Interview de Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat, à Europe 1, le 28 décembre 1999, sur les conséquences de la marée noire sur la production des produits de la mer et les aides financières accordées par L'Etat aux pêcheurs dans l'attente de l'indemnisation versées par le Fonds international d'indemnisation pour les pollutions d'hydrocarbures (FIPOL).

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Média : Europe 1

Texte intégral

Christian Boner : Est-ce qu’on a un idée des conséquences de cette marée noire et de cette tempête sur la production des produits de la mer ?

Marylise Lebranchu : Pour l’instant, sur l’ensemble des côtes, de Penmar’ch jusqu’au sud de l’île de Noirmoutier, le phénomène essentiel c’est que les pêcheurs n’ont pas pu sortir ou peu sortir. Et quand ils sortent, leur inquiétude, en particulier pour ceux qui pêchent la nuit au chalut, c’est de remonter une plaque de mazout, de fioul lourd, et d’avoir toute une cargaison à jeter, ce qui s’est déjà passé pour deux ou trois bateaux, hier. Donc, à la tempête qui les empêche de travailler dans de bonnes conditions, s’ajoute le fait qu’on ne peut pas détecter dans une telle mer les petites nappes qui se prennent dans les chaluts et qui anéantissent une cargaison. Mais c’est quand même marginal. On est en-dessous de 10 0% de pertes aujourd’hui.

Christian Boner : Toute la production d’huîtres, de coquillages pour les fêtes est sauvée ?

Marylise Lebranchu : Les huîtres sont sauvées. J’ai fait le tour de tous les ports ostréicoles du Finistère et du Morbihan depuis dimanche jusqu’à hier soir, on n’a pas trouvé une seule exploitation conchylicole qui ait été touchée, puisque tout avait été fait pour les protéger. Il reste à protéger le fond derrière la barre des tells, mais ça va être fait dans la journée. Pour l’instant, il n’y a pas d’hydrocarbures. Et en plus,  vous savez que les huîtres sont acheminées au-dessus du rivage dans les bassins oxygénés. Donc, le maximum des cargaisons a été remonté. La solidarité a joué. Les ostréiculteurs du nord Bretagne ont pris en charge également les produits du sud. Donc, on est dans des produits de bonne qualité. On s’était engagé à faire des contrôles supplémentaires pour que les consommateurs soient encore plus assurés qu’ils ne pouvaient l’être. On le fait depuis hier. Nous avons en plus mis des contrôleurs de façon permanente à Rungis et sur les grands marchés d’intérêts nationaux. Pour l’instant, on n’a pas de problème. Juste une rupture de commande à Nantes, par une mini-distribution qui a des doutes et qu’il va falloir qu’on rassure.

Christian Boner : Et pas d’inquiétude pour l’avenir ?

Marylise Lebranchu : On ne dit jamais : pas d’inquiétude pour l’avenir. Je coir qu’il faut être extrêmement prudent. La mer on ne la contrôlera jamais. En revanche, telles que sont organisées les choses aujourd’hui, la seule inquiétude qu’on a, qui est majeure, c’est le chalutage en mer. L’inquiétude c’est la remontée de petits paquets d’algues polluées qui peuvent, à chaque fois, polluer les cargaisons. Ce qui se passe, quand cela se produit – cela s’est produit déjà au moins trois fois, là maintenant – eh bien le pêcheur rejette tout et fait constater à l’arrivée, avec des photos, etc.

Christian Boner : Est-ce que le Gouvernement serait-il prêt à faire un geste financier éventuel pour les pêcheurs ?

Marylise Lebranchu : Je crois que le Gouvernement n’a pas l’intention de faire payer par l’argent public une catastrophe de ce style, qu’il y a des responsables : transporteurs, armateurs, affréteurs, on verra bien. Mais il existe le Fonds international d’indemnisation pour les pollutions d’hydrocarbures qui permet de verser des indemnités aux collectivités et aux professionnels sur la base des préjudices économiques constatés. Le problème, c’est le délai. Donc, ce à quoi s’est engagé le Gouvernement - il y avait dès dimanche soir une réunion à ce sujet au ministère de l’Economie et des Finances – c’est que nos organismes, Caisses des dépôts et consignations pour les collectivités, bons de développement des PME, BD-PME pour les privés, et puis on est en train de vois avec J. Glavany pour les crédits agricoles et autres, crédits maritimes, crédits agricoles, des possibilités de faire des prêts-relais d’urgence pour racheter un chalut ou bien indemniser quelqu’un qui serait en rupture de paiement, sachant qu’en plus, et je terminerai là-dessus, des enveloppes financières sont à la dispositions des plans Polmar dans chaque département. Donc, il n’y a pas de soucis financiers. Et, bien sûr, de soucis, quand est-ce que ça va s’arrêter ? C’est la question que se posent le plus les pêcheurs.