Texte intégral
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Les réalisations présentées dans le cadre de la Foire de Caen en témoignent : le département du Calvados et toute la région Basse-Normandie ont su prendre rendez-vous avec l'avenir. Et je ne vous cacherai pas que c'est un grand plaisir pour moi de constater, aujourd'hui à Caen, que les efforts de l'État pour ancrer notre pays dans la société de l'information sont relayées par des initiatives locales aussi fortes et innovantes. Votre action est la preuve que la dynamique que le gouvernement a voulu créer, en lançant l'appel à propositions sur les autoroutes et services de l'information, est désormais une réalité, partout en France.
Je ne peux que saluer la mobilisation de tous les acteurs locaux qui a permis de faire de la plateforme Vikman, et avec elle de toute la technopole Caen-Normandie, une vitrine exceptionnellement riche et séduisante de ce que les technologies de l'information promettent d'apporter à nos entreprises et à nos concitoyens.
1. Une mobilisation locale exceptionnelle qui répond aux attentes du gouvernement
Je sais que nombre d'élus locaux se sont personnellement impliqués dans ce projet et mesurent pleinement l'intérêt d'innovations qui, dans un avenir proche, seront déterminantes pour le développement économique et le rayonnement de votre ville, de votre département et de votre région. Je tiens, en particulier, à saluer l'action de M. Girault, sénateur-maire de Caen, de M. Garrec, président du conseil général, et de vos députés M. de Saint-Ellier et M. Fanton – dont j'ai pu apprécier l'approche compétente de ces dossiers et l'intérêt réel pour l'action conduite par mon ministère à l'Assemblée nationale.
Je me réjouis aussi que les concepteurs du projet Vikman et les responsables de Synergia, et au premier rang, son président, M. Durieux, aient l'occasion de faire découvrir au large public de la foire les fruits de leur goût et de leur sens de l'innovation : c'est l'un des réseaux régionaux les plus performants qui est aujourd'hui à l'honneur ; un réseau qui permet de tester en grandeur réelle nombre de services et de technologies du futur et qui a notamment pour vocation de créer de nouvelles et fortes synergies entre la technopole, les centres universitaires de recherche locaux et les sites d'enseignement supérieur de l'agglomération caennaise.
Je sais que la technopole ne se contente pas de ces réalisations déjà remarquables : ce sont l'ensemble des applications offertes par les nouvelles technologies de l'information qui vont être testées à l'échelle de votre ville et de votre département.
Je pense, bien entendu, au projet AINSI qui va permettre de déployer, à l'intention d'un public plus large, différents téléservices dans les secteurs de la santé, de l'enseignement, des informations locales, de la culture et du tourisme. Un projet qui va aussi être l'occasion de mettre en place une « place de marché » destinée à tester concrètement les solutions de commerce électronique. Tout comme la plateforme Vikman, ce projet, labellisé d'intérêt public il y a quelques semaines, bénéficiera d'un soutien financier significatif de mon ministère.
Je pense encore au projet Pays d'Auge qui vise, lui aussi, à proposer de nouveaux téléservices, notamment à destination des PME-PMI, et qui répond à une des ambitions communes à votre département et au gouvernement : utiliser les nouveaux outils d'aménagement du territoire que sont les technologies de l'information pour permettre aux entreprises de s'implanter dans des zones rurales ou faiblement urbanisés, tout en conservant un accès rapide et facile aux réseaux d'information – qui seront d'ailleurs, bientôt, avec le développement du commerce électronique, tout aussi bien des réseaux d'échanges commerciaux.
Il resterait encore à évoquer les nombreux projets en cours dans la zone Manche, avec la participation active des collectivités locales, du CCET de Rennes et de la SEPT, organisme commun de recherche entre La Poste et France Télécom. Autant de signes qui confirment l'engagement de votre région dans ce grand chantier de la fin du XXe siècle qu'est la construction de la société de l'information.
Chantier essentiel, vous l'avez compris à Caen, car c'est du déploiement des autoroutes et services de l'information que dépendent pour une large part, ici, comme partout en France, la compétitivité de nos entreprises, notre capacité à créer des emplois, ou encore le rayonnement de notre culture et de notre langue. C'est parce que nous serons présents avec dynamisme sur les réseaux mondiaux de communication du futur que nous pourrons préserver la place et le rang de la France dans le monde.
2. Une mobilisation pleinement justifiée par les enjeux de la construction de la société de l'information
Dois-je rappeler toutes les perspectives qui justifient votre mobilisation et celle du gouvernement, quand la force de votre engagement suffit à prouver que vous êtes, ici, nombreux à comprendre les promesses de la révolution technologique que nous vivons actuellement ?
C'est d'abord, pour nos concitoyens, une meilleure qualité de vie qu'elle promet, avec la possibilité d'accéder à l'information et à une large palette de téléservices essentiels – dans le domaine de la santé, de l'éducation, de la culture – d'où que l'on se trouve sur notre territoire. Accéder, par exemple, à toutes les bibliothèques, à tous les musées, à tous les grands centres de recherche du monde sans quitter sa ville : c'est une possibilité que vous pouvez découvrir ici, avec l'accès à l'Internet offert aux visiteurs de la Foire de Caen.
C'est aussi une plus grande flexibilité et une plus grande réactivité, et partant une meilleure activité, pour l'entreprise que promettent les technologies de l'information, avec le développement du télétravail et des techniques de travail en réseau.
C'est encore la possibilité pour votre ville de se faire connaître, grâce à une vitrine sur l'Internet, du monde entier, de promouvoir son patrimoine culturel et touristique, ses entreprises – avec un public potentiel et pour un coût sans commune mesure avec ceux des moyens de communication traditionnels.
Investir dans le domaine des télécommunications, c'est également, pour votre ville, prendre d'emblée une position forte sur un marché dont tout indique que la croissance sera exponentielle.
Le secteur des télécommunications est, en effet, appelé à devenir, dans un avenir proche, l'un des plus créateurs de nouvelles richesses et de nouveaux emplois : la croissance constante du trafic, le déferlement de nouvelles applications multimédias, le succès du réseau Internet ou la recherche d'alliances industrielles à l'échelle internationale dans ce secteur d'activité sont autant de phénomènes qui laissent pressentir, sans risque de se tromper, les enjeux d'un tel marché, le poids futur des télécoms dans l'économie et notre société.
Rappelons par exemple que, selon les évaluations de l'Union européenne, le chiffre d'affaires total dans le secteur des télécommunications passera d'environ 90 milliards d'écus en 1990 à 200 milliards en l'an 2010. Rappelons également qu'un pays comme le Japon estime que, dans une dizaine d'années, le secteur des télécommunications emploiera plus de monde et générera plus de revenus que le secteur de l'automobile aujourd'hui.
3. Une mobilisation qui est aussi celle du gouvernement : rappel des mesures
C'est pourquoi, le gouvernement, vous le savez, a souhaité mettre en place une politique ambitieuse en faveur du développement des technologies de l'information dans notre pays et veille à apporter un soutien appuyé à toutes les initiatives, nationales et locales, qui permettent de mettre, dès aujourd'hui, au service de nos entreprises et de nos concitoyens, les outils de la société de l'information :
- le soutien financier dont bénéficient les projets labellisés dans le sillage de l'appel à propositions sur les autoroutes et services de l'information ;
- celui dont vont bénéficier les PME innovantes dans le cadre de l'appel à propositions lancé par l'ANVAR ;
- les tests en grandeur nature de toutes les technologies en présence conduits partout en France, grâce, en particulier, à l'adoption de la loi sur les expérimentations ;
- l'évolution de la législation sur le cryptage dans le cadre de la LRT afin de dynamiser le développement du commerce électronique ;
- l'accès à Internet au coût d'une communication locale sur l'ensemble du territoire désormais proposé par France Télécom ;
- ou encore les mesures visant à ce que les jeunes puissent, dès leur plus jeune âge, se familiariser avec ces technologies et apprendre à les maîtriser…
Autant de mesures mises en oeuvre à l'initiative du MPTE et qui traduisent la volonté de l'État de libérer les initiatives et de permettre à tous les Français de vivre à l'heure du numérique et des autoroutes de l'information.
Atteindre cet objectif exigeait un autre pas en avant essentiel : ce pas en avant, c'était l'ouverture à la concurrence de l'ensemble du secteur des télécommunications. Nous l'avons désormais accompli avec l'adoption par le Parlement, le 26 juillet dernier, de la loi de réglementation des télécommunications.
Pour la France, forte d'atouts décisifs en ce domaine, la libéralisation des télécommunications à l'échéance du 1er janvier 1998 représentait une opportunité qu'il fallait saisir. Nous devions nous y préparer dans les meilleures conditions et élaborer des règles du jeu adaptées à ce nouvel environnement. Tel est précisément l'objet d'une loi qui a vocation à donner les moyens à tous les acteurs français de saisir les opportunités que l'ouverture à concurrence ne manquera pas de leur offrir.
Cette réforme s'articule autour de deux grandes ambitions : réussir la modernisation du service public en démontrant qu'elle est compatible avec le respect de notre tradition républicaine ; favoriser l'émergence d'une concurrence ouverte et stimulante qui reste au service des usagers. Le souci du gouvernement était de faire de l'ouverture à la concurrence une mutation à la fois maîtrisée et équilibrée.
Cette réforme déterminante, je l'ai également entreprise avec une conviction : la conviction qu'il appartient à la concurrence de faire entrer la société de l'information dans le quotidien des Français.
Car que signifie l'ouverture à la concurrence pour le consommateur français ?
Ce sera d'abord la possibilité, pour le consommateur, d'effectuer un choix entre plusieurs opérateurs et de bénéficier ainsi de services supplémentaires et d'options tarifaires mieux adaptées à ses besoins.
La concurrence ne manquera pas, par ailleurs, de provoquer une baisse globale des prix pour toutes les catégories d'utilisateurs, malgré un rééquilibrage nécessaire entre le coût de l'abonnement et celui des communications.
L'exemple des pays où la libéralisation a déjà eu lieu ne laisse aucun doute quant à ces deux conséquences prévisibles de la fin du monopole : une récente étude démontre que les services en ligne et Internet n'ont, par exemple, véritablement décollé, au terme d'une chute des coûts et d'une multiplication des options tarifaires, que dans les pays où de nombreux opérateurs se disputent la préférence des usagers ; et si on pratiquait en France les prix de l'opérateur suédois Télia ou ceux de British Telecom, la facture téléphonique moyenne des ménages français baisserait de plus de 30 %…
Il suffit d'observer le « boom » de la téléphonie mobile, secteur où la concurrence est déjà une réalité depuis plusieurs années dans notre pays, pour vérifier quel type de dynamique l'ouverture à la concurrence est susceptible d'engendrer : c'est bien sûr elle, nous ne pouvons en douter, que repose la démocratisation des nouveaux outils et services de communication.
J'ai, par ailleurs, veillé, vous le savez, à ce que notre opérateur national puisse aborder le cap du 1er janvier 1998 avec un dynamisme renouvelé. Doter France Télécom, à la veille de l'ouverture à la concurrence, des mêmes armes que ses grands concurrents mondiaux, lui permettre d'assurer au mieux ses missions de service public tout en lui donnant les moyens de maintenir une position forte sur un marché où la compétition sera très vive : tels sont les impératifs qui ont dicté la réforme du statut de France Télécom et sa transformation en entreprise au 1er janvier 1997.
Conclusion :
Ce que je se suis venu saluer ici, mesdames et messieurs, à travers les réalisations de la technopole de Caen, c'est un remarquable laboratoire des technologies du futur. Un laboratoire d'exception qui fait de votre ville, et au-delà d'elle de tout votre département, un avant-poste de la société d'information.
Voilà qui est réconfortant pour un ministre qui oeuvre, au quotidien, dans le même sens que vous et qui – c'est cette fois, le président de conseil général qui s'adresse à vous – partage votre conviction que de telles initiatives donneront à votre département une longueur d'avance pour entrer, avec tout le succès qu'il mérite, dans le XXIe siècle.