En 2023, la fréquentation des salles de cinéma a retrouvé un niveau proche de celui d'avant la crise sanitaire, avec 181 millions d’entrées, selon le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC). La France a connu, par ailleurs, une forte production de films, et la part de marché des films français s'est avérée satisfaisante.
Ce bilan positif pour la filière cinématographique masque, toutefois, des réalités plus contrastées, d’après le dernier rapport d'activité du Médiateur du cinéma.
Des difficultés croissantes pour les distributeurs de films "fragiles"
Créé par la loi sur la communication audiovisuelle du 29 juillet 1982, le Médiateur du cinéma a pour mission de résoudre les litiges concernant la diffusion des œuvres cinématographiques entre les distributeurs de films et les exploitants de salles de cinéma.
En 2023, le Médiateur a enregistré 73 demandes de médiation, soit un nombre similaire à celui de 2019. Les établissements à l’initiative de saisines restent majoritairement classés "Art et Essai" (69%). Bien que la majorité des demandes proviennent des exploitants, le Médiateur constate une augmentation des saisines de la part des distributeurs, dont la part est passée de 20% en 2019 à près de 30% en 2023.
Les distributeurs indépendants ont fait part, tout au long de l'année, de leurs difficultés à trouver des salles pour diffuser leurs œuvres. Les crises énergétique et sanitaire ayant fragilisé économiquement les cinémas, les exploitants ont privilégié des films à fort potentiel commercial pour minimiser les risques financiers. Lorsqu’ils sortent au cinéma, les films "fragiles" ont une exposition souvent limitée, avec des horaires de séances qui ne leur permettent pas toujours de trouver leur public.
Les distributeurs indépendants réclament une régulation pour limiter l’exposition des films les plus commerciaux. Une réforme de l'Art et Essai, en cours de préparation par le CNC, prévoit de mettre en place en 2024 des mécanismes pour inciter les salles classées "Art et Essai" à programmer davantage les films les plus fragiles de petits distributeurs.
Des cinémas qui s'installent en centre-ville
En 2023, les commissions départementales d’aménagement cinématographique (CDAC) ont approuvé 24 projets de création ou d’extension de cinémas en France. Depuis 2001, ces décisions peuvent faire l'objet d'un recours du Médiateur du cinéma devant la Commission nationale d'aménagement cinématographique (CNAC). Sur ces 24 projets, un seul a été rejeté au niveau national, après recours du Médiateur.
Cette situation inédite s'explique par plusieurs facteurs :
- une augmentation des projets de proximité, de taille modeste, répondant à des besoins locaux de zones non équipées ;
- un nombre accru de projets visant à remplacer ou rénover des cinémas existants ,
- les nouvelles créations ou extensions concernent principalement de petites agglomérations, en dehors de quelques réouvertures d’établissements à Paris.
Les efforts des opérateurs et des élus pour développer l'activité cinématographique en centre-ville se sont poursuivis en 2023. Ainsi, 17 des 23 projets autorisés entrent dans des programmes de revitalisation urbaine.
L'année 2023 a vu l'ouverture de 19 complexes cinématographiques, mais les extensions ont été moins nombreuses (6 en 2023). Une part importante de ces nouveaux cinémas concerne des monoécrans.