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Transition écologique : quelle acceptabilité sociale pour les populations les plus précaires ?

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Les populations les plus précaires sont surexposées aux effets du dérèglement climatique. Les pollutions et les risques environnementaux touchent surtout les zones du territoire où se concentrent notamment des populations pauvres. Dans ce contexte, comment concilier justice sociale et acceptabilité des mesures liées à la transition écologique ?

Le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) a publié le 28 juin 2024 un rapport intitulé "Faire de la transition un levier de l’inclusion sociale". Il montre que la transition écologique peut améliorer la vie des plus modestes mais induit des risques sociaux qu’il faut anticiper et prévenir.

Les inégalités socio-environnementales

Le CNLE observe que les plus pauvres :

  • contribuent moins aux dégradations environnementales et aux émissions de gaz à effet de serre (GES) que le reste de la population. Leur empreinte carbone est en moyenne inférieure car leurs revenus modestes leur imposent un mode de vie plus sobre ;
  • pâtissent davantage des conséquences du dérèglement climatique et sont très vulnérables aux mesures prises pour les limiter, notamment la hausse des prix des consommations les plus carbonées. Les ménages pauvres consomment plus de biens et services très émetteurs (énergie, alimentation) correspondant pour eux à des dépenses contraintes ou peu compressibles qui grèvent lourdement leur budget.
     

Transition écologique : les plus fragiles ont de faibles marges de manœuvre

La stratégie pour la transition écologique comprend plusieurs leviers (décarbonation de l’industrie, développement des énergies renouvelables…). Le rapport du CNLE se focalise sur l’un d’eux : le changement des habitudes de consommation des ménages pour accélérer la décarbonation de l’économie et réussir à réduire de 55% les émissions nationales de GES en 2030 par rapport à 1990. Cela passe par la rénovation énergétique du bâti, le verdissement des mobilités et la diminution de l’impact écologique de l’alimentation.

Une large part des politiques de transition mettent en œuvre des instruments visant à responsabiliser les individus sur les effets néfastes de leurs comportements sur l’environnement (normes réglementaires, primes, fiscalité carbone, promotion des "écogestes"). Les ménages pauvres ont du mal à s’adapter aux impératifs de la transition car :

  • leurs contraintes budgétaires et résidentielles les empêchent d’investir dans des alternatives plus "vertes" (véhicules électriques, aliments labellisés…) ;
  • ils manquent d’information sur les aides disponibles, les normes en vigueur et les restrictions en place ou à venir.

La transition risque d’accroître les difficultés des plus modestes, pourtant plus vertueux.

Pour une transition juste et socialement soutenable

Le CNLE appelle à adopter un pacte social et environnemental tenant compte de l’empreinte carbone et de la capacité d’adaptation des différents groupes sociaux, et à définir une méthode et des outils permettant de structurer l’action publique. Il préconise en particulier :

  • de développer une offre d’alternatives écologiquement moins impactantes accessibles à tous ;
  • d’informer davantage sur les politiques publiques de transition ;
  • de lier la transition à la réduction des inégalités sociales et environnementales ;
  • de systématiser l’évaluation préalable des retombées sociales des mesures de transition écologique.