Le ministère de l'intérieur et des outre-mer a mis en ligne, le 11 octobre 2023, les résultats de l’enquête annuelle sur les victimes de traite des êtres humains en France.
Cette publication établit le profil des victimes accompagnées par les associations en 2022. Elle est réalisée conjointement par la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof) et le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI).
Traite et exploitation des êtres humains : les chiffres 2022 des services de police et de gendarmerie
Le ministère de l'intérieur et des outre-mer a également publié, le 17 octobre 2023, les chiffres 2022 enregistrés par les services de police et de gendarmerie. Selon le ministère, ces chiffres sont en hausse de 12% par rapport à 2021 avec 2 027 victimes enregistrées en 2022.
Profil des victimes
Si 4 363 victimes ont été repérées en 2022, les associations ont accompagné 2 994 victimes de traite des êtres humains en 2022. Or, plus précisément, parmi 2 675 victimes accompagnées :
- 76% sont victimes d’exploitation sexuelle ;
- 15% d’exploitation par le travail ;
- 7% de contrainte à commettre des délits ;
- 2% de mendicité forcée ;
- moins de 1% d’une autre forme d’exploitation.
Les victimes d’exploitation sexuelle sont en majorité des femmes (82%), majeures (84%) et originaires d'Afrique (70%).
La part de victimes d’exploitation sexuelle d’origine européenne est en hausse (18% en 2022 contre 9% en 2021). Le nombre de victimes françaises a plus que triplé entre 2021 et 2022 (15% de l’ensemble des victimes d’exploitation sexuelle en 2022). Ce nombre est en hausse depuis plusieurs années.
Les victimes d'exploitation par le travail sont principalement :
- des femmes majeures victimes d'exploitation domestique (c'est-à-dire contraintes de manière quotidienne à effectuer des tâches domestiques ou des services à la personne dans un domicile privé) ;
- des hommes majeurs originaires du continent africain, exploités dans les secteurs de l’agriculture, du bâtiment, de la restauration et du commerce.
Le cas des mineurs
La part des victimes mineures accompagnées par les associations en 2022 a presque doublé par rapport à 2021 (+97%). D'après le rapport, cela peut en partie s’expliquer par le fait que de nouvelles associations accompagnant spécifiquement des mineurs ont participé à la 7e édition de l'enquête.
Ces jeunes sont davantage victimes :
- d’exploitation sexuelle (61% des mineurs accompagnés par les associations) ;
- et de contrainte à commettre des délits (32% des mineurs accompagnés par les associations).
Parmi les mineurs victimes de contrainte à commettre des délits, 92% sont des mineurs non accompagnés (MNA). Ils sont forcés à commettre des vols à la tire, au distributeur automatique de billets, des cambriolages, des arnaques à la charité... Selon le rapport : "les exploiteurs préfèrent recruter des mineurs car ils peuvent être facilement recrutés et remplacés et ont la volonté de faire peser le risque pénal sur ces derniers, qui sera moindre du fait de leur minorité."