L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a analysé, dans une étude publiée le 2 octobre 2024, les taux de marges des entreprises françaises de l’agroalimentaire de 2019 à 2022. Le taux de marge, qui représente le pourcentage de la marge commerciale dans le prix d'achat d'un produit, augmente globalement de 2,7 points entre 2019 et 2022.
Les taux de marge varient en fonction des secteurs d’activité
Le taux de marge est plus important dans certains secteurs comme celui des boissons. Comme l'indique l'Insee, "entre 2019 et 2022, le taux de marge des entreprises de la fabrication de boissons augmente de 3,8 points alors que celui des entreprises des industries alimentaires augmente de 2,2 points." Les taux de marge des secteurs à forte valeur ajoutée, comme la production de vin (de raisin) et la production de boissons alcooliques distillées, sont très élevés (respectivement 61,1% et 58,1% en 2022).
D’autres secteurs comme celui de la fabrication d’huiles et graisses végétales et animales, dont la marge passe de 19% à 43,9% portent l’augmentation des taux de marge. Cette augmentation est dû au faible nombre d’entreprises du secteur, ainsi qu’à la hausse significative des exportations entre 2019 à 2022. Selon l'Insee, cette augmentation est aussi à mettre en lien direct avec une baisse de la production des matières premières agricoles dans un contexte d'événements climatiques défavorables et de guerre en Ukraine.
Globalement, 82,7% de la valeur ajoutée en 2019 est réalisé par des entreprises organisées en groupes. "Le taux de marge atteint 33,3% pour les groupes en 2022, contre seulement 21,3% pour les entreprises indépendantes. [...] Le taux de marge des groupes augmente de 3,6 points entre 2019 et 2022. [...] Dans le même temps, le taux de marge pour les entreprises indépendantes diminue légèrement, de 1,3 point" précise l'Insee. Le taux de marge des petites entreprises baisse de 2,9 points.
Un taux de marge quasi stable pendant la crise sanitaire
Le taux de marge des industries agroalimentaires reste "quasi stable entre 2019 (28,5%) et 2020 (28,3%)". Cela s’explique par le fait que, lors de la crise sanitaire liée au Covid-19, la vente de produits alimentaires n’a pas subi les conséquences des confinements de la même manière que d’autres activités économiques. Une forte activité s’est maintenue lors de l’année 2020. Dans le même temps, la crise sanitaire a entraîné une chute importante du taux de marge dans l’industrie manufacturière, de 25,2% à 20,4%.
Toutefois, la hausse globale des taux de marge dans le secteur agroalimentaire, comme dans l’ensemble de l’industrie manufacturière, entre 2020 et 2021 s’explique "pour moitié par l’effet des politiques publiques" :
- baisse des impôts de production ;
- "hausse des subventions d’exploitation, dans un contexte de reprise économique soutenue par les dispositifs d’aides aux entreprises".
Enfin, pour l'année 2022, l'Insee souligne que les entreprises de l'agroalimentaire ont maintenu leurs marges malgré un contexte de forte inflation des intrants pour l'agriculture (engrais, produits phytosanitaires).