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BCE : nouvelle baisse des taux d'intérêt et réorganisation du pilotage de l'économie

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

La Banque centrale européenne (BCE) a procédé à la deuxième baisse de ses taux en 2024. Cette baisse s’accompagne d’une restructuration des taux directeurs pour la conduite de la politique monétaire en zone euro. Quelles en sont les raisons ? Et quelles pourraient en être les conséquences pour la France ?

Les taux d’intérêt évoluent en cycles de hausse et de baisse. Actuellement, les principales banques centrales ne privilégient plus le resserrement monétaire qui était nécessaire pour contenir l’inflation. La Banque centrale européenne (BCE) avait commencé son cycle de baisse en juin 2024. Le 12 septembre 2024, elle annonce une deuxième baisse : à partir du 18 septembre 2024, son principal taux directeur, la facilité de dépôt, passera de 3,75 à 3,5%. La BCE réduit également l’écart entre ses taux directeurs.

Le nouveau pilotage de la politique monétaire entre en vigueur

L’assouplissement de la politique est rendu possible par les données économiques surveillées par la BCE : l’inflation ralentit et les perspectives économiques en zone euro se dégradent. Le taux d’inflation est certes sorti en légère hausse à 2,6% en juillet (+0,1 par rapport à juin), mais il se stabilise. La phase d’inflation élevée de plus de 10% est terminée. Salaires, produits alimentaires et biens industriels progressent moins vite, ce qui devrait contenir les pressions inflationnistes à venir.

En mars 2024, la BCE avait annoncé un changement dans le pilotage de sa politique monétaire, afin de tenir compte d’un changement structurel de l’économie. En réaction aux nombreuses crises depuis 2008, les banques centrales avaient cherché à stabiliser les marchés par l'injection répétée d'importantes liquidités. Aujourd’hui, la préoccupation des banques commerciales n’est plus de se procurer de l’argent, mais plutôt de placer les liquidités excédentaires. Le principal taux directeur est désormais la facilité de dépôt auprès de la BCE et non plus le taux de refinancement. Ce dernier est d’ailleurs réduit de 60 points de base à 3,65%, traduisant sa relative perte d’importance. L’écart entre ces deux taux est ainsi réduit à 15 points de base (50 points précédemment).

Une baisse des taux avec quels effets ?

Avec le resserrement de l’écart entre ses taux, la BCE espère réduire la volatilité sur les marchés interbancaires. Pour les épargnants, cette baisse signifie une moindre rémunération des produits d’épargne. Les entreprises ou les ménages (prêts immobiliers ou de consommation), quant à eux, pourront profiter de conditions de crédits un peu plus favorables.

En théorie, c’est également une bonne nouvelle pour les finances publiques de la France, dont le déficit public s’est élevé à 5,5% en 2023, portant la dette à 110,6% du PIB. Mais la situation politique française depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 et l’ouverture par la Commission européenne d’une procédure de déficit excessif contre la France constituent un contexte difficile qui se reflète sur les marchés financiers : le spread, c’est-à-dire l’écart entre les coûts d’emprunt à dix ans de la France et de l’Allemagne a fortement augmenté depuis la dissolution et ne revient pas à ses niveaux d’avant. Cette prime de risque demandée par les investisseurs pour prêter à la France risque d’empêcher la dette française de bénéficier pleinement de la baisse annoncée par la BCE.