Texte intégral
Madame la Présidente, merci, merci de maccueillir. Madame la Ministre du Commerce extérieur, merci dêtre là aussi. Avant dautres ministres qui vont participer à vos travaux, que vous avez invités. Monsieur le Président de la Chambre de commerce de Paris, je suis heureux aussi de vous saluer, Monsieur le Commissaire général à linvestissement, Louis Gallois, vous toutes et tous, Mesdames, Messieurs. Parmi vous, bien sûr, je reconnais des visages connus, peut-être les plus connus, mais jen connais dautres que je ne connaissais pas forcément, des visages nantais, je ne les vois pas tous, mais je sais quils sont là aussi et je les salue avec vous tous au début de cette intervention.
En lisant la presse ce matin, je vais vous dire franchement, je mamusais un peu, dailleurs, je mamusais un peu en arrivant ici, parce quon ma demandé, Madame la Présidente, de vous serrer une deuxième fois la main pour faire des photographies. Mais ce nest pas la première fois que nous nous serrons la main et ce nest certainement pas la dernière. Mais je métonne de cet étonnement à propos de ma présence parmi vous. Jai une longue expérience de responsable politique, délu local, et ça fait trente-cinq ans, en tout cas pendant trente-cinq ans, jai exercé des responsabilités de maire, dont vingt-trois à la tête de la ville de Nantes et de la métropole nantaise. Pendant trente-cinq ans, jai rencontré des chefs dentreprise. Donc, venir à luniversité dété, cest une première, mais rencontrer des chefs dentreprise, pour moi, cest une habitude parce que cest une évidence, on ne construit pas lavenir du pays sans se parler et dabord parler avec les chefs dentreprise, comme je parle aussi avec les salariés, comme je parle avec tous les Français. Donc, pour moi, cest évident, jai répondu à votre invitation.
Au-delà de ces quelques mots, ce que je voudrais vous dire, cest que je crois aux vertus du dialogue entre le Gouvernement que je dirige et les partenaires sociaux, comme vous venez de le rappeler. Parce que les entreprises sont en première ligne dans leffort de redressement de notre pays, cest donc dans un esprit douverture et de confiance que je viens devant vous, attentif aux difficultés que vous rencontrez, mais aussi à vos propositions. Vos universités dété sont devenues un rendez-vous important, dabord pour vous-mêmes, pour réfléchir, discuter, proposer, vous projeter dans lavenir, vous mobiliser. Mais au-delà de vos participants qui sont nombreux, vous vous adressez aussi au reste de la société, cest lintérêt des universités dété, que ce soit celles des organisations syndicales ou professionnelles ou patronales ou politiques. Le week-end dernier, jétais à La Rochelle, ce nest pas exactement les mêmes participants, mais parfois, il peut y en avoir qui vont dans les deux ! Il y avait aussi les représentants des chefs dentreprise. En tout cas, cest un moment utile que de débattre, que de réfléchir, en loccurrence sur les questions économiques et sociales et aussi sur les enjeux liés au monde de lentreprise. Donc, merci encore, Madame la Présidente, de mavoir permis de mexprimer et jespère vous éclairer utilement sur la stratégie du gouvernement et aussi sur la façon dont je conçois lavenir de notre pays.
Jai tenu à le dire et vous me lavez fait observer dailleurs, dès ma déclaration de politique générale, jestime les chefs dentreprise. Je suis pleinement conscient de leur apport décisif à notre économie. Le Gouvernement que je dirige souhaite résolument encourager et mobiliser la France qui entreprend. Parce que cest la condition de la croissance, cest la condition aussi de la production de valeur et cest bien sûr la condition de création demplois. Cela dans un monde plus ouvert, donc plus complexe, donc plus exigeant. Raison de plus pour réfléchir et inventer. Mais en tout cas, la création de richesse, le développement de nos entreprises, la création demplois, cest la condition de ce à quoi les Français sont si attachés, la pérennité de notre modèle social et républicain.
Alors, avant dévoquer la gravité de la situation à laquelle nous devons faire face ensemble, je voudrais dabord vous adresser justement un message de confiance dans les atouts considérables de notre pays. Parce que la France, ce nest pas nimporte quel pays, cest un pays qui est capable, cest un pays dynamique, cest un pays avec des formations de référence, ici même, vous en êtes la preuve. Cest un pays aussi avec une recherche de pointe, avec des filières dexcellence. La France est un pays reconnu et cest un pays qui est respecté, qui attire les capitaux et les savoir-faire étrangers et qui exporte aussi les siens dans toutes les régions du monde.
Mais la France est un pays en mouvement, dont les salariés, les citoyens, les entreprises savent prendre des risques et réussissent aussi à sadapter aux transformations du monde. Cest ça aussi la France, ses atouts que je veux saluer. Mais il est important de les conforter et surtout den tirer pleinement partie parce que la France a aussi besoin de repartir de lavant. Cest ce défi que nous devons relever ensemble. Parce que, en même temps que je parle des atouts, la crise multiforme qui sest installée depuis plus de quatre ans a mis aussi en lumière des faiblesses en ce qui nous concerne, des faiblesses de notre situation, des insuffisances ou des handicaps qui se sont, au fil du temps, aggravés, faute de réformes adaptées. Cest vrai, malheureusement, que notre pays sest en partie affaibli, que pour une part lattractivité de notre territoire a reculé. Il faut mettre un terme à ce décrochage. Cest la mission que le président de la République ma confié et quil a confié à tout le Gouvernement. Sa résolution et son engagement de tous les instants, cest de redresser notre pays, et de le faire aussi dans la compréhension et la contribution des Français, le faire dans la justice.
Parce que ce redressement, il ne se décrète pas den haut. Pour transformer le pays en profondeur et renouer avec la croissance, il faut une large mobilisation de toute la société et, au premier rang, des chefs dentreprises comme de leurs salariés. Il faut être conscient de nos devoirs. Il y a les devoirs des responsables politiques, ceux qui ont reçu mandat des citoyens au nom de lintérêt général. Mais tous ont leur part et il ne sagit de se défausser sur personne, pas plus vous sur nous que nous sur vous. Nous sommes en effet à un tournant de lhistoire de notre pays. Parce que le monde évolue si rapidement, les cartes de la puissance ont été rebattues, de nouveaux enjeux apparaissent. Bien sûr, cest lémergence de nouveaux acteurs majeurs sur la scène internationale, je pense à la Chine, lInde, le Brésil, mais dautres encore. Ce sont les bouleversements que connaît la rive Sud de la Méditerranée. Cest aussi le développement et le défi du continent africain. Mais cest aussi le grand défi de la lutte contre le réchauffement climatique et de la transition énergétique. Cest tout ça qui est devant nous. Dans ce cadre-là, la construction européenne, elle aussi est à la croisée des chemins. Là, de ce point de vue, nous avons une responsabilité historique, mais jy reviendrai dans quelques instants.
Parce que je parlais des Français, de leur nécessaire adhésion, de la compréhension nécessaire de ce qui peut se faire, de ce qui peut réussir, parce quils sont confrontés à ces bouleversements et aux incertitudes qui en découlent. Donc, ils sont inquiets. Dailleurs, les derniers chiffres du chômage, mais aussi les prévisions de croissance ne sont pas de nature à les rassurer. Je connais aussi vos inquiétudes, vous avez parlé de lautofinancement, vous avez raison, je connais aussi vos inquiétudes concernant vos carnets de commandes, vos niveaux de marges, les problèmes pour certaines entreprises daccès au crédit, au coût du travail, à létat des marchés, mais aussi à des tensions internationales qui vous pénalisent, qui vous inquiètent. Malgré tous ses atouts, la grande nation que nous sommes semble parfois douter delle-même. Une question taraude une bonne partie de la société qui est traversée de contradictions, espoir dun côté, découragement de lautre : dans ce monde en mutation, notre pays, avec son modèle social et républicain, a-t-il toujours un destin ? Cest la question que beaucoup se posent. La tentation du repli et de la résignation existe ; elle doit être fortement combattue.
Ma conviction, cest que si nous savons faire preuve de lucidité, si nous savons prendre les décisions stratégiques qui simposent, si nous savons fixer un cap qui soit lisible, compréhensible, mobilisateur, alors, nous réussirons. Oui, nous réussirons. Parce que nous devons réussir et nous pouvons réussir. Cest pour cela que je veux mettre lentreprise au centre de nos politiques économiques. Cest vous, les chefs dentreprise, qui êtes, avec les salariés, vos salariés, les forces vives du redressement productif. Cest lentreprise qui est au cur du processus de création et de croissance et demploi. Alors, à vous qui inventez, qui prenez des risques, quand je dis "jestime les chefs dentreprise", ce nest pas une approche théorique, cest une approche personnalisée parce que je les connais personnellement. Je sais que se lancer demande du courage, de laudace et cest parfois angoissant, mais jadmire cette capacité à le faire et à prendre des risques. Alors, je veux vous dire que vous pouvez compter sur le soutien du Gouvernement parce que nous avons besoin de vous pour réussir le redressement du pays. Notre détermination est totale. Mais nous ne pourrons réussir que dans le cadre dun engagement européen résolu, même si ça ne doit pas nous exonérer ou chercher des excuses par rapport à nos propres responsabilités nationales.
Mais aujourdhui, la crise au sein de la zone Euro pèse lourdement sur lactivité, elle est perçue par les entreprises et les ménages comme porteuse dincertitudes qui les conduisent à lattentisme : consommation, accès au crédit, investissement, emploi sont affectés par cette situation. Les finances publiques comme celles des entreprises en pâtissent, aggravant encore la crise et la défiance des marchés internationaux. Notre priorité est de rétablir un environnement stable en Europe, pour que nos entreprises puissent pleinement et durablement profiter du grand marché unique que nous avons bâti avec nos partenaires depuis un demi-siècle. Cest le sens des propositions que la France a portées avec succès au Conseil européen des 28 et 29 juin.
Alors, certains diront que ce nest pas assez, quil faudrait aller plus loin. Mais bien sûr, ce nest pas la fin de lhistoire, cest une étape, la construction de lEurope a toujours été faite davancées successives et de compromis. Mais en ce qui concerne la France, il nous faut renforcer encore davantage la crédibilité financière de notre pays. Sans cette confiance, les réformes les plus ambitieuses portent difficilement leurs fruits. Cest pourquoi nous avons fait clairement le choix du sérieux budgétaire en mettant en uvre le redressement de nos comptes publics. Dailleurs, si la situation saméliore, il faut des efforts pour y parvenir, vous le savez, mais vous en serez les premiers bénéficiaires, car une crédibilité accrue de la France, et on le voit en ce moment où la France emprunte, ce sont des taux dintérêts plus bas et donc une capacité dinvestissement de nos entreprises qui se développent et ça vaut aussi pour les ménages.
Alors, leffort de redressement des comptes publics a été engagé tout de suite et nous allons le poursuivre résolument avec deux temps forts au cours des prochaines semaines. Dune part, le dépôt au Parlement du projet de loi de ratification du Traité européen sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, ainsi quune loi organique qui traduira ses principes dans notre droit. Dautre part, le dépôt des projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale pour 2013 et de la loi de programmation pluriannuelle des finances publiques qui confirmeront lobjectif de réduction du déficit à 3 % lannée prochaine, tout en traçant le chemin dun retour à léquilibre en 2017.
Tout cela, vous allez me dire ce nest pas une surprise, cest les engagements qua pris le président de la République devant les Français. Mais une fois élu, il y a toujours un scepticisme à légard de la politique et lon se dit, "oui, mais est-ce quils vont tenir leurs engagements ?" Là, comme sur le reste, nous les tiendrons. La maîtrise des comptes publics, je tiens ici à le dire, ce nest pas un objectif qui nous est imposé de lextérieur. Non. Cest une nécessité vitale pour retrouver des marges de manuvre. Parce quil en va de notre souveraineté, de notre indépendance en quelque sorte et de notre capacité à agir. Je naccepterai pas que les décisions de la France, mais aussi de lEurope nous soient imposées par le reste du monde et notamment par les marchés financiers. Cest de notre responsabilité.
Alors, je lai dit, on natteindra pas ces objectifs sans des efforts. Qui le nie ? Qui en doute ? Nous proposerons que ces efforts soient justes, car chacun devra y contribuer en fonction de ses capacités, les ménages comme les entreprises, mais ils seront équilibrés. Car, sur lensemble de la législature, ils porteront pour moitié sur des recettes nouvelles, mais pour moitié sur des économies de dépenses qui vont commencer dès cette loi de finances 2013.
Ainsi, la prochaine loi de programmation pluriannuelle des finances publiques sera fondée sur la stabilité en zéro valeur des dépenses de lEtat, sauf pour les priorités, éducation, justice, police, pour les années 2013 à 2015. Quant à la réforme fiscale, dont je lis beaucoup de choses, je ne veux pas rentrer aujourdhui dans les détails, dailleurs les derniers arbitrages ne sont pas pris, cest le Conseil des ministres qui se prononcera le 24 septembre, mais je lis beaucoup de choses qui sont souvent inexactes, peut-être que certains les font passer un peu pour se faire peur ou par prévention. Mais cette réforme fiscale que nous envisageons visera à améliorer le financement de léconomie, linvestissement et la compétitivité des entreprises. Mais elle sera aussi basée sur la justice, je lai évoqué, je ny reviens pas.
Mais une fois que jai dit ça et vous le pensez comme moi sûrement, le sérieux budgétaire et la maîtrise des comptes publics ne suffisent pas. Nous le voyons bien aujourdhui dans plusieurs pays du Sud de lEurope et ça peut nous concerner aussi. Sans croissance, rien nest durablement possible. Alors, soutenir lactivité en Europe, cest tout le sens de cette première étape que jai évoquée tout à lheure, le pacte de croissance qui a été obtenu dans une discussion, parfois difficile, par le président de la République à la fin du mois de juin. Je lai dit, cest un compromis. Mais lélection présidentielle a eu cette vertu de faire bouger les lignes en Europe, 120 milliards deuros, certains disent que cest peu, mais cest 20 % du budget européen et au service de la croissance des pays de lUnion et cest sans doute probablement plus si on utilise davantage le levier bancaire, je pense bien sûr à la Banque Européenne dInvestissement. Je pense aussi à la première étape des "Project Bonds", cest encore modeste, mais cest pour ça quil faut sengager à fond, les financements existent, utilisons-les pour aider entreprises et territoires à investir. Là, les chantiers sont multiples.
Pour lavenir, je pense que, en effet, mais je ne vais pas développer là maintenant, je suis sûr que le grand chantier de la transition énergétique doit être porté aussi à léchelle européenne par des investissements novateurs. Comme le grand chantier, vous parliez tout à lheure, vous y faisiez allusion sous forme de métaphore, à la révolution numérique, cette révolution numérique, elle doit nous entrainer, nous permettre dinnover, nous permettre davancer, à léchelle de notre pays, de nos territoires, mais aussi avec une ambition et des projets communs en Europe.
Alors, au-delà de ce pacte, il nous faut être ambitieux pour lavenir de notre maison commune. Le mode de gouvernance aujourdhui en place en Europe, nous le voyons, est à bout de souffle et ne permet pas de décider vite dans de bonnes conditions. Quand vous pensez quil est question du problème grec depuis deux ans et demi, deux ans et demi ! Alors, il est indispensable de progresser dans le sens dune plus grande intégration, à condition quelle soit vraiment solidaire. Cest ce qua proposé le président de la République, cest la feuille de route qui a été fixée à monsieur Van Rompuy et bientôt les dirigeants européens vont en discuter. Dailleurs, vous avez évoqué cette formule tout à lheure "intégrer davantage", la formule est assez générale, elle couvre bien des champs. Mais sagissant de lEurope, oui, cest un des sujets que vous allez développer dans votre université dété, cest dailleurs le fil rouge de vos travaux.
Mais cest aussi lobjectif des Européens convaincus, jallais dire sincères, responsables, tels que nous sommes, en tout cas cest ma conviction, comme cest celle du président de la République. Lintégration solidaire, cela signifie quà court terme, nous sommes déterminés à tout faire pour que la Grèce reste dans la zone Euro. Nous ne prendrons pas le risque de laventure. Sil faut le dire deux fois, trois fois et plus, nous le dirons et nous le répéterons parce que nous sommes responsables de lavenir de lEurope. Nous sommes un des pays fondateurs de lEurope. Cela veut dire que les mécanismes de stabilisation renforcée pour nos partenaires du Sud doivent maintenant être mis en uvre. Cela a pris déjà trop de temps. Dans cette perspective, ce qui a été acquis le 28 et 29 juin, lUnion bancaire, la supervision des banques avec un rôle accru de la Banque Centrale Européenne, doit être aussi réalisé. Il ne sagit pas pour autant de mettre en cause son statut, son indépendance, nayons pas de débat théorique. Jugeons plutôt sur pièces. Je trouve que les propos du président de la Banque Centrale Européenne ces dernières semaines sont allés dans la bonne direction et il faut plutôt sen féliciter.
En tout cas, la détermination qui est la nôtre, nous nous y tiendrons. Car je ne veux pas que la France, et cest la conviction du président de la République, prenne le risque, et nos partenaires européens aussi, de faire échouer la construction européenne. Quand on voit lévolution du monde que jévoquais tout à lheure, toutes ces nouvelles grandes constructions de ces grandes régions du monde, souvent, ceux qui imaginent des solidarités régionales à léchelle du monde regardent vers notre expérience européenne. Nous qui avions connu tant de conflits et qui après la Seconde guerre mondiale, nos prédécesseurs, les dirigeants européens visionnaires avaient eu le courage de se rapprocher et notamment les trois dirigeants, Konrad Adenauer, Schuman et Gasperi, trois pays fondateurs de lEurope. Ils avaient eu le courage, parfois contre tous les conservatismes, les craintes et les peurs de perdre notre indépendance nationale. Ils ont eu raison. La responsabilité qui est la nôtre aujourdhui vis-à-vis des jeunes générations et des générations futures, cest de ne prendre aucun risque que cette construction inachevée sarrête. Notre responsabilité, cest de lamplifier, cest de la consolider.
A une condition quand même, mais elle nest pas la moindre, elle est essentielle, cest avec ladhésion des peuples, dabord du peuple français. Cette question est sensible ici, en France, de toutes sensibilités politiques dailleurs, et nous avons les vécues. Ça veut dire que lapprofondissement et lintégration solidaire de lEurope ne pourra pas se faire sans un approfondissement démocratique et de la gouvernance et de leuro, en particulier de la zone Euro. Nous devons sur ce point être intransigeants sur le caractère démocratique de cet approfondissement. La France fera des propositions et réagira aux propositions, je lai dit tout à lheure, du président du Conseil européen. En tout cas, nous y sommes, là, maintenant.
La nouvelle étape de la construction européenne que nous appelons de nos vux ne sera pas possible non plus sur la base dun accord franco-allemand durable. Vous connaissez, Madame la Présidente, nous en avons souvent parlé ensemble et même avant les élections présidentielles, mon attachement à cette relation particulière, cette amitié historique franco-allemande qui est au cur du projet européen. Ce couple franco-allemand, il est plus que jamais nécessaire. Bien sûr quil ne doit pas être exclusif et nos autres partenaires, au premier rang desquels les autres pays fondateurs, je pense bien sûr à lItalie, doivent aussi jouer un rôle moteur. Avec le président de la République, nous rencontrions, il y a quelques jours, monsieur Mario Monti, de toutes ces questions, nous avons évidemment parlé. Mais pour peser en Europe et dans le monde, alors, maintenant, en ce qui nous concerne, nous, la France, nous avons notre propre responsabilité, notre propre contribution, cest-à-dire de redevenir durablement compétitif. Cest pour cela quil faut que nos entreprises soient fortes pour être créatrices demploi.
Je lai dit, je ny reviens pas, nous avons des atouts et je lai mesuré pendant des années dans les fonctions qui étaient précédemment les miennes. Mais cette expérience méclaire aussi sur ce que nous pouvons faire pour la France. Parce quil faut mobiliser à léchelle nationale, mais dabord sur les territoires de projets lensemble des acteurs et des partenaires, les entreprises, les chambres consulaires, les organisations professionnelles, les organisations syndicales de salariés, les collectivités territoriales, les pôles universitaires et de recherche, tous ceux qui souhaitent participer au développement et réussir ce développement. Partout où ça se fait, ça marche. Moi, je voudrais, dans les futures réformes à venir, ce nest pas laddition simplement de tout ce qui se fait région par région, ville par ville, mais dans la réforme de la nouvelle étape de la décentralisation, dun Etat plus stratège, plus efficace, il est important de sappuyer sur les territoires pour mettre en uvre les politiques que nous voulons pour le pays et pour nos entreprises. Lexemple même, Monsieur le Commissaire général à linvestissement jen dirai un mot encore tout à lheure est là pour le démontrer, que cest la bonne méthode entre les donneurs dordre, les grands groupes, les PME, les centres de recherche, les collectivités territoriales, cest comme ça que la future Banque Publique dInvestissement devra fonctionner pour être efficace.
Pour conduire les réformes nécessaires, Madame la Présidente, vous y avez fait allusion, en ce qui me concerne, je revendique une méthode de gouvernement qui consiste à mener de front la réponse à lurgence et en même temps le travail en profondeur, le travail dans la durée, mais en prenant le temps de la concertation et en évitant les effets dannonce dont il ne reste au final que les annonces sans effet. Cette méthode, que je revendique et que jassume pleinement, elle est fondée sur le dialogue social et nous avons commencé à la mette en uvre avec la grande Conférence sociale à laquelle vous avez participé activement dans tous les ateliers. Nous avons ouvert des chantiers essentiels, je pense au contrat de génération, à la sécurisation de lemploi ou à la question cruciale de notre compétitivité et du financement de notre protection sociale. Alors, je veux dire les choses clairement devant vous.
Pour le Gouvernement, il ne sagit pas dajouter de nouveaux freins à la conduite des entreprises. Nous voulons même faire en sorte quen cas de difficultés, toutes les solutions, toutes les alternatives soient bien prises en compte. Nous lavons dailleurs montré récemment avec quelques situations dentreprises fragilisées ou de groupes industriels fragilisés. Nous devons continuer à le faire parce quil est parfois possible, par le dialogue, par la négociation, de faire émerger des solutions qui évitent la destruction dactivité et demploi et qui en même temps sont bénéfiques au premier chef à lentreprise et cest cela que je souhaite encourager.
Alors, permettez-moi un instant de marrêter sur la question de lemploi et du travail de façon plus spécifique. Elle était justement au cur de la grande Conférence sociale. Vous savez en tant que chef dentreprise combien la question du travail est centrale, dabord pour vos salariés et pour les Français, pour leurs enfants. Cest une évidence de dire cela. Le président de la République a défini deux priorités : lemploi et la jeunesse. Mais elles sont liées. Le gouvernement combat le chômage sans aucune faiblesse, sans résignation. Il y a déjà leffort supplémentaire que nous avons fait en juin dernier, je le dis, il sagit là dagir dans lurgence, ce nest pas une politique de lemploi, cest une politique pour aider ceux qui sont aujourdhui brutalement privés demploi.
Cest pour ça que, dès le mois de juin, jai pris la décision de prendre une mesure de financement demplois aidés. Alors, vous allez me dire ce nest pas une politique économique ! Oui, mais jy reviendrai. Cest pour ça que, en année pleine, cest près de 400 000 emplois et contrats aidés qui seront financés. Dans ce cadre, je tiens à dire ici, puisque je parle de lurgence, quil nest pas possible, même si on dit cest la croissance qui créera de lemploi, cest lentreprise qui créera de lemploi, de laisser les jeunes, qui sont les premières victimes du chômage, cest eux qui ont vu leurs chiffres monter avec les seniors et le chômage de longue durée ces dernières semaines, en tout cas ceux davant-hier, il nest pas acceptable que la société naide pas les jeunes à accéder à une première expérience professionnelle. Parce que lutter contre le chômage des jeunes, cest lutter pour eux, mais cest aussi lutter pour lavenir de notre pays, qui ne peut se passer de lapport confiant des jeunes générations. Cest donc lintérêt même de notre société, donc aussi des entreprises.
Quant aux emplois davenir dont le projet a été adopté ce matin par le Conseil des ministres, ils contribuent aussi à apporter une réponse à la fois rapide et ambitieuse à cette question. Ambitieuse, car nous voulons créer 150 000 emplois davenir dès la première année. Avec ces emplois, nous visons dabord les jeunes les plus éloignés de lemploi, ceux qui sont sans diplôme ou qui sont peu qualifiés, en priorité dans les quartiers les plus populaires ou dans les zones rurales en difficulté. Quant aux emplois davenir, ils seront destinés dabord au secteur non marchand, là où les activités dutilité sociale sont porteuses de créations demplois qui leur seront accessibles. Mais ils seront également mis en place de façon plus limitée dans le secteur marchand. Mais en tout cas, dans tous les cas, notre objectif est bien que ces jeunes soient forts dune expérience professionnelle pour débuter leur parcours dans la vie, ce nest pas le but, ce nest pas la fin de leur parcours, cest une manière de démarrer quelque chose qui leur permettra dêtre mieux armés pour rentrer ensuite sur le marché du travail et répondre alors aux attentes et aux besoins des entreprises.
Et puis, il y a un chantier que nous vous avons proposé, aussi pour lemploi des jeunes et des seniors, cest le fameux pacte générationnel, le contrat de génération. La feuille de route sociale issue de la grande conférence sociale a prévu une négociation préalable, parce que ça concerne les entreprises, les partenaires sociaux. Au-delà des objectifs clairs que nous assignons, pour lemploi des jeunes, pour lemploi ou au maintien dans lemploi des seniors, pour le transfert des compétences et la gestion des âges, les modalités de ce contrat ne sont pas tranchées davance, cest pour ça quil y a cette négociation, elle va sengager dans les prochains jours, je souhaite simplement quelle aille vite, quelle aille vite, parce quil y a là aussi urgence.
Donc je fais confiance aux partenaires sociaux pour la mener à bien parce que vous y êtes tous engagés. Toutes situations syndicales et organisations patronales rassemblées.
Et puis je voudrais évoquer un petit peu plus longuement une autre négociation, que la feuille de route sociale a appelé de ses vux, la négociation sur les conditions dune meilleure sécurisation de lemploi. Jy attache une importance toute particulière. Dabord parce quelle traite des sujets majeurs de la vie des entreprises : lanticipation nécessaire de lévolution des activités, de lemploi et des compétences ; laccompagnement des mutations économiques avec la question du maintien dans lemploi et des entreprises confrontées à des difficultés conjoncturelles ou encore structurelles ; ou encore la question de lamélioration ou de la sécurisation juridique des procédures de licenciement collectif ; ou enfin la lutte contre la précarité excessive du marché du travail qui touche notamment les jeunes et les femmes.
Alors jai confiance dans cette négociation. Parce que si nous parvenons à une conclusion positive qui sera nécessairement un compromis dans mon discours de politique générale javais appelé ça un donnant-donnant oui chacun devra faire un pas. Je souhaite que tous les partenaires sociaux y soient. Et je crois que cest leur souhait. Un document dorientation va vous être remis à vous comme aux autres organisations dès la mi-septembre, et dans la situation économique dégradée que nous connaissons, jappelle tous les partenaires sociaux à engager sans délai cette négociation et à en accélérer le rythme par rapport à ce qui avait été envisagé il y a quelques semaines, avec un objectif qui est celui de la réussite. Parce que si vous réussissez, vous patronat, les grandes entreprises, moyennes entreprises, les petites avec lensemble des organisations syndicales représentatives qui seront autour de la table avec leur histoire, leur sensibilité, leur priorité, alors vous aurez témoigné de léclosion dun nouveau modèle de négociation sociale au-delà de tous les autres accords que vous avez évoqués et que vous avez à juste titre salués.
En tout cas, je vous le dis, cest une question essentielle pour laquelle vous êtes regardés, non pas par le Gouvernement seulement, qui serait juge de la bonne méthode ou de la bonne marche en avant de votre négociation, non, par les Français. Cest une manière aussi de répondre à linquiétude, cest une manière de répondre au doute, cest une manière de convaincre, quon peut changer les choses en discutant, en négociant dans notre pays. Il ny a pas de raison que ça se fasse parfois ailleurs et que ça ne se fasse pas aussi en France, cest une conviction profonde madame la présidente et jespère que je ne serais pas déçu et surtout que les Français ne seront pas déçus.
Alors je souhaite vraiment dy arriver. Parce que nous devons concilier les exigences de la vie des entreprises mais celles aussi des droits des salariés. Cest par essence la négociation qui est la mieux à même de définir les éléments de cet équilibre. Et donc chacun devra faire face à ses responsabilités.
Et tous ces chantiers, que je viens dévoquer, et en particulier celui-ci, sont aussi des chantiers de compétitivité. Oui, ça en fait partie bien sûr. Il ny a pas ça et puis plus tard la compétitivité. Vous le savez jai confié une mission sur ce sujet crucial à Louis Gallois, qui va me remettre début octobre ses analyses sur la situation de notre économie, en particulier de notre industrie. Il fera aussi des propositions. Et je suis sûr quelles seront, pour certaines dentre elles, audacieuses. Vous connaissez Louis Gallois et surtout vous connaissez sa franchise et sa force de conviction. En tout cas dès la remise de votre rapport je réunirai dans la deuxième quinzaine doctobre un séminaire gouvernemental pour analyser votre proposition et prendre des décisions.
Mesdames et messieurs, jaborde toutes ces questions en disant quil ny a pas de sujets tabous. Le financement de la protection sociale en était un, reconnaissons-le, en en parlait mais on le renvoyait tout le temps. Nous avons décidé, lors de la grande conférence sociale, de le prendre à bras le corps, parce quil ne doit plus peser aussi fortement sur le travail, sur la base des travaux du Haut Conseil de financement de la protection sociale, qui sera mis en place dès le mois de septembre, et nous définirons, début 2013, ça sera la responsabilité du gouvernement, un nouveau modèle de financement qui soit plus favorable à la compétitivité des entreprises et en même temps qui permette de préserver le financement de notre système de protection sociale. Je le dis il ny a pas de temps à perdre, tant ces questions ont été évoquées si souvent ces dernières années, et souvent renvoyées. Parfois il y a eu des tentatives de décision, je ne dis pas que nous réussirons, je ne peux pas préjuger de la conclusion, mais ce que je sais par expérience et vous aussi, cest quand on décide unilatéralement, je dirais même parfois brutalement, le corps social se rétracte et au bout du compte on renonce et il ne se fait rien. Moi je ne suis pas Premier ministre et chef du Gouvernement pour abandonner après une première tentative. Je suis déterminé pour avancer, même sil faut parfois sy reprendre à plusieurs fois parce que cest notre responsabilité, non pas parce que nous en avons reçu le mandat par les Français, parce que cest la question du pays. Parce que pour gagner des parts de marché, il y a aussi bien sur dautres questions, ce nest pas la seule, il faut stimuler linnovation au sein même des entreprises. Nos entreprises doivent intégrer dans leur production davantage de valeur ajoutée, se distinguer par la qualité de leurs produits, dégager une compétitivité pour le coup hors-prix.
A cet égard, je salue le travail du Commissariat général à linvestissement. Cest le précédent gouvernement qui lavait créé à la suite dune proposition de deux de mes anciens prédécesseurs, Michel Rocard et Alain Juppé, que jai reçus à Matignon il y a déjà plusieurs semaines, pour les rassurer. Ce qui a été entrepris et qui va dans la bonne direction, cest dailleurs la preuve de la nomination de Louis Gallois, qui a décidemment beaucoup de responsabilités, il pensait prendre une retraite tranquille ce nest pas tout à fait le cas, mais en tout cas je le remercie davoir accepté parce que les investissements davenir seront confortés. Et nous prendrons appui pour cela sur les pôles de compétitivités - même sil faut parfois les rénover - sur les universités, sur les organismes de recherche.
Dun point de vue économique, le coût de lénergie, vous lavez évoqué, est également un enjeu majeur, cest un élément de la compétitivité de la France, mais cest aussi un élément majeur de ce chantier que jévoquais de la transition énergique que mon Gouvernement veut engager, et qui ne doit pas justement se traduire par une diminution de notre compétitivité. Cest difficile mais il faut le tenir. Et cette question sera abordée dans le cadre de la conférence environnementale qui souvrira le 14 septembre, où tout sera dit de cette façon-là, où chacun devra bien réfléchir, toutes sensibilités là encore, ce nest pas évident ; parfois les points de vue sont très éloignés.
Mais lobjectif premier, qui est le nôtre, cest dengager un vaste plan d'efficacité énergétique, mais aussi de sobriété énergétique ; ce qui signifie un plan sans précédent déconomie dénergie, dabord dans le logement, mais ça vaut aussi pour les transports, ça vaut aussi pour lensemble des activités. Et en même temps, nous devons continuer de disposer de sources d'énergie fiables et bon marché.
La part du nucléaire dans la production délectricité, cest un engagement du président de la République, sera ramenée de 75 à 50 % à lhorizon 2025, au profit dune diversification de notre bouquet énergétique, et donc il est important pour notre pays de préserver cette filière dexcellence. Si on ramène de 75 à 50 % la filière ne disparait pas, elle est nécessaire, et pas seulement pour la déconstruction. Cest une des meilleures au monde, dabord en terme en sureté et de sécurité.
Et puis il faut amplifier leffort en matière des énergies renouvelables et je crois que ça peut se faire, je lai dit à léchelle de lEurope, ça peut se faire à léchelle nationale, mais ça peut se faire beaucoup, je pense au logement, je pense au transport, à léchelle territoriale.
Et puis nous navons pas à hésiter à nous inspirer de ce qui marche chez nos voisins, tout ne marche pas, nous navons pas à avoir toujours des complexes en disant "les autres sont meilleurs que nous", mais il y a des choses qui marchent parfois mieux. Je pense par exemple à la très grande efficacité des partenariats qui se nouent entre les entreprises allemandes au sein dune même filière. La leçon à en tirer, cest que nos propres filières industrielles doivent jouer plus collectif. Je compte sur la Conférence nationale de lindustrie, que jai présidée récemment, pour susciter une franche mobilisation en ce sens. En tout cas ces thèmes ont eu une vraie résonnance.
Mesdames, Messieurs, une Europe de la croissance, une amélioration de notre compétitivité, ce sont des conditions indispensables au redressement de notre économie. Et au-delà, cest un nouvel environnement favorable au développement des entreprises que le Gouvernement est en train de créer. Avec pour objectif de développer lattractivité de notre territoire national et de stimuler lafflux dinvestissements étrangers, au service de la croissance et de lemploi.
Mais au-delà de ce nouvel environnement, il y a la question du financement. Notre objectif est de favoriser laccès des entreprises, notamment des PME, à des financements adaptés. Dans ce but, nous venons de prendre la décision de doubler le plafond du livret de développement durable, qui est destiné aux entreprises, les PME. Le texte sera publié dès septembre. Et cest également pour apporter aux entreprises le crédit et le capital nécessaires à leur développement que nous allons créer la Banque publique dinvestissement je vous lai dit au passage il y a quelques instants. Cest un projet très important pour nos entreprises, bien sûr surtout pour les PME, et je souhaite que cette banque travaille en lien avec les territoires et devienne un partenaire de référence un partenaire de référence accessible, réactif. Le projet de loi sera présenté au Conseil des ministres dans les prochaines semaines.
Je partage la conviction du président de la République quand il disait "je ne suis pas lennemi de la finance mais je veux mettre la finance au service de léconomie", on ne peut être que daccord, jespère que vous lêtes, vous me le dites souvent dailleurs, les chefs dentreprise, quand je vous rencontre partout en France. Cest le sens de la réforme bancaire, et pas un autre, qui sera présentée dici la fin de lannée, pour favoriser laccès des PME aussi aux marchés de capitaux. Nous favoriserons lépargne longue des Français afin daccroître les capacités de financement des entreprises.
Dans les prochaines semaines, le gouvernement proposera un plan pour le développement des PME, visant à gagner la bataille de la compétitivité et de linnovation. Les PME nattendent pas du gouvernement une mesure miracle, mais un ensemble de dispositions qui créeront un environnement favorable. Il sagira notamment de soutenir leur croissance et leur transformation en entreprises de taille intermédiaire trop peu nombreuses en France. Nous souhaitons ainsi favoriser un meilleur respect des délais de paiement et une nouvelle phase de simplification administrative. Cest la question souvent des normes. Je rencontrais il y a quelques temps lensemble des associations délus locaux qui mont dit "on est prêt à participer à leffort national de redressement des comptes publics, même si vous naugmentez pas nos dotations on accepte, mais de grâce faites un effort pour simplifier les normes". Cest un peu la même chose.
Enfin, la croissance des PME et des ETI ne peut plus se concevoir en dehors de capacités exportatrices. Madame la Ministre, Nicole Bricq, du Commerce extérieur vous en parlera certainement plus en détail que moi. Mais notre déficit vous le connaissez, il a progressé de 70 % entre 2007 et 2012 ! Ce nest pas une fatalité et lambition du Gouvernement est de ramener à léquilibre la part du déficit commercial hors énergie dici à la fin de la mandature. On ma dit que cétait un objectif ambitieux voire trop ambitieux. Eh bien il ne me fait pas peur, je pense que nous pouvons le relever ensemble. Parce quil faut permettre aux entreprises françaises de concourir à armes égales avec leurs concurrentes, et parfois sagissant du crédit tout simplement pour eux, négocier dans de bonnes conditions, et cest vrai que les modes de financement des exportations doivent être réformés. Il faut aussi exiger la réciprocité dans les échanges. La stratégie de nos entreprises doit être soutenue partout dans le monde, et cest le sens du message que jai adressé hier à tous les Ambassadeurs réunis pour leur vingtième conférence annuelle pour développer notre diplomatie aussi sur le plan économique. La France dispose dun des plus grands réseaux diplomatiques et consulaires au monde, eh bien ça doit être aussi mis au service de léconomie et de la croissance.
Et puis enfin, jarrive à la fin de mon propos, rassurez-vous, je noublie pas le rôle essentiel de notre système éducatif. Il faut quil soit plus efficace, il faut favoriser lacquisition de compétences et une meilleure insertion professionnelle. Tous les pays qui auront réussi après des périodes difficiles de retrait, de déclin, leur redressement, que ce soit en Europe, que ce soit sur dautres continents, ont investi dans léducation, parfois ils étaient très bas, et nous avons vu notre classement, je pense notamment au classement PISA, reculer alors que la France était en pointe. Eh bien il faut relever ce défi là aussi.
Investir dans la formation, dabord la formation initiale, mais aussi la formation professionnelle, la formation permanente et lenseignement supérieur de la recherche. Cest le vaste chantier qui a été entrepris et qui commence notamment par, non seulement recruter des professeurs, les mettre là où il y en a le plus besoin, mais surtout les former parce quil y a quand même quelque chose de paradoxal, cest le seul métier, celui de former la jeunesse où les enseignants ne recevaient pas de formation. Eh bien dès cette année, dès la rentrée prochaine, nous allons démarrer ce chantier de la formation des maitres, parce que cest indispensable.
Quant aux entreprises, moi je nai quune demande à vous faire, cest daider les jeunes, mais vous le faites déjà, mais les accueillir peut-être encore davantage en particulier lorsque des jeunes sont à la recherche de formation en alternance, parfois cest le parcours du combattant. Donc je crois que là aussi nous avons besoin les uns des autres.
Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, jai évoqué deux fois notre modèle social et républicain, je crois que les Français y sont très largement attachés, je ne doute pas que vous ly êtes aussi, parce que cest un peu notre identité. Jen nai pas dailleurs une conception figée, je crois que des réformes telles que celles que nous proposons et qui sont ambitieuses ont pour objectif de le consolider, des évolutions sont nécessaires. LEtat prendra toute sa part de leffort collectif, mais le cur même de ce qui fait notre vivre ensemble, de ce qui contribue à ce que notre peuple tient ensemble au-delà de ses différences - différences géographiques, différences sociales, différences dorigine lorsque vous parcourez la France vous voyez bien que la France, même si cest une République une et indivisible, que cest un pays divers, qui nest pas uniforme, entre les grandes villes, le monde rural, de toutes nos régions, de nos cultures, jallais presque dire de nos langues, enfin il y a la langue française, heureusement, quil faut promouvoir, mais parfois on se dit "mais quest-ce qui fait que ce peuple tient debout", cest parce quil a quelque chose de particulier qui est le génie de la France. Alors ne le gardons pas comme une relique que nous mettrions dans un présentoir et devant laquelle on se prosternerait par nostalgie, ne faisons pas de cela un frein, faisons au contraire de ce qui est notre originalité un levier de mobilisation et qui sera la garantie que nous nous engagerons ensemble pour réussir dabord la compétitivité de nos entreprises mais au-delà de réussir le projet de redressement de la France.
Aujourdhui je me suis adressé avec vous avec conviction justement parce que je suis sûr que nous saurons relever le pays, mais à une condition cest que toute la société se mette en mouvement et que nous avons un devoir lorsquon est responsable, responsable politique, responsable dentreprises, responsable dorganisations, responsable de syndicats, responsable duniversités, de toute institution, dassociations, de faire passer un message qui est à la fois un message de mobilisation mais aussi un message de confiance. Et dabord je le dis, devant vous ce soir aux partenaires sociaux. Et en vous disant à ceux qui ne manqueront pas sans doute de me le reprocher dêtre venu parler vous vous rendez compte devant le Medef, que je ne tiens pas deux discours. Je tiens le même devant vous Mesdames et Messieurs les chefs dentreprise, comme je tiendrais devant les salariés parce que jai un discours pour la France, qui est à la fois un discours de vérité, un discours de lucidité, mais aussi un discours de confiance et despoir, un discours de mobilisation. Alors le Gouvernement a besoin des chefs dentreprises, comme il a besoin des salariés. Cest ce que je suis venu vous dire. Je crois aussi au patriotisme, le patriotisme veut dire que de temps en temps il y a des efforts à faire, sans dabord regarder pour soi-même, mais regarder pour les autres, regarder pour le pays.
Je suis sûr que ce message vous le comprendrez, et je vous remercie de mavoir invité et de mavoir écouté.
Source http://www.gouvernement.fr, le 13 septembre 2012
En lisant la presse ce matin, je vais vous dire franchement, je mamusais un peu, dailleurs, je mamusais un peu en arrivant ici, parce quon ma demandé, Madame la Présidente, de vous serrer une deuxième fois la main pour faire des photographies. Mais ce nest pas la première fois que nous nous serrons la main et ce nest certainement pas la dernière. Mais je métonne de cet étonnement à propos de ma présence parmi vous. Jai une longue expérience de responsable politique, délu local, et ça fait trente-cinq ans, en tout cas pendant trente-cinq ans, jai exercé des responsabilités de maire, dont vingt-trois à la tête de la ville de Nantes et de la métropole nantaise. Pendant trente-cinq ans, jai rencontré des chefs dentreprise. Donc, venir à luniversité dété, cest une première, mais rencontrer des chefs dentreprise, pour moi, cest une habitude parce que cest une évidence, on ne construit pas lavenir du pays sans se parler et dabord parler avec les chefs dentreprise, comme je parle aussi avec les salariés, comme je parle avec tous les Français. Donc, pour moi, cest évident, jai répondu à votre invitation.
Au-delà de ces quelques mots, ce que je voudrais vous dire, cest que je crois aux vertus du dialogue entre le Gouvernement que je dirige et les partenaires sociaux, comme vous venez de le rappeler. Parce que les entreprises sont en première ligne dans leffort de redressement de notre pays, cest donc dans un esprit douverture et de confiance que je viens devant vous, attentif aux difficultés que vous rencontrez, mais aussi à vos propositions. Vos universités dété sont devenues un rendez-vous important, dabord pour vous-mêmes, pour réfléchir, discuter, proposer, vous projeter dans lavenir, vous mobiliser. Mais au-delà de vos participants qui sont nombreux, vous vous adressez aussi au reste de la société, cest lintérêt des universités dété, que ce soit celles des organisations syndicales ou professionnelles ou patronales ou politiques. Le week-end dernier, jétais à La Rochelle, ce nest pas exactement les mêmes participants, mais parfois, il peut y en avoir qui vont dans les deux ! Il y avait aussi les représentants des chefs dentreprise. En tout cas, cest un moment utile que de débattre, que de réfléchir, en loccurrence sur les questions économiques et sociales et aussi sur les enjeux liés au monde de lentreprise. Donc, merci encore, Madame la Présidente, de mavoir permis de mexprimer et jespère vous éclairer utilement sur la stratégie du gouvernement et aussi sur la façon dont je conçois lavenir de notre pays.
Jai tenu à le dire et vous me lavez fait observer dailleurs, dès ma déclaration de politique générale, jestime les chefs dentreprise. Je suis pleinement conscient de leur apport décisif à notre économie. Le Gouvernement que je dirige souhaite résolument encourager et mobiliser la France qui entreprend. Parce que cest la condition de la croissance, cest la condition aussi de la production de valeur et cest bien sûr la condition de création demplois. Cela dans un monde plus ouvert, donc plus complexe, donc plus exigeant. Raison de plus pour réfléchir et inventer. Mais en tout cas, la création de richesse, le développement de nos entreprises, la création demplois, cest la condition de ce à quoi les Français sont si attachés, la pérennité de notre modèle social et républicain.
Alors, avant dévoquer la gravité de la situation à laquelle nous devons faire face ensemble, je voudrais dabord vous adresser justement un message de confiance dans les atouts considérables de notre pays. Parce que la France, ce nest pas nimporte quel pays, cest un pays qui est capable, cest un pays dynamique, cest un pays avec des formations de référence, ici même, vous en êtes la preuve. Cest un pays aussi avec une recherche de pointe, avec des filières dexcellence. La France est un pays reconnu et cest un pays qui est respecté, qui attire les capitaux et les savoir-faire étrangers et qui exporte aussi les siens dans toutes les régions du monde.
Mais la France est un pays en mouvement, dont les salariés, les citoyens, les entreprises savent prendre des risques et réussissent aussi à sadapter aux transformations du monde. Cest ça aussi la France, ses atouts que je veux saluer. Mais il est important de les conforter et surtout den tirer pleinement partie parce que la France a aussi besoin de repartir de lavant. Cest ce défi que nous devons relever ensemble. Parce que, en même temps que je parle des atouts, la crise multiforme qui sest installée depuis plus de quatre ans a mis aussi en lumière des faiblesses en ce qui nous concerne, des faiblesses de notre situation, des insuffisances ou des handicaps qui se sont, au fil du temps, aggravés, faute de réformes adaptées. Cest vrai, malheureusement, que notre pays sest en partie affaibli, que pour une part lattractivité de notre territoire a reculé. Il faut mettre un terme à ce décrochage. Cest la mission que le président de la République ma confié et quil a confié à tout le Gouvernement. Sa résolution et son engagement de tous les instants, cest de redresser notre pays, et de le faire aussi dans la compréhension et la contribution des Français, le faire dans la justice.
Parce que ce redressement, il ne se décrète pas den haut. Pour transformer le pays en profondeur et renouer avec la croissance, il faut une large mobilisation de toute la société et, au premier rang, des chefs dentreprises comme de leurs salariés. Il faut être conscient de nos devoirs. Il y a les devoirs des responsables politiques, ceux qui ont reçu mandat des citoyens au nom de lintérêt général. Mais tous ont leur part et il ne sagit de se défausser sur personne, pas plus vous sur nous que nous sur vous. Nous sommes en effet à un tournant de lhistoire de notre pays. Parce que le monde évolue si rapidement, les cartes de la puissance ont été rebattues, de nouveaux enjeux apparaissent. Bien sûr, cest lémergence de nouveaux acteurs majeurs sur la scène internationale, je pense à la Chine, lInde, le Brésil, mais dautres encore. Ce sont les bouleversements que connaît la rive Sud de la Méditerranée. Cest aussi le développement et le défi du continent africain. Mais cest aussi le grand défi de la lutte contre le réchauffement climatique et de la transition énergétique. Cest tout ça qui est devant nous. Dans ce cadre-là, la construction européenne, elle aussi est à la croisée des chemins. Là, de ce point de vue, nous avons une responsabilité historique, mais jy reviendrai dans quelques instants.
Parce que je parlais des Français, de leur nécessaire adhésion, de la compréhension nécessaire de ce qui peut se faire, de ce qui peut réussir, parce quils sont confrontés à ces bouleversements et aux incertitudes qui en découlent. Donc, ils sont inquiets. Dailleurs, les derniers chiffres du chômage, mais aussi les prévisions de croissance ne sont pas de nature à les rassurer. Je connais aussi vos inquiétudes, vous avez parlé de lautofinancement, vous avez raison, je connais aussi vos inquiétudes concernant vos carnets de commandes, vos niveaux de marges, les problèmes pour certaines entreprises daccès au crédit, au coût du travail, à létat des marchés, mais aussi à des tensions internationales qui vous pénalisent, qui vous inquiètent. Malgré tous ses atouts, la grande nation que nous sommes semble parfois douter delle-même. Une question taraude une bonne partie de la société qui est traversée de contradictions, espoir dun côté, découragement de lautre : dans ce monde en mutation, notre pays, avec son modèle social et républicain, a-t-il toujours un destin ? Cest la question que beaucoup se posent. La tentation du repli et de la résignation existe ; elle doit être fortement combattue.
Ma conviction, cest que si nous savons faire preuve de lucidité, si nous savons prendre les décisions stratégiques qui simposent, si nous savons fixer un cap qui soit lisible, compréhensible, mobilisateur, alors, nous réussirons. Oui, nous réussirons. Parce que nous devons réussir et nous pouvons réussir. Cest pour cela que je veux mettre lentreprise au centre de nos politiques économiques. Cest vous, les chefs dentreprise, qui êtes, avec les salariés, vos salariés, les forces vives du redressement productif. Cest lentreprise qui est au cur du processus de création et de croissance et demploi. Alors, à vous qui inventez, qui prenez des risques, quand je dis "jestime les chefs dentreprise", ce nest pas une approche théorique, cest une approche personnalisée parce que je les connais personnellement. Je sais que se lancer demande du courage, de laudace et cest parfois angoissant, mais jadmire cette capacité à le faire et à prendre des risques. Alors, je veux vous dire que vous pouvez compter sur le soutien du Gouvernement parce que nous avons besoin de vous pour réussir le redressement du pays. Notre détermination est totale. Mais nous ne pourrons réussir que dans le cadre dun engagement européen résolu, même si ça ne doit pas nous exonérer ou chercher des excuses par rapport à nos propres responsabilités nationales.
Mais aujourdhui, la crise au sein de la zone Euro pèse lourdement sur lactivité, elle est perçue par les entreprises et les ménages comme porteuse dincertitudes qui les conduisent à lattentisme : consommation, accès au crédit, investissement, emploi sont affectés par cette situation. Les finances publiques comme celles des entreprises en pâtissent, aggravant encore la crise et la défiance des marchés internationaux. Notre priorité est de rétablir un environnement stable en Europe, pour que nos entreprises puissent pleinement et durablement profiter du grand marché unique que nous avons bâti avec nos partenaires depuis un demi-siècle. Cest le sens des propositions que la France a portées avec succès au Conseil européen des 28 et 29 juin.
Alors, certains diront que ce nest pas assez, quil faudrait aller plus loin. Mais bien sûr, ce nest pas la fin de lhistoire, cest une étape, la construction de lEurope a toujours été faite davancées successives et de compromis. Mais en ce qui concerne la France, il nous faut renforcer encore davantage la crédibilité financière de notre pays. Sans cette confiance, les réformes les plus ambitieuses portent difficilement leurs fruits. Cest pourquoi nous avons fait clairement le choix du sérieux budgétaire en mettant en uvre le redressement de nos comptes publics. Dailleurs, si la situation saméliore, il faut des efforts pour y parvenir, vous le savez, mais vous en serez les premiers bénéficiaires, car une crédibilité accrue de la France, et on le voit en ce moment où la France emprunte, ce sont des taux dintérêts plus bas et donc une capacité dinvestissement de nos entreprises qui se développent et ça vaut aussi pour les ménages.
Alors, leffort de redressement des comptes publics a été engagé tout de suite et nous allons le poursuivre résolument avec deux temps forts au cours des prochaines semaines. Dune part, le dépôt au Parlement du projet de loi de ratification du Traité européen sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, ainsi quune loi organique qui traduira ses principes dans notre droit. Dautre part, le dépôt des projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale pour 2013 et de la loi de programmation pluriannuelle des finances publiques qui confirmeront lobjectif de réduction du déficit à 3 % lannée prochaine, tout en traçant le chemin dun retour à léquilibre en 2017.
Tout cela, vous allez me dire ce nest pas une surprise, cest les engagements qua pris le président de la République devant les Français. Mais une fois élu, il y a toujours un scepticisme à légard de la politique et lon se dit, "oui, mais est-ce quils vont tenir leurs engagements ?" Là, comme sur le reste, nous les tiendrons. La maîtrise des comptes publics, je tiens ici à le dire, ce nest pas un objectif qui nous est imposé de lextérieur. Non. Cest une nécessité vitale pour retrouver des marges de manuvre. Parce quil en va de notre souveraineté, de notre indépendance en quelque sorte et de notre capacité à agir. Je naccepterai pas que les décisions de la France, mais aussi de lEurope nous soient imposées par le reste du monde et notamment par les marchés financiers. Cest de notre responsabilité.
Alors, je lai dit, on natteindra pas ces objectifs sans des efforts. Qui le nie ? Qui en doute ? Nous proposerons que ces efforts soient justes, car chacun devra y contribuer en fonction de ses capacités, les ménages comme les entreprises, mais ils seront équilibrés. Car, sur lensemble de la législature, ils porteront pour moitié sur des recettes nouvelles, mais pour moitié sur des économies de dépenses qui vont commencer dès cette loi de finances 2013.
Ainsi, la prochaine loi de programmation pluriannuelle des finances publiques sera fondée sur la stabilité en zéro valeur des dépenses de lEtat, sauf pour les priorités, éducation, justice, police, pour les années 2013 à 2015. Quant à la réforme fiscale, dont je lis beaucoup de choses, je ne veux pas rentrer aujourdhui dans les détails, dailleurs les derniers arbitrages ne sont pas pris, cest le Conseil des ministres qui se prononcera le 24 septembre, mais je lis beaucoup de choses qui sont souvent inexactes, peut-être que certains les font passer un peu pour se faire peur ou par prévention. Mais cette réforme fiscale que nous envisageons visera à améliorer le financement de léconomie, linvestissement et la compétitivité des entreprises. Mais elle sera aussi basée sur la justice, je lai évoqué, je ny reviens pas.
Mais une fois que jai dit ça et vous le pensez comme moi sûrement, le sérieux budgétaire et la maîtrise des comptes publics ne suffisent pas. Nous le voyons bien aujourdhui dans plusieurs pays du Sud de lEurope et ça peut nous concerner aussi. Sans croissance, rien nest durablement possible. Alors, soutenir lactivité en Europe, cest tout le sens de cette première étape que jai évoquée tout à lheure, le pacte de croissance qui a été obtenu dans une discussion, parfois difficile, par le président de la République à la fin du mois de juin. Je lai dit, cest un compromis. Mais lélection présidentielle a eu cette vertu de faire bouger les lignes en Europe, 120 milliards deuros, certains disent que cest peu, mais cest 20 % du budget européen et au service de la croissance des pays de lUnion et cest sans doute probablement plus si on utilise davantage le levier bancaire, je pense bien sûr à la Banque Européenne dInvestissement. Je pense aussi à la première étape des "Project Bonds", cest encore modeste, mais cest pour ça quil faut sengager à fond, les financements existent, utilisons-les pour aider entreprises et territoires à investir. Là, les chantiers sont multiples.
Pour lavenir, je pense que, en effet, mais je ne vais pas développer là maintenant, je suis sûr que le grand chantier de la transition énergétique doit être porté aussi à léchelle européenne par des investissements novateurs. Comme le grand chantier, vous parliez tout à lheure, vous y faisiez allusion sous forme de métaphore, à la révolution numérique, cette révolution numérique, elle doit nous entrainer, nous permettre dinnover, nous permettre davancer, à léchelle de notre pays, de nos territoires, mais aussi avec une ambition et des projets communs en Europe.
Alors, au-delà de ce pacte, il nous faut être ambitieux pour lavenir de notre maison commune. Le mode de gouvernance aujourdhui en place en Europe, nous le voyons, est à bout de souffle et ne permet pas de décider vite dans de bonnes conditions. Quand vous pensez quil est question du problème grec depuis deux ans et demi, deux ans et demi ! Alors, il est indispensable de progresser dans le sens dune plus grande intégration, à condition quelle soit vraiment solidaire. Cest ce qua proposé le président de la République, cest la feuille de route qui a été fixée à monsieur Van Rompuy et bientôt les dirigeants européens vont en discuter. Dailleurs, vous avez évoqué cette formule tout à lheure "intégrer davantage", la formule est assez générale, elle couvre bien des champs. Mais sagissant de lEurope, oui, cest un des sujets que vous allez développer dans votre université dété, cest dailleurs le fil rouge de vos travaux.
Mais cest aussi lobjectif des Européens convaincus, jallais dire sincères, responsables, tels que nous sommes, en tout cas cest ma conviction, comme cest celle du président de la République. Lintégration solidaire, cela signifie quà court terme, nous sommes déterminés à tout faire pour que la Grèce reste dans la zone Euro. Nous ne prendrons pas le risque de laventure. Sil faut le dire deux fois, trois fois et plus, nous le dirons et nous le répéterons parce que nous sommes responsables de lavenir de lEurope. Nous sommes un des pays fondateurs de lEurope. Cela veut dire que les mécanismes de stabilisation renforcée pour nos partenaires du Sud doivent maintenant être mis en uvre. Cela a pris déjà trop de temps. Dans cette perspective, ce qui a été acquis le 28 et 29 juin, lUnion bancaire, la supervision des banques avec un rôle accru de la Banque Centrale Européenne, doit être aussi réalisé. Il ne sagit pas pour autant de mettre en cause son statut, son indépendance, nayons pas de débat théorique. Jugeons plutôt sur pièces. Je trouve que les propos du président de la Banque Centrale Européenne ces dernières semaines sont allés dans la bonne direction et il faut plutôt sen féliciter.
En tout cas, la détermination qui est la nôtre, nous nous y tiendrons. Car je ne veux pas que la France, et cest la conviction du président de la République, prenne le risque, et nos partenaires européens aussi, de faire échouer la construction européenne. Quand on voit lévolution du monde que jévoquais tout à lheure, toutes ces nouvelles grandes constructions de ces grandes régions du monde, souvent, ceux qui imaginent des solidarités régionales à léchelle du monde regardent vers notre expérience européenne. Nous qui avions connu tant de conflits et qui après la Seconde guerre mondiale, nos prédécesseurs, les dirigeants européens visionnaires avaient eu le courage de se rapprocher et notamment les trois dirigeants, Konrad Adenauer, Schuman et Gasperi, trois pays fondateurs de lEurope. Ils avaient eu le courage, parfois contre tous les conservatismes, les craintes et les peurs de perdre notre indépendance nationale. Ils ont eu raison. La responsabilité qui est la nôtre aujourdhui vis-à-vis des jeunes générations et des générations futures, cest de ne prendre aucun risque que cette construction inachevée sarrête. Notre responsabilité, cest de lamplifier, cest de la consolider.
A une condition quand même, mais elle nest pas la moindre, elle est essentielle, cest avec ladhésion des peuples, dabord du peuple français. Cette question est sensible ici, en France, de toutes sensibilités politiques dailleurs, et nous avons les vécues. Ça veut dire que lapprofondissement et lintégration solidaire de lEurope ne pourra pas se faire sans un approfondissement démocratique et de la gouvernance et de leuro, en particulier de la zone Euro. Nous devons sur ce point être intransigeants sur le caractère démocratique de cet approfondissement. La France fera des propositions et réagira aux propositions, je lai dit tout à lheure, du président du Conseil européen. En tout cas, nous y sommes, là, maintenant.
La nouvelle étape de la construction européenne que nous appelons de nos vux ne sera pas possible non plus sur la base dun accord franco-allemand durable. Vous connaissez, Madame la Présidente, nous en avons souvent parlé ensemble et même avant les élections présidentielles, mon attachement à cette relation particulière, cette amitié historique franco-allemande qui est au cur du projet européen. Ce couple franco-allemand, il est plus que jamais nécessaire. Bien sûr quil ne doit pas être exclusif et nos autres partenaires, au premier rang desquels les autres pays fondateurs, je pense bien sûr à lItalie, doivent aussi jouer un rôle moteur. Avec le président de la République, nous rencontrions, il y a quelques jours, monsieur Mario Monti, de toutes ces questions, nous avons évidemment parlé. Mais pour peser en Europe et dans le monde, alors, maintenant, en ce qui nous concerne, nous, la France, nous avons notre propre responsabilité, notre propre contribution, cest-à-dire de redevenir durablement compétitif. Cest pour cela quil faut que nos entreprises soient fortes pour être créatrices demploi.
Je lai dit, je ny reviens pas, nous avons des atouts et je lai mesuré pendant des années dans les fonctions qui étaient précédemment les miennes. Mais cette expérience méclaire aussi sur ce que nous pouvons faire pour la France. Parce quil faut mobiliser à léchelle nationale, mais dabord sur les territoires de projets lensemble des acteurs et des partenaires, les entreprises, les chambres consulaires, les organisations professionnelles, les organisations syndicales de salariés, les collectivités territoriales, les pôles universitaires et de recherche, tous ceux qui souhaitent participer au développement et réussir ce développement. Partout où ça se fait, ça marche. Moi, je voudrais, dans les futures réformes à venir, ce nest pas laddition simplement de tout ce qui se fait région par région, ville par ville, mais dans la réforme de la nouvelle étape de la décentralisation, dun Etat plus stratège, plus efficace, il est important de sappuyer sur les territoires pour mettre en uvre les politiques que nous voulons pour le pays et pour nos entreprises. Lexemple même, Monsieur le Commissaire général à linvestissement jen dirai un mot encore tout à lheure est là pour le démontrer, que cest la bonne méthode entre les donneurs dordre, les grands groupes, les PME, les centres de recherche, les collectivités territoriales, cest comme ça que la future Banque Publique dInvestissement devra fonctionner pour être efficace.
Pour conduire les réformes nécessaires, Madame la Présidente, vous y avez fait allusion, en ce qui me concerne, je revendique une méthode de gouvernement qui consiste à mener de front la réponse à lurgence et en même temps le travail en profondeur, le travail dans la durée, mais en prenant le temps de la concertation et en évitant les effets dannonce dont il ne reste au final que les annonces sans effet. Cette méthode, que je revendique et que jassume pleinement, elle est fondée sur le dialogue social et nous avons commencé à la mette en uvre avec la grande Conférence sociale à laquelle vous avez participé activement dans tous les ateliers. Nous avons ouvert des chantiers essentiels, je pense au contrat de génération, à la sécurisation de lemploi ou à la question cruciale de notre compétitivité et du financement de notre protection sociale. Alors, je veux dire les choses clairement devant vous.
Pour le Gouvernement, il ne sagit pas dajouter de nouveaux freins à la conduite des entreprises. Nous voulons même faire en sorte quen cas de difficultés, toutes les solutions, toutes les alternatives soient bien prises en compte. Nous lavons dailleurs montré récemment avec quelques situations dentreprises fragilisées ou de groupes industriels fragilisés. Nous devons continuer à le faire parce quil est parfois possible, par le dialogue, par la négociation, de faire émerger des solutions qui évitent la destruction dactivité et demploi et qui en même temps sont bénéfiques au premier chef à lentreprise et cest cela que je souhaite encourager.
Alors, permettez-moi un instant de marrêter sur la question de lemploi et du travail de façon plus spécifique. Elle était justement au cur de la grande Conférence sociale. Vous savez en tant que chef dentreprise combien la question du travail est centrale, dabord pour vos salariés et pour les Français, pour leurs enfants. Cest une évidence de dire cela. Le président de la République a défini deux priorités : lemploi et la jeunesse. Mais elles sont liées. Le gouvernement combat le chômage sans aucune faiblesse, sans résignation. Il y a déjà leffort supplémentaire que nous avons fait en juin dernier, je le dis, il sagit là dagir dans lurgence, ce nest pas une politique de lemploi, cest une politique pour aider ceux qui sont aujourdhui brutalement privés demploi.
Cest pour ça que, dès le mois de juin, jai pris la décision de prendre une mesure de financement demplois aidés. Alors, vous allez me dire ce nest pas une politique économique ! Oui, mais jy reviendrai. Cest pour ça que, en année pleine, cest près de 400 000 emplois et contrats aidés qui seront financés. Dans ce cadre, je tiens à dire ici, puisque je parle de lurgence, quil nest pas possible, même si on dit cest la croissance qui créera de lemploi, cest lentreprise qui créera de lemploi, de laisser les jeunes, qui sont les premières victimes du chômage, cest eux qui ont vu leurs chiffres monter avec les seniors et le chômage de longue durée ces dernières semaines, en tout cas ceux davant-hier, il nest pas acceptable que la société naide pas les jeunes à accéder à une première expérience professionnelle. Parce que lutter contre le chômage des jeunes, cest lutter pour eux, mais cest aussi lutter pour lavenir de notre pays, qui ne peut se passer de lapport confiant des jeunes générations. Cest donc lintérêt même de notre société, donc aussi des entreprises.
Quant aux emplois davenir dont le projet a été adopté ce matin par le Conseil des ministres, ils contribuent aussi à apporter une réponse à la fois rapide et ambitieuse à cette question. Ambitieuse, car nous voulons créer 150 000 emplois davenir dès la première année. Avec ces emplois, nous visons dabord les jeunes les plus éloignés de lemploi, ceux qui sont sans diplôme ou qui sont peu qualifiés, en priorité dans les quartiers les plus populaires ou dans les zones rurales en difficulté. Quant aux emplois davenir, ils seront destinés dabord au secteur non marchand, là où les activités dutilité sociale sont porteuses de créations demplois qui leur seront accessibles. Mais ils seront également mis en place de façon plus limitée dans le secteur marchand. Mais en tout cas, dans tous les cas, notre objectif est bien que ces jeunes soient forts dune expérience professionnelle pour débuter leur parcours dans la vie, ce nest pas le but, ce nest pas la fin de leur parcours, cest une manière de démarrer quelque chose qui leur permettra dêtre mieux armés pour rentrer ensuite sur le marché du travail et répondre alors aux attentes et aux besoins des entreprises.
Et puis, il y a un chantier que nous vous avons proposé, aussi pour lemploi des jeunes et des seniors, cest le fameux pacte générationnel, le contrat de génération. La feuille de route sociale issue de la grande conférence sociale a prévu une négociation préalable, parce que ça concerne les entreprises, les partenaires sociaux. Au-delà des objectifs clairs que nous assignons, pour lemploi des jeunes, pour lemploi ou au maintien dans lemploi des seniors, pour le transfert des compétences et la gestion des âges, les modalités de ce contrat ne sont pas tranchées davance, cest pour ça quil y a cette négociation, elle va sengager dans les prochains jours, je souhaite simplement quelle aille vite, quelle aille vite, parce quil y a là aussi urgence.
Donc je fais confiance aux partenaires sociaux pour la mener à bien parce que vous y êtes tous engagés. Toutes situations syndicales et organisations patronales rassemblées.
Et puis je voudrais évoquer un petit peu plus longuement une autre négociation, que la feuille de route sociale a appelé de ses vux, la négociation sur les conditions dune meilleure sécurisation de lemploi. Jy attache une importance toute particulière. Dabord parce quelle traite des sujets majeurs de la vie des entreprises : lanticipation nécessaire de lévolution des activités, de lemploi et des compétences ; laccompagnement des mutations économiques avec la question du maintien dans lemploi et des entreprises confrontées à des difficultés conjoncturelles ou encore structurelles ; ou encore la question de lamélioration ou de la sécurisation juridique des procédures de licenciement collectif ; ou enfin la lutte contre la précarité excessive du marché du travail qui touche notamment les jeunes et les femmes.
Alors jai confiance dans cette négociation. Parce que si nous parvenons à une conclusion positive qui sera nécessairement un compromis dans mon discours de politique générale javais appelé ça un donnant-donnant oui chacun devra faire un pas. Je souhaite que tous les partenaires sociaux y soient. Et je crois que cest leur souhait. Un document dorientation va vous être remis à vous comme aux autres organisations dès la mi-septembre, et dans la situation économique dégradée que nous connaissons, jappelle tous les partenaires sociaux à engager sans délai cette négociation et à en accélérer le rythme par rapport à ce qui avait été envisagé il y a quelques semaines, avec un objectif qui est celui de la réussite. Parce que si vous réussissez, vous patronat, les grandes entreprises, moyennes entreprises, les petites avec lensemble des organisations syndicales représentatives qui seront autour de la table avec leur histoire, leur sensibilité, leur priorité, alors vous aurez témoigné de léclosion dun nouveau modèle de négociation sociale au-delà de tous les autres accords que vous avez évoqués et que vous avez à juste titre salués.
En tout cas, je vous le dis, cest une question essentielle pour laquelle vous êtes regardés, non pas par le Gouvernement seulement, qui serait juge de la bonne méthode ou de la bonne marche en avant de votre négociation, non, par les Français. Cest une manière aussi de répondre à linquiétude, cest une manière de répondre au doute, cest une manière de convaincre, quon peut changer les choses en discutant, en négociant dans notre pays. Il ny a pas de raison que ça se fasse parfois ailleurs et que ça ne se fasse pas aussi en France, cest une conviction profonde madame la présidente et jespère que je ne serais pas déçu et surtout que les Français ne seront pas déçus.
Alors je souhaite vraiment dy arriver. Parce que nous devons concilier les exigences de la vie des entreprises mais celles aussi des droits des salariés. Cest par essence la négociation qui est la mieux à même de définir les éléments de cet équilibre. Et donc chacun devra faire face à ses responsabilités.
Et tous ces chantiers, que je viens dévoquer, et en particulier celui-ci, sont aussi des chantiers de compétitivité. Oui, ça en fait partie bien sûr. Il ny a pas ça et puis plus tard la compétitivité. Vous le savez jai confié une mission sur ce sujet crucial à Louis Gallois, qui va me remettre début octobre ses analyses sur la situation de notre économie, en particulier de notre industrie. Il fera aussi des propositions. Et je suis sûr quelles seront, pour certaines dentre elles, audacieuses. Vous connaissez Louis Gallois et surtout vous connaissez sa franchise et sa force de conviction. En tout cas dès la remise de votre rapport je réunirai dans la deuxième quinzaine doctobre un séminaire gouvernemental pour analyser votre proposition et prendre des décisions.
Mesdames et messieurs, jaborde toutes ces questions en disant quil ny a pas de sujets tabous. Le financement de la protection sociale en était un, reconnaissons-le, en en parlait mais on le renvoyait tout le temps. Nous avons décidé, lors de la grande conférence sociale, de le prendre à bras le corps, parce quil ne doit plus peser aussi fortement sur le travail, sur la base des travaux du Haut Conseil de financement de la protection sociale, qui sera mis en place dès le mois de septembre, et nous définirons, début 2013, ça sera la responsabilité du gouvernement, un nouveau modèle de financement qui soit plus favorable à la compétitivité des entreprises et en même temps qui permette de préserver le financement de notre système de protection sociale. Je le dis il ny a pas de temps à perdre, tant ces questions ont été évoquées si souvent ces dernières années, et souvent renvoyées. Parfois il y a eu des tentatives de décision, je ne dis pas que nous réussirons, je ne peux pas préjuger de la conclusion, mais ce que je sais par expérience et vous aussi, cest quand on décide unilatéralement, je dirais même parfois brutalement, le corps social se rétracte et au bout du compte on renonce et il ne se fait rien. Moi je ne suis pas Premier ministre et chef du Gouvernement pour abandonner après une première tentative. Je suis déterminé pour avancer, même sil faut parfois sy reprendre à plusieurs fois parce que cest notre responsabilité, non pas parce que nous en avons reçu le mandat par les Français, parce que cest la question du pays. Parce que pour gagner des parts de marché, il y a aussi bien sur dautres questions, ce nest pas la seule, il faut stimuler linnovation au sein même des entreprises. Nos entreprises doivent intégrer dans leur production davantage de valeur ajoutée, se distinguer par la qualité de leurs produits, dégager une compétitivité pour le coup hors-prix.
A cet égard, je salue le travail du Commissariat général à linvestissement. Cest le précédent gouvernement qui lavait créé à la suite dune proposition de deux de mes anciens prédécesseurs, Michel Rocard et Alain Juppé, que jai reçus à Matignon il y a déjà plusieurs semaines, pour les rassurer. Ce qui a été entrepris et qui va dans la bonne direction, cest dailleurs la preuve de la nomination de Louis Gallois, qui a décidemment beaucoup de responsabilités, il pensait prendre une retraite tranquille ce nest pas tout à fait le cas, mais en tout cas je le remercie davoir accepté parce que les investissements davenir seront confortés. Et nous prendrons appui pour cela sur les pôles de compétitivités - même sil faut parfois les rénover - sur les universités, sur les organismes de recherche.
Dun point de vue économique, le coût de lénergie, vous lavez évoqué, est également un enjeu majeur, cest un élément de la compétitivité de la France, mais cest aussi un élément majeur de ce chantier que jévoquais de la transition énergique que mon Gouvernement veut engager, et qui ne doit pas justement se traduire par une diminution de notre compétitivité. Cest difficile mais il faut le tenir. Et cette question sera abordée dans le cadre de la conférence environnementale qui souvrira le 14 septembre, où tout sera dit de cette façon-là, où chacun devra bien réfléchir, toutes sensibilités là encore, ce nest pas évident ; parfois les points de vue sont très éloignés.
Mais lobjectif premier, qui est le nôtre, cest dengager un vaste plan d'efficacité énergétique, mais aussi de sobriété énergétique ; ce qui signifie un plan sans précédent déconomie dénergie, dabord dans le logement, mais ça vaut aussi pour les transports, ça vaut aussi pour lensemble des activités. Et en même temps, nous devons continuer de disposer de sources d'énergie fiables et bon marché.
La part du nucléaire dans la production délectricité, cest un engagement du président de la République, sera ramenée de 75 à 50 % à lhorizon 2025, au profit dune diversification de notre bouquet énergétique, et donc il est important pour notre pays de préserver cette filière dexcellence. Si on ramène de 75 à 50 % la filière ne disparait pas, elle est nécessaire, et pas seulement pour la déconstruction. Cest une des meilleures au monde, dabord en terme en sureté et de sécurité.
Et puis il faut amplifier leffort en matière des énergies renouvelables et je crois que ça peut se faire, je lai dit à léchelle de lEurope, ça peut se faire à léchelle nationale, mais ça peut se faire beaucoup, je pense au logement, je pense au transport, à léchelle territoriale.
Et puis nous navons pas à hésiter à nous inspirer de ce qui marche chez nos voisins, tout ne marche pas, nous navons pas à avoir toujours des complexes en disant "les autres sont meilleurs que nous", mais il y a des choses qui marchent parfois mieux. Je pense par exemple à la très grande efficacité des partenariats qui se nouent entre les entreprises allemandes au sein dune même filière. La leçon à en tirer, cest que nos propres filières industrielles doivent jouer plus collectif. Je compte sur la Conférence nationale de lindustrie, que jai présidée récemment, pour susciter une franche mobilisation en ce sens. En tout cas ces thèmes ont eu une vraie résonnance.
Mesdames, Messieurs, une Europe de la croissance, une amélioration de notre compétitivité, ce sont des conditions indispensables au redressement de notre économie. Et au-delà, cest un nouvel environnement favorable au développement des entreprises que le Gouvernement est en train de créer. Avec pour objectif de développer lattractivité de notre territoire national et de stimuler lafflux dinvestissements étrangers, au service de la croissance et de lemploi.
Mais au-delà de ce nouvel environnement, il y a la question du financement. Notre objectif est de favoriser laccès des entreprises, notamment des PME, à des financements adaptés. Dans ce but, nous venons de prendre la décision de doubler le plafond du livret de développement durable, qui est destiné aux entreprises, les PME. Le texte sera publié dès septembre. Et cest également pour apporter aux entreprises le crédit et le capital nécessaires à leur développement que nous allons créer la Banque publique dinvestissement je vous lai dit au passage il y a quelques instants. Cest un projet très important pour nos entreprises, bien sûr surtout pour les PME, et je souhaite que cette banque travaille en lien avec les territoires et devienne un partenaire de référence un partenaire de référence accessible, réactif. Le projet de loi sera présenté au Conseil des ministres dans les prochaines semaines.
Je partage la conviction du président de la République quand il disait "je ne suis pas lennemi de la finance mais je veux mettre la finance au service de léconomie", on ne peut être que daccord, jespère que vous lêtes, vous me le dites souvent dailleurs, les chefs dentreprise, quand je vous rencontre partout en France. Cest le sens de la réforme bancaire, et pas un autre, qui sera présentée dici la fin de lannée, pour favoriser laccès des PME aussi aux marchés de capitaux. Nous favoriserons lépargne longue des Français afin daccroître les capacités de financement des entreprises.
Dans les prochaines semaines, le gouvernement proposera un plan pour le développement des PME, visant à gagner la bataille de la compétitivité et de linnovation. Les PME nattendent pas du gouvernement une mesure miracle, mais un ensemble de dispositions qui créeront un environnement favorable. Il sagira notamment de soutenir leur croissance et leur transformation en entreprises de taille intermédiaire trop peu nombreuses en France. Nous souhaitons ainsi favoriser un meilleur respect des délais de paiement et une nouvelle phase de simplification administrative. Cest la question souvent des normes. Je rencontrais il y a quelques temps lensemble des associations délus locaux qui mont dit "on est prêt à participer à leffort national de redressement des comptes publics, même si vous naugmentez pas nos dotations on accepte, mais de grâce faites un effort pour simplifier les normes". Cest un peu la même chose.
Enfin, la croissance des PME et des ETI ne peut plus se concevoir en dehors de capacités exportatrices. Madame la Ministre, Nicole Bricq, du Commerce extérieur vous en parlera certainement plus en détail que moi. Mais notre déficit vous le connaissez, il a progressé de 70 % entre 2007 et 2012 ! Ce nest pas une fatalité et lambition du Gouvernement est de ramener à léquilibre la part du déficit commercial hors énergie dici à la fin de la mandature. On ma dit que cétait un objectif ambitieux voire trop ambitieux. Eh bien il ne me fait pas peur, je pense que nous pouvons le relever ensemble. Parce quil faut permettre aux entreprises françaises de concourir à armes égales avec leurs concurrentes, et parfois sagissant du crédit tout simplement pour eux, négocier dans de bonnes conditions, et cest vrai que les modes de financement des exportations doivent être réformés. Il faut aussi exiger la réciprocité dans les échanges. La stratégie de nos entreprises doit être soutenue partout dans le monde, et cest le sens du message que jai adressé hier à tous les Ambassadeurs réunis pour leur vingtième conférence annuelle pour développer notre diplomatie aussi sur le plan économique. La France dispose dun des plus grands réseaux diplomatiques et consulaires au monde, eh bien ça doit être aussi mis au service de léconomie et de la croissance.
Et puis enfin, jarrive à la fin de mon propos, rassurez-vous, je noublie pas le rôle essentiel de notre système éducatif. Il faut quil soit plus efficace, il faut favoriser lacquisition de compétences et une meilleure insertion professionnelle. Tous les pays qui auront réussi après des périodes difficiles de retrait, de déclin, leur redressement, que ce soit en Europe, que ce soit sur dautres continents, ont investi dans léducation, parfois ils étaient très bas, et nous avons vu notre classement, je pense notamment au classement PISA, reculer alors que la France était en pointe. Eh bien il faut relever ce défi là aussi.
Investir dans la formation, dabord la formation initiale, mais aussi la formation professionnelle, la formation permanente et lenseignement supérieur de la recherche. Cest le vaste chantier qui a été entrepris et qui commence notamment par, non seulement recruter des professeurs, les mettre là où il y en a le plus besoin, mais surtout les former parce quil y a quand même quelque chose de paradoxal, cest le seul métier, celui de former la jeunesse où les enseignants ne recevaient pas de formation. Eh bien dès cette année, dès la rentrée prochaine, nous allons démarrer ce chantier de la formation des maitres, parce que cest indispensable.
Quant aux entreprises, moi je nai quune demande à vous faire, cest daider les jeunes, mais vous le faites déjà, mais les accueillir peut-être encore davantage en particulier lorsque des jeunes sont à la recherche de formation en alternance, parfois cest le parcours du combattant. Donc je crois que là aussi nous avons besoin les uns des autres.
Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, jai évoqué deux fois notre modèle social et républicain, je crois que les Français y sont très largement attachés, je ne doute pas que vous ly êtes aussi, parce que cest un peu notre identité. Jen nai pas dailleurs une conception figée, je crois que des réformes telles que celles que nous proposons et qui sont ambitieuses ont pour objectif de le consolider, des évolutions sont nécessaires. LEtat prendra toute sa part de leffort collectif, mais le cur même de ce qui fait notre vivre ensemble, de ce qui contribue à ce que notre peuple tient ensemble au-delà de ses différences - différences géographiques, différences sociales, différences dorigine lorsque vous parcourez la France vous voyez bien que la France, même si cest une République une et indivisible, que cest un pays divers, qui nest pas uniforme, entre les grandes villes, le monde rural, de toutes nos régions, de nos cultures, jallais presque dire de nos langues, enfin il y a la langue française, heureusement, quil faut promouvoir, mais parfois on se dit "mais quest-ce qui fait que ce peuple tient debout", cest parce quil a quelque chose de particulier qui est le génie de la France. Alors ne le gardons pas comme une relique que nous mettrions dans un présentoir et devant laquelle on se prosternerait par nostalgie, ne faisons pas de cela un frein, faisons au contraire de ce qui est notre originalité un levier de mobilisation et qui sera la garantie que nous nous engagerons ensemble pour réussir dabord la compétitivité de nos entreprises mais au-delà de réussir le projet de redressement de la France.
Aujourdhui je me suis adressé avec vous avec conviction justement parce que je suis sûr que nous saurons relever le pays, mais à une condition cest que toute la société se mette en mouvement et que nous avons un devoir lorsquon est responsable, responsable politique, responsable dentreprises, responsable dorganisations, responsable de syndicats, responsable duniversités, de toute institution, dassociations, de faire passer un message qui est à la fois un message de mobilisation mais aussi un message de confiance. Et dabord je le dis, devant vous ce soir aux partenaires sociaux. Et en vous disant à ceux qui ne manqueront pas sans doute de me le reprocher dêtre venu parler vous vous rendez compte devant le Medef, que je ne tiens pas deux discours. Je tiens le même devant vous Mesdames et Messieurs les chefs dentreprise, comme je tiendrais devant les salariés parce que jai un discours pour la France, qui est à la fois un discours de vérité, un discours de lucidité, mais aussi un discours de confiance et despoir, un discours de mobilisation. Alors le Gouvernement a besoin des chefs dentreprises, comme il a besoin des salariés. Cest ce que je suis venu vous dire. Je crois aussi au patriotisme, le patriotisme veut dire que de temps en temps il y a des efforts à faire, sans dabord regarder pour soi-même, mais regarder pour les autres, regarder pour le pays.
Je suis sûr que ce message vous le comprendrez, et je vous remercie de mavoir invité et de mavoir écouté.
Source http://www.gouvernement.fr, le 13 septembre 2012