La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié, le 21 février 2024, une étude sur la taxe carbone qui s’appuie sur le Baromètre d’opinion 2022 de la Drees, axé sur l’acceptabilité sociale des mesures environnementales. Cette étude révèle que plus de six résidents sur dix en France hexagonale sont favorables à une potentielle hausse de la taxe carbone si, en contrepartie, une mesure redistributive, fiscale ou environnementale est mise en œuvre.
Une adhésion plus faible dans les communes rurales
En cas d’augmentation de la taxe carbone, les résidents des communes rurales perdent plus de pouvoir d’achat, vu le poids du transport et du chauffage individuel dans leur consommation. Parmi eux, seul un sur cinq est favorable à une hausse de la taxe carbone sans contrepartie. Mais deux sur trois le sont si elle est compensée par la création de transports, d’emplois et de services de proximité dans les zones périphériques et rurales. Cette contrepartie recueille l’approbation de 73% de la population totale.
Elle est mieux accueillie chez les personnes :
- particulièrement attachées à l’État et à la protection sociale, sauf si cette augmentation s’accompagne de réductions d’impôts ;
- en situation de précarité (familles monoparentales, locataires de logements sociaux…) si une redistribution s’opère au profit des plus défavorisés ;
- préoccupées par les problèmes environnementaux, notamment les diplômés du supérieur et les cadres.
27% des individus interrogés se disent prêts à limiter leurs trajets en voiture. Cette part atteint 36% dans l’hypothèse où les transports en commun seraient plus développés près de chez eux.
Une hausse de la taxe carbone mieux acceptée si elle s’accompagne de compensations
La taxe carbone pèse davantage sur les ménages modestes, leurs dépenses énergétiques représentant une plus grande part de leur budget. Le surcoût généré par une augmentation de cette taxe varie aussi selon le lieu de résidence, le type de chauffage ou de véhicule. Pour limiter les effets négatifs d’une telle hausse, ses recettes peuvent donner lieu à des transferts au profit des plus modestes, à des baisses d’impôts, financer des politiques environnementales ou être redistribuées aux entreprises pour favoriser leur transition écologique.
Seul un tiers des sondés approuve une hausse de la taxe carbone sans contrepartie. L’adhésion est deux fois plus importante si cette augmentation sert à financer des politiques publiques socioéconomiques ou environnementales. Cinq mesures sont proposées dans l’enquête :
- trois modifient le système socio-fiscal (redistribution en faveur des foyers les plus modestes, baisse des impôts) ;
- deux financent des actions visant à réduire les émissions de dioxyde de carbone (rénovation thermique des bâtiments, développement d’infrastructures et de services de proximité…).
34% des répondants soutiennent les cinq mesures compensatoires et 13% les rejettent systématiquement.