Dans un communiqué du 12 novembre 2024 faisant suite à la publication du baromètre sur la perception du changement climatique, l'Ademe souligne que les Français souhaitent davantage de mesures visant à limiter le changement climatique : ainsi approuvent-ils, notamment, "le choix d’une réorientation de l’économie" destiné à préserver l’environnement (71%).
Cependant, malgré des évènements climatiques extrêmes, "une certaine démotivation du public" se fait jour (55% des enquêtés déclarent qu’ils pourraient faire plus d’efforts pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre – GES, 31% qu'ils font déjà le maximum).
Perception du changement climatique : une certaine démobilisation
La préoccupation environnementale connaît une baisse relative : elle n'apparaît plus qu'au troisième rang par ordre d'importance derrière l'inflation et l'immigration, à 9% (elle était en première position avec 16% en 2019).
42% des Français se disent "convaincus" de la responsabilité humaine du réchauffement climatique, 46% sont "hésitants", 11% "sceptiques". L'Ademe note que "depuis l’origine du baromètre", environ un tiers des répondants "n’est pas convaincu de l’unanimité de la communauté scientifique", voyant plutôt dans le changement climatique une hypothèse (et 30% estiment que ce dernier serait d'origine naturelle, "comme la Terre en a déjà connu").
Quant aux conséquences du réchauffement :
- 53% déclarent en avoir déjà subi les manifestations ;
- 65% estiment qu'elles seront extrêmement pénibles dans 50 ans (mais 32% que l'on pourra s'adapter) ;
- 40% jugent qu'elles seront "limité[es] à des niveaux raisonnables" d'ici la fin du siècle.
L'Ademe formule l'hypothèse d'une "possible saturation du public devant l’avalanche d’images" de catastrophes, ce qui explique que l'opinion selon laquelle "on en parle trop" (du changement climatique) soit passée de 16% en 2011 à 26% en 2024.
Pour 58% des enquêtés, il faudra "modifier de façon importante nos modes de vie" ; 17% estiment que le progrès technique apportera des solutions ; 16%, que "c'est aux États au niveau mondial de trouver un accord" ; 9% qu'il n'y a rien à faire.
Une mobilisation moindre, une attente d'action publique
En lien avec les préoccupations environnementales, on observe malgré tout une certaine inflexion des comportements sur la longue durée :
- "ne pas prendre l'avion pour ses loisirs" passe de 36% en 2018 à 49% en 2024 ;
- "consommer moins", de 37% en 2017, à 53% aujourd’hui ;
- "se déplacer à vélo et à pied plutôt qu'en voiture" passe de 23% en 2008 à 39%.
Mais, une forme de lassitude s'installe et la mobilisation marque le pas. "Tout se passe comme si, dans cette situation marquée par une légère décroissance de la sensibilité environnementale, on préférait déléguer davantage à l’État des politiques de réduction des GES, plutôt qu’y contribuer soi-même."
Cependant, les mesures les plus immédiatement contraignantes (taxes, interdictions) "emportent en règle générale moins d’adhésion que celles dont le degré de contrainte est moindre ou plus indirect". Le développement des énergies renouvelables (91%), l'interdiction de la publicité pour les produits au fort impact environnemental (84%), la limitation de la circulation des véhicules les plus polluants dans les grandes agglomérations (72%) l'emportent nettement devant l'abaissement de la vitesse sur autoroute à 110 km/h (49%) ou la densification des villes en limitant l'habitat pavillonnaire (46%).
Toutefois, l'adhésion est en hausse pour tous ces points par rapport à l'enquête 2023.
Et la taxe carbone ?
Avec à peine plus d’un Français sur deux (51%) qui la juge souhaitable, l’augmentation de la taxe carbone sans condition divise. En y ajoutant des conditions (préservation du pouvoir d'achat des classes moyennes et modestes, utilisation du produit de la taxe pour des mesures de transition écologique dans les territoires), l'adhésion s'accroît (69%).