L'Insee a publié, le 11 juillet 2024, les résultats de son enquête au sujet de la privation matérielle et sociale en France en 2023.
Un manque d’argent pour les dépenses de la vie courante
En France hexagonale, cette part de la population en situation de privation matérielle et sociale se maintient à un niveau élevé, atteignant 13,1%, contre 12,9% début 2022. Cela représente une hausse d'un point par rapport à la moyenne d’avant la crise sanitaire.
Le taux de privation n'a que légèrement augmenté début 2023, en partie grâce à des mesures de soutien ciblées sur les plus défavorisés (revalorisation des prestations sociales, "bouclier loyer", chèque énergie, indemnité inflation) et au recours des ménages à l'endettement ou à l'épargne.
La hausse des prix de l’alimentation (+15%) et de l'énergie (+14%) entre février 2022 et février 2023 a pesé sur les ménages. En 2023, 12,3% des Français n’ont pas les moyens de manger régulièrement de la viande, du poisson ou un équivalent végétarien et 11,7% ne peuvent pas chauffer correctement leur logement. Depuis 2014, ces taux de privations ont presque doublé.
À l’inverse, il y a eu une diminution de certaines privations par rapport à 2022. Ainsi, la proportion de personnes confrontées à des impayés de loyers, d'intérêts d'emprunts ou de factures a légèrement reculé à 9,4% (contre 9,6% en 2022). 3% des propriétaires accédants n'ont pas pu payer une ou plusieurs mensualités de leur crédit immobilier (-0,3 point), et 7,2% des locataires ont eu des retards de paiement de loyers (-2,2 points).
Cependant, les impayés de factures augmentent : 7% des personnes vivent dans des ménages ayant des retards de paiement pour des factures d'électricité, de gaz ou d'eau, et près de 2% pour des crédits à la consommation ou autres prêts.
Les familles nombreuses et monoparentales plus exposées
Le risque de privation matérielle et sociale est fortement lié au niveau de vie, à la catégorie socioprofessionnelle, au niveau de diplôme, à l’âge et au type de ménage. Les familles monoparentales, les familles nombreuses et les ouvriers sont les plus exposées à ces privations.
De plus, les personnes ayant subi des privations à l’adolescence (manque de repas protéinés par exemple) sont nettement plus souvent en situation de privation matérielle et sociale à l’âge adulte. Parmi les personnes de 25 à 59 ans, celles dont la situation financière familiale à 14 ans était bonne ou très bonne (75%) ont un taux de privation actuel de 10%. Ce taux monte à 27% pour celles ayant vécu une situation très mauvaise.
Cette continuité s’explique par la transmission des inégalités de revenus d’une génération à l’autre, selon l’Insee : les enfants de familles aisées ont trois fois plus de chances de faire partie des 20% les plus aisés à l’âge adulte comparé à ceux issus de familles modestes.
A l’échelle des territoires, les zones rurales comptent moins de personnes en situation de privation (9% à 12%) que les zones urbaines (14% à 15%). Cet écart s’est réduit depuis 2020 : les habitants des zones rurales ont été plus touchés par la hausse des prix de l'énergie, leurs dépenses en chauffage et carburants étant plus élevées.