Image principale 1
Image principale 1
À l'intérieur du bâtiment du réacteur 2 de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux (41) © Guillaume Souvant/AFP

Nucléaire : un besoin de 100 000 recrutements sur les 10 prochaines années

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Alors que le projet de loi de relance du nucléaire civil français est en cours examen au Parlement, le Groupement des Industriels français de l’énergie nucléaire (Gifen) publie un rapport sur les besoins et capacités industrielles de la filière.

Commandé le 20 janvier 2023 au Gifen, syndicat professionnel de l'industrie nucléaire, le rapport a été remis le 18 avril 2023 à Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie.

L’objectif du rapport est d’établir le programme MATCH, destiné à détailler les capacités et besoins du secteur nucléaire et d’identifier les défis à relever pour la relance du nucléaire.

Un besoin en personnel dans les années à venir

Le programme MATCH décliné dans le rapport propose une méthode pour assurer l’adéquation entre capacités et besoins tout en préparant l'avenir de la filière nucléaire.

Le Gifen s’est appliqué à :

  • recueillir les plans de charge des exploitants ;
  • traduire ces prévisions en estimation de besoins en ressources humaines et en outils industriels ;
  • identifier les capacités de la filière et leurs projections à dix ans ;
  • confronter les estimations de besoins et les projections de capacités.

Sur le périmètre étudié, qui représente 125 000 des 220 000 emplois de la filière, le Gifen prévoit une croissance de 25% du volume de travail d’ici 2033 (hors gain de productivité). Cela se traduit par :

  • 155 000 emplois directs équivalent temps plein en 2033 (contre 125 000 en 2023) ;
  • 60 000 recrutements (la moitié pour compenser les départs et l’autre moitié du fait de la croissance d’activité) soit 6 000 par an avec des pointes à 10 000 par an.

Si l’on applique ces proportions à l’ensemble des emplois de la filière, ce besoin en recrutement s'élève à près de 100 000 recrutements sur dix ans.

Les pistes établies par le Gifen

Parmi les recommandations du Gifen pour améliorer la filière nucléaire, l’accélération des recrutements figure au rang de priorité. Ce recrutement s’appuiera notamment sur un flux accru de compagnonnage dans des secteurs tels que la forge-fonderie, le génie civil ou la chaudronnerie.

Le rapport est une première étape dans la compréhension des besoins de la filière nucléaire. Les ministres ont demandé au Gifen de compléter d’ici l’été 2023 cette étude en intégrant, notamment, la perspective de construction de petits réacteurs modulaires, au-delà des six premiers réacteurs EPR2 prévus.

Le débat public sur les nouveaux réacteurs

La Commission nationale du débat public (CNDP) a publié, le 26 avril 2023, le compte-rendu du débat public "Du nucléaire demain ? On en parle aujourd'hui". Ce débat, organisé sur quatre mois, s'est concentré sur la question de la participation du public à la gouvernance des projets nucléaires.

De la fin du 19e siècle à l’aube de la 2e Guerre mondiale, de grandes découvertes ont favorisé la recherche sur l’énergie nucléaire.

Découverte de la radioactivité, du polonium et du radium puis de la fission de l’uranium.

En 1945, le général de Gaulle crée le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) avec un objectif.

Relancer les recherches sur l’énergie atomique dans le secteur de la défense mais aussi de l’industrie et de la science.

Un programme électronucléaire débute en 1952 avec le lancement d’une première série de centrales.

En 1973, le premier choc pétrolier incite la France, très dépendante des énergies fossiles, à se doter d’une importante industrie nucléaire.

Plusieurs dizaines de centrales sont construites pour assurer l’approvisionnement électrique de la France.

Dans les années 1970, les premiers mouvements antinucléaires alertent sur les risques environnementaux et sanitaires.

En 1986, l’explosion d’un réacteur à Tchernobyl (Ukraine) provoque un nuage radioactif qui se répand sur une grande partie de l’Europe.

En 2001, est créé l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) chargé d’apporter son expertise sur les risques nucléaires et radiologiques.

En 2006, la loi relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire crée l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), autorité indépendante.

Plusieurs lois en 1991 et 2006 cherchent à encadrer la gestion et le stockage des déchets radioactifs.

En 2011, l’accident de Fukushima (Japon) relance le débat sur la sécurité des centrales et sur l’avenir de la filière électronucléaire.

La question de la durée de vie des installations nucléaires se pose.

La France possède 56 réacteurs dont la prolongation dépend de l’Autorité de sûreté nucléaire.

Après de multiples retards, le réacteur EPR de troisième génération situé à Flamanville (Manche) doit être mis en service fin 2022.

À Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne centrale encore en service a été mise à l’arrêt en 2020, après plus de 40 ans de fonctionnement.

En 2018, la nouvelle Programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production électrique d'ici 2035.

En ce moment