise économique a frappé tous les continents du monde et tous les secteurs, sans aucune prudence et sans aucune exception. Au bord du gouffre dune implosion de leuro, qui aurait fait exploser la construction européenne et plongé les pays européens dans une crise plus grave encore. Jamais depuis la création de leuro personne navait imaginé comme possible, comme même crédible lexplosion de notre monnaie. Nous sommes passés à quelques centimètres de cette explosion.
Toutes ces réalités, nous ne pouvons pas faire comme si elles ne sétaient pas passées, toutes ces années de crise, ces quatre années de crise internationale, dune force inouïe, nous ne pouvons pas faire comme si nous navions aucun enseignement à en tirer, comme si elles nobligeaient pas la France à réfléchir sur ce qui sest passé, et comme si elles étaient le résultat dune politique et dun gouvernement, quil suffirait de changer de politique et de gouvernement pour oublier ces quatre années de crise phénoménales dans leur ampleur et dans leur universalité, dans la crise, je devrais dire dans les crises, la France a tenu, elle a tenu car tous les Français ont fait des efforts, et vos collectivités également. Elle a tenu car notre socle de protection sociale a été préservé.
Elle a tenu pour une raison, cest quau plus fort de la crise, nous avons assumé des décisions difficiles, qui ont protégé la France, que certains de nos voisins, de lautre côté de la frontière, nont pas prises parce que leur gouvernements respectifs nont pas voulu les prendre et ils paient aujourdhui laddition du manque de courage de ceux qui les ont dirigés dans la période de crise. Voilà la situation, voilà la vérité.
Quand au moment de la réforme des retraites, nous accumulions les manifestations nationales, dautres nous regardaient, aujourdhui, cest nous qui les regardons devoir baisser les pensions de retraite et les salaires dans la Fonction publique, et cest nous qui avons préservé le pouvoir dachat de notre pays. Il y a toujours un rendez-vous, le hasard sur le long terme, ça ne marche pas, il y a toujours un moment où il faut régler les factures, et assumer les décisions quon a prises ou que lon na pas prises.
La France a tenu, mais ce nest pas parce que nous avons tenu que nous devons ignorer les faiblesses que ces crises ont révélées, faiblesses de nos finances publiques, faiblesses de notre économie, pas assez compétitive, et par-dessus tout, faiblesses de notre rapport au travail, parce quil faut dire la vérité : on ne travaille pas assez, parce que nous nen finissons pas den payer les conséquences : dune retraite à 60 ans, décidée à linverse de ce que faisaient tous les autres, alors que nous navions absolument pas les moyens de la financer, des 35h, de lassistanat et de toutes ces mesures qui ont adressé un message désastreux à notre pays : le travail est dépass??, le travail ne sert à rien, on peut sen sortir sans le travail ; voilà la facture du début des années 80. Cette facture, cest les Français qui la paient. Cest donc avec un sens aigu de nos responsabilités quil nous faut affronter les prochaines échéances électorales.
La France ne peut rester elle-même que si elle accepte de regarder la réalité du monde telle quelle est. Vous-mêmes, les élus, vous avez dû faire des efforts, et avec François FILLON, avec le gouvernement, nous avons dû prendre des décisions difficiles pour vous, je le sais, mais avec le recul, je vous demande dy réfléchir, la réforme de la carte judiciaire, la réforme de la carte militaire, la réforme de la carte hospitalière, la carte des services publics, je veux y revenir, pouvait-on maintenir la carte judiciaire sans modifications depuis 1958 ?
Est-ce quon pense vraiment que la justice de notre pays était incontournable si chacun gardait son tribunal dinstance et si, dans chaque département, il y avait deux ou trois tribunaux de grande instance ? Est-ce quon croit vraiment que pour nos concitoyens, la justice de proximité, cest un quart dheure pour aller au tribunal ? Non, la justice de proximité, cest une justice dont on comprend les décisions, une justice qui arrive dans les temps, et qui est rendue au nom du peuple français et pas au nom de telle ou telle organisation syndicale. Ça na rien à voir avec la carte judiciaire. La carte militaire, ce fut un fameux débat, Hervé MORIN sen souvient, la carte militaire, pouvions-nous continuer à concentrer nos unités sur la frontière Est, plus de vingt ans après la chute du mur de Berlin et plus de quinze ans après la fin du service national ? Qui peut croire que cétait un service rendu à notre pays ! La carte hospitalière, cher Xavier BERTRAND, à lépoque de la télémédecine, des réseaux de soins, du travail en réseau, pouvait-on garder la carte hospitalière comme si rien navait changé ? Je ne dis pas que partout, ces réformes ont été accueillies avec enthousiasme. Et je sais les préoccupations quelles ont suscitées, y compris chez nombre de mes amis. Je sais les incompréhensions quelles ont pu provoquer. Et jai entendu les élus qui, ici, ne souhaitaient pas que lon ferme un régiment, là, voulaient préserver une maternité, bien sûr, et sans doute, à votre place, jaurais eu la même réaction, mais il se trouve que je ne suis pas à votre place, que je suis président de la République, et je dois préserver lintérêt général et assumer mes responsabilités et les choix qui ont été faits. Jai pris mes responsabilités.
Pourquoi je les ai prises ces responsabilités, cest parce que la France ne pouvait pas se permettre de vivre plus longtemps au-dessus de ses moyens, cest une réalité incontournable.
Parce que la France ne pouvait plus se permettre pardon du mot une forme de gabegie dargent public dépensé en fonds perdus oubliant que cette dette colossale, nous la laisserions à nos enfants et à personne dautre. Cest incontournable.
Naturellement que la santé va coûter de plus en plus cher, mais on na pas le droit de dépenser plus dargent pour la santé, uniquement pour maintenir une maternité qui ne fait pas assez de naissances, pour être sécure, on na pas le droit de le faire pour maintenir une Trésorerie, un bureau de POSTE, une brigade de gendarmerie qui recevaient une personne tous les trois jours, on na pas le droit, on na pas le droit, vis-à-vis de lintérêt général, et on na pas le droit vis-à-vis même des territoires ruraux, à qui nous devons donner la chance dun développement économique endogène, et non pas le sentiment que ce développement passait par la présence dun bureau de POSTE, dune sous-préfecture ou dun tribunal dinstance, voire dune garnison, voire dune base aérienne où depuis dix-huit ans, il ny avait plus un avion. Les collectivités locales, elles-mêmes, que vous représentez, et je me suis interrogé avant de proposer de vous inviter à cette réunion, jai pensé que la vérité et le devoir de transparence étaient toujours la meilleure stratégie, les collectivités locales, elles-mêmes ny voyez de ma part aucun jugement, Monsieur le Président, cher Jacques ne peuvent pas rester en dehors de ce vaste mouvement de réformes. Cest impossible. Ceux qui vous le diront vous mentiront, et vous savez très bien au fond de vous-même, citoyens, et pas simplement élus, que ce nest pas possible.
Il était indispensable daccomplir la première étape de la réforme des collectivités locales, cest complexe, parce que vous êtes le réceptacle de toutes les demandes de nos compatriotes, vous êtes en première ligne, en quelque sorte, entre le marteau, qui serait lEtat, et lenclume, qui serait le peuple.
Et pourtant, nombreux parmi vous, vous nous avez soutenus avec courage. Il a fallu faire des choix, le premier choix que nous avons fait, cest de préserver lidentité de chaque commune.
Jai refusé lidée absurde qui aurait consisté à fusionner par la force des communes héritées de notre histoire. La réforme de la collectivité territoriale, des collectivités territoriales, que nous avons engagée, a dabord protégé les communes qui demeurent aujourdhui le seul niveau de compétence générale avec lEtat, la commune est sortie plus forte de la réforme des collectivités territoriales.
La commune, cest lélément de base du vivre ensemble, de notre identité, de notre identité rurale notamment. Nous avons réussi à fédérer les efforts des communes parce que ce nest pas un village isolé qui pourrait, seul, aménager une zone dactivités ou faire venir lInternet à très haut débit, jen parlerai.
Nous avons réussi, après quel combat, cher Philippe RICHERT, à supprimer la taxe professionnelle, mais je vous propose dy revenir un instant, pour savoir, au moment du débat, qui disait la vérité et qui mentait, qui avait peur et qui était courageux ; nous avons conduit cette réforme à son terme, malgré lopposition virulente de la gauche, à grand renfort il faut bien le dire de campagnes de communication financées par les budgets des régions, des départements et des villes quils dirigent, de ce côté-là, le moins quon puisse dire, cest que la période nest pas à léconomie !
Quavons-nous entendu à ce moment-là, que la suppression de la taxe professionnelle allait asphyxier le budget des collectivités locales, avec le recul, avons-nous, oui ou non, garanti les engagements au centime deuro près, sur une fiscalité de remplacement qui ne vous pénaliserait pas, ces engagements ont été tenus, les plus virulents à critiquer hier, pourquoi sont-ils si silencieux aujourdhui ?
La vérité, cest que nous ne pouvions pas garder la taxe professionnelle parce que nous étions le seul pays dEurope à garder cette fiscalité, qui encourageait à la délocalisation.
Nous avons également essayé de faire émerger des métropoles capables de rivaliser avec les grandes aires urbaines européennes, la métropole de Nice, cher Christian ESTROSI, le pôle métropolitain du sillon lorrain, cher André ROSSINOT, qui ont montré lexemple.
Il nous faut aller plus loin, régions et départements, vingt milliards deuros de dépenses engagées de manière concurrente sur les mêmes sujets par ces deux niveaux de collectivités. Ce qui était possible hors la période des crises, ce qui était possible au 20ème siècle, ce nest plus possible aujourdhui, vingt milliards deuros de dépenses communes sur les mêmes sujets.
Je crois beaucoup à la création du conseiller territorial, pourquoi, parce quil me semble que nous avons trouvé le bon arbitrage qui permet de sauver le canton, et nous avons voulu sauver le canton parce que sans canton, on ne sauvait pas la ruralité, qui est la circonscription géographique adaptée à la ruralité.
Mais en même temps, ce sont les mêmes désormais qui dirigeront régions et départements. Nous avons proposé 40% délus en moins. Y a-t-il un seul parmi vous qui puisse me dire quavec la crise, les efforts qui sont demandés aux Français, il y a beaucoup de Français qui nous demandaient davoir plus délus ?
Ceux qui contestent la réforme sont ceux qui considèrent que les collectivités locales sont leur chose, leur propriété, leur baronnie, je comprends quon ne soit pas content de la création du conseiller territorial et de la diminution de 40% du nombre délus territoriaux, quand la communauté dagglomérations de Rouen compte 45 vice-présidents, quand la communauté urbaine de Lille métropole compte 32 vice-présidents, dont 10 premiers vice-présidents, sont-ils absolument indispensables ?
Est-ce la conception que nous avons des collectivités locales, est-ce lexemple que nous voulons donner, est-ce quon croit vraiment quon travaille pour limage des élus locaux et des collectivités territoriales en donnant ce spectacle de la gabegie au moment où on demande des efforts à nos compatriotes ? Jai vu que les sénateurs socialistes ont voté labrogation du conseiller territorial, comme sil ny avait rien de plus urgent à faire que daugmenter de 40% le nombre des élus régionaux et départementaux.
Regarder la vérité en face, ne pas biaiser, ne pas mentir, ne pas raconter dhistoires, la vérité, mes chers amis, cest que le redressement de nos comptes publics appelle non seulement à un comportement irréprochable, mais des efforts partagés.
Si vous voulez, comme je le souhaite, que la France reste maîtresse de son destin, la France doit rembourser ses dettes et doit réduire son déficit. Il ny a pas dexercice souverain de son destin lorsquon paie 42 milliards deuros dintérêts de la dette chaque année. Cest incontournable.
Pendant trente années, le choix de travailler moins, toujours moins, déresponsabiliser toujours plus, car en même temps, on dit aux Français : travailler moins, et on leur dit : et déresponsabiliser plus ; excuser toujours tout, et surtout, dépenser toujours davantage, eh bien, la succession de crises brutales que nous avons affrontée depuis 2008 nous a définitivement interdit le choix de la facilité.
Ce que je pense est très simple, à ceux qui, dans vos communes, dans vos départements, dans vos régions, dans vos cantons, ne croiraient pas à cette analyse, il suffit de leur dire de regarder simplement au-delà de nos frontières juste à côté de nous, y a-t-il un Français qui veut connaître le sort de lIrlande il y a deux ans ? Y a-t-il un Français qui veut connaître le sort de la Grèce, qui ne pouvait payer aucun de ses fonctionnaires, qui était au bord de la faillite il y a trois mois ? Et y a-t-il un Français qui veut connaître le sort de ce grand pays daujourdhui, lEspagne, qui se demande si elle va pouvoir affronter les prochaines échéances. Nous avons protégé la France de ce drame. Nous avons protégé la France de cette situation. Il ny a pas besoin de faire de discours grandiloquents, den appeler à des grands exemples, simplement, décrire la situation, regarder la situation et dire la vérité. Jentends souvent quon dise, quon se sent inspiré par lesprit de 1981, cest leur droit, en 1981, il a fallu deux ans pour que tout sarrête, tout se retourne. En 2012, il faudrait deux jours, cest ça la vérité !
Il y a entre nous et cest bien ainsi des différences, différences de sensibilité et différences de parcours, différences de culture, différences parfois didées, mais il y a un point qui nous rassemble, cest : nous ne voulons pas dune crise de confiance qui emporterait la France, nous ne voulons pas dune France à genoux, nous ne voulons pas dune France qui perdrait la maîtrise de son destin, nous ne voulons pas que tous ceux qui ont amené la France où elle est aujourdhui aient à ramasser la France dans une situation que connaissent aujourdhui une partie de nos partenaires européens. Ce nest pas les juger que de dire cela, cest simplement décrire les choses, et présenter aux Français une évaluation lucide de la situation. François HOLLANDE doit bien la connaître cette situation, puisque le seul chef dEtat qui la reçu, chef de gouvernement, à qui il a voulu rendre visite, cest José Luis ZAPATERO, qui a conduit lEspagne pendant sept ans. Nous avons pris des engagements, et cest là où dailleurs ceux qui compareraient la campagne de 2007 et celle de 2012 se trompent complètement, dans lengagement que jai pris et qui est compatible dailleurs avec lengagement qua pris le gouvernement de François FILLON, en 2016, nos finances seront à léquilibre. Cest un engagement incontournable. 2013, 3%, parce que, à partir de 3%, la dette dans le PIB commence à baisser. 2016, léquilibre. Nous sommes en avance sur la marche de léquilibre. Nous avions prévu 7,7 en 2010, nous étions à 7,1. Nous avions prévu 5,7 en 2011, nous sommes à 5,2. Et nous serons à 4,4 à la fin de cette année. Je sais bien quon ne fait pas campagne sur les additions, sur les soustractions ou sur les comptes, mais on ne fait pas campagne non plus en promettant la ruine à un pays que lon prétend aimer. Quel est le chemin ? Le chemin, nous lavons fixé, jai pris un autre engagement, cest que ce chemin, nous latteindrons sans aucune augmentation dimpôts pour les ménages durant les cinq années qui viennent, je voudrais dailleurs attirer votre attention sur cette bizarrerie, la France est lun des pays qui a les prélèvements obligatoires les plus élevés, et cest en même temps le pays où on adore se déchirer sur la question des riches qui seraient préservés ; la France est le pays qui taxe le plus, sans doute avec la Suède, nous devrions en tirer un certain contentement du côté de la justice fiscale, mais on a limpression que cest une aspiration sans fin, quil faut absolument crier au loup, ignorer ce que font les autres de lautre côté, et continuer, nous-mêmes, dans des débats idéologiques qui ne signifient plus rien. La seule voie, pour aboutir, pour arriver au résultat que jai proposée cest la réduction des dépenses publiques. LEtat a commencé, ce fut difficile, la première année du 1 sur 2 a été dure, et chaque année, on se disait : ça va être encore plus dur. Et finalement, 160.000 postes de fonctionnaires, que nous navons pas remplacés.
Dans le débat public, dans les réunions que vous faites, chez nos compatriotes, y en a-t-il souvent qui se lèvent pour dire : allez, supprimez la règle du 1 sur 2, dépensez plus ! La maturité du débat public auprès du public est infiniment plus grande que la maturité du débat médiatique qui nen a aucune et même la maturité du débat dans nos élites. Les Français ont compris, bien avant les élus, la nécessité de cette politique. Mais là encore, il faut quon se dise la vérité, nous avons diminué le nombre des fonctionnaires dEtat de 160.000, mais depuis 2007, depuis 2007, cher Jacques, jusquà aujourdhui, les effectifs des collectivités ont augmenté de 100.000 agents, 2007, je ne dis pas que cest facile. Je dis que cest le même pays et le même contribuable. Que le contribuable local, je ne sais pas qui cest, et que le contribuable national, je sais qui cest, cest le même, que celui quon sollicite pour la commune, pour le département, pour la région ou pour lEtat, cest le même, les poches de lEtat sont celles du contribuable, et ce ne sont pas des poches sans fond. Les effectifs des fonctionnaires travaillant dans les services du département, plus 57%, 98-2009, les effectifs dans les régions, sur la même période, plus 173%. Et les effectifs dans les intercommunalités, plus 177%, or, nous avions tous présenté les intercommunalités comme une façon de faire des économies pour nos compatriotes. Dire cela, ce nest pas mettre en cause les élus, jai été moi-même pendant tant dannées élu, cest simplement attirer votre attention sur le fait que cest le même contribuable et que cest le même pays. Et que lorsquon parle des déficits et de lendettement de la France, il faut parler Sécurité sociale, il faut parler Etat et il faut parler collectivités territoriales. Voilà les propositions que je voudrais que nous fassions que je voudrais vous faire autour dun pacte de stabilité fait dengagements réciproques. Jai trop de respect pour les collectivités territoriales et les élus territoriaux pour ne pas imaginer une seconde quils ne sont pas concernés par la question des déficits, pas une seconde. Les élus sont responsables, ils savent ce quil en est. Un pacte de stabilité, les grandes collectivités locales, cest incontournable, devront appliquer, comme lEtat, la règle du non remplacement de fonctionnaires, dun fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Je sais que la pyramide des âges nest pas la même, je sais quil y a des difficultés, je le sais, mais je vous dis une chose, cest le même électeur, cest le même contribuable, cest le même pays, nous avons la même ambition.
La question de la dépense publique est incontournable. Et dans nos budgets, la question des dépenses du personnel représente entre la moitié et les deux tiers de notre budget. Leffort financier de lEtat pourrait consister à un mécanisme de bonus/malus, permettant une modulation intelligente des dotations versées aux collectivités, pour récompenser quoi, récompenser un comportement vertueux. Je sais que cest complexe, mais je pense quil faut quon change nos paradigmes. Comment peut-on y arriver ? Je propose des contrats individuels négociés entre le gouvernement et les plus grandes collectivités, celles au-dessus de 30.000 habitants, qui concentrent plus des deux tiers de la dépense locale. Contrats individuels, bien sûr, cher Jean-Louis BORLOO, le tissu social nest pas le même, et il ne suffit pas de sen tenir au critère de la richesse ou au critère du nombre dhabitants. Dautres paramètres doivent rentrer en compte. Mais on ne pourra pas faire léconomie de ce pacte de stabilité individualisé collectivité par collectivité, région, département ou grande commune. Je crois quil nous faut également progresser vers plus de transparence. Je suis clairement pour une feuille dimpôt par collectivité, pour que chaque Français sache précisément ce quil paie pour la région, pour le département, pour sa commune, la transparence ! Mais en échange, je voudrais vous proposer, dans ce pacte individualisé de stabilité, dautres idées, parce que jentends déjà, et je le comprends très bien, nous, les collectivités, on va prendre des engagements, mais vous, lEtat, quels engagements prendrez-vous, je pense que le premier engagement que nous devons prendre, cest celui qui consistera pour un ministre à sinterdire toute nouvelle norme qui entraînerait de nouvelles charges financières pour les collectivités territoriales. Je ne crois pas à la modération sur ce sujet, excusez-moi, je ne crois pas à la modération, je crois à la désintoxication par la privation absolue. Je veux dire, non, moi, je ne suis un addicte que des choses bonnes, je nai pas de problème, mais je veux dire quil ny a pas de désintoxication qui puisse sengager sans privation absolue, que si on dit un niveau raisonnable de normes, ça sera un niveau très déraisonnable de normes. Je propose même une chose, après avoir dit : pas de normes qui engagent financièrement, lorsquun ministre voudra créer une nouvelle norme, il devra proposer la suppression de deux normes anciennes. Comprenez-moi bien, je ne pense pas quil soit raisonnable de dire : on immobilise tout, on arrête tout, il peut y avoir de nouveaux problèmes, de nouveaux choix, de nouvelles décisions, mais je propose une nouvelle norme, proposition de normes anciennes supprimées, jajoute que sur chaque norme, chaque ministre devra se poser la question de son adaptation au monde rural et proposer, chaque fois que cest nécessaire, une norme pour lurbain, une norme pour la ruralité, ce nest pas possible de considérer que les mêmes règles sappliquent de la même façon pour la crèche en ruralité et pour la crèche au coeur de Paris, ce nest pas possible, ce nest pas raisonnable. Je crois depuis bien longtemps que cest luniformité qui crée la division, et que cest la souplesse qui renforce lunité dun pays. Donc jajoute que et ça sera une priorité notre législation doit être considérablement simplifiée. Cest un sujet qui concerne au premier rang les parlementaires et le gouvernement, mais le droit de lurbanisme, le droit de la construction, le contentieux invraisemblable qui accompagne non pas la mise en oeuvre du droit à la construction, mais le contentieux sur lidée quon pourrait construire, parce quavant même quon aie décidé de construire, on se retrouve devant le tribunal administratif et le Conseil dEtat, avant même, cest lidée même qui est contestée, ce nest même pas la réalisation, ce sont des freins, des freins considérables à la construction de nouveaux logements.
Je voudrais vous rendre attentifs à une bizarrerie française et une incohérence française. Le budget public pour le logement, cest quarante milliards deuros. Et en même temps le droit de lurbanisme, le droit de la construction, le contentieux rendent parfaitement inutiles ces quarante milliards deuros qui ne servent en vérité pour la plupart quà augmenter la spéculation puisque ça a fait rentrer de largent dans un système qui ne peut pas construire du fait de sa complexité. Donc par la complexité, on empêche la construction ; par le soutien public on amène de largent ; ça se traduit par une augmentation des prix et non pas par une augmentation de loffre. Déséquilibre entre la demande et loffre : spéculation immobilière. La France est le seul pays au monde où quand il y a crise, les prix de limmobilier augmentent. Voilà le problème du logement dans notre pays.
Je regardais encore les chiffres. Sur les dix dernières années, les prix de limmobilier ont doublé. Comment voulez-vous que les Français y comprennent quelque chose. Quel est le décalage entre les chiffres du pouvoir dachat qui augmentent et la réalité perçue par les Français qui est différente ? Cest le logement, car le logement pèse tant, quon soit propriétaire (il faut rembourser) ou quon soit locataire (il faut payer le loyer) que cela pénalise le sentiment quon a de son propre pouvoir dachat. Les prêts à taux 0, cest une très bonne idée. Simplement, on est sans arrêt en train de courir pour solvabiliser une demande avec des prix qui courent encore plus vite, donc on nen fait jamais assez. Les efforts sur la TVA pour le bâtiment, cest très bien. Ça a donné du travail, mais na-t-on jamais vu le prix de limmobilier baisser parce que tout dun coup la TVA baissait spectaculairement sur la construction de logements nouveaux ? Qui a empoché la plus-value ? Qui ? Chacun le sait. La situation ne peut donc pas durer et lune de nos priorités absolues sera lallègement, la simplification du droit de lurbanisme, du droit de la construction et du droit de limmobilier. Nul nest censé ignorer la loi. Qui oserait le dire aujourd'hui ?
Enfin mes chers amis, je voudrais dire un mot de nos territoires et de réfléchir à ce que nous pouvons faire pour eux. Ce sont des sujets extraordinairement compliqués, parce que je suis convaincu quil faut réinventer une politique de laménagement du territoire pour une raison très simple. Cest que pendant des décennies, la politique de laménagement du territoire a consisté à accompagner des territoires vers une mort la moins rapide possible.
Cétait ça pour beaucoup, laménagement du territoire. Des territoires qui se vidaient ; or nous constatons depuis quinze ans un phénomène parfaitement inverse : des territoires qui se repeuplent, des populations qui augmentent avec une difficulté particulière. Cest quun certain nombre de vos territoires se repeuplent de personnes qui viennent à la retraite, consommateurs de service public les pauvres, bien sûr, et donc déséquilibre des finances. Je pense que cette politique du développement passe par une réflexion sur la péréquation. *applaudissements+ Non, ce nest pas la peine.
Vous vous dénonceriez comme non-Francilien ! non-Francilien. Il faut progresser dans cette loi. Il faut progresser dans cette loi, mais la péréquation ce nest pas toujours ce quon dit. Département riche, département pauvre : oui, bien sûr. Mais cest aussi la commune centre qui offre des services pour tout le monde, à lextérieur. Donc là aussi, il faut une réflexion beaucoup plus intelligente, beaucoup plus ouverte sur ce que doit être la péréquation. Sur ce quelle doit être, comment elle doit être fixée mais je pense profondément que cest quelque chose quon doit faire de façon transparente et cest un débat national quon ne peut plus avoir simplement, cher Gilles CARREZ, au moment dune loi de finance, dans le secret ou dans la complexité des débats en Commission de finances. Cest un débat qui doit avoir lieu devant la communauté nationale et qui doit dire comment nous accompagnons des territoires qui ont moins datouts que dautres et pour combien de temps. Et pour combien de temps. Voilà.
Car je crois aussi que les règles de la péréquation, aussi nécessaires quelles soient, nont pas vocation à être définitives. Quil lui faut de la souplesse ; quil lui faut tenir compte de la réalité, de lévolution dun marché ou dune situation. Je pense également que lidée quon peut maintenir des territoires ruraux sous perfusion est une idée fausse.
Les territoires ruraux ont le droit au développement. Cest un droit. Cest la seule façon : les laisser des terres de production. Nous avons mobilisé un demi-milliard deuros pour soutenir les six cent cinquante-deux pôles dexcellence rurale à travers la France. Lexcellence, ce nest pas que laffaire de nos métropoles : cest aussi laffaire des territoires ruraux. Le dispositif dexonérations fiscales prévues pour la création dentreprise a été étendu à la reprise et à la transmission dentreprise artisanale, et nous avons maintenu lexonération des charges sociales pour les organismes dintérêt général.
Ces deux mesures, cest encore un demi-milliard deuros pour la ruralité. Et je veux dire une chose : les finances de lÉtat peuvent être mises à contribution pour aider au développement des territoires ruraux, pas pour faire survivre une trésorerie où plus personne ne vient, ou un bureau de poste où plus personne ne vient à lheure dInternet, de léchange des mails et de la communication électronique. Voilà la vérité.
Aucun tribunal dinstance ne sauvera un territoire rural et je préfère de beaucoup quon mette largent en investissement dans un pôle dexcellence plutôt que dans le maintien artificiellement dun bureau de poste, dune trésorerie, dune sous-préfecture ou dun tribunal. Je nai rien contre ; je comprends quil y ait un problème de statut, mais permettez-moi de vous dire que pour Metz, Beaubourg ça compte davantage que le maintien artificiel dune base pour veiller à notre frontière avec une Union soviétique qui nexiste plus.
Je veux évoquer la question du numérique et du très haut débit. Cest une question absolument essentielle et elle est, me semble-t-il, aussi essentielle quà lépoque de linstallation du téléphone. Pourquoi ? Parce que la présence du numérique à très haut débit, cest un critère décisif pour linstallation dune PME, comme pour linstallation dune famille.
Quels que soient les efforts que feront les élus des territoires pour attirer des PME, des entreprises, de lactivité, sil ny a pas le haut débit comment ferez-vous ? Sur le grand emprunt, deux milliards deuros sont consacrés à léquipement numérique du territoire et sur cette somme, neuf cents millions deuros sont affectés au projet de raccordement des collectivités situées dans des zones délaissées par les opérateurs. Les premiers projets viennent dêtre financés.
Mais enfin, disons-nous les choses. La couverture en très haut débit du territoire, cest une affaire dune vingtaine de milliards deuros, tout le monde le sait bien. Cessons lhypocrisie, disons les choses comme elles sont. Qui va financer ? Comment va-t-on financer ? Voilà le problème : si un territoire na pas le haut débit, son développement économique endogène sera rendu extraordinairement difficile, voire impossible. Nous voulons accélérer la couverture en très haut débit du territoire. Eh bien il faudra créer une solidarité financière entre les territoires urbains facilement pourvus, et les territoires ruraux pas assez rentables pour les opérateurs.
Cest ce qui a été fait pour le téléphone à lépoque ; cest ce qui devra être fait si on veut bien considérer que la République doit donner sa chance à chacun. Sans cette mutualisation, il ny aura pas dinstallation du numérique sur lensemble du territoire national. Et ceux qui la promettront sans sengager sur cette mutualisation mentiront aux Français. Cette somme napparaîtra pas comme par miracle.
Elle sera lobjet comme pour la couverture téléphonique, où tant que la France na pas été complètement installée en téléphone : eh bien dans les zones où il y avait le téléphone, on avait une taxe qui a permis déquiper au fur et à mesure et plus rapidement un certain nombre de territoires qui, sinon, auraient été totalement exclus. Je dis clairement que je pense quon ne peut pas attendre 2025 pour linstallation du numérique sur lensemble du territoire national et quil faudra avoir ce grand débat pour savoir comment on va financer cette installation généralisée sur lensemble du territoire qui créera beaucoup de richesse.
La voie que je propose, cest celle de la mutualisation entre les territoires urbains et les territoires ruraux.
Jajoute quà ceux qui me diront que je pénalise les territoires urbains : non. Vous savez, les territoires urbains : une île de prospérité dans un océan de pauvreté, ça ne dure jamais très longtemps.
Un pays qui se développe avec des déséquilibres, cest un pays qui cassera son développement.
Je voudrais dire un autre mot dun sujet absolument considérable pour vous qui est la question médicale et de la désertification médicale. Il nest pas normal quun enfant qui vient en zone rurale doive attendre six mois avant dobtenir une consultation chez un ophtalmologiste.
Pour un enfant qui a des problèmes de vue, ça peut être une année scolaire perdue. Et en même temps, je veux dire aux partisans du blocage des loyers, du blocage des prix, de linterdiction que je ne leur conseille pas daller voir un médecin quon aurait obligé à exercer dans une ville où dans un territoire quil napprécie pas. Vous voyez le spectacle.
On va voir un médecin qui vous soigne très bien. Le seul problème : il déteste votre ville, il déteste votre territoire et on a dû lui mettre lépée dans les reins pour quil puisse y exercer. Vous pensez que ça peut fonctionner ? Moi je ne pense pas que ça peut fonctionner. Il ny a que lincitation qui est efficace ; et je remercie Xavier BERTRAND, pour ce que nous avons fait pour les majorations dhonoraires de 10 % pour les médecins qui sinstallent dans un secteur géographique sous doté. Je voudrais que vous fassiez là aussi la publicité de cela.
Nous avons vaincu un tabou considérable. Le paiement à lacte : désormais, quand un médecin sinstalle dans une zone reconnue comme un désert médical, pour la même prestation, pour le même acte il sera rémunéré 10 % de plus. Cest la vraie solidarité à lendroit des territoires ruraux. Je pense la même chose avec les bourses que nous allons doubler.
Ces étudiants en médecine dont lÉtat paye les études et qui leur dit simplement et qui leur dit simplement : « Vous rembourserez vos études en exerçant pendant dix ans dans un territoire sous doté. » Regardez, mes chers amis, les catastrophes auxquelles a conduit le numerus clausus fixé par Lionel JOSPIN. Nous avons mis dix ans à rattraper. Le problème des déserts médicaux vient de la décision numerus clausus de Lionel JOSPIN qui a fait quau lieu de former sept mille médecins par an comme nous le faisons aujourd'hui, ils en ont formé quatre mille et encore une fois, les socialistes promettent et cest nous qui réglons les additions.
Enfin, je crois bien sûr aux maisons pluridisciplinaires.
Quel changement quand jai commencé dans la vie politique : les médecins que nous rencontrions navaient quun rêve : exercer dans leur cabinet, en général seuls et libres, une profession parfaitement libérale. Aujourd'hui ces médecins que jai rencontrés par dizaines, par centaines, nont quune seule idée : exercer en commun dans des maisons pluridisciplinaires avec, ô sacrilège !
Qui nen est plus un, dautres professionnels de la santé. Des kinés, des infirmiers, des dentistes, des sages-femmes, bref ! Tout ce quon peut trouver de panel de métiers de la santé pour faire des maisons pluridisciplinaires.
Savez-vous quil y en a sept cents dici à la fin de lannée ? Je souhaite porter leur nombre à mille cinq cents à la fin du prochain quinquennat. Et vous voyez, sur ce sujet qui navait pas évolué depuis des années, le sujet de la médecine que lon touchait, cher Bernard ACCOYER, avec une main tremblante ; imaginez quelqu'un qui viendrait participer à cette réunion sans transition avec une réunion il y a trente ans, ne reconnaîtrait absolument plus le débat sur lorganisation du système de soins.
Je veux terminer par lécole parce que je sais combien de maires de petites communes sont à raison attachés à leur école. Je sais que quand une classe ferme, cest un drame. Je sais tout ça mais je veux vous dire également que les enseignants représentent la moitié de la fonction publique dÉtat.
Et dire quon ne touchera pas à léducation nationale : on ne touchera à rien. Jentends que certains proposent, avant même davoir négocié quoi que ce soit, simplement comme on dit pour voir, la création de soixante et un mille postes denseignants. Il faut que vous connaissiez les chiffres : il y a douze millions denfants scolarisés ; il y a un million denseignants. Le taux dencadrement, cest un pour douze, le taux dencadrement national, je veux par classe, dencadrement. Cest lun des plus élevés de tous les pays de lOCDE. Je regardais sur les trente dernières années lévolution des effectifs et des budgets.
Chaque année, le budget de léducation nationale a augmenté. Chaque année les effectifs ont augmenté. Si nous devions jouer lévaluation de notre éducation nationale à la seule question du nombre denseignants, nous devrions avoir et de loin la meilleure éducation nationale. Nous devrions, et de loin, avoir les enseignants les plus heureux, les familles les plus épanouies et les enfants réussissant le mieux. Est-ce la situation ?
Qui peut contester quil y a un problème gigantesque de mal-être chez les enseignants ? Que nous avons chaque année sur sept cent cinquante mille enfants qui arrivent, cent mille (cent mille !) qui perdent pied dans la classe ? Et que le budget de léducation nationale est de loin le premier budget de la nation ?
Nous devons réfléchir autrement, y compris dans les territoires ruraux. Je vous ferai dailleurs la proposition que ce que nous allons faire pour éradiquer léchec scolaire, vos écoles rurales soient les premières à bénéficier du nouveau dispositif.
La vérité, cest quon a fait croire aux Français que légalité consistait à traiter tout le monde de la même façon.
Ce nest pas de légalité, cest de légalitarisme. Légalité, ça consiste à traiter chacun en fonction de ses atouts et de ses handicaps. Dire que tout enfant qui est donné à linstitution scolaire doit mériter le même nombre dheures, la même pédagogie, le même programme sans se préoccuper de qui il est et de quelles sont ses difficultés, cest un mensonge et cest une erreur. Parce que la vérité, cest que dans nos classes, il y a une majorité denfants qui nont pas besoin quon soccupe deux indépendamment de ce quon fait dans la classe.
Parce quils ont une famille, parce quils ont un environnement social, culturel, affectif qui fait quils sen sortent très bien ici et que ça ne pose aucun problème. Quest-ce quon fait avec les cent mille qui ny arrivent pas ?
Qui ny arrivent pas parce quils sont dyslexiques, qui ny arrivent pas parce quils ont un problème psychologique, qui ny arrivent pas parce quils ont un problème familial, qui ny arrivent pas parce quils ont un problème de santé, qui ny arrivent pas et qui se noient. Aujourd'hui, on nen fait rien. Pourquoi ?
Parce que le maître, quel que soit son dévouement, est payé pour faire ses heures de classe. Pour assurer la classe, le faire le mieux possible, et limmense majorité dentre eux le font le mieux possible.
Et dans lorganisation actuelle, le maître, le professeur, quand il voit les parents pour discuter, il nest pas rémunéré : cest en dehors de ses heures dobligation de service. Dailleurs, sil venait à lidée au professeur, bizarre, de parler à son élève en difficulté, il le ferait où ?
Aucun professeur na un bureau dans nos établissements. Il ny a pas un lieu où on puisse sisoler pour parler, pour rencontrer, pour comprendre, pour échanger. Nous allons changer complètement cette logique car nous avons observé que les mêmes, vos enfants, qui perdent pied au CP ce sont les mêmes que lon retrouve en échec scolaire gravissime au lycée ou en échec tout court dans la rue, lorsquils ont vingt ans ou vingt-deux ans.
Les mêmes ! Certains sen sortent mais en général, non seulement les difficultés ne diminuent pas mais elles saggravent au fur et à mesure quon a fait semblant de les traiter en les ignorant et quon les laisse grandir sans traiter le problème qui est le leur. Et ça coûte à la société infiniment plus cher que si on sen occupe.
Eh bien je vais proposer une mesure extrêmement structurante, qui va concerner lensemble de vos écoles et qui consistera à donner le pouvoir aux directeurs décoles et aux maires, didentifier ces enfants qui ont des difficultés au croisement de la maternelle et de la primaire.
Davoir un crédit de deux mille euros par an et par enfant, de pouvoir utiliser ce crédit comme ils lentendent pour analyser les problèmes de cet enfant et mettre au chevet de cet enfant les spécialistes (médecins, psychologues, qui vous voulez) qui permettra daider ces enfants à reprendre pied et à avoir une scolarité primaire normale. Aucun enfant ne sortira de primaire sans savoir lire, écrire, compter.
Aucun de nos enfants ne sera sacrifié par la République parce que cest nos enfants. Comprenez- moi bien, cette idée qui était la tienne, Jean-Louis, je la crois beaucoup plus importante pour la République que celle qui consisterait à promettre à tous les élus locaux de garder les classes même si les enfants sen vont.
Que celle de promettre de ne fermer aucune école, même si les enfants sen vont. Il y a une spécificité de la ruralité, je le sais : nous la préserverons et nous mettrons à lextérieur de la règle du un sur deux le primaire. Je dis une chose : ce nest plus une affaire de quantité, cest une affaire de qualité.
Ce nest plus une affaire de prêt-à-porter, cest une affaire de soins particuliers parce que chaque enfant a sa propre histoire et chacun mérite dêtre pris en charge par la République.
Cest un enjeu considérable dont on peut dailleurs me dire : « Pourquoi ne lavez-vous pas fait lors du premier quinquennat ? » Je répondrais très volontiers : « Jai considéré, avec le Premier ministre, que la priorité du premier quinquennat devait être la réforme de luniversité. » Rappelez-vous létat dans lequel nous lavons trouvée, avec nos universités qui dégringolaient année après année dans les classements internationaux. Et la réforme de la recherche parce que cétait lenjeu de la compétitivité pour la France et de linvestissement pour la France.
Et jai considéré quil nétait pas raisonnable de prendre le risque dadditionner le monde de la recherche, le monde de luniversité et le monde de léducation nationale pour des réformes de cette importance, pour des réformes aussi structurelles. Luniversité fut la priorité de mon premier quinquennat ; léducation nationale sera la priorité de mon second quinquennat.
Voilà mes chers amis. Jai encore trois choses à vous dire. La première, cest que jai écrit une lettre au peuple français. Jy ai mis toute mon expérience des cinq dernières années.
Je nai pas fait cette lettre comme un tract, je nai pas fait cette lettre comme une compilation de discours. Je nai pas fait cette lettre comme un livre quon doit mettre en vitrine et dont le seul message est la photo quon met en couverture.
Jai dailleurs voulu cette lettre sans photo. Jai écrit cette lettre parce que je crois que lécrit engage, parce que je pense que cétait une preuve de respect à lendroit de chaque Français, quil ait voté pour moi ou quil ne lait pas fait, quil sapprête à le faire ou quil sapprête à ne pas le faire. Écrire à chacun.
Et au fond, lidée cest de lui dire : « Peu importe pour qui vous avez voté dans le passé, peu importe les habitudes politiques qui étaient les vôtres, celles de votre famille ou celles de votre environnement, voulez-vous sil vous plaît prendre le temps de lire cette lettre et de regarder lavenir de notre pays, et de décider en fonction de ce que vous pensez être lavenir de ce pays. En toute liberté, comme je fais campagne en toute liberté. » Je vous demande de maider à faire en sorte que cette lettre soit lue par le maximum de nos compatriotes. La situation de notre pays lexige.
Je voudrais vous dire une deuxième chose. Nous menons depuis deux mois une campagne vraiment passionnante et avec un certain dynamisme. Cette campagne rencontre de plus en plus de Français et de plus en plus dadhésion.
Je vous demande de considérer que, pour nous, il ny a pas dautre choix que de nous adresser directement au peuple de France et jai voulu donner rendez-vous au peuple de France, à cette majorité silencieuse, dimanche prochain à la Concorde. Jai voulu que chacun de ceux qui croient en nous ne se sente pas seul dans le déferlement dimages, de propos, dattaques, de critiques. Jai voulu quil y ait un grand rassemblement populaire de façon à ce que cette majorité silencieuse puisse adresser un message tranquille : « Cest nous. Nous sommes là et nous disons : Ça suffit. On veut nos idées, nos valeurs et nous prendrons nos décisions en peuple libre. » Voilà pourquoi jai besoin de vous dimanche à la Concorde.
Et enfin, je veux dire une chose plus personnelle encore. Vous tous qui êtes ici, vous savez ce que cest quune campagne électorale, tous. Une campagne électorale, cest toujours une épreuve. Une épreuve de vérité pour celui qui est candidat ou candidate, pour ses idées et pour sa personne. Cest une épreuve mais cest en même temps un moment de très grande joie parce que cest un moment de liberté. Je suis dans cette campagne électorale de tout mon être, de toutes mes forces, sans aucune crainte. Et je dis à tous ceux qui veulent maider : « Ayez le même état desprit. » Cette campagne électorale nest pas faite pour les gens à la colonne vertébrale un peu fragile.
Cette campagne électorale nest pas faite pour ceux qui doutent.
Cette campagne électorale nest pas faite pour ceux qui pensent que la victoire est facile.
Cette campagne électorale, elle est faite pour ceux qui aiment la France, qui croient profondément dans leurs idées, qui ont confiance dans le bon sens et la lucidité du peuple français, et qui ont envie décrire les pages les plus extraordinaires de la vie politique contemporaine.
Cest cela, la campagne électorale que nous avons décidé de faire ensemble.
Elle est faite pour des femmes et des hommes qui aiment la France, qui y croient, qui ne sont pas fatigués, qui ont lenthousiasme et qui ont envie de convaincre.
Voilà pourquoi à dimanche !
Jai besoin de vous ! Merci !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 13 avril 2012