Déclaration de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, sur les radios associatives, Paris le 6 février 1998.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Congrès du Conseil national des radios associatives (CNRA), Paris le 6 février 1998.

Texte intégral

Monsieur le Président,

Madame la Présidente,

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Permettez-moi de vous dire d’abord mon plaisir d’être parmi vous cet après-midi. Madame la présidente Jacqueline GUILLENSCHMIDT vient de dresser un portrait de vos radios qui exprime bien toutes vos richesses, toutes vos différences. Celles-ci se retrouvent dans la diversité de vos structures, la nature de vos projets, les objectifs que vous poursuivez, la couleur et la tonalité de vos antennes. Radios différentes, mais radios qui ont aussi des caractéristiques communes qui tiennent à vos missions, vos modes de financement, votre engagement. Radios qui ont su démontrer leur vitalité et leur utilité dans un univers de la FM qui s’est transformé en un marché extrêmement concurrentiel.

Dès mon arrivée au ministère de la Culture et de la Communication j’ai tenu à manifester mon attachement au pluralisme et la diversité qui doivent s’exprimer dans le paysage de la radio. Nous avons évoqué cette question avec les membres du CSA et son président, à plusieurs reprises, alors que cette instance s’employait à procéder à un appel à candidatures portant sur plus de quatre cents fréquences. Dans ce pluralisme et cette diversité il allait de soi que les radios associatives devaient jouer un rôle essentiel.

Un mot d’abord sur le Fonds de soutien à l’expression radiophonique :
J’ai eu aussi à procéder au renouvellement du décret concernant le Fonds de soutien à l’expression radiophonique. J’ai souhaité introduire dans le nouveau texte des dispositions nouvelles :

– Un meilleur accompagnement au développement des radios associatives. La dégressivité des subventions au-delà du seuil de 400 000 francs a été remplacée par un plafond. Ce plafond sera à définir par la commission. Au-delà de celui-ci la subvention sera fixe. Cette formule me paraît plus incitative.

– La nécessaire modernisation technique de vos radios pourra être en partie financée par une enveloppe réservée à cet effet dans le Fonds de soutien.

– Enfin, et peut-être surtout, les critères permettant d’allouer une subvention majorée sont précisés et enrichis, par une référence aux « efforts accomplis dans les domaines de la communication sociale de proximité et de 1’intégration ».

Je sais que nombre d’entre vous attendent un renforcement des sommes allouées au Fonds de soutien. Je ne pense pas réaliste d’envisager d’augmenter, années après années, les prélèvements sur les budgets publicitaires de la radiotélévision. Le nouveau décret doit permettre une meilleure allocation des sommes disponibles.

Le travail des membres de la commission et tout particulièrement de sa présidente, Jacqueline GUILLENSCHMIDT, dont je tiens ici à saluer la rigueur et la disponibilité, devrait s’en trouver amélioré.

À propos de la nouvelle loi :

Je connais votre attention portée au projet de loi sur l’audiovisuel et à ses retombées sur vos radios. Il est faux de dire que la radio aurait été oubliée dans ma communication. Elle est directement concernée par plusieurs dispositions générales. Je pense aux règles de cantonnement pour les activités médias des groupes industriels, aux conditions de la concurrence, aux nouvelles dispositions concernant l’audiovisuel public, aux prérogatives du CSA.

Les évolutions dans les prérogatives du CSA seront sans doute celles qui auront le plus de conséquences sur vos radios. La nouvelle loi devrait en effet permettre au CSA de mieux jouer son rôle de régulation. Sa principale arme sera alors celle d’une plus grande capacité à revenir sur les autorisations lorsque celles-ci viennent à renouvellement au bout de cinq ans. Non qu’il s’agisse d’instaurer un sentiment de précarité, mais pour que l’instance de régulation ait davantage de moyens de faire respecter les engagements pris à son égard. Voire qu’elle puisse tenir compte d’évolutions qui ont pu se produire par exemple dans un projet ou dans la réalité militante d’une association. En contrepartie le CSA devra motiver publiquement ses décisions.

Les relations entre le CSA et les radios associatives devraient d’ailleurs se trouver facilitées, par le nouveau décret sur le Fonds de soutien puisqu’un des membres de l’instance de régulation siégera au rein de la commission.

Des radios définies par leurs missions :

Afin de faciliter le travail du CSA, j’ai l’intention de clarifier dans la nouvelle loi l’espace de la radio associative. Aujourd’hui celle-ci se voit définie par un pourcentage de ressources publicitaires. Je souhaite plutôt partir d’une définition de ses missions. Les radios de communication sociale de proximité assurent des missions particulières, qu’il nous reviendra avec vous de définir. Faut-il prévoir dans la loi un volume minimum de fréquences réservé à ces radios ? Cette question mérite également discussion avec vous. Toutefois la loi ne doit pas entrer dans des niveaux de précision tels qu’elle deviendrait rapidement obsolète ou impraticable, dans un univers aussi évolutif que celui de la radio.

Le dynamisme des associatives :

La loi sera donc là pour conforter l’espace dans lequel les radios associatives vont pouvoir poursuivre leur action et leur développement. L’essentiel est pourtant ailleurs. Il est dans votre dynamisme, votre créativité, votre engagement dans la société civile. Et en vous écoutant et vous voyant tous ici rassemblés, je suis confiante dans l’avenir de la radio associative dans ce pays.

Soyez assurés de mon soutien et de tous mes vœux pour que vos travaux soient riches et constructifs.

Je vous remercie.