Déclarations de M. Edouard Balladur, Premier ministre, sur la situation en Guyane, les mesures pour le développement économique et social de l'outre mer et la lutte contre l'immigration clandestine, Cayenne le 21 mai 1994.

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Circonstance : Déplacement d'Edouard Balladur aux Antilles et en Guyane du 19 au 21 mai. Visite de la Guyane le 21 mai 1994

Texte intégral

- Point de presse -
1- Contrat de plan Etat-région
Le troisième contrat de plan Etat-région est en augmentation de 55 % par rapport au contrat de plan précédent.
Avec un apport de l'Etat de 572 MF, c'est 1,4 Mds F d'investissements publics qui pourront être réalisés.
282 MF sont consacrés à l'Equipement. Un effort tout particulier est réalisé en faveur de la formation : création de 175 classes d'enseignement primaire, création de 4 collèges et extension de 4 autres collèges, création d'un lycée agricole et d'une faculté de technologie et 10 postes pour le second degré.
Une dotation exceptionnelle de 10 MF pour la rénovation des écoles primaires est apportée en sus du contrat de plan.
Par ailleurs, 123 MF sont consacrés à l'environnement et 119 MF au développement économique.
2- Sécurité
- Augmentation des effectifs de la police de l'air et des frontières ;
- élargissement du plan Alizé-bis à l'OYAPOCK ;
- réalisation d'un centre de rétention à Rochambeau (début des travaux en 1995).
3- Divers Guyane.
Madame et Messieurs les Parlementaires, Messieurs les Présidents, Mesdames, Messieurs,
Je suis particulièrement heureux de me trouver parmi vous, en GUYANE, étape importante de mon voyage dans les départements français d'Amérique. Avant tout, ma visite est, au nom de la France, un témoignage de fidélité et de reconnaissance. Dans quelques instants, en effet, je rendrai hommage à l'un des plus illustres fils de la Guyane, à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort ; je veux parler du Gouverneur Général Félix Eboué dont le souvenir reste profondément ancré dans nos mémoires.
La Guyane doit relever un grand nombre de défis : celui du développement économique et social, tout d'abord. Accompagné du Ministre des Départements et Territoires d'Outre-mer, M. Dominique PERBEN, je souhaite que nous en parlions avec les différents responsables. Le Gouvernement s'efforce de donner aux départements d'Outre-mer les moyens d'assurer une meilleure insertion et de créer davantage d'emplois durables. Votre département dispose de richesses naturelles considérables. En outre, site mondial privilégié pour l'envoi de satellites géostationnaires, il joue un rôle essentiel dans la dimension spatiale de la France et de l'Europe. La politique que nous devons mener ensemble doit offrir à la GUYANE de nouvelles chances. Sachons les saisir !
Je compte également insister, dans ce département jeune, dont la population s'accroît rapidement, sur l'importance de l'éducation. C'est pourquoi j'ai tenu tout particulièrement à visiter une école à Cayenne.
A Saint-Laurent du Maroni, je préciserai quelle est notre politique de sécurité et me rendrai compte, par moi-même, de son efficacité, si nécessaire à la stabilité de votre département.
J'ai la conviction qu'il faut avoir confiance dans vos capacités, dans vos richesses naturelles, mais aussi du fait de la présence, sur votre sol, d'un site particulièrement significatif des avancées technologiques de notre pays et dont la Guyane doit tirer un meilleur profit pour son développement. Vous avez des atouts : le Gouvernement vous aidera à les mettre plus en valeur.
- DISCOURS DE MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE
COMMUNAUTE AMERINDIENNE -
Monsieur le Président,
Messieurs les chefs coutumiers,
Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je tiens à vous remercier, Monsieur le Président et Messieurs les chefs coutumiers, de l'accueil exceptionnel que vous m'avez réservé aujourd'hui, et auquel je suis particulièrement sensible.
La force des coutumes amérindiennes et la qualité des relations humaines et sociales que votre communauté a su préserver, sont une de vos originalités les plus précieuses.
Elles soudent ces communautés dont elles expriment la volonté. Aussi l'Etat est-il respectueux de leur spécificité.
La coutume ne contredit pas les institutions de la République qu'elle peut enrichir. La commune d'Awala Yalimapo en est un bon exemple. Ses traditions et ses droits coutumiers n'entravent pas le bon fonctionnement des institutions municipales. Comme toutes les communes de Guyane, la commune d'Awala Yalimapo participe, aux côtés des autres collectivités publiques, et avec le concours de l'Etat, au développement de cette région et au bien-être de sa population.
Votre commune qui s'enracine dans l'histoire et la culture indiennes, relie le passé au présent de 1994. Elle facilite l'insertion des jeunes amérindiens dans la Guyane contemporaine et plus encore dans la Guyane de demain.
La coutume est ainsi le gage d'une ouverture réussie de la civilisation amérindienne au monde moderne.
Ainsi, doit-elle nous guider dans la conduite d'une politique harmonieuse de l'environnement. Dans ce site exceptionnel de la Pointe des Flattes, il convient de définir les méthodes les plus capables de protéger la faune maritime et d'assurer en même temps, la préservation des sites.
Monsieur le Président, Messieurs les chefs coutumiers, je conserverai un souvenir très fort de votre accueil, de l'amitié et de la confiance que vous me témoignez aujourd'hui. Je souhaite que les efforts que vous entreprenez pour développer votre communauté et exalter votre identité se poursuivent, gardent les jeunes générations fidèles à leur culture tout en leur donnant la maîtrise du monde moderne à laquelle elles aspirent.
- DISCOURS DE MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE A LA MAIRIE D'AWALA-YALIMAPO -
Monsieur le Maire,
Monsieur le Député,
Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Maire, je vous remercie de votre accueil dans cette commune jeune où vit l'une des plus anciennes populations de la Guyane.
Jeune commune où toutes les composantes de la vie moderne, écoles, formation professionnelle, équipements collectifs, s'harmonisent avec l'environnement.
Jeune commune qui maîtrise pourtant les règles de la gestion et de l'équilibre financier.
Jeune commune qui préserve une qualité de vie exemplaire, dans le respect des traditions de Guyane.
Vous faites ainsi la preuve qu'il est possible de concilier la modernité et la tradition, le respect des équilibres et la recherche du progrès.
Je vous félicite, Monsieur le Maire et votre conseil municipal, pour les réussites et les réalisations de ce premier mandat. Vous avez répondu aux espérances de votre communauté, donnez fierté et confiance aux jeunes générations, et vous savez, grâce à la qualité des hommes et des femmes qui vous entourent, engager votre communauté sur le chemin d'un avenir digne et serein.
-MAIRIE DE SAINT-LAURENT-DU-MARONI -
Monsieur le Député-Maire,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi d'abord, Monsieur le Maire et cher Léon, de vous remercier, pour la qualité de votre accueil.
Comme Premier Ministre, je souhaitais venir à Saint-Laurent-du-Maroni. Face à la frontière du Surinam, non loin du Brésil et du Venezuela, vous tournez la France et l'Europe vers l'Amérique du Sud.
Cette situation géographique doit être un atout déterminant pour votre développement économique, même si elle constitue plutôt un obstacle pour l'instant. La Guyane, comme les autres départements d'Outre-mer, demeure, malgré ses difficultés économiques et sociales, un îlot relatif de prospérité. Des pays en voie de développement l'entourent, qui n'ont ni le niveau de vie, ni le système de santé et de protection sociale, ni les équipement publics dont elle dispose.
Les conséquences de cette situation sont bien connues : la Guyane attire ceux qui vivent près d'elle.
Au dernier recensement, votre département comptait environ 115 000 habitants dont 35 000 étrangers en situation régulière. Mais, nous savons tous qu'il faut ajouter à ces chiffres plusieurs dizaines de milliers d'étrangers clandestins.
La lutte contre l'immigration clandestine est une mission essentielle de l'Etat qu'il lui faut mener dans le plus grand respect de la dignité humaine. Les résultats sont positifs : c'est en Guyane que le nombre des reconduites à la frontière est le plus élevé de France. Il égale même le total des reconduites dans le reste du pays.
Il faut rendre nos frontières moins perméables : après être passé par votre mairie, je me rendrai au bord du Maroni pour y apprécier la qualité du dispositif de surveillance du fleuve et du "plan Alizé-bis". Je souhaite vous dire solennellement combien le Gouvernement est attaché à l'efficacité et à la pérennité de ce dispositif. J'ai d'ailleurs fait prendre les mesures nécessaires, notamment budgétaires, qui s'imposent.
Au nom de l'Etat, je remercie les militaires, les gendarmes, les policiers et les douaniers qui travaillent ensemble pour surveiller le fleuve. Et je les exhorte à continuer à travailler en étroite concertation. Il en va de la stabilité du département de la Guyane.
Mais l'Etat ne peut agir seul. Si l'immigration clandestine est aussi importante, c'est parce qu'on propose des emplois clandestins dans certaines entreprises de Guyane. Aussi en appellerai-je chacun à ses responsabilités : l'Etat ne faiblira pas dans la lutte contre le travail clandestin.
Il est une autre réalité inquiétante, Monsieur le Député-Maire : c'est la délinquance. La sécurité est l'une des priorités de mon Gouvernement : en Guyane comme ailleurs dans le Territoire de la République, nos compatriotes ont le droit à la première des libertés qui est celle de vivre en toute sécurité.
Certes, nous devons nous refuser à confondre immigration clandestine et insécurité. Toutefois, force est de constater que la pauvreté, le déracinement et l'exclusion nourrissent la délinquance.
Notre première réponse doit être préventive. C'est ce à quoi s'efforce la politique de la ville. Je voudrais, Monsieur le Député-Maire, vous remercier de l'action que vous avez menée dans ce sens. L'Etat vous soutient puisqu'il va signer avec Saint-Laurent-du-Maroni, la Région et le Département, un contrat de ville pour les cinq années qui viennent. Ce contrat aura un triple objectif : le développement économique, l'insertion sociale et la lutte contre la délinquance. Il mobilise d'importants moyens financiers de l'Etat : 10 MF au titre des crédits "politique de la ville" et 15 MF pour résorber l'habitat insalubre.
Pour être efficace, la lutte contre l'insécurité exige encore des moyens supplémentaires. J'examinerai, à la lumière du plan départemental de sécurité qui vient d'être adopté, les suggestions du Ministre des DOM-TOM pour renforcer les services de sécurité.
Mais tout cela nécessite une parfaite coopération entre les pouvoirs publics, les élus et la population. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d'autres, Monsieur le Député-Maire, je sais pouvoir compter sur vous, sur votre appui et votre dévouement. Soyez-en, avec les habitants de Saint-Laurent du Maroni, remerciés !
- DISCOURS DU PREMIER MINISTRE DEVANT LES ELUS ET LES RESPONSABLES ECONOMIQUES DE LA GUYANE -
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil Régional,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs,
Laissez-moi d'emblée vous dire le plaisir que j'ai à me trouver de nouveau en Guyane et à voir ainsi réunis bien des responsables politiques, économiques et sociaux de ce département.
La Guyane est une terre de contrastes. Elle se ressent des misères qui l'entourent tout en s'ouvrant aux technologies les plus modernes de l'Europe. Cette terre, où l'homme doit vaincre la nature pour exister, cette terre riche, pourtant, recèle bien des trésors dans son patrimoine naturel.
Ce patrimoine est à préserver. Aussi faut-il observer constamment un compromis entre les besoins du développement et le respect d'équilibres parfois fragiles et d'identités souvent menacées.
En entretenant les traditions, nous sauvegardons l'identité de cultures reconnues. La Guyane grandit sur deux grandes souches culturelles, la culture amérindienne et la culture créole qu'elle enrichit d'apports neufs, venus de l'Amérique Latine, de l'Europe ou de l'Orient.
Nous devons prendre des initiatives ensemble pour développer davantage ces cultures d'Outre-mer dont la culture française s'enorgueillit.
J'ai décidé ainsi de conforter les initiatives prises en faveur du patrimoine architectural créole en dégageant, à cet effet, un crédit supplémentaire de 10 MF.
Vos populations doivent vivre sur cette terre qu'il faut mieux aménager, en préservant les richesses précaires de la nature.
L'exploitation de l'or, la production énergétique, l'exploitation forestière sont autant de domaines où les exigences économiques doivent se concilier avec celles qu'impose la protection de votre patrimoine.
Le barrage de Petit Saut était déjà réalisé quand mon gouvernement est entré en fonction. Sa mise en eau a donné l'occasion d'une réflexion sur la nécessité de fonder l'autonomie énergétique de la Guyane sur des moyens moins nocifs pour l'environnement.
Vos élus ne cèdent pas au mirage de l'or, mais envisagent de développer une exploitation plus moderne en contrôlant les conséquences qu'elle peut avoir sur l'environnement.
En matière forestière, il faut que la France respecte ses engagements internationaux et mette en oeuvre une gestion durable de la forêt guyanaise. Mais le bon sens veut qu'on laisse aux entreprises existantes, le temps de faire évoluer leurs modes d'exploitation.
Enfin, je me félicite des progrès du projet du Parc du Sud dont le ministre des départements et territoires d'Outre-mer et le ministre de l'environnement ont fait une de leurs préoccupations principales.
Il n'y a pas de pays sans paysage. Plus encore qu'en métropole, la défense de l'environnement est vitale pour l'Outre-mer. Sa qualité est l'un des premiers atouts économiques de vos régions.
Mais le respect de la tradition, des cultures, du patrimoine naturel, ne doit entraîner ni repli sur soi ni abandon passéiste.
Etat et collectivités locales doivent au contraire regarder l'avenir de front.
Un travail important, des discussions approfondies, des arbitrages parfois douloureux ont permis de préciser les contours financiers du développement de votre département, d'ici à la fin du siècle.
L'action du président du conseil régional, M. Antoine KARAM, appuyée par le gouvernement, a permis le désendettement de la région Guyane, apurant ainsi, une situation, que beaucoup, il y a un an, croyaient désespérée.
Certes, le rétablissement de l'équilibre financier a demandé des efforts. Mais en retrouvant la confiance de ses prêteurs et en payant les dettes qu'elle avait à l'égard des entreprises, la région Guyane s'est donné les moyens de financer, dans les années à venir, le développement économique et social de votre collectivité.
L'Etat, de son côté, a fait des efforts considérables.
J'ai demandé et négocié, avec la Commission des Communautés Européennes, le doublement des fonds structurels destinés aux départements d'Outre-mer.
Mais cette solidarité européenne, dont on parle souvent, n'existerait pas sans l'engagement politique et financier de la Nation. L'augmentation des fonds structurels européens impose ainsi au budget national un effort considérable.
En outre, dans la détermination des participations de l'Etat au financement des contrats du XIe Plan pour la période 1994-1998, les départements d'Outre-mer ont fait l'objet d'un traitement privilégié. C'est ainsi que dans le contrat de plan qui sera très prochainement signé entre l'Etat et les collectivités territoriales de Guyane, la participation de l'Etat atteint 572 MF, soit une augmentation de 55% par rapport à ce qu'elle était dans le contrat de plan précédent. Allié au financement de la région, du département et des autres partenaires du développement économique et social, le montant cumulé de nos engagements est de l'ordre de 1,4 milliard de francs.
Ces crédits seront employés pour répondre aux grandes priorités définies avec les collectivités locales.
La première de ces priorités concernera le développement des équipements publics. L'Etat y consacrera 282 MF, sur un montant total qui dépassera 400 MF. Les projets retenus traduisent deux préoccupations majeures.
La première est d'améliorer les transports routiers, aériens et maritimes, de renforcer les installations principales et de développer les installations secondaires nécessaires au désenclavement du territoire.
Il faut également penser aux équipements scolaires et universitaires avec, notamment, la construction de 175 classes d'enseignement primaire, de 4 collèges et l'extension de 4 autres. L'agrandissement du lycée professionnel de Cayenne, la création d'un lycée agricole et, pour l'enseignement supérieur, d'une faculté de technologie parachèveront ce programme.
Au delà des engagements du contrat de plan, j'ai décidé d'affecter à la rénovation des écoles primaires un crédit supplémentaire de 10 MF.
La seconde priorité est relative à l'environnement. L'Etat donnera 123 MF pour réaliser des travaux de traitement de l'eau, d'assainissement des eaux usées de l'île de Cayenne et de traitement des déchets ménagers.
Le développement économique de la Guyane est l'objet d'une attention soutenue. 119 MF de crédits sont débloqués pour moderniser l'agriculture et la pêche, mesures auxquelles s'ajouteront des aides à l'artisanat, à l'industrie et au tourisme.
Enfin, nous n'oublions pas tout ce qui peut accroître la cohésion sociale. Un effort particulier sera fait pour accueillir les personnes âgées et rendre les hospices plus humains.
Ces projets, conçus avec les collectivités locales, contribueront à donner, dans les 5 ans qui viennent, à la Guyane, un cadre de vie plus moderne.
Ils permettront, de plus, de relancer l'activité économique du bâtiment et des travaux publics.
Enfin et surtout, il est temps de repenser les modes d'intervention publique de sorte que toutes les opportunités soient saisies pour mieux développer votre territoire.
Aussi suis-je heureux de voir que de grands partenaires de la Guyane, comme le Centre National d'Etudes Spatiales ou l'Electricité de France, ont accepté de contribuer au développement, aux côtés de l'Etat et de votre région, en contractualisant leurs interventions. Cette démarche donnera lieu à la signature de deux conventions annexes au contrat de plan qui seront signées entre l'Etat, la région et les partenaires concernés. Celles-ci permettront, pour les 5 ans à venir, de financer 170 MF d'actions nouvelles. Ces fonds serviront en particulier à la réalisation de projets précis de développement économique.
Dans cette perspective, le gouvernement propose de créer un commissariat au développement économique de la Guyane.
Celui-ci servira de cadre au partenariat de l'Etat, des collectivités locales et des grands établissements et entreprises publiques de Guyane. Il pourra identifier et définir des projets économiques, rechercher les investisseurs susceptibles de les réaliser et examiner des perspectives nouvelles.
Cette initiative a reçu l'aval des collectivités. Dans les jours qui viennent, nous allons en fixer précisément les contours de sorte que, très vite, le développement de la Guyane puisse compter sur ce nouvel instrument.
Dans le même esprit, il faudra sans doute réformer les règles de fonctionnement du fonds guyanais de participation, créé en 1992, qui pour jouer pleinement son rôle, doit disposer de moyens financiers renforcés et de règles d'interventions assouplies.
L'avant-projet de loi que le ministre des départements et territoires d'Outre-mer prépare pour lutter contre le chômage de vos départements s'inscrit bien sûr dans ce projet de modernisation.
Vos économies éloignées, au marché intérieur étroit, présentent des handicaps spécifiques qu'il faut traiter comme tels. En 1987, le gouvernement auquel j'appartenais, en tant que ministre de l'économie et des finances, avait fait un premier pas important en la matière, en adoptant le régime qui régit encore la défiscalisation des investissements.
Cette loi nouvelle veut aller plus loin. Elle s'attaque au problème du coût du travail afin de l'abaisser dans les secteurs économiques les plus exposés à la concurrence, l'industrie, l'agriculture, la pêche et le tourisme.
Cette politique, complétée par la reprise de la commande publique constitue une réponse globale du gouvernement aux problèmes économiques des départements d'Outre-mer. Nous voulons privilégier la production locale sur l'importation et encourager l'exportation vers d'autres marchés.
Je n'entrerai pas dans le détail de mesures que vous connaissez. Vous avez émis vos suggestions, vos propositions et vos critiques. La discussion se poursuivra lors des débats parlementaires. Le gouvernement a montré dans cette affaire sa volonté de dialogue. J'ai eu récemment l'occasion d'annoncer des efforts supplémentaires du gouvernement pour le financement du logement social et la mise en place d'un dispositif spécifique d'embauche des jeunes grâce au développement dans les DOM de la préretraite progressive.
Avec ces mesures nouvelles d'aide à l'emploi, qui s'ajoutent à celles, existantes, de défiscalisation des investissements, avec l'attrait qu'exerce un pôle technologique de haut niveau comme celui de Kourou qui réunit les entreprises les plus performantes de la technologie européenne, aux frontières des marchés latino-américains, la Guyane a des atouts certains.
En ces atouts, il faut croire pour mieux promouvoir l'investissement économique et accueillir davantage d'entreprises et d'investisseurs en Guyane.
Ces préoccupations économiques ne prennent tout leur sens qu'en fonction des hommes dont elles visent à rendre la vie meilleure.
C'est à la jeunesse, nombreuse ici, que nous pensons. Source de préoccupations, de charges croissantes, elle est aussi la chance d'une collectivité où l'espace ne manque pas pour l'accueillir.
Nous devons nous efforcer d'offrir à tous une activité utile à la communauté. C'est l'objet de l'important volet que contient l'avant-projet de loi gouvernemental relatif à la réforme de l'insertion. Pour le mettre en oeuvre, il faudra que l'État et le département au premier chef, que les autres collectivités locales également, toutes les forces vives de vos régions s'engagent dans ce combat essentiel.
Enfin, c'est à la sécurité de chacun que nous pensons, celle des familles et des biens. L'Etat entend l'assurer en Guyane, comme ailleurs, notamment en renforçant le contrôle et la lutte contre l'immigration clandestine. Des décisions ont déjà été prises pour maintenir les dispositifs de surveillance du Plan Alizé-Bis. Un dispositif analogue est prêt pour l'Oyapock. L'Etat dégagera, par ailleurs, les moyens nécessaires à la construction et au fonctionnement du centre de rétention de Rochambeau, dont les travaux commenceront dès le début de l'année 1995. En outre, les effectifs d'officiers de police judiciaire de la Police de l'Air et des Frontières seront accrus pour améliorer la capacité de ce service dans la lutte contre l'immigration clandestine et le trafic de drogue.
Nous sommes aujourd'hui amenés à réfléchir sur les formes de la solidarité nationale. A constater, avec lucidité, qu'elle n'apporte pas toujours les solutions les plus efficaces au développement économique et social. Il faut donc changer ce qui doit l'être, en nous concertant. C'est la voie sur laquelle nous sommes engagés.Je vois avec plaisir votre région mettre ses destinées dans les mains d'une nouvelle génération d'hommes et de femmes politiques qui partagent au delà des inévitables différences, l'ambition qui est la nôtre de répondre, dans l'ensemble français, aux légitimes aspirations de la communauté guyanaise.