Discours de M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, sur la mission de l'Agence nationale pour l'insertion et la promotion des travailleurs d'Outre-mer (ANT), le développement économique et social des DOM, la création d'entreprise, la formation et l'insertion des jeunes dans les DOM, Saint-Denis, La Réunion, le 23 mai 2001.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Installation du conseil d'administration de l'Agence nationale pour l'insertion et la promotion des travailleurs d'Outre-mer, à Saint-Denis, La Réunion, le 23 mai 2001

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Venant aujourd'hui installer le nouveau conseil d'administration de l'agence, je voudrais tout d'abord remercier les membres de l'ancien conseil d'administration qui ont eu la charge de l'ANT au cours des dernières années, et dont quelques-uns sont toujours présents. Je remercie en particulier M. Serge PAYET, qui présidait l'agence, et dont l'implication dans le domaine de la formation professionnelle et sa très bonne connaissance des milieux économiques ont été très utiles pour cet organisme.
Le mandat de l'ancien conseil d'administration était expiré depuis plusieurs mois, et l'agence a de ce fait connu une période transitoire à laquelle il est mis fin aujourd'hui.
Je salue d'ailleurs l'esprit de responsabilité des personnels de l'agence durant cette période, et je les en remercie, ainsi que Mme PAU-LANGEVIN, directrice générale, qui a incarné la continuité de l'établissement.
Cette période transitoire a été l'occasion d'une révision des statuts de l'agence, qui a permis de clarifier ses missions autour de la formation en mobilité et d'améliorer la composition du conseil d'administration. Ainsi, les quatre régions d'Outre-mer, qui disposent d'une compétence de droit commun pour la formation professionnelle, ont désormais chacune un représentant, (Mme Michaux-Chevry pour la Guadeloupe, excusée, Mme CLERY pour la Guyane, Mme JAUBERT pour la Réunion, et M. MARIE-SAINTE pour la Martinique, qui est excusé) et je les salue particulièrement car l'agence ne peut qu'agir en étroit partenariat avec les régions d'Outre-mer.
Comme vous le savez, le conseil d'administration de l'agence, qui est une société d'Etat, est tripartite : représentants des personnels, représentants de l'Etat et personnes qualifiées.
Parmi ces dernières, outre les représentants des régions d'Outre-mer, je salue l'arrivée de MM. Jean BLOCQUAUX et Pierre de SAINTIGNON, tous deux inspecteurs généraux des affaires sociales, qui apporteront leurs compétences et leurs réseaux administratifs à l'agence, et je les en remercie par avance.
Je salue les représentants élus du personnel, ainsi pleinement associés à la marche de l'agence.
Je salue également les représentants des différentes administrations de l'Etat, en vous signalant que, par rapport au précédent conseil, un représentant du ministère chargé de l'enseignement professionnel a été substitué à un représentant du ministère des transports.
L'année 2001 doit être pour l'agence, avec ses instances renouvelées, le début d'une nouvelle étape dans sa vie et son développement, en étroite collaboration avec son personnel, ses partenaires institutionnels et l'Etat.
Une nouvelle étape qui s'inscrit dans la stratégie d'ensemble de développement économique et social que le gouvernement a voulu mettre en uvre pour les années qui viennent dans les départements d'Outre-mer : développement des activités économiques, soutien à la création d'entreprises, aux petites entreprises et aux travailleurs indépendants, développement de l'emploi, formation des jeunes avec comme objectifs la baisse du chômage, et en particulier du chômage des jeunes.
Vous le savez, les trois piliers de ce développement ont été mis en place cette année : la loi d'orientation pour l'Outre-mer d'une part, la nouvelle loi de soutien fiscal aux investissements d'autre part, et les moyens budgétaires des contrats de plan et documents de programmation européens.
C'est un ensemble considérable qu'il convient de mettre en uvre pleinement au service des régions d'Outre-mer et de leurs populations.
Parmi les dispositifs mis en uvre par la loi d'orientation, je voudrais en évoquer un, qui concerne directement la vocation de l'agence : le Projet Initiative Jeune (PIJ).
Comme je l'indiquais, il y a quelques instants, le chômage des jeunes est à un niveau préoccupant -de l'ordre de trois fois le niveau métropolitain- et l'orientation à la baisse des dix-huit derniers mois ne peut nous suffire.
Le projet initiative jeune est un nouvel outil au service des projets professionnels des jeunes, et lorsque je dis "jeune", c'est au sens large, car l'âge maximal est de 30 ans.
Il s'agit en premier lieu de favoriser la création d'entreprise, un commerce, une entreprise artisanale, une petite société par ces jeunes dans leur département, avec une aide en capital allant jusqu'à 48 000 F. C'est un premier volet particulièrement important pour permettre à la créativité des jeunes des DOM de s'exprimer et de dynamiser l'activité économique.
Le deuxième volet, et qui vous concerne plus particulièrement ici, est la formation professionnelle des jeunes. La formation dans les DOM est très importante, et les efforts des régions d'Outre-mer considérables, et je le salue ici.
L'objectif du PIJ est, en complément de ces actions, de permettre aux jeunes qui le souhaitent de suivre hors de leur département, une formation professionnelle complémentaire, afin d'acquérir des compétences supplémentaires, de gagner en expérience professionnelle, y compris en entreprise, et au-delà, d'améliorer leurs chances sur le marché du travail outre-mer à leur retour, ou en métropole si certains souhaitent profiter du dynamisme de l'emploi.
C'est un enjeu majeur, pour tous ces jeunes, quel que soit leur niveau de formation de départ, et c'est un enjeu également pour le dynamisme économique des DOM.
L'ANT, dans cet ensemble, a un rôle éminent à jouer, au service de la formation en mobilité. C'est le principal opérateur -mais non le seul- de la mobilité-formation, et le gouvernement demande à cette agence, à son conseil d'administration, à ses personnels, une mobilisation très forte sur cet objectif.
Cette mobilisation devra s'effectuer dans le cadre d'un partenariat actif :
- Avec les régions d'Outre-mer bien sûr, et c'est fondamental, pour que la formation en mobilité s'articule de façon cohérente avec les programmes régionaux de formation professionnelle et également avec les départements d'outre-mer.
- Partenariat avec le service public de l'emploi, dans les DOM en particulier, avec l'ANPE et les directions départementales du travail, de l'emploi, et de la formation professionnelle. Les agences locales pour l'emploi, ainsi que les missions locales jeunes, sont les services de base pour accueillir, orienter les jeunes et définir avec eux leur projet professionnel.
- Le partenariat est également à dynamiser avec l'AFPA en métropole, où les 1 500 places de la commande publique financée par l'Etat, actuellement utilisée à un tiers seulement, doivent être pleinement mobilisées. Certaines régions métropolitaines sont également prêtes à des partenariats qu'il conviendra de mettre en uvre.
- Au-delà, pour accroître l'offre de formation, de façon quantitative et qualitative, des partenariats avec des grandes entreprises, par exemple dans le domaine du tourisme, sont à nouer pour le développement de la formation en alternance et les stages en entreprise.
Vous le voyez, le champ d'action de l'agence et son rôle d'opérateur sont très importants ; c'est une ambition collective pour l'agence et l'ensemble de ses personnels, sur lesquels je sais pouvoir compter.
L'agence, et c'est le sens de ses nouveaux statuts, va se recentrer sur ses missions d'organisation et d'accompagnement de la mobilité-formation, ainsi que sur le développement d'une offre de formation diversifiée, pour mieux pouvoir répondre aux demandes des jeunes.
Pour y parvenir, le moment est venu, et ce sera une des premières missions du nouveau président, de réfléchir à un fonctionnement rénové de l'agence. J'ai déjà évoqué les relations avec l'extérieur et les partenariats à établir.
Mais l'évolution doit s'effectuer en interne également, en réfléchissant à de nouveaux modes de relation avec les délégations régionales d'outre-mer et de métropole, ainsi qu'avec les personnels et leurs représentants en vue d'une mobilisation de tous sur des objectifs de développement négociés et partagés.
Le gouvernement est prêt à accompagner l'ANT dans cette ambition, et je vous propose qu'un contrat d'objectifs pluriannuel soit négocié entre l'agence et les deux ministères de tutelle, le secrétariat d'Etat à l'Outre-mer et celui du Budget, afin de dépasser le stade de l'action à court terme pour tracer des perspectives d'évolution à moyen terme et de réfléchir dans ce cadre aux moyens humains et budgétaires nécessaires pour réussir ensemble l'objectif de faire de l'ANT un intervenant efficace au service de la formation des jeunes d'Outre-mer.
Voilà, Mesdames, Messieurs, ce que je souhaitais vous dire aujourd'hui, au moment où vous prenez -ou reprenez pour certains- vos fonctions au sein de ce conseil d'administration.
Dans quelques instants, vous aborderez l'ordre du jour, limité, de cette première séance. Le premier point est la désignation du Président de l'Agence, pour lequel votre conseil vote une proposition au gouvernement, la nomination intervenant par décret du Président de la République.
Pour cette fonction, je vous propose la candidature de M. Jean BLOCQUAUX, inspecteur général des affaires sociales. Homme d'une grande expérience dans le domaine social, il aura aussi la disponibilité nécessaire pour faire avancer et évoluer l'agence, avec le concours de Mme PAU-LANGEVIN et tous ses collaborateurs. Homme de dialogue, il pourra faire avancer les relations sociales internes à l'entreprise tout comme il pourra nouer les partenariats externes. Haut-fonctionnaire, il aura à cur de mieux mobiliser les administrations et organismes publics autour des missions de l'agence.
Voilà, Mesdames et Messieurs, c'est un nouveau départ pour l'agence qui vous est proposé, et je compte sur la dynamique que vous saurez créer en faveur de la formation des jeunes d'Outre-mer.
Avant que vous ne passiez au vote, si certains souhaitent intervenir, je leur passe volontiers la parole.

(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 28 mai 2001)