Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invité ce matin est Julien DENORMANDIE, secrétaire d'Etat à la Cohésion des territoires. Bonjour.
JULIEN DENORMANDIE
Bonjour monsieur BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Parlons de cette grève à la SNCF très suivie. D'abord, êtes-vous surpris par la mobilisation des grévistes ?
JULIEN DENORMANDIE
Non, je ne suis pas surpris. C'est vrai que la grève a été suivie. Après fondamentalement, vous savez, je suis très attaché au service public. Profondément. Je suis ingénieur des eaux et forêts, je me suis engagé très jeune au service de mon pays et pour un service public de qualité. Mais je vais vous parler très franchement : moi, cette grève, je ne la comprends pas. Je ne sais pas si vous, monsieur BOURDIN, vous comprenez les revendications.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Moi je n'ai pas à me prononcer si je comprends ou pas. C'est votre problème.
JULIEN DENORMANDIE
C'est mon problème alors prenons les différents sujets. Certains disent que c'est parce qu'on veut casser le service public, mais c'est faux. La réforme que nous portons, c'est précisément de remettre le service public en ordre de marche. Tous ceux qui nous écoutent, qui ce matin sont dans leur voiture à défaut de prendre le train, ils le savent très bien. Les prix des billets n'ont fait qu'augmenter alors que la qualité du service a diminué. Ce qu'on cherche à faire, c'est de remettre un bon service public
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire que le service public ne fonctionne pas aujourd'hui ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais le service public n'est pas de qualité suffisante. Il faut l'améliorer. Il faut remettre l'usager au centre de tout. Ce que je dis là, les cheminots, les personnes salariées de la SNCF, ceux qui ont fait le choix de ce service public, de cette très belle entreprise, ils le savent très bien. Ils demandent eux aussi d'améliorer ce service public. La réforme, c'est quoi ? C'est 36 milliards d'euros qu'on va mettre dans les dix prochaines années pour améliorer la qualité des réseaux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais la réforme, c'est aussi la transformation de la SNCF en société anonyme, vous le savez bien, avec peut-être et là, je vais vous poser la question avec peut-être l'entrée au capital d'entreprises privées. Oui ou non ?
JULIEN DENORMANDIE
Là aussi il faut être très clair. C'est quoi la transformation du statut de la SNCF ? C'est de la passer en société nationale à capitaux publics. C'est ça le nouveau statut de la SNCF.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec ouverture du capital ou pas ?
JULIEN DENORMANDIE
Est-ce que privatisation de la SNCF il y aura ? La réponse est non. On l'a dit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le capital sera ouvert ?
JULIEN DENORMANDIE
La SNCF sera une société nationale à capitaux publics. C'est ça son statut demain. Est-ce que privatisation il y aura ? La réponse est non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'Etat restera majoritaire.
JULIEN DENORMANDIE
Mais bien entendu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais vous ouvrirez le capital à des entreprises privées. A des partenaires privés.
JULIEN DENORMANDIE
Attendez, je ne sais pas comment être plus clair. Le statut de la SNCF sera une société nationale à capitaux publics. C'est quand même très clair. Est-ce que la réforme consiste à fermer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comme LA POSTE. Comme LA POSTE.
JULIEN DENORMANDIE
Est-ce que la réforme consiste à fermer des petites lignes ? Là aussi on entend tout et son contraire. La réponse est non. Est-ce que la réforme consiste
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ce sont les régions qui décideront.
JULIEN DENORMANDIE
Ce sont les régions, vous le savez très bien. Il y a un rapport, et tout le monde l'a mis en avant, un rapport qui disait : « Il faudrait fermer des petites lignes parce que les petites lignes ne sont pas suffisamment rentables. »
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rapport Spinetta.
JULIEN DENORMANDIE
Le gouvernement a tout de suite dit : « On ne fermera pas les petites lignes. » Les régions gèrent ces lignes depuis toujours. Il y a une gestion dynamique. Mais la réforme ne porte d'aucune manière que ce soit sur la fermeture des petites lignes. Pareil sur le statut. Certains disent qu'on remet en cause le statut des cheminots aujourd'hui travaillant à la SNCF. Là aussi, la réponse est non. Donc arrêtons ces mauvaises informations et, je le redis, je ne comprends pas cette grève. Je comprends, je constate et j'entends les inquiétudes. Je constate aussi les inconvénients pour tous les Français qui ce matin nous écoutent dans leur voiture.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Julien DENORMANDIE, si cette grève dure, est-ce que le gouvernement peut agir autrement et utiliser le droit de réquisition ? Parce que c'est possible, la loi le permet.
JULIEN DENORMANDIE
Vous savez, notre méthode et moi, je pense que c'est très important de toujours le rappeler notre méthode c'est la discussion, la concertation. Arrêtons de mettre de l'huile sur le feu. J'entends les oppositions ici ou là invoquer effectivement des droits de réquisition ou autres. Je comprends, je comprends la question. Je comprends. Elle est légitime surtout pour
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous dites non. Pas de droit de réquisition.
JULIEN DENORMANDIE
Déjà, 1 : je ne suis pas en charge du dossier de la gestion et de la négociation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord. On est d'accord.
JULIEN DENORMANDIE
Mais à titre personnel ce que je veux dire, c'est qu'il faut arrêter toujours ces surenchères. Je comprends, la question est légitime. Tous ceux qui nous écoutent aujourd'hui qui sont embêtés, qui ne peuvent prendre le train, cette question est légitime. Maintenant, on est dans une méthode qui est très claire : la discussion, la concertation. C'est des dizaines de réunions déjà tenues par la Ministre des Transports. Elle était hier votre invitée pour l'expliquer. Cette concertation, cette consultation nous la continuerons. C'est ça notre marque de fabrique. En même temps, on a un objectif qui est très clair et cet objectif-là de transformer la SNCF, de la préparer à la concurrence, d'améliorer le service public, cet objectif on le maintiendra.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Julien DENORMANDIE, je regardais le dernier sondage : 28 % des Français jugent positivement l'action du gouvernement. Les cotes de popularité d'Emmanuel MACRON et d'Edouard PHILIPPE sont en forte baisse. Pourquoi oubliez-vous la France qui souffre ? Pourquoi ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais je n'oublie pas la France qui souffre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le gouvernement l'oublie. Le président de la République l'oublie.
JULIEN DENORMANDIE
Vous savez, le président de la République ça fait un bout de temps que je le connais. Ça fait un bout de temps que je travaille avec lui. Quand il était Ministre de l'Economie et de l'industrie, on avait qu'un seul objectif : c'était d'améliorer le quotidien des Français. Moi aujourd'hui, je suis secrétaire d'Etat à la Cohésion des territoires. Mon boulot, c'est quoi ? Mon boulot, c'est d'améliorer la qualité de vie des Français où qu'ils soient, en province, dans la ruralité
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous pensez que les Français s'aperçoivent d'une amélioration de leur qualité de vie ? Je vous pose franchement la question. Une amélioration de leur pouvoir d'achat, une amélioration Est-ce que franchement ?
JULIEN DENORMANDIE
Je vais vous parler franchement aussi. Ça fait dix mois qu'on est là. Vous savez, ces fractures territoriales, elles existent depuis des décennies. Je vais prendre un exemple très concret. J'ai bossé pendant dix mois pour faire en sorte que demain on puisse apporter du numérique, de la téléphonie mobile dans ces territoires oubliés. Dans ces territoires, ces villages où tous les enfants partaient parce qu'ils n'avaient pas la possibilité d'utiliser leur téléphone portable ou d'avoir accès au numérique. Moi mon boulot, c'est d'améliorer la qualité de vie des Français. On bosse sans relâche. Maintenant, ça fait dix mois. Ça fait dix mois. Ces fractures, c'est parfois territoires délaissés, ce n'est pas nouveau. Ça fait des décennies. On peut parler des quartiers prioritaires de la ville par exemple, c'est un véritable scandale. Quand vous voyez dans ces quartiers par exemple, quand vous voyez qu'un jeune d'un quartier toute chose égale par ailleurs, même diplôme, même formation, tout pareil que quelqu'un qui vient d'un autre territoire, il a deux fois moins de chance d'avoir un entretien d'embauche. Ça, c'est la réalité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, c'est le constat.
JULIEN DENORMANDIE
Et donc on bosse. Par exemple sur cette question de l'emploi dans les quartiers, qu'est-ce qu'on fait ? Dans les tout prochains jours avec Muriel PENICAUD, on lance un nouveau dispositif qui s'appelle les emplois francs. C'est-à-dire une aide qu'on donne aux entreprises pour qu'elles aillent embaucher des jeunes des quartiers.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire ? Une entreprise qui embauchera un jeune des quartiers bénéficiera de quoi ?
JULIEN DENORMANDIE
Elle bénéficiera sur trois ans de 15 000 euros, 5 000 euros par an sur trois ans. 5 000 euros par an sur trois ans si elle embauche un jeune venant d'un quartier. Ça, c'est effectivement sur sept territoires depuis le 1er avril et on signe les premiers contrats dans quelques jours avec Muriel PENICAUD. C'est du concret, c'est notre action, on améliore la qualité de vie des Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. On aura l'occasion d'y revenir mais regardons votre projet de loi logement. Projet de loi logement, on ne va pas appeler ça comme ça parce qu'il s'appelle comment déjà ? Rappelez-moi.
JULIEN DENORMANDIE
Il s'appelle Elan. Quelle belle dynamique !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elan, c'est ça. Peu importe, peu importe le nom. Je voudrais parler des HLM. Attribution des HLM : comment rendre l'attribution d'un logement HLM plus transparente ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est un vrai sujet. C'est un vrai sujet parce qu'aujourd'hui, le monde HLM c'est quatre millions et demi de logements. C'est énorme. Et en même temps, vous avez 1,8 million de personnes c'est colossal - qui attendent un logement social. En France, pardon en Ile-de-France, c'est près de huit ans d'attente.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Huit ans d'attente.
JULIEN DENORMANDIE
Huit ans d'attente. Vos enfants, moi j'en ai quatre, ils ont le temps de faire leur collège, leur lycée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est opaque. Pardonnez-moi, mais c'est opaque l'attribution du logement.
JULIEN DENORMANDIE
Exactement. Et donc souvent, vous ne comprenez pas pourquoi vous, vous n'avez pas accès au logement, donc il faut rendre le système plus transparent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Donc alors comment allez-vous faire ?
JULIEN DENORMANDIE
Parla loi. On va mettre un certain nombre de critères, ça s'appelle la cotation. C'est-à-dire qu'on va rendre transparents, lisibles, publics les critères de choix des bailleurs sociaux. Comme ça, chacun pourra comprendre pourquoi lui a un logement et pourquoi lui n'en a pas. Il faut mettre plus de transparence dans le système. On va faire un deuxième point qui est encore plus important : on va mettre plus de fluidité dans le logement social. Aujourd'hui dans le parc social, quand on vous donne un logement, vous gardez votre logement à vie et personne
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est vrai.
JULIEN DENORMANDIE
Il y a une commission qui attribue ces logements, qui s'appelle la commission d'attribution des logements, qui au début vous donne ce logement. Et puis, plus personne ne s'occupe de vous, plus personne ne se pose la question de savoir : est-ce que vos enfants, monsieur BOURDIN, ont quitté le foyer ? Est-ce que vous avez, par exemple, une chambre de libre ? Et donc là, ce qu'on va faire par la loi, tous les six ans
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va réexaminer la situation.
JULIEN DENORMANDIE
On va réexaminer votre cas et si vous avez par exemple une chambre de libre, on va vous proposer - mais je dis bien « proposer » - un autre logement. Et ça marche.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Proposer. Ce n'est pas obligé.
JULIEN DENORMANDIE
Pas obligé, « proposer ». Et ça marche. Il y a déjà des expérimentations. J'étais par exemple il y a deux semaines à Montrouge, l'office de Montrouge Habitat. Ils font ça. Quatorze logements l'année dernière qui ont été proposés à des locataires et en moyenne, les locataires qui changeaient de logements c'était un loyer par an d'économisé. Un treizième mois en gros. C'est énorme et c'est gagnant-gagnant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne modulerez pas les loyers en fonction des revenus de ceux qui louent.
JULIEN DENORMANDIE
La question est légitime. Aujourd'hui, on n'a rien arbitré dessus, rien n'est décidé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est possible ?
JULIEN DENORMANDIE
Pour les nouveaux entrants, la question est de savoir s'il faut permettre aux nouveaux entrants qui ont encore moins de moyens de pouvoir payer un loyer moindre et ceux qui ont plus de moyens de payer un loyer plus élevé. La question est légitime, tout le monde la comprend.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La question est légitime et c'est possible ?
JULIEN DENORMANDIE
Rien n'est décidé. C'est une demande également des bailleurs sociaux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je sais.
JULIEN DENORMANDIE
Nous en discutons avec eux et nous verrons, dans le cadre des débats parlementaires, en fonction de ces discussions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc un amendement possible.
JULIEN DENORMANDIE
Un amendement possible mais encore une fois
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que vous pourriez soutenir.
JULIEN DENORMANDIE
De manière très sereine. Il faut qu'on ait les discussions mais la question est légitime bien entendu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous voulez atteindre le chiffre de 40 000 logements HLM vendus chaque année. Comment allez-vous faire ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est exact. Par la loi, on va favoriser ce qu'on appelle l'accession sociale. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'aujourd'hui, dans les logements HLM, vous avez un certain nombre de personnes qui souhaitent pouvoir devenir propriétaires de leur logement. Et donc nous ce qu'on dit, c'est que ces personnes-là doivent pouvoir devenir propriétaires de leur logement si elles le souhaitent. Pourquoi c'est important ? 1 : Parce que c'est ce qu'on appelle le parcours résidentiel. On peut passer du statut de locataire au statut de propriétaire. Et deuxièmement, ce qui est essentiel, c'est pour un bailleur social lorsqu'il vend un logement, généralement il peut en construire deux ou trois. Avec l'argent qu'il reçoit de la vente du logement, il en construit deux ou trois. C'est essentiel parce qu'il manque des logements sociaux, et donc il faut inciter à la construction et donner les outils aux bailleurs pour le faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors parlons de la construction, mais dépassons le logement social, la construction en général. Vous voulez évidemment encourager la construction, tous les gouvernements l'ont dit. A propos des normes, vous allez simplifier. Simplifier les recours et vous allez simplifier les normes des constructions neuves, notamment l'accessibilité des logements. J'ai vu cela. Et j'ai vu aussi toutes les associations de handicapés qui protestent. N'ont-elles pas raison de protester ? Quand je regarde ce qui est prévu.
JULIEN DENORMANDIE
Non, je ne pense pas. Je vais répondre précisément à votre question. Les normes aujourd'hui, il faut arrêter cette inflation normative. On n'en peut plus d'avoir toujours plus de normes. Donc notre engagement, il est très clair : pas de nouvelles normes sur la durée du quinquennat, sauf évidemment les normes de sécurité. Premier point. Vous savez, le gouvernement précédent, soixante textes réglementaires additionnels dans le logement sous le dernier quinquennat. Soixante, premier point. Deuxième point, il faut prendre le problème à la racine. On va réécrire le code de la construction parce qu'aujourd'hui, on a un code de la construction, rendez-vous compte : 2 600 pages, plus grand que le code civil. Et puis, il y a la question que vous posez.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Accessibilité.
JULIEN DENORMANDIE
Accessibilité. Alors, c'est quoi la situation aujourd'hui ? Vous construisez un nouvel immeuble. Quand vous construisez un nouvel immeuble, 100 % de logement doivent être dits adaptés. Vous savez, ces grandes salles de bain, ces grandes cuisines, ces grandes toilettes pour pouvoir accueillir les personnes en situation de handicap. La réalité du terrain, elle est où ? La réalité du terrain, c'est qu'évidemment ces immeubles ne sont pas habités par 100 % de personnes en mobilité réduite. Et la conséquence, c'est quoi ? La conséquence, c'est que toutes les autres personnes qui ne sont pas en mobilité réduite, ils ont des appartements pour lesquels les pièces de vie sont beaucoup plus petites ou plus petites que les pièces dites d'eau comme les salles de bain et les cuisines. Bref, ce qu'il faut faire, c'est des logements évolutifs, c'est-à-dire des logements qui du jour au lendemain peuvent être modifiés. Vous savez, des petites cloisons que vous déplacez. C'est des logements évolutifs, c'est d'ailleurs un terme que nous avons construit avec les associations elles-mêmes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce ne sera plus 100 %, ce sera 10 %.
JULIEN DENORMANDIE
Ce ne sera plus 100 % d'adaptés mais 100 % d'évolutifs et 10 % d'adaptés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, 10 % d'adaptés. Mais si je suis une personne âgée par exemple, si je vais rendre visite à ma famille, à mon fils, à ma fille, si je suis une personne handicapée, je ne vais plus pouvoir accéder.
JULIEN DENORMANDIE
Si, si.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais comment ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais parce que les logements que j'appelle évolutifs, donc ce sont des logements, pour être très clair, que vous pouvez changer du jour au lendemain pour pouvoir accueillir les personnes en situation de handicap. Mais ces logements dits évolutifs sont aussi des logements qui permettent la visite de personnes à mobilité réduite. C'est-à-dire que ce sont des logements qui n'ont, par exemple, pas une salle de bain permettant à une personne en situation de handicap de prendre une douche. Mais quand vous rendez visite à quelqu'un, généralement vous ne prenez pas une douche. Mais par contre, ce sont des logements où les toilettes où les couloirs où le salon est accessible aux personnes en situation de handicap. Bref pour être très clair, on part de la réalité du terrain. On arrête le 100 % adapté et on fait du 100 % évolutif.
JEAN-JACQUES BOURDIN
100 % évolutif, ce sera obligatoire.
JULIEN DENORMANDIE
Obligatoire. Dont 10 % d'ores et déjà adaptés. C'est en fait partir de la réalité, ce qui se passe sur le terrain. Vous savez, on est quand même un gouvernement qui est profondément actif en faveur du handicap.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors pourquoi selon vous toutes les associations protestent ? Pourquoi ?
JULIEN DENORMANDIE
Parce que là aussi il faut être dans l'explication.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous les avez rencontrées. Monsieur MEZARD les a rencontrées.
JULIEN DENORMANDIE
J'en ai rencontré un certain nombre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez pas de chien vous ? Non ? C'est une parenthèse.
JULIEN DENORMANDIE
Oui, je comprends.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez compris.
JULIEN DENORMANDIE
J'ai compris la blague.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est d'accord. Bon, sérieusement.
JULIEN DENORMANDIE
Très sincèrement, on parle d'un sujet très sérieux. Ces associations, je les ai rencontrées à plusieurs reprises. Le terme de logement évolutif, ce sont les associations notamment l'APF
JEAN-JACQUES BOURDIN
Julien DENORMANDIE : « J'aimerais avoir quelque chose à relater après cette rencontre mais Jacques MEZARD n'avait strictement rien à me dire. » Voilà, c'est ce que j'ai lu.
JULIEN DENORMANDIE
D'accord. C'est un rendez-vous, vraiment ni d'attaque ad hominem ni autre, on parle d'un sujet sérieux. Encore une fois, on part de la réalité de terrain. Il faut à la fois apporter ces solutions pour les personnes en situation de handicap ou le vieillissement, et en même temps, vous savez, grâce à ces logements évolutifs Un logement qui fait 65 mètres carrés, on rend 5 mètres carrés, c'est énorme. 5 mètres carrés de surface utilisable en plus. Je pense que tous ceux qui nous écoutent voient que notre position, elle est à la fois réaliste, partant du terrain et bénéfique, et pour les handicapés et pour les autres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous créez aussi un bail mobilité. Je trouve ça assez intéressant. Un à dix mois, sans dépôt de garantie ou de caution.
JULIEN DENORMANDIE
Exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je suis en formation, je vais à 300 kilomètres de chez moi, j'ai besoin d'un logement pour 6 mois. Je peux louer ce logement, je n'ai pas de caution à apporter.
JULIEN DENORMANDIE
Vous n'avez ni caution, ni surtout de dépôt de garantie, vous savez le mois de loyer que vous devez déposer qui est souvent une barrière à l'entrée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je suis propriétaire, quel est mon intérêt de louer ce logement ? Je risque de ne pas être payé. Je risque, lorsque je récupère mon logement, de le voir dégradé.
JULIEN DENORMANDIE
C'est précisément pour ça qu'on a fait un bail qui est couplé à ce qu'on appelle une garantie, la garantie Visale. Et cette garantie, elle est donnée au propriétaire, elle est gratuite. Elle est gratuite. Cette garantie, elle couvre deux risques. Le risque de non-paiement du locataire mais aussi le risque de remise en état du bien à la fin, le risque de dégradation et donc la remise en état du bien à la fin. Donc vous voyez, en fait, on a un bail qui répond à une demande des Français. Tous ceux qui sont en mobilité, la personne vivant à Saint-Nazaire qui va en formation professionnelle à Marseille, mais également un projet parce que ce bail est associé à cette garantie qui protège le propriétaire. Et ça ce point, permettez-moi monsieur BOURDIN, il est essentiel. Parce que moi, ce dont je suis le plus fier dans cette loi, c'est que pour la première fois, on n'a pas une loi anti-propriétaire. Une loi anti-locataire. Une loi anti-aménageur ou anti-collectivité. Le logement, il faut remettre tout le monde dans le même ordre de marche. Il faut arrêter ces face-à-face stériles. Vous savez jusqu'à présent, quand vous aviez un ministre du Logement de droite, les propriétaires étaient ravis. Quand vous aviez un ministre du Logement de gauche, les locataires étaient ravis. Moi, je m'en fiche de ce droite, ce gauche. Ce que je veux, c'est des mesures justes et efficaces. Je n'ai aucun électorat. Cette loi, elle n'est faite pour aucun électorat, simplement pour améliorer le logement des Français parce que le logement, c'est là où vous passez le plus de temps dans votre vie. C'est votre cadre de vie, c'est votre qualité de vie et c'est ça qu'il faut améliorer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez aussi durci la loi concernant les plateformes de location type AIRBNB.
JULIEN DENORMANDIE
C'est vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A la fois pour celui qui loue et pour les plateformes.
JULIEN DENORMANDIE
Pour les plateformes surtout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui doivent donc, si j'ai bien compris, absolument tout déclarer.
JULIEN DENORMANDIE
Elles doivent tout déclarer. Quel est le problème de fond ? Les plateformes, je trouve ça très bien. Je vous le dis clairement, je trouve ça très bien et je trouve ça très bien parce que pour le propriétaire qui loue c'est du beurre dans les épinards. Pour le locataire qui y va, c'est pouvoir visiter d'autres endroits. Mais mon problème de fond en charge du logement, c'est que dans certaines agglomérations, par exemple à Paris, on voit qu'il y a de plus en plus d'appartements qui sortent du marché de la location. Parce que vous avez un certain nombre d'individus qui achètent des appartements, qui ne les louent plus uniquement sur ces plateformes collaboratives. Ils ne font que ça. Et donc ça, la conséquence c'est quoi ? C'est que dans plusieurs agglomérations - à Paris, c'est plusieurs milliers de logements ils partent du marché de la location. Plus personne ne peut les utiliser pour se loger sur l'année. Ils n'en font que de l'utilisation sur les plateformes touristiques, AIRBNB, ABRITEL et les autres. Et ça, il faut lutter contre, et donc moi ce que je dis, c'est qu'il y a des règles. Ce n'est pas la loi de la jungle. Ces règles, elles doivent être respectées pour lutter contre ça au bénéfice encore une fois des Français, et donc on va renforcer les sanctions comme vous l'avez dit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Julien DENORMANDIE d'être venu nous voir ce matin.
JULIEN DENORMANDIE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 avril 2018