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Descendants d'immigrés : une ascension sociale plus fréquente

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Une "mobilité sociale ascendante" nettement plus fréquente pour les travailleurs issus de l'immigration que dans le reste de la population : c'est le constat que formule une étude de l'Insee publiée le 23 juillet 2024. L'obtention d'un diplôme du supérieur reste cependant le facteur le plus déterminant de l'ascension sociale.

Dans une publication récente, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) se penche, à partir des enquêtes Emploi de 2019 et 2020, sur les processus d'ascension sociale au sein de la population d'origine immigrée.

Il en ressort que la mobilité ascendante, par rapport à la génération précédente y est plus importante que parmi les travailleurs sans ascendance étrangère.

Cependant, ce constat doit être tempéré au regard d'autres déterminants que l'origine migratoire.

Une mobilité sociale ascendante plus soutenue pour les descendants d'immigrés

Selon l'Insee, la "destinée" des descendants d’immigrés âgés de 35 à 59 ans sur le marché du travail est "en structure, assez proche" de celle des personnes sans ascendance migratoire, avec respectivement 16% de cadres chez les descendants d'immigrés (contre 20% chez les personnes sans ascendance migratoire directe) et 52% d'ouvriers ou employés contre 46%.

Pourtant, à la génération précédente, lorsqu'au moins un des parents est immigré (né étranger, à l'étranger), les pères non qualifiés étaient, en proportion, deux fois plus nombreux, et les pères cadres deux fois moins. Les mères étaient plus souvent inactives.

Un net processus de mobilité sociale ascendante est donc à l'œuvre : 37% des hommes descendants d’immigrés "relèvent d’un groupe social de salariés supérieur à celui de leur père", contre 27% pour ceux sans ascendance migratoire. Un écart similaire s'observe pour les femmes par rapport à leur mère (49% contre 39%).

Ce mouvement d'ascension est encore plus prononcé lorsque les deux parents sont immigrés.

Le fait que les parents issus de l'immigration occupaient une "position basse dans l'échelle sociale" accroît "mécaniquement" la mobilité observée.

Les descendants d'immigrés devenus cadres auront donc comparativement connu une mobilité sociale plus importante : trois quarts d'entre eux sont issus d'un milieu d'ouvriers ou d'employés, contre la moitié des personnes sans ascendance migratoire. 

À caractéristiques comparables, d'autres déterminants que l'origine migratoire

À caractéristiques sociodémographiques données (âge, sexe, secteur d'activité…), ce constat d'une ascension sociale plus fréquente des descendants d'immigrés doit être tempéré : l'Insee indique que "pour chaque groupe socioprofessionnel d’origine", ces derniers ont "autant de chances, mais pas davantage, de progresser dans l’échelle sociale".

La mobilité fait intervenir d'autres facteurs, au premier rang desquels jouera – "et de loin" – un diplôme du supérieur long (bac+3). Son titulaire aura "4 à 15 fois plus de chances" qu'un diplômé du baccalauréat de bénéficier d’une mobilité ascendante, cet effet étant "d'autant plus fort que le groupe social du parent est élevé".

Or, les descendants d’immigrés étudiés sont "moins souvent" dotés d'un tel diplôme que les personnes sans ascendance migratoire (36% contre 41%). Toutefois, lorsque le père était ouvrier ou employé, ou encore non qualifié, l'ascension permise par le diplôme est plus importante que ce qu'on observe hors population d'ascendance étrangère. C'est le cas, dans une moindre mesure, avec un diplôme du supérieur de bac+1 ou +2.

En résumé, l'Insee conclut qu'"à caractéristiques sociodémographiques comparables", les chances d’accès au statut de cadre :

  • ne dépendent pas du statut migratoire, mais sont identiques qu'on soit issu ou non de l'immigration ;
  • sont deux fois plus fortes pour les hommes que pour les femmes, "par rapport à la mère comme au père".