Déclaration de Mme Anne-Marie Couderc, ministre délégué pour l'emploi, sur la mobilisation des initiatives locales pour l'insertion professionnelle des jeunes et la généralisation des fonds départementaux pour le développement de l'alternance et de l'apprentissage dans le cadre des PREJ (programmes régionaux pour l'emploi des jeunes, Vierzon (Cher) le 4 avril 1997.

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Circonstance : 7ème forum pour l'insertion professionnelle des jeunes organisé par le comité de bassin d'emploi (CBE) de Vierzon (Cher) le 4 avril 1997

Texte intégral

Monsieur le président du comité de bassin d’emploi du pays de Vierzon,
Monsieur le représentant du président du conseil général,
Monsieur le député,
Madame le préfet,
Madame le recteur,
Monsieur l’inspecteur d’académie,
Mesdames, Messieurs,

Je suis d’autant plus sensible à votre invitation, qu’elle est particulièrement chargée de sens à mes yeux.

Ce forum, que vous organisez pour la septième année (7 ans, c’est l’âge de la maturité) témoigne de votre mobilisation en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes. Il est la preuve de la conscience que vous avez les uns et les autres de votre responsabilité auprès des jeunes.

Vous les professionnels des différents corps de métiers,

Vous les organismes de formations,

Vous les acteurs du centre d’information et d’orientation de Vierzon (CIO),

Vous également les enseignants des 28 établissements qui participez avec vos élèves à cette rencontre,

Vous, enfin, qui avait organisé ce forum, que vous soyez membres du comité de bassin d’emploi de Vierzon (CBE) ou que vous soyez membre du comité de pilotage.

Votre initiative est exemplaire à plus d’un titre.

D’abord parce qu’elle vise à sensibiliser nos jeunes à la connaissance des métiers techniques. Ceci est fondamental, car nous possédons en France un patrimoine professionnel considérable qui couvre un vaste échantillon de métiers manuels, des métiers que l’on rencontre le plus souvent comme ceux de la bouche et du bâtiment, aux métiers beaucoup plus rares comme les métiers d’art.

Mais, quels que soient ces métiers, lorsqu’ils sont exercés avec compétence et amour, ils font la richesse de nos professionnels et contribuent à la qualité de nos produits.

Ce sont des métiers manuels au sens noble du terme, et il faut saluer ici ceux qui font tout pour les réhabiliter.

Votre initiative est exemplaire car faire la promotion de ces métiers et de leurs savoir-faire est d’autant plus important que, pour nombre d’entre eux, il existe des carences en personnel et donc de véritables perspectives pour l’insertion et la vie professionnelle des jeunes.

Elle est exemplaire parce qu’elle favorise les relations entre des professionnels et des jeunes qui cherchent leur voie.

En cela, les échanges que vous favorisez recréent du lien entre les générations. Ils sont de nature à susciter des vocations, à favoriser l’orientation des jeunes, la construction de leur projet professionnel, et leur insertion professionnelle en particulier par l’apprentissage et l’alternance. En outre, par votre action vous contribuez à la relève des plus anciens.

Votre initiative est enfin exemplaire parce qu’elle montre le chemin à parcourir, les voies pour y parvenir et parce qu’elle fait la preuve qu’on peut y arriver, comme en témoigne la présence de tous les professionnels qui sont présents aujourd’hui.

Cet engagement des uns et des autres, ainsi que la mobilisation à laquelle il conduit, porte déjà ses fruits : car en matière d’orientation des jeunes vers les formations professionnelles, les entrées en apprentissage sont en hausse, ainsi que les passages de 3e en 1re année de BEP.

Votre démarche locale, sur le bassin d’emploi, s’inscrit d’ailleurs tout à fait dans la démarche que le gouvernement a mise en place depuis 1995.

En effet, le gouvernement a fait de la mobilisation locale l’un des principaux axes de sa politique de l’emploi. Nous sommes en effet convaincus que la mise en œuvre des politiques qui visent à favoriser l’accès à l’emploi des jeunes ne peut se faire que dans une logique de proximité.

Cette démarche commence à porter ses fruits.

J’ai participé à différentes réunions, j’ai ainsi pu constater la satisfaction des interlocuteurs de l’État au niveau local. Venant d’horizons divers, ils ont manifesté leur intérêt pour cette démarche.

Je suis convaincue que cela a permis de prendre conscience de la diversité des initiatives. Elles ouvrent ainsi de nouvelles perspectives d’action.

S’agissant de la mobilisation pour l’emploi des jeunes.

Dès à présent, pour amplifier la mobilisation locale, notamment au profit des jeunes, le Premier ministre a, vous le savez, réuni un certain nombre de partenaires lors de la conférence à Matignon, le 10 février, et je me réjouis que plusieurs engagements importants aient été pris.

Il faut vous donner, vous qui êtes notre jeunesse, tous les atouts pour accéder à l’emploi : car le problème est bien là : le délai pour accéder à un premier emploi, 8 mois en moyenne, est bien trop long.

Si nous voulons réduire ce délai, il ne faut pas attendre que le jeune soit au chômage. Il faut donc lui donner les moyens pour que, avant la fin de sa formation initiale, il soit prêt à trouver sa place dans le monde du travail.

Un constat s’impose : les formations professionnelles permettent aux jeunes d’accéder plus rapidement à un emploi. Mieux vaut avoir un CAP qu’un bac général pour trouver rapidement un premier emploi : 85 % des apprentis trouvent un emploi à l’issue de leur formation.

L’alternance

En 1997, 400 000 jeunes pourront s’engager dans une formation en alternance, soit 70 000 de plus qu’en 1996.

Le gouvernement a dégagé 70 millions de francs pour aider à financer des places supplémentaires dans les centres de formation d’apprentis.

Le ministère de l’Éducation nationale ouvrira, dès la rentrée prochaine, des sections d’apprentissage dans les lycées d’établissement professionnel.

Les primes à l’apprentissage sont étendues au secteur public de façon que 10 000 apprentis puissent être recrutés par des collectivités locales.

Enfin, concernant les contrats de qualification, le gouvernement a décidé de rétablir la prime avec un financement de 750 millions de francs.

C’est la première fois que tous les responsables s’engagent sur un même objectif : État, régions, élus locaux, partenaires sociaux.

Les grandes entreprises, notamment, qui accueillent moins de jeunes en alternance que les autres, sont prêtes à s’ouvrir plus largement aux jeunes et, d’ici à quelques semaines, elles pourront fixer leurs objectifs quantitatifs. J’ai demandé, avec Jacques Barrot, aux services du ministère de relayer cette action en demandant aux grandes entreprises de suivre des exemples de bonnes pratiques.

Nous voulons développer l’apprentissage et l’alternance, et pour cela nous avons un discours clair.

L‘apprentissage, ce n’est pas de l’emploi précaire ; ce n’est pas du traitement social du chômage.

L’apprentissage, c’est une façon différente de préparer un diplôme, y compris un diplôme de l’enseignement supérieur.

Pour ceux qui ont choisi une formation plus généraliste, en passant notamment par l’université, nous venons de créer les stages de première expérience professionnelle.

Si les formations professionnelles s’étaient également développées dans le cadre de l’Éducation nationale, jusqu’à présent, les formations générales étaient restées à l’écart de cette évolution.

Le projet de première expérience professionnelle permet de combler cette lacune.

À la rentrée 1997, certaines filières permettront aux étudiants une deuxième expérience professionnelle afin de confronter le savoir acquis à l’université avec la réalité de l’entreprise.

Il reste encore à préciser les conditions de cette expérience. Elle concernera dans un premier temps les seconds cycles universitaires de l’enseignement général et pourra avoir lieu dans l’entreprise et dans le secteur public, dans le cadre du semestre universitaire.

Une charte nationale des stages sera élaborée pour le mois d’avril.

Les fonds départementaux

Un deuxième constat a été partagé par tous les participants à la conférence nationale du 10 février. Il n’y a pas de réponse unique au problème du chômage des jeunes. Il n’y a que des solutions adaptées à chaque situation.

Le Premier ministre a donc décidé de consolider la démarche que nous avons engagée ensemble et de donner aux préfets de nouveaux moyens d’action. Il a décidé de consacrer 1 milliard de francs pour que les préfets puissent soutenir des initiatives locales en faveur de l’emploi des jeunes.

Pour cela, des fonds départementaux sont mis en place sur l’ensemble du territoire. Des projets devront être arrêtés avant le 1er juillet 1997 ; ils bénéficieront d’un label opération jeunes.

Ils s’inscriront dans les P.R.E.J. qui seront actualisés en tenant compte des nouveaux objectifs de développement des formations en alternance.

Il précise que ces projets devront respecter certaines règles qui s’insèrent tout à fait dans une démarche comme celle que vous avez mise en œuvre à Vierzon.

1) Il faudra d’abord que les différents échelons trouvent leur place :
    - C’est au niveau du bassin d’emploi de la commune ou du groupement de communes que les partenariats pourront se nouer avec la plus grande efficacité.
    - Au département d’assurer la mobilisation de tous les réseaux et l’appui méthodologique.
    - À la région d’assurer la cohérence par la labellisation des projets et l’évaluation.

2) Il faudra aussi veiller à la nature du projet :
    - L’objectif est d’abord de mettre plus de fluidité là où les mesures peuvent apparaître trop rigides ou lorsque le lien entre les interventions des différents acteurs se fait mal.
    - Les fonds doivent favoriser l’émergence de projets en partenariat dans le respect des compétences de l’État et des collectivités locales.

3) Enfin, les projets devront préciser leurs objectifs et définir les indicateurs de suivi.

Quelques exemples :
    - Pour des jeunes en difficulté, l’accès à l’emploi nécessite le chaînage de plusieurs mesures relevant de l’État, des régions, des OPCA. Il faut assurer le suivi.
    - Pour les jeunes diplômés, des clubs de développeurs de projets peuvent être mis en place pour soutenir des projets de développement des PME, en partenariat avec des collectivités locales ou des grandes entreprises.

D’ores et déjà, le département du Cher bénéficie d’une enveloppe de 5,3 millions de francs. Celle-ci contribuera notamment à la préparation d’une journée de l’alternance qui aura lieu au début du mois de juin, à l’issue de la semaine régionale des jeunes.

Ces mesures constituent une réforme profonde du fonctionnement de l’État ; elles transforment les relations entre les administrations centrales et les services déconcentrés qui auront ainsi :
    - plus de liberté ;
    - plus de responsabilité ;
    - l’obligation de rendre compte sur l’atteinte de leurs objectifs, et non sur l’utilisation de leurs moyens.

Cette réforme est nécessaire, car c’est au plus près du terrain que se jugent et se décident les opportunités d’actions. Elle est aussi le signe de la confiance qui doit s’instaurer entre les différents échelons de l’État et les différents partenaires au niveau local.

Votre initiative est donc en harmonie avec l’action que mène le gouvernement pour donner plus de responsabilité aux acteurs et mettre l’accent sur l’insertion des jeunes pour l’apprentissage et l’alternance.

Je souhaite beaucoup de succès à toutes vos démarches, mais je suis d’ores et déjà sûre d’une chose, c’est avec des initiatives de cette nature que nous gagnerons la bataille pour l’emploi et que nous préparons utilement l’avenir de nos jeunes.