Texte intégral
Madame la présidente de lUnion sociale pour lhabitat,
Messieurs les présidents des fédérations,
Monsieur le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Cest un grand plaisir pour moi que de me tenir devant vous ce soir à loccasion du centenaire de cette loi fondatrice pour notre modèle du logement social quest la loi Bonnevay.
Je crois profondément en limportance de lHistoire, en limportance de connaître le passé avant de se tourner vers lavenir. Alors que la crise économique touche nos concitoyens, que les difficultés auxquelles nous devons faire face sont réelles, il nest jamais inutile de prendre le temps de regarder derrière soi, de se rappeler des actions de nos prédécesseurs, de leur contexte, et du sens quils donnèrent aux décisions qui dessinent cent ans plus tard le cadre dans lequel nous agissons.
La loi Bonnevay marque lune de ces décisions fondamentales qui donne encore aujourdhui, plus dun siècle plus tard, une orientation essentielle aux politiques du logement en France.
Cette orientation, cest celle du service public du logement social.
Cest le choix de donner aux communes et aux départements le pouvoir de demander la création détablissements publics en charge de construire et de gérer des logements.
Cest le choix de ne pas laisser le secteur privé assumer seul la mission de loger les ménages salariés modestes.
Cest la décision de donner naissance aux offices publics d'habitations à bon marché dont vous êtes aujourdhui, cent ans plus tard, les légataires.
Ce choix fort, voté à lunanimité par la chambre des députés, constituait un message simple. Lhabitat nest pas un bien marchand comme les autres. Il ne peut pas être laissé à la seule main dun patronat paternaliste, soucieux de loger sa main doeuvre. Mais au contraire, la puissance publique, via les collectivités, doit en être lacteur direct.
Ce choix, en mettant en responsabilité les communes et les départements, était aussi celui des territoires, en reconnaissant leur rôle dans la mise en oeuvre des politiques locales du logement.
Un service public du logement, des politiques locales de lhabitat : cent ans plus tard, ces principes constituent toujours les fondements sur lesquels je conçois laction de mon ministère.
Cela ne signifie pas pour autant que rien na changé. Bien au contraire, les évolutions que notre société a connues au cours du XXe siècle ont été dune ampleur et dune rapidité inédites. Mais cest précisément lorsque tout change autour de nous quil est indispensable de disposer de repères solides, de principes intangibles qui guident notre action.
Lhistoire du logement social, et en particulier des offices publics, est celle dune succession dadaptations à chaque nouvelle crise pour répondre aux défis posés, sans pour autant dévier de ces principes.
Au début du XXe siècle, monsieur Bonnevay se préoccupait des conséquences de lexode rural, des problèmes de santé que causait linsalubrité de lhabitat ouvrier.
À la sortie de la deuxième guerre mondiale, les créateurs des offices publics de lhabitat se souciaient de reconstruire la France, dindustrialiser la production et de résorber les taudis.
Au début des années 1980, il sagissait de revenir à un développement décentralisé respectueux des territoires et de repenser une politique locale de lhabitat.
Aujourdhui, à nouveau, nous devons faire face à des enjeux différents et, à nouveau, les offices publics de lhabitat doivent évoluer pour y faire face.
Car en trente ans notre société a profondément changé. Le modèle unique de la famille nucléaire ne correspond plus à la réalité des parcours personnels. Lemploi à vie nest plus, pour beaucoup de nos concitoyens, la réalité de leur parcours professionnels. Notre jeunesse paye le plus lourd tribut à la crise économique, elle subit de plein fouet la précarisation de lemploi, le renchérissement du coût du logement. Notre population vieillit, et avec elle, la perte dautonomie devient une échéance de plus en plus certaine.
Ces grandes tendances viennent bouleverser profondément les besoins en logement de nos concitoyens. Ce faisant, elles posent de nouveaux défis qui interrogent nos stratégies.
Le premier de ces défis reste celui de la production. Non pas pour pallier, comme cétait le cas dans les années 1950, une pénurie généralisée et un parc de mauvaise qualité. Mais pour faire face au desserrement du nombre de personnes par ménage, à la métropolisation de nos agglomérations qui accentue la pression démographique sur certains territoires, à la difficulté de refaire la ville sur la ville.
Le Président de la République a symbolisé pendant sa campagne lampleur de ce défi par deux objectifs symboliques très forts : la production de 500 000 logements par an dont 150 000 logements sociaux. Ces objectifs sont nécessaires à la fois pour combler le déficit de production des années passées et pour répondre à la demande future. Je nignore pas lampleur de cette ambition, qui n'a jamais été atteinte depuis 40 ans. Mais je nen tire pas la conclusion que rien nest possible, que nous sommes incapables dinfléchir la situation. Bien au contraire, je mesure l'ampleur de la mobilisation qui doit être la nôtre.
Si ces objectifs matérialisent notre volonté d'aller plus loin, de passer à la vitesse supérieure, ils ne peuvent à eux seuls résumer notre ambition et ils ne suffisent pas à donner sens à notre action.
Nous ne devons pas nous tromper sur le diagnostic car les solutions en découlent. La France manque de logements. Mais ce dont elle manque surtout sont des logements abordables là où sont les besoins. Nous ne devons donc en aucun cas construire pour construire. Cela serait inefficace, cela serait inacceptable dans un contexte de rareté de largent public.
Au contraire, nous devons réaliser ces logements là où ils sont nécessaires, c'est-à-dire bien souvent là où, précisément, ils seront plus difficiles à réaliser. Parce que les droits à construire y seront plus rares, parce que le foncier y sera plus cher, parce qu'il faudra recycler la ville. Je refuserai de sacrifier l'efficience de notre action à une politique du chiffre qui se satisferait dun seul indicateur pour cible, qui favoriserait l'éparpillement urbain dans une logique de court terme, qui abandonnerait son idéal de mixité sociale en échange dune production à tout crin.
Cela ne signifie pas pour autant quil ne puisse y avoir de construction de logements sociaux que dans les territoires les plus tendus, quen dehors des grandes agglomérations urbaines rien nexiste. Cela signifie quil ne peut y avoir de politique du logement qui ne soit territorialisée, qui ne s'inscrive dans une stratégie de l'habitat pensée et pilotée par les collectivités territoriales, qui ne soit le fruit d'une réponse locale à un besoin local.
Nos objectifs quantitatifs ne pourront être que la résultante de milliers dinitiatives locales, conçues, portées par les collectivités.
Les offices publics de lhabitat en tant quétablissements publics ancrés dans les territoires ont donc vocation à être les outils de cette politique. Et je compte sur vous.
Ma ligne est claire. Cest celle de lexigence dune mobilisation générale, car on exige beaucoup de ceux dont on connait la valeur. Mais cest aussi celle du partenariat, de la contractualisation, car il ne peut y avoir dexigence crédible sans engagements réciproques. Je veillerai à ce que vous ayez les moyens datteindre les objectifs.
Pour cela, il vous faut en premier laccès à un foncier abordable. On ne construit pas un logement hors sol. La libération des droits à construire constitue inévitablement le premier levier à actionner. Cest dans ce but que les premières mesures législatives prises en faveur du logement visent à créer un choc d'offre foncière. Il s'agit de mobiliser les terrains publics, avec la mise en oeuvre d'un principe de gratuité pour la cession de terrains de lEtat. Il s'agit aussi de mobiliser les terrains privés, avec la mise en place d'une fiscalité nouvelle qui pénalisera la rétention des terrains à bâtir.
Mais pour changer réellement la donne, il faudra également repenser la gouvernance de lurbanisme et du droit des sols. Vous le savez, je suis favorable à plus de clarté, de simplicité dune planification adaptée à chaque échelon territorial : au niveau régional la vision stratégique, lexpression des grandes trames qui viendront constituer le maillage général, au niveau du bassin de vie, la définition des cohérences territoriales à léchelle des SCOT, au niveau intercommunal la définition dun projet de territoire permettant de dire pourquoi, comment et où construire, aménager, préserver.
Oui, je suis favorable à un PLU intercommunal, parce quil permet la coopération plutôt que la concurrence, parce quil doit permettre aux élus de dire plus facilement oui au logement et non à létalement urbain. Cest exigeant, cest compliqué, mais cest une voie davenir. Jen suis convaincue et je souhaite que la grande loi sur le logement et lurbanisme qui sera élaborée dans le courant du premier semestre prochain soit loccasion de faire des propositions ambitieuses à ce sujet.
Enfin, la mobilisation demprises foncières pour la construction de logements sociaux passera également par le renforcement des dispositions de l'article 55 de la loi SRU. Car là où le volontarisme des élus manque, il faut oser contraindre. Nous ne pouvons pas accepter que certaines communes préfèrent payer plutôt que de créer les logements abordables dont nos concitoyens ont besoin. Le projet de loi que nous avons proposé pour sanctionner ces comportements a été à nouveau examiné par lAssemblée Nationale avant-hier. Ma détermination sur ce sujet reste intacte.
En second lieu, les financements nécessaires seront dégagés. Pour réaliser 150 000 logements il faut à peu près 20 milliards deuros d'investissement, moins si on arrive à maîtriser les coûts et cest donc un impératif essentiel que de les réduire. Ce montant est considérable. Comment sera-t-il financé ? Jentends les inquiétudes. Je sais que certains pensent que le compte ny est pas. Ma réponse est simple : les moyens seront au rendez-vous si tous les financeurs du logement se mobilisent.
Cela sera le cas des Fonds dépargne, qui financeront près des trois quarts du montant global. Le relèvement progressif du plafond du livret A assurera quil y aura les liquidités nécessaires tout au long du quinquennat. Cest un engagement fort du Gouvernement et jy veillerai.
Cela sera le cas de lEtat, avec des aides à la pierre portés en 2013 à 500 millions deuros, soit une hausse de 11% par rapport à l'année 2012, avec la disparition du prélèvement sur le potentiel financier des bailleurs, soit la fin dune ponction potentielle de 175 millions deuros sur la capacité de financement du monde HLM, et avec la gratuité de son foncier public qui représentera plus de 75 millions deuros d'aides à l'équilibre des opérations de logements sociaux en 2013. Dans un contexte de maîtrise de la dette publique, cet effort est considérable. Il établit de fait le logement comme l'une des priorités du Gouvernement.
Cela sera le cas d'Action Logement, dont la mobilisation en faveur du logement social pour les trois prochaines années sera exceptionnelle. L'accord que j'ai signé avec le président et le vice-président de l'Union des entreprises et des salariés pour le logement le garantit. Il fixe à 950 millions deuros d'équivalent subvention les aides qu'Action Logement apportera en 2013 au logement social, soit 500 millions deuros de plus qu'en 2012. Cest considérable. Au total, les aides à la pierre combinées de lÉtat et dAction Logement permettront donc daugmenter la capacité dinvestissement des bailleurs de plus de 800 millions deuros en 2013 par rapport à 2012.
Les moyens seront donc bien à la hauteur de nos ambitions.
Je tiens cependant à vous adresser un message de vérité et de responsabilité. Pour financer les 150 000 logements sociaux, les fonds propres des bailleurs sociaux seront également mis à contribution. Leffort demandé sera très important mais il sera soutenable. Pour qu'il le soit, cependant, vos moyens financiers devront être mutualisés autant que nécessaire. Je vous l'ai dit, je n'accepterai pas qu'on renie notre ambition de construire là où sont les besoins, sous prétexte que ce n'est pas là que sont les fonds propres. J'ai eu l'occasion de l'affirmer lors du congrès de l'USH, je ne confonds pas mutualisation avec spoliation. Mais si le monde HLM n'est pas force de proposition alors lEtat assumera ses responsabilités. Mais j'ai une grande confiance en la capacité du monde HLM à s'organiser et à se saisir de cet enjeu et je sais que dores et déjà des propositions sont en cours délaboration.
Vous lavez compris, je souhaite que ce travail sinscrive dans un tout cohérent, qui place en face des objectifs quon se fixe, les moyens quon se donne. Cest bien le sens du pacte de mobilisation pour la production de logements que je souhaite conclure avec lunion sociale pour lhabitat. Cest aussi le sens que je souhaite donner aux conventions dutilité sociale qui devront être revues pour intégrer les nouveaux objectifs fixés par le gouvernement, dans une logique partenariale, dans un souci de cohérence territoriale.
Le deuxième défi que nous devons relever ensemble est celui de laccès, et du maintien, de tous dans le logement. Car réussir à construire les logements dont nous avons besoin est une chose, permettre quils soient accessibles à tous, et en particulier aux plus fragiles dentre nous, en est une autre.
Cest une tâche difficile, car le modèle actuel du logement social na pas été conçu pour faire face à la précarisation croissante que connaît depuis trente ans notre société. A la stabilité familiale et professionnelle qui caractérisait les ménages des trente glorieuses, se sont progressivement substitués des parcours individuels moins linéaires, où bien souvent des périodes de chômage alternent avec des périodes dactivités, où les familles se défont et se recomposent plus fréquemment, où les accidents de la vie sont malheureusement aussi plus fréquents.
Le locataire de 2012 nest plus celui de 1970. Ses besoins ne sont plus les mêmes. Le métier de bailleur social doit sadapter pour y répondre. Je sais que les agents des offices publics vivent au quotidien cette réalité et se sont déjà engagés pour la plupart sur la voie dun accompagnement renforcé de leurs locataires. Il faut poursuivre dans cette direction, cest indispensable.
Notre première obligation est de répondre à lincertitude que connaissent les locataires dans leur vie familiale et professionnelle par la sécurisation de leurs conditions de logement. La prévention de ces difficultés doit faire partie intégrante des missions des bailleurs sociaux. Leur réaction dès le premier impayé est décisive pour éviter la spirale infernale du surendettement. Les partenariats quils nouent avec les conseils généraux, avec le tissu associatif, sont essentiels pour trouver des solutions globales aux situations complexes des ménages. Leur rôle est donc central et je connais leur engagement, en particulier celui des offices publics de lhabitat, en faveur de la prévention des expulsions. Votre travail est essentiel. Nous devons tout faire pour éviter la casse humaine que signifie une expulsion.
Cest la raison pour laquelle nous avons décidé avec Manuel Valls de donner des consignes pour que soient systématiquement relogés les ménages menacés dexpulsion tout en ayant été déclarés prioritaires et urgents au titre du droit au logement opposable.
Cest également la raison pour laquelle des propositions seront énoncées lors de la conférence contre la pauvreté et pour linclusion sociale qui se tiendra les 10 et 11 décembre prochain. Enfin, sil est nécessaire de modifier le cadre législatif, nous le ferons à loccasion de la loi cadre sur le logement.
Notre deuxième obligation est dassurer laccès au logement des plus démunis. Pour cela il faut tout dabord une clarification des dispositifs de prise en compte des publics fragiles. Fruit dinitiatives successives qui se sont empilées les unes sur les autres, leur enchevêtrement est aujourdhui source dincompréhension et dinefficacité.
Il faudra également que la collaboration entre acteurs de lhébergement et acteurs du logement se renforce. Des avancées importantes ont lieu. Les bailleurs sont de plus en plus associés aux travaux des SIAO, ils seront également parties prenantes de la préparation prochaine des plans territoriaux de sortie de lhiver. Cette collaboration est essentielle, car elle seule peut garantir quil ny ait pas de rupture entre lhébergement et le logement.
Pour vous aider à y parvenir, des moyens seront mobilisés. Il sagira dabord du fonds national daccompagnement vers et dans le logement, dont le public a été élargi. Il sagira aussi de permettre le financement dopérations de logements sociaux à très basse quittance, qui constitueront une passerelle vers le logement social de droit commun. Nous étudions actuellement lélaboration dun nouveau type de financement en ce but. Jai entendu également les propositions de la présidente de lunion sociale pour lhabitat lors du congrès de la volonté du mouvement de sengager dans la production dune offre de logements accompagnés. Notre ambition est partagée, il nous faut maintenant construire ensemble les solutions.
Cette question de laccès au logement sinscrit dans un chantier plus vaste qui est celui de la réforme des procédures dattribution des logements sociaux. Cest notre troisième obligation : nous devons les rendre plus simples, plus transparentes et plus efficaces. Nous ne pouvons ignorer les attentes de nos concitoyens qui sont très fortes en la matière. Nous devons être ambitieux et ne pas succomber à la tentation de limmobilisme. Cest un sujet difficile. De nombreuses questions sont posées : quelle est léchelle géographique adaptée ? Comment rendre plus objectives les décisions ? Comment améliorer le travail inter-bailleurs ? Comment unifier un processus fractionné entre les contingents de multiples réservataires ? Comment lutter contre les discriminations ? Comment concilier une priorisation des demandes et limpératif de mixité sociale ? Comment favoriser laccès des plus démunis sans remettre en cause la vocation généraliste de notre modèle du logement social ? Ces questions sont difficiles et un débat ouvert est indispensable. Cest lesprit que je souhaite donner à la grande concertation qui sera lancée dans les prochaines semaines. Aucune conclusion nest écrite à lavance. Ma seule exigence est que nous soyons ambitieux dans nos propositions, que nous fassions bouger les lignes.
Le troisième défi enfin est celui du développement durable. Ce défi est vaste, cest celui de la capacité du monde HLM à faire évoluer son parc pour tenir compte des enjeux économiques, sociaux et environnementaux de demain, à penser son action dans un monde de plus en plus incertain, où le monolithisme doit céder la place à ladaptabilité.
Je pense bien sûr au chantier des rénovations énergétiques. Cest un défi immense, difficile, mais que nous ne pouvons pas reporter davantage. Le niveau des émissions de gaz à effet de serre a dépassé la côte dalerte, le rapport publié récemment par la banque mondiale nous rappelle la triste réalité : sans une action déterminée de notre part pour limiter immédiatement nos émissions de gaz à effets de serre, les conséquences pour la planète seront désastreuses. Notre responsabilité vis-à-vis des générations futures est engagée. La conférence environnementale a été loccasion de confirmer la volonté sans faille du Président de la République en la matière.
Leffort devra porter sur lensemble du parc de logements, quils soient publics ou privés. Mais je suis convaincue que les bailleurs sociaux peuvent jouer un rôle dexemple et montrer la voie. Dores et déjà, les logements sociaux sont en moyenne plus performants que ceux du parc privé. Précisément parce quils sont sociaux, parce quils logent les ménages modestes, je souhaite quils symbolisent lexcellence en matière de performance énergétique. Pour permettre datteindre cet objectif, je souhaite que plus de 100 000 logements sociaux fassent chaque année lobjet dune rénovation thermique de qualité. Pour cela, le dispositif de léco-PLS devra être amélioré. Nous y travaillons avec le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations.
Je pense aussi à la rénovation urbaine, démarche qui sinscrit par essence dans une logique de développement durable. Je sais limplication des offices publics de lhabitat, aux côtés des élus, pour requalifier les quartiers qui cumulent les difficultés. Je tiens à rendre hommage à ce travail formidable quils réalisent pour nos concitoyens, pour lutter contre la ségrégation et la stigmatisation, pour permettre à chacun de vivre dignement dans la Cité. Cet effort doit être maintenu et prolongé. Le ministre délégué en charge de la Ville, François Lamy, y travaille activement et des propositions seront présentées au premier trimestre 2013.
Vous le voyez, les défis auxquels nous faisons face sont considérables, et je mesure lampleur de la mobilisation qui vous est demandée. Mais, je suis convaincue que vous saurez les relever, que vous disposez des capacités pour le faire.
Votre premier atout est votre lien avec le territoire. Je le répète, je ne conçois pas de politique du logement qui ne soit territoriale, qui ne soit portée par les élus. Vous êtes loutil sur lequel ils peuvent sappuyer pour mettre en oeuvre leur stratégie en matière dhabitat. Vous êtes donc un maillon essentiel de notre politique nationale.
Votre deuxième atout est davoir le service public inscrit dans vos gènes. La puissance publique a besoin doutils qui ne soient pas contraints par un impératif de rentabilité de court terme, qui puissent inscrire leur action dans le temps long, dans le souci de lintérêt général. Vous êtes cet outil, et je compte mappuyer sur vous pour mettre en oeuvre la politique du gouvernement.
Je tiens cependant à vous tenir un discours de vérité. Certaines des compétences indispensables pour relever ces défis nécessitent une taille critique que nont pas certains offices de petite taille. Alors que léchelon intercommunal simpose progressivement comme le périmètre pertinent de la gouvernance des politiques de lhabitat, il est nécessaire de progresser davantage vers une meilleure coopération entre organismes, voire dans certains cas un regroupement. Je tiens à être claire, je ne crois nullement que la qualité du service rendu par un bailleur est systématiquement proportionnelle à sa taille. Mais la mutualisation doit être recherchée pour les fonctions qui le nécessitent. Cest essentiel pour renforcer vos capacités de maîtrise douvrage, cest essentiel pour la qualité du service rendu aux locataires.
Pour conclure, je suis frappée par la puissance et la modernité de la loi Bonnevay. Les fondations posées il y a cent ans tiennent encore aujourdhui, intactes. Le modèle des offices public de lhabitat a certes évolué au fil des années pour suivre lévolution de la société, et il doit continuer à le faire, mais son socle est resté le même. Cela témoigne de la justesse des prémisses de cette loi : le rôle essentiel des territoires, la nécessité dun véritable service public du logement.
Jen tire la conviction que ces principes fondamentaux doivent continuent à structurer la nouvelle politique du logement que nous souhaitons bâtir. Je sais pouvoir compter sur vous pour y parvenir.
Je vous remercie.
Source http://www.territoires.gouv.fr, le 27 novembre 2012
Messieurs les présidents des fédérations,
Monsieur le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Cest un grand plaisir pour moi que de me tenir devant vous ce soir à loccasion du centenaire de cette loi fondatrice pour notre modèle du logement social quest la loi Bonnevay.
Je crois profondément en limportance de lHistoire, en limportance de connaître le passé avant de se tourner vers lavenir. Alors que la crise économique touche nos concitoyens, que les difficultés auxquelles nous devons faire face sont réelles, il nest jamais inutile de prendre le temps de regarder derrière soi, de se rappeler des actions de nos prédécesseurs, de leur contexte, et du sens quils donnèrent aux décisions qui dessinent cent ans plus tard le cadre dans lequel nous agissons.
La loi Bonnevay marque lune de ces décisions fondamentales qui donne encore aujourdhui, plus dun siècle plus tard, une orientation essentielle aux politiques du logement en France.
Cette orientation, cest celle du service public du logement social.
Cest le choix de donner aux communes et aux départements le pouvoir de demander la création détablissements publics en charge de construire et de gérer des logements.
Cest le choix de ne pas laisser le secteur privé assumer seul la mission de loger les ménages salariés modestes.
Cest la décision de donner naissance aux offices publics d'habitations à bon marché dont vous êtes aujourdhui, cent ans plus tard, les légataires.
Ce choix fort, voté à lunanimité par la chambre des députés, constituait un message simple. Lhabitat nest pas un bien marchand comme les autres. Il ne peut pas être laissé à la seule main dun patronat paternaliste, soucieux de loger sa main doeuvre. Mais au contraire, la puissance publique, via les collectivités, doit en être lacteur direct.
Ce choix, en mettant en responsabilité les communes et les départements, était aussi celui des territoires, en reconnaissant leur rôle dans la mise en oeuvre des politiques locales du logement.
Un service public du logement, des politiques locales de lhabitat : cent ans plus tard, ces principes constituent toujours les fondements sur lesquels je conçois laction de mon ministère.
Cela ne signifie pas pour autant que rien na changé. Bien au contraire, les évolutions que notre société a connues au cours du XXe siècle ont été dune ampleur et dune rapidité inédites. Mais cest précisément lorsque tout change autour de nous quil est indispensable de disposer de repères solides, de principes intangibles qui guident notre action.
Lhistoire du logement social, et en particulier des offices publics, est celle dune succession dadaptations à chaque nouvelle crise pour répondre aux défis posés, sans pour autant dévier de ces principes.
Au début du XXe siècle, monsieur Bonnevay se préoccupait des conséquences de lexode rural, des problèmes de santé que causait linsalubrité de lhabitat ouvrier.
À la sortie de la deuxième guerre mondiale, les créateurs des offices publics de lhabitat se souciaient de reconstruire la France, dindustrialiser la production et de résorber les taudis.
Au début des années 1980, il sagissait de revenir à un développement décentralisé respectueux des territoires et de repenser une politique locale de lhabitat.
Aujourdhui, à nouveau, nous devons faire face à des enjeux différents et, à nouveau, les offices publics de lhabitat doivent évoluer pour y faire face.
Car en trente ans notre société a profondément changé. Le modèle unique de la famille nucléaire ne correspond plus à la réalité des parcours personnels. Lemploi à vie nest plus, pour beaucoup de nos concitoyens, la réalité de leur parcours professionnels. Notre jeunesse paye le plus lourd tribut à la crise économique, elle subit de plein fouet la précarisation de lemploi, le renchérissement du coût du logement. Notre population vieillit, et avec elle, la perte dautonomie devient une échéance de plus en plus certaine.
Ces grandes tendances viennent bouleverser profondément les besoins en logement de nos concitoyens. Ce faisant, elles posent de nouveaux défis qui interrogent nos stratégies.
Le premier de ces défis reste celui de la production. Non pas pour pallier, comme cétait le cas dans les années 1950, une pénurie généralisée et un parc de mauvaise qualité. Mais pour faire face au desserrement du nombre de personnes par ménage, à la métropolisation de nos agglomérations qui accentue la pression démographique sur certains territoires, à la difficulté de refaire la ville sur la ville.
Le Président de la République a symbolisé pendant sa campagne lampleur de ce défi par deux objectifs symboliques très forts : la production de 500 000 logements par an dont 150 000 logements sociaux. Ces objectifs sont nécessaires à la fois pour combler le déficit de production des années passées et pour répondre à la demande future. Je nignore pas lampleur de cette ambition, qui n'a jamais été atteinte depuis 40 ans. Mais je nen tire pas la conclusion que rien nest possible, que nous sommes incapables dinfléchir la situation. Bien au contraire, je mesure l'ampleur de la mobilisation qui doit être la nôtre.
Si ces objectifs matérialisent notre volonté d'aller plus loin, de passer à la vitesse supérieure, ils ne peuvent à eux seuls résumer notre ambition et ils ne suffisent pas à donner sens à notre action.
Nous ne devons pas nous tromper sur le diagnostic car les solutions en découlent. La France manque de logements. Mais ce dont elle manque surtout sont des logements abordables là où sont les besoins. Nous ne devons donc en aucun cas construire pour construire. Cela serait inefficace, cela serait inacceptable dans un contexte de rareté de largent public.
Au contraire, nous devons réaliser ces logements là où ils sont nécessaires, c'est-à-dire bien souvent là où, précisément, ils seront plus difficiles à réaliser. Parce que les droits à construire y seront plus rares, parce que le foncier y sera plus cher, parce qu'il faudra recycler la ville. Je refuserai de sacrifier l'efficience de notre action à une politique du chiffre qui se satisferait dun seul indicateur pour cible, qui favoriserait l'éparpillement urbain dans une logique de court terme, qui abandonnerait son idéal de mixité sociale en échange dune production à tout crin.
Cela ne signifie pas pour autant quil ne puisse y avoir de construction de logements sociaux que dans les territoires les plus tendus, quen dehors des grandes agglomérations urbaines rien nexiste. Cela signifie quil ne peut y avoir de politique du logement qui ne soit territorialisée, qui ne s'inscrive dans une stratégie de l'habitat pensée et pilotée par les collectivités territoriales, qui ne soit le fruit d'une réponse locale à un besoin local.
Nos objectifs quantitatifs ne pourront être que la résultante de milliers dinitiatives locales, conçues, portées par les collectivités.
Les offices publics de lhabitat en tant quétablissements publics ancrés dans les territoires ont donc vocation à être les outils de cette politique. Et je compte sur vous.
Ma ligne est claire. Cest celle de lexigence dune mobilisation générale, car on exige beaucoup de ceux dont on connait la valeur. Mais cest aussi celle du partenariat, de la contractualisation, car il ne peut y avoir dexigence crédible sans engagements réciproques. Je veillerai à ce que vous ayez les moyens datteindre les objectifs.
Pour cela, il vous faut en premier laccès à un foncier abordable. On ne construit pas un logement hors sol. La libération des droits à construire constitue inévitablement le premier levier à actionner. Cest dans ce but que les premières mesures législatives prises en faveur du logement visent à créer un choc d'offre foncière. Il s'agit de mobiliser les terrains publics, avec la mise en oeuvre d'un principe de gratuité pour la cession de terrains de lEtat. Il s'agit aussi de mobiliser les terrains privés, avec la mise en place d'une fiscalité nouvelle qui pénalisera la rétention des terrains à bâtir.
Mais pour changer réellement la donne, il faudra également repenser la gouvernance de lurbanisme et du droit des sols. Vous le savez, je suis favorable à plus de clarté, de simplicité dune planification adaptée à chaque échelon territorial : au niveau régional la vision stratégique, lexpression des grandes trames qui viendront constituer le maillage général, au niveau du bassin de vie, la définition des cohérences territoriales à léchelle des SCOT, au niveau intercommunal la définition dun projet de territoire permettant de dire pourquoi, comment et où construire, aménager, préserver.
Oui, je suis favorable à un PLU intercommunal, parce quil permet la coopération plutôt que la concurrence, parce quil doit permettre aux élus de dire plus facilement oui au logement et non à létalement urbain. Cest exigeant, cest compliqué, mais cest une voie davenir. Jen suis convaincue et je souhaite que la grande loi sur le logement et lurbanisme qui sera élaborée dans le courant du premier semestre prochain soit loccasion de faire des propositions ambitieuses à ce sujet.
Enfin, la mobilisation demprises foncières pour la construction de logements sociaux passera également par le renforcement des dispositions de l'article 55 de la loi SRU. Car là où le volontarisme des élus manque, il faut oser contraindre. Nous ne pouvons pas accepter que certaines communes préfèrent payer plutôt que de créer les logements abordables dont nos concitoyens ont besoin. Le projet de loi que nous avons proposé pour sanctionner ces comportements a été à nouveau examiné par lAssemblée Nationale avant-hier. Ma détermination sur ce sujet reste intacte.
En second lieu, les financements nécessaires seront dégagés. Pour réaliser 150 000 logements il faut à peu près 20 milliards deuros d'investissement, moins si on arrive à maîtriser les coûts et cest donc un impératif essentiel que de les réduire. Ce montant est considérable. Comment sera-t-il financé ? Jentends les inquiétudes. Je sais que certains pensent que le compte ny est pas. Ma réponse est simple : les moyens seront au rendez-vous si tous les financeurs du logement se mobilisent.
Cela sera le cas des Fonds dépargne, qui financeront près des trois quarts du montant global. Le relèvement progressif du plafond du livret A assurera quil y aura les liquidités nécessaires tout au long du quinquennat. Cest un engagement fort du Gouvernement et jy veillerai.
Cela sera le cas de lEtat, avec des aides à la pierre portés en 2013 à 500 millions deuros, soit une hausse de 11% par rapport à l'année 2012, avec la disparition du prélèvement sur le potentiel financier des bailleurs, soit la fin dune ponction potentielle de 175 millions deuros sur la capacité de financement du monde HLM, et avec la gratuité de son foncier public qui représentera plus de 75 millions deuros d'aides à l'équilibre des opérations de logements sociaux en 2013. Dans un contexte de maîtrise de la dette publique, cet effort est considérable. Il établit de fait le logement comme l'une des priorités du Gouvernement.
Cela sera le cas d'Action Logement, dont la mobilisation en faveur du logement social pour les trois prochaines années sera exceptionnelle. L'accord que j'ai signé avec le président et le vice-président de l'Union des entreprises et des salariés pour le logement le garantit. Il fixe à 950 millions deuros d'équivalent subvention les aides qu'Action Logement apportera en 2013 au logement social, soit 500 millions deuros de plus qu'en 2012. Cest considérable. Au total, les aides à la pierre combinées de lÉtat et dAction Logement permettront donc daugmenter la capacité dinvestissement des bailleurs de plus de 800 millions deuros en 2013 par rapport à 2012.
Les moyens seront donc bien à la hauteur de nos ambitions.
Je tiens cependant à vous adresser un message de vérité et de responsabilité. Pour financer les 150 000 logements sociaux, les fonds propres des bailleurs sociaux seront également mis à contribution. Leffort demandé sera très important mais il sera soutenable. Pour qu'il le soit, cependant, vos moyens financiers devront être mutualisés autant que nécessaire. Je vous l'ai dit, je n'accepterai pas qu'on renie notre ambition de construire là où sont les besoins, sous prétexte que ce n'est pas là que sont les fonds propres. J'ai eu l'occasion de l'affirmer lors du congrès de l'USH, je ne confonds pas mutualisation avec spoliation. Mais si le monde HLM n'est pas force de proposition alors lEtat assumera ses responsabilités. Mais j'ai une grande confiance en la capacité du monde HLM à s'organiser et à se saisir de cet enjeu et je sais que dores et déjà des propositions sont en cours délaboration.
Vous lavez compris, je souhaite que ce travail sinscrive dans un tout cohérent, qui place en face des objectifs quon se fixe, les moyens quon se donne. Cest bien le sens du pacte de mobilisation pour la production de logements que je souhaite conclure avec lunion sociale pour lhabitat. Cest aussi le sens que je souhaite donner aux conventions dutilité sociale qui devront être revues pour intégrer les nouveaux objectifs fixés par le gouvernement, dans une logique partenariale, dans un souci de cohérence territoriale.
Le deuxième défi que nous devons relever ensemble est celui de laccès, et du maintien, de tous dans le logement. Car réussir à construire les logements dont nous avons besoin est une chose, permettre quils soient accessibles à tous, et en particulier aux plus fragiles dentre nous, en est une autre.
Cest une tâche difficile, car le modèle actuel du logement social na pas été conçu pour faire face à la précarisation croissante que connaît depuis trente ans notre société. A la stabilité familiale et professionnelle qui caractérisait les ménages des trente glorieuses, se sont progressivement substitués des parcours individuels moins linéaires, où bien souvent des périodes de chômage alternent avec des périodes dactivités, où les familles se défont et se recomposent plus fréquemment, où les accidents de la vie sont malheureusement aussi plus fréquents.
Le locataire de 2012 nest plus celui de 1970. Ses besoins ne sont plus les mêmes. Le métier de bailleur social doit sadapter pour y répondre. Je sais que les agents des offices publics vivent au quotidien cette réalité et se sont déjà engagés pour la plupart sur la voie dun accompagnement renforcé de leurs locataires. Il faut poursuivre dans cette direction, cest indispensable.
Notre première obligation est de répondre à lincertitude que connaissent les locataires dans leur vie familiale et professionnelle par la sécurisation de leurs conditions de logement. La prévention de ces difficultés doit faire partie intégrante des missions des bailleurs sociaux. Leur réaction dès le premier impayé est décisive pour éviter la spirale infernale du surendettement. Les partenariats quils nouent avec les conseils généraux, avec le tissu associatif, sont essentiels pour trouver des solutions globales aux situations complexes des ménages. Leur rôle est donc central et je connais leur engagement, en particulier celui des offices publics de lhabitat, en faveur de la prévention des expulsions. Votre travail est essentiel. Nous devons tout faire pour éviter la casse humaine que signifie une expulsion.
Cest la raison pour laquelle nous avons décidé avec Manuel Valls de donner des consignes pour que soient systématiquement relogés les ménages menacés dexpulsion tout en ayant été déclarés prioritaires et urgents au titre du droit au logement opposable.
Cest également la raison pour laquelle des propositions seront énoncées lors de la conférence contre la pauvreté et pour linclusion sociale qui se tiendra les 10 et 11 décembre prochain. Enfin, sil est nécessaire de modifier le cadre législatif, nous le ferons à loccasion de la loi cadre sur le logement.
Notre deuxième obligation est dassurer laccès au logement des plus démunis. Pour cela il faut tout dabord une clarification des dispositifs de prise en compte des publics fragiles. Fruit dinitiatives successives qui se sont empilées les unes sur les autres, leur enchevêtrement est aujourdhui source dincompréhension et dinefficacité.
Il faudra également que la collaboration entre acteurs de lhébergement et acteurs du logement se renforce. Des avancées importantes ont lieu. Les bailleurs sont de plus en plus associés aux travaux des SIAO, ils seront également parties prenantes de la préparation prochaine des plans territoriaux de sortie de lhiver. Cette collaboration est essentielle, car elle seule peut garantir quil ny ait pas de rupture entre lhébergement et le logement.
Pour vous aider à y parvenir, des moyens seront mobilisés. Il sagira dabord du fonds national daccompagnement vers et dans le logement, dont le public a été élargi. Il sagira aussi de permettre le financement dopérations de logements sociaux à très basse quittance, qui constitueront une passerelle vers le logement social de droit commun. Nous étudions actuellement lélaboration dun nouveau type de financement en ce but. Jai entendu également les propositions de la présidente de lunion sociale pour lhabitat lors du congrès de la volonté du mouvement de sengager dans la production dune offre de logements accompagnés. Notre ambition est partagée, il nous faut maintenant construire ensemble les solutions.
Cette question de laccès au logement sinscrit dans un chantier plus vaste qui est celui de la réforme des procédures dattribution des logements sociaux. Cest notre troisième obligation : nous devons les rendre plus simples, plus transparentes et plus efficaces. Nous ne pouvons ignorer les attentes de nos concitoyens qui sont très fortes en la matière. Nous devons être ambitieux et ne pas succomber à la tentation de limmobilisme. Cest un sujet difficile. De nombreuses questions sont posées : quelle est léchelle géographique adaptée ? Comment rendre plus objectives les décisions ? Comment améliorer le travail inter-bailleurs ? Comment unifier un processus fractionné entre les contingents de multiples réservataires ? Comment lutter contre les discriminations ? Comment concilier une priorisation des demandes et limpératif de mixité sociale ? Comment favoriser laccès des plus démunis sans remettre en cause la vocation généraliste de notre modèle du logement social ? Ces questions sont difficiles et un débat ouvert est indispensable. Cest lesprit que je souhaite donner à la grande concertation qui sera lancée dans les prochaines semaines. Aucune conclusion nest écrite à lavance. Ma seule exigence est que nous soyons ambitieux dans nos propositions, que nous fassions bouger les lignes.
Le troisième défi enfin est celui du développement durable. Ce défi est vaste, cest celui de la capacité du monde HLM à faire évoluer son parc pour tenir compte des enjeux économiques, sociaux et environnementaux de demain, à penser son action dans un monde de plus en plus incertain, où le monolithisme doit céder la place à ladaptabilité.
Je pense bien sûr au chantier des rénovations énergétiques. Cest un défi immense, difficile, mais que nous ne pouvons pas reporter davantage. Le niveau des émissions de gaz à effet de serre a dépassé la côte dalerte, le rapport publié récemment par la banque mondiale nous rappelle la triste réalité : sans une action déterminée de notre part pour limiter immédiatement nos émissions de gaz à effets de serre, les conséquences pour la planète seront désastreuses. Notre responsabilité vis-à-vis des générations futures est engagée. La conférence environnementale a été loccasion de confirmer la volonté sans faille du Président de la République en la matière.
Leffort devra porter sur lensemble du parc de logements, quils soient publics ou privés. Mais je suis convaincue que les bailleurs sociaux peuvent jouer un rôle dexemple et montrer la voie. Dores et déjà, les logements sociaux sont en moyenne plus performants que ceux du parc privé. Précisément parce quils sont sociaux, parce quils logent les ménages modestes, je souhaite quils symbolisent lexcellence en matière de performance énergétique. Pour permettre datteindre cet objectif, je souhaite que plus de 100 000 logements sociaux fassent chaque année lobjet dune rénovation thermique de qualité. Pour cela, le dispositif de léco-PLS devra être amélioré. Nous y travaillons avec le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations.
Je pense aussi à la rénovation urbaine, démarche qui sinscrit par essence dans une logique de développement durable. Je sais limplication des offices publics de lhabitat, aux côtés des élus, pour requalifier les quartiers qui cumulent les difficultés. Je tiens à rendre hommage à ce travail formidable quils réalisent pour nos concitoyens, pour lutter contre la ségrégation et la stigmatisation, pour permettre à chacun de vivre dignement dans la Cité. Cet effort doit être maintenu et prolongé. Le ministre délégué en charge de la Ville, François Lamy, y travaille activement et des propositions seront présentées au premier trimestre 2013.
Vous le voyez, les défis auxquels nous faisons face sont considérables, et je mesure lampleur de la mobilisation qui vous est demandée. Mais, je suis convaincue que vous saurez les relever, que vous disposez des capacités pour le faire.
Votre premier atout est votre lien avec le territoire. Je le répète, je ne conçois pas de politique du logement qui ne soit territoriale, qui ne soit portée par les élus. Vous êtes loutil sur lequel ils peuvent sappuyer pour mettre en oeuvre leur stratégie en matière dhabitat. Vous êtes donc un maillon essentiel de notre politique nationale.
Votre deuxième atout est davoir le service public inscrit dans vos gènes. La puissance publique a besoin doutils qui ne soient pas contraints par un impératif de rentabilité de court terme, qui puissent inscrire leur action dans le temps long, dans le souci de lintérêt général. Vous êtes cet outil, et je compte mappuyer sur vous pour mettre en oeuvre la politique du gouvernement.
Je tiens cependant à vous tenir un discours de vérité. Certaines des compétences indispensables pour relever ces défis nécessitent une taille critique que nont pas certains offices de petite taille. Alors que léchelon intercommunal simpose progressivement comme le périmètre pertinent de la gouvernance des politiques de lhabitat, il est nécessaire de progresser davantage vers une meilleure coopération entre organismes, voire dans certains cas un regroupement. Je tiens à être claire, je ne crois nullement que la qualité du service rendu par un bailleur est systématiquement proportionnelle à sa taille. Mais la mutualisation doit être recherchée pour les fonctions qui le nécessitent. Cest essentiel pour renforcer vos capacités de maîtrise douvrage, cest essentiel pour la qualité du service rendu aux locataires.
Pour conclure, je suis frappée par la puissance et la modernité de la loi Bonnevay. Les fondations posées il y a cent ans tiennent encore aujourdhui, intactes. Le modèle des offices public de lhabitat a certes évolué au fil des années pour suivre lévolution de la société, et il doit continuer à le faire, mais son socle est resté le même. Cela témoigne de la justesse des prémisses de cette loi : le rôle essentiel des territoires, la nécessité dun véritable service public du logement.
Jen tire la conviction que ces principes fondamentaux doivent continuent à structurer la nouvelle politique du logement que nous souhaitons bâtir. Je sais pouvoir compter sur vous pour y parvenir.
Je vous remercie.
Source http://www.territoires.gouv.fr, le 27 novembre 2012