Déclaration de M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur et président du Mouvement des citoyens, sur la situation politique, la construction européenne, et sur l'importance du "renouveau républicain" dans l'action de la police et pour la mise en oeuvre de la politique de l'immigration, aux Ulis le 7 septembre, publiée dans "La Lettre de République moderne" de septembre 1997.

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Circonstance : Université d'été du Mouvement des Citoyens aux Ulis (Essonne) les 6 et 7 septembre 1997

Média : La Lettre de République Moderne

Texte intégral

Citoyennes, citoyens,

Que de chemin parcouru depuis notre congrès de Saint-Nazaire, il y a un peu moins d’un an !

La rapidité des changements survenus, la dissolution, la campagne électorale, la victoire et les cent premiers jours de l’action gouvernementale ont produit une situation entièrement nouvelle. Le Mouvement des citoyens y a contribué pour beaucoup, bien au-delà de ses forces, de ses effectifs, ou de ses faibles moyens. Parce qu’il a contribué à l’avance à forger les outils du succès en précisant les conditions sans lesquelles la monnaie unique serait inacceptable et en prenant toute sa part dans la campagne électorale et dans le succès. Aujourd’hui, il faut prendre la mesure de ce qui s’est passé, se projeter vers l’avenir, définir le nouveau cap. C’est pour cela d’abord que nous sommes réunis aux Ulis, où nous avons apprécié l’hospitalité de Paul Loridant, de tout le Mouvement des citoyens de l’Essonne, qui a préparé, avec l’équipe du faubourg Poissonnière, cette rencontre réussie où chacun a pu s’exprimer librement. Je veux, en votre nom, les remercier très cordialement et très amicalement pour leur accueil.

Si nous sommes nombreux aujourd’hui, c’est parce que nous avons su choisir une perspective, nous y tenir, et la proposer à toute la gauche pour la sortir de la débâcle idéologique qu’elle avait connue.

Nous sommes des républicains. La Res Publica, le bien commun, est notre préoccupation. Hier dans l’opposition, aujourd’hui aux affaires. Nous n’avons pas besoin de faire beaucoup d’efforts pour nous retrouver au gouvernement. La raison en est simple : Comme républicains, nous sommes à l’aise parce que nous tenons le même langage dans l’opposition ou dans la majorité. La culture de gouvernement est étrangère aux démagogues ; elle est naturelle aux républicains.

C’est une affaire de principe : le sens de l’État va avec la citoyenneté. Les citoyennes et les citoyens ne sont pas des atomes épars, mus par leurs seuls appétits individuels ; ils ont conscience de faire partie d’une communauté politique qu’on appelle la république et dont ils sont responsables. Et, vous le savez, nous nous sommes toujours prononcés en fonction de l’intérêt général, conscients d’être comptables de l’avenir collectif de la nation. Cette manière d’être exigeante, cette manière d’agir conséquente doivent continuer de nous inspirer. Nous avons fait le choix volontariste d’aider au succès durable de la gauche. Cela nous crée à tous des devoirs, car la citoyenneté ne va pas sans abnégation. Et, naturellement, cette exigence vaut d’abord pour moi-même. Personne, me connaissant, ne peut imaginer que je ne me ferai pas entendre. Mais personne ne doit penser que je ne serai pas loyal au gouvernement et à Lionel Jospin. Comme ministre, cela va sans dire ; comme ministre de l’Intérieur, le devoir est encore plus impérieux.

Mais, parce que nous sommes des républicains, nous savons que la vie politique doit être irriguée par un débat permanent. C’est vrai au gouvernement où une collégialité réelle a été instaurée ; la ligne du gouvernement est le fruit d’un débat permanent. Croyez bien que j’y participe.

Eh bien, ce débat, qui est l’essence même de la vie démocratique, vous devez le soutenir dans la société. Le Mouvement des citoyens n’a pas à s’éclipser. Le Mouvement des citoyens ne s’éclipsera pas. Nos moyens, même accrus restent faibles, mais ils nous permettent de nous faire entendre, bien sûr, de manière responsable. Nous avons un porte-parole, un secrétaire général, une équipe de direction ; nous comptons huit députés, un sénateur. Nous avons conquis au Parlement notre liberté de parole. Il faut en user au service de la réussite commune de la gauche et de la France.

J’ai entendu dire : « on change de pied ». Mais la dissolution a été un fameux « changement de pied » ! S’adapter ou mourir, c’est la loi de la vie. Notre réaction devait être d’une égale rapidité. Elle l’a été. Et c’est pour cela que nous avons un avenir et un projet pour le Mouvement des citoyens. C’est que nous avons un projet.

I. – La donne a changé

1. Le pari du président de la République était hasardeux. Il s’agissait, par la dissolution, de précipiter le mouvement, d’obtenir du suffrage universel une carte blanche pour hâter l’entrée dans l’euro, aux conditions de M. Tietmeyer et du Chancelier Kohl. Par un réflexe bien humain, M. Juppé préférait organiser les élections avant un nouveau plan de rigueur pesant sur la masse des petits contribuables plutôt qu’après ! Mais la maturité politique de notre peuple a permis de déjouer le piège de la dissolution. C’est une très belle leçon qu’ont administrée les citoyens français. Deux siècles d’expérience du suffrage universel les ont rendus avisés, et la droite en a fait les frais. Alain Juppé avait consulté le pays pour savoir s’il était prêt à de nouveaux sacrifices pour entrer dans la monnaie unique dans les conditions fixées à Francfort. Le pays a répondu par avance au référendum que nous préconisions. Il a renvoyé cette politique et ce gouvernement. Et s’il était consulté à nouveau, je suis sûr qu’il ne se dédirait pas.

2. Si la gauche a gagné, c’est d’abord pour cela. C’est parce qu’elle a répondu clairement au projet Juppé. À la perspective d’un nouveau plan de rigueur pour l’euro, elle a répondu : d’abord l’emploi. À la manipulation trop habile de la dissolution, elle a répondu : honnêteté et transparence.

Remettre au premier plan l’emploi et l’honnêteté a permis à une gauche pluraliste de l’emporter. Mais le succès a été possible parce que, pour la première fois, les socialistes avaient commencé de prendre leurs distances avec l’européisme frénétique, avec le monétarisme érigé en dogme. Rappelez-vous notre congrès de Saint-Nazaire, en octobre dernier. J’avais lancé cet appel :

Rien n’interdit au Parti socialiste de poser des conditions :

 - une monnaie européenne avec l’Italie et l’Espagne, et pas un mark bis avec la France seule, offerte en sacrifice, telle une nouvelle Iphigénie pour faire lever un improbable vent européen ;
 - rien n’interdit au Parti socialiste de réclamer publiquement une parité réaliste avec le dollar, aujourd’hui sous-évalué de 30 % ;
 - tout devrait le conduire à exiger (…) un pacte de croissance et non de stabilité, car ce qui faut combattre aujourd’hui ce n’est pas l’inflation, c’est le chômage.

En répondant positivement quelques semaines plus tard, en plaçant quatre conditions à l’euro, Lionel Jospin a permis la victoire du 1er juin. Ce pragmatisme nouveau tranchait avec les certitudes, avec un européisme irrationnel devenu une sorte de quête du salut par l’euro. J’ai écrit un « Bêtisier de Maastricht » pour graver dans le marbre bon nombre de ces sottises illuminées, et leur éviter un oubli immérité.

Vous le sentez bien, c’est ce changement de cap dans l’approche européenne qui a permis la victoire, et c’est elle qui nous a déterminés dans nos choix.

Notez que les marchés financiers ont fait la même analyse : le dollar à 6 francs, c’est la conséquence de la mort de l’euro fort, c’est-à-dire asphyxiant, tel que Juppé se préparait à nous le faire payer. Et, c’est du même coup, un bol d’oxygène pour notre industrie, et pour l’emploi.

3. Bref, nous nous situons désormais dans un nouveau paysage. La gauche bénéficie de deux atouts : la crise profonde de la droite défaite et l’euro bon marché. Ce changement de donne est probablement durable.

a) La droite a perdu parce que Jacques Chirac, élu sur la fracture sociale en mai 1995, a délaissé l’héritage gaulliste en ralliant, le 25 octobre de la même année, les tenants de l’Europe maastrichtienne et libérale. La droite française a abandonné le terrain de la nation et de la république pour se rallier à la mondialisation libérale. Elle a laissé le champ libre, d’une part, au détournement de l’idée nationale par l’extrême droite et, d’autre part, à la reconquête par la gauche de son identité républicaine. Tout montre que cette crise de la droite sera durable : entre Philippe Séguin et Alain Madelin, ou François Léotard, ou François Bayrou, il n’y a pas photo.

b) Le dollar bon marché est notre deuxième grande chance : enfin, se trouvent réunies les conditions d’une reprise économique durable, à travers une bonne insertion de notre économie dans la compétition mondiale. Permettez-moi de vous dire que notre critique du franc fort trouve là sa récompense. Et cela ne signifie pas que nous devions relâcher notre veille !

Quelle doit donc être notre ligne d’action ? D’abord la fidélité aux engagements pris. Le refus des surenchères systématiques. Notre seul objectif est d’œuvrer au succès de la gauche et de la République, c’est-à-dire, en définitive, de la France.

Ces règles de conduite, je vous propose de les appliquer aux grandes tâches que nous avons désormais à accomplir.

Si aujourd’hui l’optimisme revient en France, c’est que la gauche est en train de liquider le sentiment de désabusement qui avait marqué les premières années de cette décennie. Sous l’impulsion de Lionel Jospin, c’est une nouvelle méthode de gouvernement, franche, honnête, réaliste et volontaire à la fois, qui s’affirme et que nos concitoyens approuvent. Il se produit une revalorisation raisonnable certes, mais certaine de la politique. C’est la promesse d’un renouveau civique qui profitera à la France tout entière. Les Français ont cessé de broyer du noir et de renvoyer la droite et la gauche dos à dos. Ils ont recommencé à espérer.

La question la plus difficile est devant nous. Abordons-la franchement.

II. – La refondation nécessaire de la construction européenne

1. « L’euro contre l’Europe », c’est le titre d’un livre que vient de publier un économiste de renom, Gérard Lafay, qui depuis toujours a mis en garde contre les risques du monétarisme européen. On voit bien où conduit l’idée erronée de centrer la construction européenne autour d’une monnaie.

Une monnaie n’a jamais pu constituer un projet historique capable de mobiliser les peuples, de les mettre en mouvement. Elle n’a jamais créé une identité politique. C’est le contraire qui est vrai. La Révolution française créa le franc germinal, l’unité italienne la lire, l’unité allemande, en 1871, le mark. C’est pourtant la démarche inverse qui a été retenue. Et puisque le projet monétaire s’essouffle, bafouille, c’est la construction elle-même qui hésite. Voyez à quel point les problèmes sont renvoyés à demain. Aucune des difficultés politiques ou institutionnelles liées à l’élargissement n’a été résolue à Amsterdam. Tout est reporté à plus tard, sans qu’on sache comment on traiterait mieux les litiges à 21 qu’à 15. Cette affaire avait été négociée – si l’on peut dire – par le gouvernement précédent, et tout, absolument tout, était bouclé à Amsterdam de ce point de vue.

Le projet maastrichtien est à bout de souffle parce qu’il était mal conçu dès le départ.

Vous le savez, je maintiens et nous maintenons intactes nos objections argumentées au principe d’une monnaie unique parce que celle-ci fait disparaître toute capacité d’ajustement entre des économies et des systèmes sociaux hétérogènes, autre que les salaires et donc le chômage. Telle qu’elle existe, l’Europe n’autorise ni les transferts financiers massifs, ni la mobilité de main-d’œuvre généralisée qui seraient nécessaires pour corriger les déséquilibres inévitables : secousses économiques et politiques, différentiels d’inflation ou de productivité. Nous pensons également que l’institution d’un pouvoir monétaire soustrait au contrôle politique – c’est la raison d’être d’une banque centrale indépendante – est un recul de la démocratie et une victoire de l’oligarchie.

Nous n’avons pas à pratiquer le harcèlement quotidien. Notre position est connue ; le rapport des forces aussi. Vous l’avez mesuré en vous battant dans vos circonscriptions. L’esprit public doit encore évoluer. Nous avons bien vu aussi que les positions de la France avant Amsterdam ne recevaient aucun soutien de la part de nos partenaires. Le Mouvement des citoyens à lui seul n’a pas la capacité d’inverser la vapeur. Mais nous avons confiance dans la pertinence de nos idées. Le Mouvement des citoyens a surtout le devoir de préparer la suite. Il faudra concevoir, une fois faite l’expérience, si celle-ci doit se faire, ce que pourra être la refondation de la construction européenne, sur la base des valeurs de la citoyenneté et à partir d’un dessein politique.

2. D’ici au printemps 1998, nous devons nous tenir fermement sur notre ligne. Les engagements pris dans la campagne électorale posant des conditions avant tout passage à l’euro doivent être tenus strictement. Non seulement parce qu’elles constituent la base de la majorité plurielle, mais parce qu’elles garantissent les intérêts du monde du travail et les intérêts de la France.

L’idée d’un euro aussi fort que le mark, très largement surévalué, est probablement morte à Paris le 1er juin dernier, avec l’arrivée au pouvoir d’une gauche qui posait des conditions claires. Où en sommes-nous aujourd’hui de ces conditions ?

a) La participation de l’Italie dès la première phase est une pierre angulaire. Il n’y a plus d’argument qui vaille pour la rejeter. Il s’agit donc de tenir bon sur cette exigence. Les conséquences d’une participation italienne à l’euro, ce sera aux Allemands de les apprécier, et elles seront au cœur de la campagne électorale qui vient de commencer outre-Rhin.

b) La parité réaliste avec le dollar s’est rapprochée de nous. La « parité en pouvoir d’achat » est de 6,40 francs pour un dollar. Tout le reste est surévaluation néfaste pour l’emploi.

c) Le refus d’un nouveau plan d’austérité s’inscrit dans les orientations budgétaires qui écartent les perspectives de rigueur accrue planifiées par nos prédécesseurs, et, espérons-le, dans le projet de sommet européen consacré à l’emploi. Tout doit être fait pour assurer le pouvoir d’achat et par conséquent la reprise de la croissance. Le transfert des cotisations d’assurance sociale sur la CSG y contribuera en taxant davantage les revenus financiers.

d) L’idée de constituer un pôle politique face à la logique de la Banque centrale européenne implique une volonté politique forte que seuls des changements profonds en Allemagne peuvent faire émerger.

Ces conditions, je le souligne à nouveau, étaient la clé de notre participation à la majorité plurielle. Elles demeurent, et naturellement les dés n’ont pas fini de rouler. Ayons confiance dans nos idées. Les événements viendront à notre rencontre. Observez le débat public en Allemagne. C’est la CSU bavaroise qui demande le report de l’euro, dès lors qu’un euro bon marché est en perspective. C’est une large partie de la SPD qui envisage un tel report. 53 % des sondés allemands se déclarent hostiles à la monnaie unique. Mercredi dernier, c’est l’une des colonnes du temple qui a vacillé. M. Tietmeyer déclarait à l’hebdomadaire « Die Woche» : « qu’un report de l’euro ne serait pas catastrophique » et vaudrait mieux qu’« une union monétaire qui pourrait tourner à une union conflictuelle ». Ce n’est d’ailleurs pas sans bon sens : rien n’est plus précieux que l’amitié franco-allemande.

L’affaire n’est pas tranchée. Un premier moment de vérité aura lieu au printemps, lorsqu’il s’agira de choisir vraiment les pays participant à l’euro. Et, d’ici là, le débat politique allemand aura fait bouger les lignes.

3. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’un euro large ne sera jamais un euro fort. Si la Banque centrale européenne veut s’affirmer, nous entrerons dans une période de turbulences politiques. L’identité politique du Mouvement des citoyens ne se borne pas à une critique, si justifiée soit-elle, de l’Union économique et monétaire. Elle se définit par rapport à la république. C’est pourquoi nous n’avons jamais été anti-européens, persuadés que nous sommes que les nations européennes doivent resserrer leurs solidarités, si elles veulent, dans ce monde sauvage, promouvoir une vision éthique et politique au service de l’homme, au lieu de se plier toujours aux logiques du marché mondial qui en est la négation.

Le rôle de la France, à ce moment de l’histoire européenne, est de proposer une perspective européenne libérée des a priori idéologiques des années cinquante, pour construire un ensemble respectueux des nations et des valeurs de citoyenneté, au service de la croissance et de l’emploi. Le fédéralisme aujourd’hui n’a pas de sens. Il faut commencer par construire le vouloir-vivre ensemble. Les révolutionnaires français de 1789 comme les artisans de l’indépendance américaine n’avaient pas mis la charrue avant les bœufs : ils avaient mis la politique au poste de commande. C’est aussi par là que nous devons commencer. La politique, la défense, l’indépendance, la défense de nos intérêts industriels et commerciaux : voilà les terrains où se forgera concrètement l’idée européenne, c’est-à-dire l’indépendance de l’Europe. Il n’y a pas de raccourci. Affaiblir les nations pour construire l’Europe est une tragique méprise ; en sapant les États on laisse libre cours au marché mondial, on ne fait pas avancer la construction européenne.

C’est en répondant au grand défi de l’emploi, en s’attaquant ensemble au chômage des jeunes, c’est-à-dire en changeant de logique économique qu’on forgera l’idée d’un destin commun. Un espace social européen ne peut exister par l’alignement sur le plus bas niveau de protection sociale. Prônons l’émulation entre les nations d’Europe plutôt que le nivellement par le bas, les clauses sociales d’importation plutôt que le dumping social et le libre-échangisme dogmatique. Ce qu’il faut craindre ce n’est pas la mondialisation, c’est de devoir l’affronter en étant privé de nos armes. Les négociations commerciales sont vides de sens si les conditions de concurrence ne sont pas équitables. Voilà pourquoi la construction européenne ne peut pas épouser le modèle proposé par la mondialisation sous égide américaine. Tout en veillant sur la qualité des relations franco-allemandes, nous devons lier l’avenir et la nature de l’euro à la refondation de l’Europe.

Nous n’avons jamais été anti-allemands, bien au contraire. Nous voulons fonder le compagnonnage historique de la France et de l’Allemagne sur des bases solides et réfléchies. J’ai voulu, dans un livre récent consacré à ce sujet, montrer à quel point les rapports franco-allemands avaient besoin de franchise et de hauteur de vue pour s’approfondir. Nous ne devons pas faire reproche aux Allemands de concevoir leur destin comme celui d’une grande nation. Mais nous devons combattre l’idée de construire, sous le couvert du drapeau européen, un système de relations économiques et monétaires inégal, voire impérial. Le meilleur service que l’Allemagne peut rendre à l’Europe, c’est d’être elle-même. Il est normal qu’elle fasse valoir ses conceptions institutionnelles, politiques, économiques ; il ne serait pas acceptable qu’elle nous les impose, sous prétexte qu’elles répondraient seules au canon de ce qui doit être « européen ». Il y a à cela beaucoup d’exemples, de la conception de la banque centrale au rôle des services publics, ou à celui de la puissance publique dans la vie économique. Les divergences et les différences entre Français et Allemands sont normales et légitimes : n’acceptons pas de les voir dénaturer par les zélotes de l’Empire en une opposition entre conceptions françaises – et donc ringardes – et conceptions dites « européennes ». Pour cela, soyons nous-mêmes. Bref, restons républicains. L’Europe sera un compromis entre les nations.

Gardons confiance à l’égard de la France, à l’égard des valeurs que nous avons en partage. Et de ce point de vue également, nous sommes entrés, je le crois, dans une phase nouvelle. Comme je le pressentais depuis longtemps, et notamment depuis qu’en 1985 j’ai pris l’initiative de replacer l’idée républicaine au cœur du débat de la gauche – et ceux qui étaient de ce combat se souviennent des difficultés et des incompréhensions d’alors –, la relève des idéologies défaites de la gauche puisera dans la thématique de la République l’énergie nécessaire à son ressourcement.

Soyons politiques ! Il m’arrivait jadis de citer saint Mathieu : « Qui veut sauver sa vie la perdra. Qui veut risquer sa vie la sauvera. » Ayons confiance en nous-mêmes et d’abord dans nos analyses et dans nos valeurs !

III. – Le renouveau de la république et de la citoyenneté : notre identité

Jamais Marianne n’a tant inspiré la gauche depuis cinquante ans ! Pas plus que certains d’entre vous, je ne suis sûr que tous ceux qui s’en réclament aient pris conscience de ce que signifient vraiment la République et la citoyenneté. On parle beaucoup des droits de l’homme en oubliant que ce sont les droits du citoyen. Ce n’est pas un hasard. En oubliant le citoyen, c’est la nation que certains voudraient écarter. On parle beaucoup et à tout propos des valeurs républicaines en oubliant qu’elles subordonnent toujours les intérêts privés à l’intérêt public. C’est celui-ci que nous devons aider à mieux faire comprendre à nos concitoyens : qu’est-ce que la République française peut apporter au monde et à l’Europe au XXIe siècle ? Faisons confiance à l’intelligence et à une saine pédagogie. Le retour de l’instruction et de la morale civiques permettra alors de conquérir les esprits et les cœurs des jeunes générations.

La thématique républicaine a éclairé l’intervention de politique générale du Premier ministre le 19 juin dernier. Souvenez-vous de ce qui a été défini par Lionel Jospin comme le cadre d’action du gouvernement : « Dans la nation, faire retour à la république. (…) De la base au sommet de l’État, une seule façon d’être et d’agir, une seule façon de décider doit prévaloir : celle du service de la nation. La nation est non seulement la réalité vivante à laquelle nous sommes tous attachés, mais surtout le lieu où bat le cœur de la démocratie. Elle reste le cadre naturel des réformes essentielles dont notre pays a besoin ». Eh bien, j’en ai la conviction, ce mouvement ne fait que commencer. Il s’agit d’un ressort qui va dans, les mois qui viennent, tendre l’action publique. C’est vrai dans le domaine de l’Éducation nationale où « la reconquête énergique des valeurs républicaines » est l’axe de l’orientation choisie par Claude Allègre.

Bien sûr, il y a encore du chemin à parcourir. Car la nécessité de la croissance, le soutien aux technologies nouvelles font partie, à mes yeux, des exigences de la République moderne. La grande peur du nucléaire, la croissance zéro et les thèmes du Club de Rome des années 70 sont autant de retours en arrière, de fuite des responsabilités. Le fait que nous disposions d’une filière électronucléaire sûre est un grand atout ; si la moitié de nos besoins énergétiques sont couverts par l’électricité, nous pillerons moins les énergies fossiles. J’ajoute que nous polluerons moins, mais à mes yeux, il y a une pollution actuelle qui doit être traitée en priorité, c’est le chômage ! Il faut songer aussi aux besoins énergétiques des pays du Sud. Comment peuvent-ils être pris en compte si on diabolise la filière électro-nucléaire ? On a le droit de se poser ces questions. Bref, il y a une culture scientifique et technologique à relever. Non seulement la république a besoin de savants, mais elle doit regarder l’avenir technologique en face. Et l’humanité a besoin de progrès : nouveaux dangers, nouvelles réponses ; nouveaux risques, nouveaux défis à relever. C’est ainsi que chemine la raison et qu’elle se dégage des peurs.

Ce renouveau républicain peut être demain mis en œuvre pour la politique fiscale, pour la politique sociale (le transfert à la CSG de cotisations d’assurance maladie). Ce doit être vrai aussi pour la politique industrielle : il n’appartient pas à un PDG d’entreprise publique de trancher à la place du gouvernement.

Notre tâche est de trouver des synthèses dynamiques avec d’autres courants de pensée et qui existent dans la gauche et dans la société, sur des sujets comme la citoyenneté, la nation, l’Europe. Faisons preuve d’audace et d’imagination pour assurer les bases de la refondation républicaine. Ne nous replions pas sur nous-mêmes.

Ayons confiance en nos idées : la république vient de loin ; elle ira loin. La pensée républicaine ne s’est pas arrêtée avec Condorcet, Michelet, Jules Ferry, Jaurès, Mendès France ou de Gaulle. Elle doit se ressourcer en permanence, s’ouvrir généreusement et lucidement à tous les dialogues. Qui ne le voit ? Il y a là un immense service que le Mouvement des citoyens peut rendre à la gauche et à la France, et au-delà à l’humanité tout entière.

IV. – Le rôle du ministère de l’Intérieur, ministère de la Citoyenneté et de l’Intégration républicaine

C’est en tout cas le cap qui sera suivi par le ministère de l’Intérieur, qui est, avant toute chose, le ministère de l’Intégration républicaine.

a) La sûreté pour tous

La sûreté est ainsi la mère des libertés publiques ; sans elle le citoyen est soumis à l’arbitraire ou à la loi du plus fort. L’égalité devant la sûreté est à conquérir quand vous constatez la situation actuelle où les quartiers aisés sont protégés tandis que les habitants des banlieues pauvres ont quelquefois le sentiment de vivre abandonnés dans des zones de non-droit.

L’idée républicaine est indispensable pour traiter à la racine les questions de la délinquance, et spécialement la délinquance des jeunes. Non seulement parce que le chômage et le désœuvrement engendrent des comportements délictueux, mais parce qu’on n’a jamais parlé à ces jeunes comme à des citoyens. Qui parle à ces jeunes dont l’horizon est borné par les murs de leur quartier de leur destin de citoyen ? Qui leur parle comme à des citoyens de la République ? Les parents ? Les enseignants ? Les élus ? Je consacrerai à ce thème de la sûreté républicaine un grand colloque « Des villes sûres pour des citoyens libres » les 24 et 25 octobre prochains à Villepinte, en Seine-Saint-Denis.

L’action de la police doit évoluer. La police de proximité, l’îlotage doivent se développer, devenir un domaine d’action à part entière de la police nationale. Cela sera rendu plus facile par l’affectation de 35 000 jeunes affectés à la sécurité. L’action commune de la police et de la justice doit gagner en efficacité. Mais rien de tout cela ne pourra réussir, si nous ne sommes pas capables d’inscrire dans le cœur de chaque enfant de chaque adolescent, l’amour des valeurs de la République, ou plus simplement le respect des codes de conduite, des lois et des règles fixées en commun, le respect de l’autre.

Bref, vous le comprenez bien, le discours que le Mouvement des citoyens a tenu et qui n’était entendu que du petit nombre, sera le mien, mais il sera entendu bien au-delà de nos rangs.

b) Le droit des étrangers

C’est particulièrement vrai pour les hôtes de la République et pour les nouveaux citoyens. Je veux parler de l’immigration. Il faut cesser de placer l’immigré au centre du débat politique. C’est périlleux pour l’immigré, et d’abord pour l’immigré en situation régulière. C’est néfaste pour la démocratie, car quelles que soient leurs intentions, ceux qui placent l’immigration au centre du débat y placent de fait l’extrême droite, seule gagnante de ces affrontements. Notre objectif stratégique c’est de sortir de ce débat pourri. C’est l’intérêt de la France et c’est celui des immigrés que nous devons stabiliser, rassurer et non pas précariser.

Mon ambition est d’élaborer une législation généreuse mais ferme, qui soit stable et durable. Il ne s’agit pas de régler des comptes. Il s’agit de sortir l’immigration du débat empoisonné où trop de démagogues l’ont conduite. On me dit « abrogez, abrogez les lois Pasqua-Debré ». Mais les lois Pasqua-Méhaignerie, c’était d’abord la fin de l’acquisition automatique de la nationalité française. Un projet de loi, préparé par Élisabeth Guigou, va rétablir cette automaticité. Des lois Debré on se souvient des certificats d’hébergement. Vous vous souvenez que les députés du Mouvement des citoyens, avec Georges Sarre, étaient parfois bien seuls pour les combattre à l’Assemblée. J’ai proposé précisément de supprimer ces certificats d’hébergement, car ils sont inutiles et donnent lieu à des pratiques discriminatoires. Le Premier ministre n’a pas souhaité que ce point soit tranché à ce stade, mais je ne désespère pas d’être entendu.

Alors de quoi parle-t-on ? Je l’affirme sans crainte d’être démenti : les dispositions choquantes des lois Pasqua-Debré-Méhaignerie, que la gauche et nous-mêmes avions combattues seront remplacées. Les lois en question ne sont que des amendements à l’ordonnance du 2 décembre 1945. Si nous nous contentions d’abroger purement et simplement, il n’y aurait pas ces avancées positives dont certaines associations d’ailleurs se réjouissent, en matière d’asile, de droit de vivre en famille, d’accueil des étudiants et des chercheurs, de statut des vieux travailleurs, etc. L’esprit de ce projet est simple : alléger les procédures inutilement tracassières, faciliter la vie de ceux qui ont droit au séjour en France, mais aussi rendre plus effectif le retour de ceux qui sont en situation irrégulière. Le droit de vivre en famille sera garanti. Les parents ne seront plus séparés de leurs enfants, l’accueil des étudiants ou des chercheurs sera simplifié, une carte de séjour pour vie personnelle et familiale sera créée. Les vieux travailleurs pourront séjourner dans leur pays d’origine et revenir en France quand ils le voudront, les tracasseries inutiles seront supprimées. À l’asile garanti par la Convention de Genève, nous ajoutons l’asile constitutionnel pour ceux qui sont persécutés en raison de leur action pour la liberté par des forces non étatiques, et l’asile territorial pour ceux qui sont menacés dans leur vie.

Ainsi la France sera fidèle à sa vocation de puissance mondiale, ouverte sur le monde, môle de la francophonie, pôle intellectuel et culturel de première dimension, à l’échelle du siècle qui vient.

Mais dans le même temps, et sans faiblesse, sera amélioré le dispositif permettant d’éloigner les étrangers en situation irrégulière, particulièrement ceux qui, dépourvus d’attaches en France, auront gravement violé nos lois. J’ai entendu ce qui s’est dit à l’université d’été des Verts, les propos de Noël Mamère et de quelques autres. Alors je voudrais qu’il n’y ait pas d’hypocrisie. Aucune des formations majoritaires, ni le Parti socialiste, ni le Parti communiste, ni les Verts, n’a proposé, à ma connaissance, de supprimer le contrôle des flux migratoires. Qui propose que la loi de la république ne s’applique pas ? À ma connaissance, personne ! « Des papiers pour tous », c’est un slogan libéral. Refuser toute règle, c’est ouvrir la voie à une régression sociale généralisée.

La lutte contre le travail clandestin (qui ne concerne pas seulement les étrangers en situation irrégulière, loin de là) sera intensifiée. Il faut en tarir les sources et sanctionner les donneurs d’ordres.

Certains m’objectent, par ailleurs, l’allongement de 4 jours de ce qu’on appelle la rétention administrative. Il faut savoir que tout cela se fait sous le contrôle du juge administratif, puis judiciaire. Nous sommes loin de l’Allemagne où ce délai de rétention administrative des étrangers en situation irrégulière est de six mois, de la Grande-Bretagne, patrie des libertés individuelles et de l’habeas corpus où il est illimité jusqu’au départ effectif. Ne cédons pas à une démagogie qui, au nom des droits de l’homme, méconnaît les droits du citoyen et qui fait les choux gras de nos adversaires. De la même manière, un étranger qui a gravement violé les lois du pays hôte, et qui est condamné à plus d’un an de prison, s’il n’a aucune attache en France, doit pouvoir être réellement reconduit. Les citoyens français ont la responsabilité de la pérennité de la République. Les étrangers non. Ils doivent donc d’autant plus respecter les lois du pays qui les accueille. Il faut le dire fermement, sans grandiloquence inutile.

Sachons opposer aux tenants du libéralisme, du laisser-faire laisser-aller, de la libre circulation des marchandises et de l’exploitation sans frein des hommes, le droit des peuples à assumer leur destin. Les problèmes du Sud doivent d’abord se résoudre au Sud. Encore faudrait-il pour cela que nous aidions les pays du Sud à construire leurs États. Savez-vous quelle est la première des nationalités des immigrés en situation irrégulière à la frontière italienne ? Ce sont des Irakiens, Chaldéens ou Kurdes. La solution n’est pas de donner des cartes de séjour, mais de lever le blocus injustifiable qui continue de peser sur ce pays. Nous devons organiser le codéveloppement. Voilà la responsabilité des pays du Nord. Certains idéologues prônent la suppression des contrôles, et considèrent que l’individu dispose d’un droit à s’établir là où il le souhaite, et les États ne sauraient y faire obstacle, sauf motif impérieux. Ce n’est pas un point de vue républicain. Quand la France compte 5 millions de chômeurs réels, faut-il, au nom du libéralisme, sans frontières, accroître le nombre des chômeurs en Seine-Saint-Denis ou ailleurs, avec toutes ses conséquences ? Parce que les sans-emploi seront des sans-logis, et pour certains, faute de revenus, des dealers… Veut-on cela ? Peut-on ignorer les dégâts provoqués dans l’électorat populaire ?

Les engagements pris concernant le droit de vivre en famille, l’accueil des étudiants, la fin des tracasseries, l’automaticité d’acquisition de la nationalité française seront strictement tenus. On nous dit : mais il eût fallu proposer une refonte complète de l’ordonnance du 2 décembre 1945 ! Mais sachez-le : je ne l’exclus pas du tout, à travers un travail de codification de ces textes. Il existe une commission pour cela. Je la saisirai.

Qui a signé la circulaire permettant la régularisation de onze catégories d’étrangers qui ont l’essentiel de leurs attaches en France ? Un peu de pudeur donc, un peu de bon sens surtout ! Les tenants des « papiers pour tous » font semblant d’ignorer les pressions migratoires dans un monde traversé de déséquilibres majeurs. Ils auraient tôt fait de ruiner les acquis sociaux de notre pays, tout en poussant les couches populaires vers l’extrême droite. Ils croient servir, peut-être, mais en réalité, ils desservent les intérêts des immigrés installés régulièrement en France, que nous devons stabiliser et intégrer, s’ils le souhaitent, à la république. Oui, il arrive que l’enfer soit pavé de bonnes intentions. Soyons plus lucides ! Je compte sur vous pour tenir bon sur cette ligne républicaine.

L’idée républicaine sera le levain. Dans les mois qui viennent, vous la verrez – je l’espère – faire son œuvre. Et dans tous les domaines.

1. Dans celui de la politique étrangère, où vous aurez sans doute noté déjà que l’entrée dans l’OTAN, programmée hier sans conditions, est à présent clairement écartée par le gouvernement. Il n’y a pas de république libre si nous nous en remettons à d’autres du soin de notre défense.

2. Et dans la construction européenne, l’idée républicaine doit conduire à une nouvelle manière de voir l’avenir. Le fédéralisme ne convient pas à l’état actuel de l’Europe. Son échec, les ratés de l’union monétaire entraîneront les réexamens nécessaires. L’enjeu principal sera d’articuler la république et l’Europe. Cette articulation est à mes yeux possible, au prix de réelles remises en cause. Et le travail que nous avons accompli ensemble au Mouvement des citoyens sera alors d’actualité. À nous de faire preuve d’imagination, d’audace et d’initiative en France, en Europe et dans le monde, pour faire vivre partout les idéaux de la citoyenneté. Je pense en particulier à l’Algérie qui doit trouver une identité moderne pour être au rendez-vous de son destin : celui d’une grande nation méditerranéenne où la démocratie établira ses droits.


Conclusion

Non, le Mouvement des citoyens ne doit pas s’éclipser, sous prétexte que son président est au gouvernement. Loin de là. Il dispose d’organes dirigeants, d’un porte-parole, Georges Sarre, d’un secrétaire général, Michel Suchod, de parlementaires actifs au sein du groupe RCV, d’élus efficaces, de militants actifs. Notre mouvement doit être l’avant-garde de l’idée républicaine, la porter partout plus loin. Quelques-uns évoquent l’idée d’un congrès. Mais nos statuts prévoient un congrès à l’automne 1998. C’est le bon sens. Après que le Conseil européen se sera prononcé en avril 1998 sur la question des participants à l’euro, nous aurons tous les éléments en main pour prendre notre position.

Cette tâche, vous seuls pouvez l’accomplir. Là où je suis, avec les moyens qui sont les miens, avec les contraintes qui sont les miennes, soyez assurés que j’accomplirai ce devoir, énergiquement.

Mais le Mouvement des citoyens doit s’affirmer, recruter, s’organiser davantage, se développer sur le terrain. L’audience des idées républicaines dépasse celle de nos suffrages. Elle correspond à une réelle attente de l’opinion. Tant mieux. Cette tâche ne peut mieux être accomplie par personne que par vous.

Les prochaines élections doivent être l’occasion d’améliorer notre ancrage dans les départements et les régions. Préparons-les en privilégiant le rassemblement large de toute la gauche plurielle. C’est ce que le pays attend de nous. La préparation de ce rassemblement suppose une impulsion venue du haut. Un accord entre les partis de la gauche et les Verts est indispensable pour tracer le cadre d’un accord qui ne saurait s’enliser dans les sables des départements ou des régions, à la merci de comités qui auraient tôt fait d’oublier l’intérêt général – celui du progrès de la gauche réunie – pour des appétits particuliers. Engageons la discussion avec nos partenaires, sans écarter aucune hypothèse au sein de la gauche plurielle. Et restons organisés comme nous avons su le faire pour éviter toute dispersion.

Il faut nous adapter à la période nouvelle et nous inscrire dans le nouveau paysage. Pour faire du pain, il faut de la farine, de l’eau, de la chaleur, mais aussi du sel et du levain. Voilà le rôle du MDC : c’est d’être le sel et le levain de la gauche. Nous pouvons le faire, car nos idées ont du poids. Le renouveau de la République et de la citoyenneté ne s’inscrira pas du jour au lendemain dans tous les champs de l’action publique, mais c’est notre objectif à moyen terme. C’est le cadre de travail du Mouvement des citoyens, car personne n’accomplira cette mission aussi efficacement que nous.

Ce faisant, nous travaillerons, comme nous l’avons affirmé dès le premier jour, à relever la gauche avec la France.

La période est nouvelle. Nous avons fait le pari de la vie, avec les risques que cela comporte. « Pessimisme de l’intelligence, optimisme de la volonté ». Qui peut douter que nous soyions restés fidèles à nous-mêmes ? Avons-nous l’air d’être devenus idiots ?

Alors, confiance camarades… courage citoyens : c’est de cela que le pays a besoin.