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Guerre en Ukraine : le choc de la facture énergétique pour l'industrie

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Entre +70% et +110% par rapport à 2021 pour le gaz , entre +40% et +75% environ pour l’électricité : c'est le coût de la facture énergétique, conséquence de la guerre déclenchée par la Russie contre l'Ukraine en février 2022. La plupart des entreprises l'ont répercuté dans leurs prix de vente.

Selon un Théma sur les prix de l'énergie de la Direction générale des entreprises (DGE) publié en septembre 2023, au global, la guerre en Ukraine, a conduit à un triplement de la facture énergétique pour l’industrie manufacturière française, de 15 milliards d'euros en 2021 à 45 milliards d'euros en 2023 :

  • la facture de gaz pourrait passer de cinq milliards d'euros en 2021 à 16 milliards d'euros en 2023
  • la facture d’électricité progresserait de dix milliards d'euros en 2021 à 29 milliards d'euros en 2023.

Une facture répercutée sur les prix de vente pour l'industrie manufacturière

Les évolutions observées au second semestre 2022 et début 2023 suggèrent que les entreprises ont fait preuve d'une forte capacité d'adaptation. Les entreprises ont notamment répercuté cette hausse dans leurs prix de vente, tout en maintenant une production stable et des niveaux de marge élevés.

Entre janvier 2021 et juin 2022, les prix des produits manufacturés ont augmenté de 17,5% dont 1,6 point imputable à l'énergie. La contribution de l'énergie à la hausse des prix de vente serait ainsi de 10%, et même de 25% une fois pris en compte les effets indirects (impact des chocs d’énergie et d’intrants importés sur les chaînes de valeurs).

De janvier 2022 à juillet 2023, ce sont les prix de production de l'agroalimentaire qui ont connu l'augmentation la plus importante (+22,9%), suivi des matériels de transport (+9,9%), des équipements électroniques (+7,8%) et des autres produits industriels (+5,8%).

Une production française demeurée attractive

Pendant cette période de crise, la France a su rester "attractive" selon la DGE. De plus, l'emploi a été dynamique (40 000 créations d'emploi dans l'industrie du premier trimestre 2022 au premier trimestre 2023).

Toutefois, pour les entreprises françaises, la répercussion totale des coûts énergétiques dans les prix de vente pourrait se traduire par une perte de compétitivité-prix et une baisse des exportations.

Le déficit commercial de l’industrie manufacturière, après s’être fortement accru en 2021, s’est dégradé à nouveau nettement en 2022, passant de -65,9 à -89,8 milliards d'euros alors que les prix de l’énergie augmentaient.

Des mesures d'aides multiples pour l'industrie

La France a mis en place un ensemble de mesures d'aides transversales (mesures générales) ou ciblées (aide guichet).

Parmi les mesures générales, le volume d’électricité fourni par EDF au prix historique de 42 euros par mégawattheure (MWh) a été relevé de 100 à 120 térawattheure (TWh) en 2022 dans le cadre de l'Accès régulé à l'électricité nucléaire historique (ARENH+), pour un coût en comptabilité nationale de 5,2 milliards d'euros. Avec 70% de l’approvisionnement en électricité pour certains industriels, le dispositif a été une protection significative contre la hausse et la volatilité des prix de marché.

Dans les mesures générales, selon leur catégorie, les entreprises ont pu bénéficier aussi :

  • d’un bouclier tarifaire électricité à destination des petits professionnels qui passent par le tarif réglementé de vente (TRV) pour un coût budgétaire de 2,5 milliards d'euros en 2022 et 2023 ;
  • d’un prix garanti d’électricité, à destination des TPE ne bénéficiant pas du bouclier tarifaire, fixé à 280 euros/MWh pour un coût budgétaire estimé à 0,3 milliard d'euros ;
  • d’un amortisseur électricité en 2023 en faveur des PME (3 milliards d'euros).

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