Texte intégral
JULIE LECLERC
L'interview politique avec vous, Thomas, vous recevez ce matin le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie LE GUEN.
THOMAS SOTTO
Bonjour Jean-Marie LE GUEN.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour.
THOMAS SOTTO
Des heures supplémentaires qui pourront être moins bien payées, des licenciements économiques facilités, des indemnités aux Prud'hommes plafonnées, un contrat de travail plus facile à modifier pour les entreprises, des référendums pour contourner les syndicats en cas de blocage. Ce sont donc les grandes lignes du projet de loi de réforme du droit du travail, que présentera Myriam El KHOMRI le mois prochain. Jean-Marie LE GUEN, s'il y avait eu France un gouvernement de gauche, pour de vrai, qu'aurait-il proposé, lui ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ah, écoutez, je pense qu'il aurait proposé cette loi, mais ce que vous dites, c'est une vision des choses, vous oubliez de dire que 95 % des mesures que vous avez évoquées, c'est des mesures qui seraient discutées, négociées avec les organisations syndicales dans les entreprises et nécessitant l'accord des organisations syndicales. En fait, ce texte est effectivement une véritable révolution, mais une révolution équilibrée. Il donne plus d'agilité, plus de capacités de répondre aux entreprises, mais il garantit des droits et des droits nouveaux. Vous avez par exemple oublié de citer un des éléments majeurs, qui marquera l'histoire sociale du XXIème siècle, c'est la création du CPA. Alors, c'est quoi le CPA ? C'est la Sécurité sociale du XXIème siècle, c'est le fait que les droits des salariés vont maintenant être attachés à la personne et non pas au statut. C'est une révolution considérable, mais vous savez, quand en 1936 on a créé la Sécurité sociale, d'abord l'extrême gauche était contre, ensuite c'était quelque chose de purement théorique et abstrait, les salariés ne savaient pas ce que c'était. Aujourd'hui
THOMAS SOTTO
Attendez, Jean-Marie LE GUEN, il y a un immense malentendu, parce que vous n'avez pas expliqué ce qu'il fallait à Jean-Christophe CAMBADELIS, qui a dit : « Dans l'état, j'aurais du mal à le voter ce texte ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Non non, pas du tout.
THOMAS SOTTO
« El KHOMRI, tu aurais dû prendre ton adhésion chez Les Républicains », a tweeté la section socialiste de Mulhouse.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, mais écoutez, vous trouverez
THOMAS SOTTO
Benoit HAMON parle de mesures perdant/perdant. A droite, Eric WOERTH parle d'un texte pavé de bonnes intentions.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, c'est toujours les mêmes ! Attendez, excusez-moi, vous pouvez faire le florilège
THOMAS SOTTO
Ben
JEAN-MARIE LE GUEN
Thomas SOTTO, vous ferez toujours le florilège de ceux, les grincheux, qui depuis maintenant trois ans, ne font que critiquer la majorité, à tel point
THOMAS SOTTO
C'est un grincheux Jean-Christophe CAMBADELIS ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non. Jean-Christophe n'a pas dit ça, il dit : « Je regrette qu'on n'insiste pas assez reprenez sa formule entière je regrette qu'on n'insiste pas assez que le compte personnel d'activité, dans ce texte de loi, dans ses commentaires, dans ce qui est proposé ». Pour le reste, il dit : il y aura une discussion. Et bien sûr, il y aura une discussion avec les parlementaires, c'est le travail même du Parlement qui va se mettre en oeuvre. Mais, très concrètement, ce texte, je vous le dis, puisque peut-être vous me poserez la question, il sera voté très majoritairement par le groupe socialiste .
THOMAS SOTTO
Voté ou... ?
JEAN-MARIE LE GUEN
majoritairement voté et adhéré par les députés de gauche à l'Assemblée nationale, et il y aura une majorité pour ce texte à l'Assemblée nationale.
THOMAS SOTTO
Vous en êtes sûr ? Donc il n'y aura pas de 49.3 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je vous dis que ce texte sera porté par une majorité au sein du groupe socialiste, par une majorité à gauche, par une majorité à l'Assemblée nationale.
THOMAS SOTTO
Donc ce texte ne passera pas par l'article 49.3.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais la question n'est pas aujourd'hui la procédure, je reviens pour vous dire que ce texte aura une majorité à l'Assemblée nationale. La question des procédures est une question secondaire, ce qui est important
THOMAS SOTTO
Ah non, elle n'est pas secondaire.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais non, de votre point de vue, elle n'est pas secondaire.
THOMAS SOTTO
Mais ce n'est pas mon point de vue, c'est le point de vue de la ministre
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, allons au fond du texte.
THOMAS SOTTO
Jean-Marie LE GUEN, du point de vue de la ministre de l'Emploi, du point de vue, visiblement, de Manuel VALLS, dont David DOUKHAN nous disait que c'était à Matignon qu'on a fait rajouter la petite phrase dans l'interview des Echos, évoquant le 49.3.
JEAN-MARIE LE GUEN
Qu'est-ce qu'elle dit la petite phrase ?
THOMAS SOTTO
Ben je vais vous la lire la petite phrase.
JEAN-MARIE LE GUEN
Evoquant le 49.3, c'est inexact, Thomas SOTTO.
THOMAS SOTTO
« Avec le Premier ministre, nous voulons convaincre les parlementaires de l'ambition de ce projet de loi, mais nous prendrons nos responsabilités ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Et alors ? Je ne vous dis pas autre chose. « Nous prendrons nos responsabilités », ça veut dire l'engagement du gouvernement autour de ce texte et des principes qui y sont attachés. Voilà ce que ça veut dire. Ça ne préjuge pas, ni dans un sens, ni dans un autre, les modalités d'adoption de ce texte.
THOMAS SOTTO
Mais c'est gênant de parler du 49.3 ou pas ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Pardon ?
THOMAS SOTTO
Est-ce que c'est gênant de parler du 49.3 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais, écoutez, moi vous m'avez posé la question, j'ai eu l'occasion sur d'autres textes de le dire, la question n'est pas la procédure, la question c'est le fond. Et la question c'est l'adhésion. Il y aura une majorité pour ce texte. Après, la question de la procédure, lorsqu'on voit qu'un certain nombre d'esprits chagrins, je le disais, sont essentiellement là pour essayer de bloquer la poussée réformiste de ce gouvernement, alors
THOMAS SOTTO
Et dans votre camp, du côté des syndicats, vous avez entendu peut-être Jean-Claude MAILLY, à 06h30
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais Jean-Claude MAILLY n'a pas supporté un texte, il n'a pas C'est simple, pour une partie de la gauche, je vais vous apprendre quelque chose, pour une partie de la gauche, tout ce qui existait il y a 40 ans, c'était super. C'est-à-dire, c'est la gauche du conservatisme. Cette idée là fait que systématiquement, une partie de la gauche, une partie minoritaire de la gauche
THOMAS SOTTO
Y compris au PS ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais bien sûr, Thomas SOTTO, vous n'avez pas entendu parler de ces grincheux qui sont là depuis trois ans, qui s'expriment régulièrement sur vos antennes ? J'entendais hier soir Myriam El KHOMRI n'avait même pas le temps de présenter son texte qu'un député grincheux venait pour critiquer un texte qu'il n'avait même pas eu encore l'occasion de lire. C'est vous dire que d'une façon systématique, il y a des gens qui ont une certaine vision, qui consiste tout simplement à être profondément conservateur, alors même que nous voyons que ce pays a besoin de réformes, que le dialogue social est souvent ne panne
THOMAS SOTTO
Là, vous parlez bien de députés socialistes, on est d'accord.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais bien sûr. Mais je peux vous parler du conservatisme de droite, qui lui est tout simplement l'alternative
THOMAS SOTTO
Oui, mais ils sont très très contents, à droite ils sont très très contents, alors là, Eric WOERTH parle même d'un texte « qu'on avait écrit en partie ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, mais Thomas SOTTO, la réalité, quand vous voyez les propositions qui sont celles de la droite aujourd'hui, on commence à les voir apparaitre, puisqu'il y a des primaires, en fait, ce qu'ils veulent, ce n'est pas une réforme, c'est une liquidation du droit des salariés. Ce n'est pas ce que nous proposons. Est-ce que vous entendez les candidats de droite se battre pour le compte personnel d'activité ? Est-ce qu'ils se battent pour la reconnaissance du dialogue social et le fait que les organisations syndicales, dans les entreprises, peuvent négocier, ou bien il ne peut y avoir de référendum que si c'est demandé par 30 % des organisations syndicales ? Donc, sur tout cela
THOMAS SOTTO
Sur quoi le gouvernement est prêt à discuter ? Sur les indemnités plafonnées aux Prud'hommes, par exemple, c'est un sujet, ça, ou pas ? Il y a un moyen de revenir sur ce qui a été annoncé ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Le principe des indemnités est très clairement dans le projet de loi, et dans l'intention première du gouvernement sur ce texte.
THOMAS SOTTO
Donc si ça change, ça sera à la marge ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il peut y avoir une approche, ne soyons pas tout ou rien. Nous sommes dans une période où il faut sortir de ce manichéisme et de ces commentaires lapidaires. Nous sommes aujourd'hui dans une période où il y a la capacité de discuter autour d'un certain nombre d'éléments de ce texte, étant entendu que les grands principes structurants de ce texte, sont des principes sur lequel est engagé le gouvernement. Mais je suis certain que, aussi bien avec les organisations syndicales, du moins les organisations syndicales réformistes, celles qui pensent que l'on peut
THOMAS SOTTO
Donc la CFDT, mais pas FO, pas la CGT, pas
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne vais pas donner de nom, chacun se reconnait, ou bien dans l'idée de la réforme, ou dans l'idée d'un syndicalisme contestataire, qui est aujourd'hui totalement improductif et conservateur. Et d'ailleurs, je ne suis pas certain que ce syndicalisme-là, soit celui qui soit le plus porté aujourd'hui par les salariés. Donc
THOMAS SOTTO
Mais vous n'aimez pas trop les syndicats, vous dites qu'il y en a trop, vous avez dit ça au mois de janvier.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais non, j'ai dit qu'il y avait trop d'organisations syndicales, vous ne pouvez pas dire ça.
THOMAS SOTTO
C'est à peu près la même chose.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais pas du tout ! Moi je suis pour un syndicalisme fort, et cette loi
THOMAS SOTTO
Dire qu'il y a trop de syndicats ou qu'il y a trop d'organisations syndicales, c'est le même message.
JEAN-MARIE LE GUEN
Il y a trop d'organisations syndicales, ça ne veut pas dire qu'il y a trop de syndicats.
THOMAS SOTTO
D'accord.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je suis désolé, et cette loi Non non, mais, ne soyez pas, de ce point de vue
THOMAS SOTTO
Non, mais je vous écoute.
JEAN-MARIE LE GUEN
Voyons, soyons très clairs
THOMAS SOTTO
Je ne comprends pas la différence, mais Je ne comprends pas la différence entre « il y a trop de syndicats ou il y a trop d'organisations syndicales ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Vous ne comprenez pas qu'il y a, en France, sept ou huit organisations syndicales différentes, et que s'il y avait deux ou trois organisations syndicales, le dialogue serait plus simple ?
THOMAS SOTTO
Eh bien moi je dirais : il y a sept ou huit syndicats, et s'il y avait deux ou trois syndicats, ça serait plus simple, peut-être, mais voilà. Peu importe, on n'est pas là pour faire de la sémantique.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, franchement
THOMAS SOTTO
Un autre point très précis, Jean-Marie LE GUEN, est-ce que vous êtes prêt à revenir sur la primauté des accords d'entreprises par rapport aux accords de branches ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais ce n'est pas ce qui est dit. Il y a une articulation du dialogue, où nous privilégions, de fait, effectivement, l'accord d'entreprise, mais ceci doit être aussi possible dans le cadre d'un accord de branches, qui donne ou pas la possibilité d'accords d'entreprises. Donc, sur tout cela, Myriam El KHOMRI, dans les semaines qui viennent, puisque nous parlons aujourd'hui d'un texte qui a été envoyé au Conseil d'Etat, qui n'est pas encore au Conseil des ministres, qui le sera
THOMAS SOTTO
Le 9 mars.
JEAN-MARIE LE GUEN
Vraisemblablement le 9 mars, et qui sera discuté au mois d'avril à l'Assemblée nationale. Donc si vous voulez, je ne vais pas, moi, ici, bloquer ou dire ce qu'est le résultat des négociations. Ce que je peux vous dire simplement, c'est que c'est un texte qui est un texte de véritable rénovation sociale, de ce pays, c'est une révolution de ce point de vue, c'est vrai que les esprits conservateurs peuvent y trouver à redire, sans doute qu'il y a des appréhensions qui sont légitimes et qui peuvent être levées, parce que dans tout changement, et c'est un des traits de notre pays, à chaque fois que nous changeons quelque chose, il y a des appréhensions. Mais, encore une fois, et suite à votre interpellation, je veux dire que c'est un texte qui va favoriser le dialogue social, autour des organisations syndicales, dans les entreprises. La différence c'est que justement.
THOMAS SOTTO
Ça se passera coûte que coûte ? Ça sera le dernier grand texte du quinquennat qui passera coûte que coûte ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais pourquoi coûte que coûte ? Qu'est-ce que ça va couter ?
THOMAS SOTTO
Ben ça veut dire, le gouvernement ne reculera pas.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ça va pas couter, ça va rapporter à ce pays, des réformes qui sont positives. Donc on n'est pas dans le coûte que coûte, on est dans ce qui est positif pour ce pays, donner plus d'agilité à nos entreprises, des droits nouveaux aux salariés et une capacité plus forte au dialogue social et aux syndicats qui s'engagent, et de ce point de vue, ce qui se passe au plan national, c'est pas ce qui se passe au plan local. Vous avez des organisations syndicales qui ne signent jamais rien au plan national, mais qui sont très actives au plan local. Et donc nous voulons privilégier le dialogue social et syndical, au plan local, au niveau des entreprises.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup Jean-Marie LE GUEN d'être venu en direct sur Europe 1 ce matin. Merci et bonne journée à vous.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 février 2016
L'interview politique avec vous, Thomas, vous recevez ce matin le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie LE GUEN.
THOMAS SOTTO
Bonjour Jean-Marie LE GUEN.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour.
THOMAS SOTTO
Des heures supplémentaires qui pourront être moins bien payées, des licenciements économiques facilités, des indemnités aux Prud'hommes plafonnées, un contrat de travail plus facile à modifier pour les entreprises, des référendums pour contourner les syndicats en cas de blocage. Ce sont donc les grandes lignes du projet de loi de réforme du droit du travail, que présentera Myriam El KHOMRI le mois prochain. Jean-Marie LE GUEN, s'il y avait eu France un gouvernement de gauche, pour de vrai, qu'aurait-il proposé, lui ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ah, écoutez, je pense qu'il aurait proposé cette loi, mais ce que vous dites, c'est une vision des choses, vous oubliez de dire que 95 % des mesures que vous avez évoquées, c'est des mesures qui seraient discutées, négociées avec les organisations syndicales dans les entreprises et nécessitant l'accord des organisations syndicales. En fait, ce texte est effectivement une véritable révolution, mais une révolution équilibrée. Il donne plus d'agilité, plus de capacités de répondre aux entreprises, mais il garantit des droits et des droits nouveaux. Vous avez par exemple oublié de citer un des éléments majeurs, qui marquera l'histoire sociale du XXIème siècle, c'est la création du CPA. Alors, c'est quoi le CPA ? C'est la Sécurité sociale du XXIème siècle, c'est le fait que les droits des salariés vont maintenant être attachés à la personne et non pas au statut. C'est une révolution considérable, mais vous savez, quand en 1936 on a créé la Sécurité sociale, d'abord l'extrême gauche était contre, ensuite c'était quelque chose de purement théorique et abstrait, les salariés ne savaient pas ce que c'était. Aujourd'hui
THOMAS SOTTO
Attendez, Jean-Marie LE GUEN, il y a un immense malentendu, parce que vous n'avez pas expliqué ce qu'il fallait à Jean-Christophe CAMBADELIS, qui a dit : « Dans l'état, j'aurais du mal à le voter ce texte ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Non non, pas du tout.
THOMAS SOTTO
« El KHOMRI, tu aurais dû prendre ton adhésion chez Les Républicains », a tweeté la section socialiste de Mulhouse.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, mais écoutez, vous trouverez
THOMAS SOTTO
Benoit HAMON parle de mesures perdant/perdant. A droite, Eric WOERTH parle d'un texte pavé de bonnes intentions.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, c'est toujours les mêmes ! Attendez, excusez-moi, vous pouvez faire le florilège
THOMAS SOTTO
Ben
JEAN-MARIE LE GUEN
Thomas SOTTO, vous ferez toujours le florilège de ceux, les grincheux, qui depuis maintenant trois ans, ne font que critiquer la majorité, à tel point
THOMAS SOTTO
C'est un grincheux Jean-Christophe CAMBADELIS ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non. Jean-Christophe n'a pas dit ça, il dit : « Je regrette qu'on n'insiste pas assez reprenez sa formule entière je regrette qu'on n'insiste pas assez que le compte personnel d'activité, dans ce texte de loi, dans ses commentaires, dans ce qui est proposé ». Pour le reste, il dit : il y aura une discussion. Et bien sûr, il y aura une discussion avec les parlementaires, c'est le travail même du Parlement qui va se mettre en oeuvre. Mais, très concrètement, ce texte, je vous le dis, puisque peut-être vous me poserez la question, il sera voté très majoritairement par le groupe socialiste .
THOMAS SOTTO
Voté ou... ?
JEAN-MARIE LE GUEN
majoritairement voté et adhéré par les députés de gauche à l'Assemblée nationale, et il y aura une majorité pour ce texte à l'Assemblée nationale.
THOMAS SOTTO
Vous en êtes sûr ? Donc il n'y aura pas de 49.3 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je vous dis que ce texte sera porté par une majorité au sein du groupe socialiste, par une majorité à gauche, par une majorité à l'Assemblée nationale.
THOMAS SOTTO
Donc ce texte ne passera pas par l'article 49.3.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais la question n'est pas aujourd'hui la procédure, je reviens pour vous dire que ce texte aura une majorité à l'Assemblée nationale. La question des procédures est une question secondaire, ce qui est important
THOMAS SOTTO
Ah non, elle n'est pas secondaire.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais non, de votre point de vue, elle n'est pas secondaire.
THOMAS SOTTO
Mais ce n'est pas mon point de vue, c'est le point de vue de la ministre
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, allons au fond du texte.
THOMAS SOTTO
Jean-Marie LE GUEN, du point de vue de la ministre de l'Emploi, du point de vue, visiblement, de Manuel VALLS, dont David DOUKHAN nous disait que c'était à Matignon qu'on a fait rajouter la petite phrase dans l'interview des Echos, évoquant le 49.3.
JEAN-MARIE LE GUEN
Qu'est-ce qu'elle dit la petite phrase ?
THOMAS SOTTO
Ben je vais vous la lire la petite phrase.
JEAN-MARIE LE GUEN
Evoquant le 49.3, c'est inexact, Thomas SOTTO.
THOMAS SOTTO
« Avec le Premier ministre, nous voulons convaincre les parlementaires de l'ambition de ce projet de loi, mais nous prendrons nos responsabilités ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Et alors ? Je ne vous dis pas autre chose. « Nous prendrons nos responsabilités », ça veut dire l'engagement du gouvernement autour de ce texte et des principes qui y sont attachés. Voilà ce que ça veut dire. Ça ne préjuge pas, ni dans un sens, ni dans un autre, les modalités d'adoption de ce texte.
THOMAS SOTTO
Mais c'est gênant de parler du 49.3 ou pas ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Pardon ?
THOMAS SOTTO
Est-ce que c'est gênant de parler du 49.3 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais, écoutez, moi vous m'avez posé la question, j'ai eu l'occasion sur d'autres textes de le dire, la question n'est pas la procédure, la question c'est le fond. Et la question c'est l'adhésion. Il y aura une majorité pour ce texte. Après, la question de la procédure, lorsqu'on voit qu'un certain nombre d'esprits chagrins, je le disais, sont essentiellement là pour essayer de bloquer la poussée réformiste de ce gouvernement, alors
THOMAS SOTTO
Et dans votre camp, du côté des syndicats, vous avez entendu peut-être Jean-Claude MAILLY, à 06h30
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais Jean-Claude MAILLY n'a pas supporté un texte, il n'a pas C'est simple, pour une partie de la gauche, je vais vous apprendre quelque chose, pour une partie de la gauche, tout ce qui existait il y a 40 ans, c'était super. C'est-à-dire, c'est la gauche du conservatisme. Cette idée là fait que systématiquement, une partie de la gauche, une partie minoritaire de la gauche
THOMAS SOTTO
Y compris au PS ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais bien sûr, Thomas SOTTO, vous n'avez pas entendu parler de ces grincheux qui sont là depuis trois ans, qui s'expriment régulièrement sur vos antennes ? J'entendais hier soir Myriam El KHOMRI n'avait même pas le temps de présenter son texte qu'un député grincheux venait pour critiquer un texte qu'il n'avait même pas eu encore l'occasion de lire. C'est vous dire que d'une façon systématique, il y a des gens qui ont une certaine vision, qui consiste tout simplement à être profondément conservateur, alors même que nous voyons que ce pays a besoin de réformes, que le dialogue social est souvent ne panne
THOMAS SOTTO
Là, vous parlez bien de députés socialistes, on est d'accord.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais bien sûr. Mais je peux vous parler du conservatisme de droite, qui lui est tout simplement l'alternative
THOMAS SOTTO
Oui, mais ils sont très très contents, à droite ils sont très très contents, alors là, Eric WOERTH parle même d'un texte « qu'on avait écrit en partie ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, mais Thomas SOTTO, la réalité, quand vous voyez les propositions qui sont celles de la droite aujourd'hui, on commence à les voir apparaitre, puisqu'il y a des primaires, en fait, ce qu'ils veulent, ce n'est pas une réforme, c'est une liquidation du droit des salariés. Ce n'est pas ce que nous proposons. Est-ce que vous entendez les candidats de droite se battre pour le compte personnel d'activité ? Est-ce qu'ils se battent pour la reconnaissance du dialogue social et le fait que les organisations syndicales, dans les entreprises, peuvent négocier, ou bien il ne peut y avoir de référendum que si c'est demandé par 30 % des organisations syndicales ? Donc, sur tout cela
THOMAS SOTTO
Sur quoi le gouvernement est prêt à discuter ? Sur les indemnités plafonnées aux Prud'hommes, par exemple, c'est un sujet, ça, ou pas ? Il y a un moyen de revenir sur ce qui a été annoncé ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Le principe des indemnités est très clairement dans le projet de loi, et dans l'intention première du gouvernement sur ce texte.
THOMAS SOTTO
Donc si ça change, ça sera à la marge ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il peut y avoir une approche, ne soyons pas tout ou rien. Nous sommes dans une période où il faut sortir de ce manichéisme et de ces commentaires lapidaires. Nous sommes aujourd'hui dans une période où il y a la capacité de discuter autour d'un certain nombre d'éléments de ce texte, étant entendu que les grands principes structurants de ce texte, sont des principes sur lequel est engagé le gouvernement. Mais je suis certain que, aussi bien avec les organisations syndicales, du moins les organisations syndicales réformistes, celles qui pensent que l'on peut
THOMAS SOTTO
Donc la CFDT, mais pas FO, pas la CGT, pas
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne vais pas donner de nom, chacun se reconnait, ou bien dans l'idée de la réforme, ou dans l'idée d'un syndicalisme contestataire, qui est aujourd'hui totalement improductif et conservateur. Et d'ailleurs, je ne suis pas certain que ce syndicalisme-là, soit celui qui soit le plus porté aujourd'hui par les salariés. Donc
THOMAS SOTTO
Mais vous n'aimez pas trop les syndicats, vous dites qu'il y en a trop, vous avez dit ça au mois de janvier.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais non, j'ai dit qu'il y avait trop d'organisations syndicales, vous ne pouvez pas dire ça.
THOMAS SOTTO
C'est à peu près la même chose.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais pas du tout ! Moi je suis pour un syndicalisme fort, et cette loi
THOMAS SOTTO
Dire qu'il y a trop de syndicats ou qu'il y a trop d'organisations syndicales, c'est le même message.
JEAN-MARIE LE GUEN
Il y a trop d'organisations syndicales, ça ne veut pas dire qu'il y a trop de syndicats.
THOMAS SOTTO
D'accord.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je suis désolé, et cette loi Non non, mais, ne soyez pas, de ce point de vue
THOMAS SOTTO
Non, mais je vous écoute.
JEAN-MARIE LE GUEN
Voyons, soyons très clairs
THOMAS SOTTO
Je ne comprends pas la différence, mais Je ne comprends pas la différence entre « il y a trop de syndicats ou il y a trop d'organisations syndicales ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Vous ne comprenez pas qu'il y a, en France, sept ou huit organisations syndicales différentes, et que s'il y avait deux ou trois organisations syndicales, le dialogue serait plus simple ?
THOMAS SOTTO
Eh bien moi je dirais : il y a sept ou huit syndicats, et s'il y avait deux ou trois syndicats, ça serait plus simple, peut-être, mais voilà. Peu importe, on n'est pas là pour faire de la sémantique.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, franchement
THOMAS SOTTO
Un autre point très précis, Jean-Marie LE GUEN, est-ce que vous êtes prêt à revenir sur la primauté des accords d'entreprises par rapport aux accords de branches ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais ce n'est pas ce qui est dit. Il y a une articulation du dialogue, où nous privilégions, de fait, effectivement, l'accord d'entreprise, mais ceci doit être aussi possible dans le cadre d'un accord de branches, qui donne ou pas la possibilité d'accords d'entreprises. Donc, sur tout cela, Myriam El KHOMRI, dans les semaines qui viennent, puisque nous parlons aujourd'hui d'un texte qui a été envoyé au Conseil d'Etat, qui n'est pas encore au Conseil des ministres, qui le sera
THOMAS SOTTO
Le 9 mars.
JEAN-MARIE LE GUEN
Vraisemblablement le 9 mars, et qui sera discuté au mois d'avril à l'Assemblée nationale. Donc si vous voulez, je ne vais pas, moi, ici, bloquer ou dire ce qu'est le résultat des négociations. Ce que je peux vous dire simplement, c'est que c'est un texte qui est un texte de véritable rénovation sociale, de ce pays, c'est une révolution de ce point de vue, c'est vrai que les esprits conservateurs peuvent y trouver à redire, sans doute qu'il y a des appréhensions qui sont légitimes et qui peuvent être levées, parce que dans tout changement, et c'est un des traits de notre pays, à chaque fois que nous changeons quelque chose, il y a des appréhensions. Mais, encore une fois, et suite à votre interpellation, je veux dire que c'est un texte qui va favoriser le dialogue social, autour des organisations syndicales, dans les entreprises. La différence c'est que justement.
THOMAS SOTTO
Ça se passera coûte que coûte ? Ça sera le dernier grand texte du quinquennat qui passera coûte que coûte ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais pourquoi coûte que coûte ? Qu'est-ce que ça va couter ?
THOMAS SOTTO
Ben ça veut dire, le gouvernement ne reculera pas.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ça va pas couter, ça va rapporter à ce pays, des réformes qui sont positives. Donc on n'est pas dans le coûte que coûte, on est dans ce qui est positif pour ce pays, donner plus d'agilité à nos entreprises, des droits nouveaux aux salariés et une capacité plus forte au dialogue social et aux syndicats qui s'engagent, et de ce point de vue, ce qui se passe au plan national, c'est pas ce qui se passe au plan local. Vous avez des organisations syndicales qui ne signent jamais rien au plan national, mais qui sont très actives au plan local. Et donc nous voulons privilégier le dialogue social et syndical, au plan local, au niveau des entreprises.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup Jean-Marie LE GUEN d'être venu en direct sur Europe 1 ce matin. Merci et bonne journée à vous.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 février 2016