Des usages variés
En général, le rythme de consommation est ritualisé et dépend des contraintes :
- professionnelles. Les personnes sans emploi ou au chômage consomment tout au long de la journée des quantités plus importantes de cannabis et de tabac ;
- familiales. Les usagers qui ont des enfants ou en assurent la garde adaptent leur consommation à leur situation.
Les personnes interrogées consomment surtout dans un cadre privé et recherchent :
- la relaxation, la désinhibition, l’optimisation de la créativité ;
- l’apaisement de désagréments (douleurs, stress, hyperactivité…). La moitié de l’échantillon déclare des problèmes de santé mentale et bénéficie ou a bénéficié d’un suivi psychologique. Quelques personnes ont interrompu leur traitement médicamenteux et préfèrent gérer leurs difficultés en consommant du cannabis.
On observe une évolution au fil du temps :
- des formes de cannabis. Consommé principalement sous forme d’herbe ou de résine, il l’est de plus en plus sous forme d’huile – tétrahydrocannabinol (THC), cannabidiol (CBD)… – ou d’aliments infusés au THC ;
- des modes d’administration. La voie fumée reste majoritaire mais d’autres méthodes se répandent (vaporisation, ingestion) ;
- des choix en matière d’effet et de puissance, le marché proposant de plus en plus de variétés et des produits de plus en plus puissants (concentration en THC croissante) ;
- du rapport aux autres psychotropes. La moitié des enquêtés ont eu un usage intensif d’alcool ou d’un produit illicite autre que le cannabis.
Quels profils ?
Parmi les répondants :
- certains consomment modérément. Ils présentent la moyenne d’âge, le niveau de diplôme et la catégorie socioprofessionnelle les plus élevés ;
- d’autres prennent durablement de fortes quantités de cannabis associées parfois à une consommation régulière d’alcool. Ce groupe est plus jeune, plus féminisé et précaire ;
- d’autres encore consomment régulièrement de multiples substances. Ils ont été dépendants à d’autres produits (alcool, cocaïne) et le cannabis les aide à se sevrer. Ils ont connu des addictions sévères (plutôt des hommes nés dans les années 1970-1980, peu diplômés et aux revenus modestes) ou des usages moins dommageables (hommes et femmes plus jeunes, habitués des espaces militants ou festifs).
L’autorégulation de la consommation
Des enquêtés évoquent le risque de cancer lié à la combustion et aux problèmes respiratoires mais ils jugent le cannabis moins dangereux que le tabac. Beaucoup tentent de réduire les quantités consommées.
Les usagers réguliers sont prêts à adopter des pratiques moins nocives. Plus ils avancent en âge ou plus ils sont dépendants à un autre psychotrope, plus ils déploient des mesures comme l’abandon de la combustion pour d’autres modes d’administration. Les femmes ont plus de mal à modifier leurs habitudes.