Interview de M. Pierre-André Périssol, ministre du logement, dans "Le Figaro patrimoine" du 19 novembre 1996, sur la formule de l'amortissement Périssol pour les investissements dans le logement locatif neuf et la transformation de bureaux en logements.

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Le Figaro Patrimoine a demandé à Pierre-André Périssol, ministre du logement, quel bilan il tirait des cinq premiers mois d’application du régime d’amortissement qui porte son nom.

Pierre-André Périssol : L’ensemble du dispositif n’est en réalité opérationnel que depuis la rentrée. Quoi qu’il en soit, je constate un véritable engouement pour ce nouveau régime. Ayant été dans un certain nombre de salons, dont celui du Figaro, j’ai pu voir tout l’intérêt qu’il suscitait car la formule est claire, juste et efficace. Elle consiste à traiter de la même manière celui qui investit dans le logement et celui qui investit dans l’industrie. Je considère pour ma part les investissements-bailleurs comme des professionnels comme les autres. Or, depuis des décennies, ils ont été matraqués et maltraités. Aussi se sont-ils détournés de la pierre. Le système de l’amortissement est une reconsidération de ces investisseurs-bailleurs.

Le Figaro Patrimoine : Avec ce régime, considérez-vous que l’immobilier soit redevenu un placement compétitif ?

Pierre-André Périssol : Bien entendu. Le régime de l’amortissement permet de revenir à une parité fiscale entre l’investissement immobilier et les autres formes d’investissement. C’est une véritable réforme de structure que j’ai entreprise.

Avoir la possibilité de déduire pendant quatre ans, 10 % du montant de l’investissement est très incitatif à l’achat. Cela redonne à l’immobilier une rentabilité qu’il n’avait plus depuis de nombreuse années. C’est une formule de ce genre qui a été utilisée par les Allemands pour reconstruire les länder de l’Est à partir de 1990.

Le Figaro Patrimoine : L’engouement pour ce régime ne résulte-t-il pas aussi de l’évolution à la baisse des taux d’intérêt et corrélativement des placements financiers ?

Pierre-André Périssol : Cela amplifie l’effet, c’est certain ! La reprise des ventes est liée à deux éléments : la baisse des taux d’intérêt, fruit de la politique menée par Alain Juppé, et les réformes entreprises qui ont rendu les aides publiques plus efficaces, plus lisibles comme la création du régime de l’amortissement et le prêt à taux zéro.

Le Figaro Patrimoine : Pour être efficace, la mesure ne doit-elle pas être pérenne et se poursuivre au-delà du 31 décembre 1998 comme cela a été prévu initialement ?

Pierre-André Périssol : Je suis certain que la formule de l’amortissement s’inscrit dans la durée et qu’en conséquence elle sera pérennisée. C’est une vraie innovation. Ce qui en revanche pourra être ajusté, ce sont les taux d’amortissement.

Ce qui est important pour l’investisseur, c’est ce que nous avons fait. Au cours des vingt-cinq dernières années, on n’a cessé de le matraquer. Depuis le retour au pouvoir de l’actuelle majorité en 1993, on ne cesse de l’aider : remontée d’un tiers du taux de la déduction forfaitaire, report des déficits fonciers sur le revenu général ; augmentation à 100 000 F du plafond, allongement de 5 à 10 ans de la durée de report autorisée, intégration dans le calcul du déficit des primes d’assurances contre les impayés… Toutes les mesures prises n’ont cessé d’aller dans le même sens : celui d’un retour à une rentabilité meilleure de l’investissement immobilier.

Le Figaro Patrimoine : Pourquoi n’étendez-vous pas le bénéfice de l’amortissement aux SCPI ?

Pierre-André Périssol : Il se pose encore quelques problèmes techniques qu’il me fait régler. Je souhaite cette extension pour que le régime soit utilisable par ceux qui veulent investir en direct comme par ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas acheter un bien en direct.

Le Figaro Patrimoine : Et pourquoi pas l’étendre à l’ancien ? Ce serait un formidable moyen d’asseoir la reprise du marché immobilier.

Pierre-André Périssol : L’immobilier repart dans l’ancien comme dans le neuf. Si la formule de l’amortissement est très incitative, c’est parce qu’elle repose sur un effort important de la collectivité. Or, il me semble que cet effort se justifie par sa contrepartie : l’augmentation de l’offre locative, la relance du secteur du BTP et l’augmentation des emplois qu’elle sous-tend. Dans le même esprit, le régime de l’amortissement s’applique dans l’ancien lorsqu’il s’agit d’un logement résultant de la transformation d’un bureau. Il y a création d’un logement de plus et aide à la résolution de la crise de l’immobilier de bureaux.