Le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) n’a pas augmenté au 1er janvier 2025, comme cela se produit habituellement en janvier depuis 2010. Cela s'explique par une augmentation anticipée de 2% au 1er novembre 2024, portant le SMIC horaire brut à 11,88 euros (soit 1 426,30 euros net mensuel). C'est 17% de plus qu'en janvier 2021 souligne le rapport 2024 sur le SMIC.
La hausse du SMIC dépasse celle de l'inflation depuis 2020
Le SMIC a été revalorisé neuf fois depuis fin 2020. Cette dynamique semble toucher à sa fin : le marché du travail semble moins dynamique et l’épisode inflationniste paraît terminé. Le ralentissement de l’emploi a commencé en 2023 avec 255 000 nouveaux postes créés contre 390 000 en 2022. En 2024, le freinage s’est encore accéléré, avec un marché de l’emploi proche de l’arrêt, le taux de chômage se maintient à 7,4% au troisième trimestre 2024 en France mais reste supérieur à celui enregistré en zone euro (6,3%).
En parallèle, l’inflation a reflué. Avec un taux annuel de 1,8% en décembre 2024 en France (2,4% pour la zone euro), l'inflation est désormais loin des niveaux en 2022 et 2023 (proches de 6%). Entre fin 2020 et fin 2024, la hausse cumulée de l’inflation est de 15% (une hausse annuelle moyenne d’un peu moins de 4%).
Toutefois, grâce à de nombreuses revalorisations, la hausse du SMIC a été encore plus forte (17%) que la hausse de l'inflation. Depuis fin 2020, il y a eu en effet :
- quatre revalorisations au 1er janvier ;
- quatre revalorisations anticipées en cours d’année en raison de l’inflation élevée ;
- une revalorisation "discrétionnaire" le 1er novembre 2024.
Le nombre de salariés au SMIC en hausse de 8,2% à 14,6% en trente ans
Le pouvoir d’achat des salariés payés au SMIC n’a donc pas baissé depuis 2020. Ce n’est pas le cas de tous les salariés comme le précise le rapport : "entre 2022 et 2023, le salaire net des cadres a diminué de 2,8% en euros constats (hors primes) alors que la baisse était déjà de 1,2% entre 2021 et 2022". Mais le rapport précise également que les récentes négociations salariales permettront de rattraper une partie de ces pertes de pouvoir d’achat.
Si parmi les 38 pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 30 disposent d'un salaire minimum, les revalorisations ne sont pas toujours très fréquentes. Ainsi, aux États-Unis, le salaire minimum reste inchangé depuis 2009.
En France, les nombreux ajustements du SMIC ont contribué à compresser l'éventail des salaires : "le rythme des augmentations a largement pris de court celui des négociations salariales des entreprises et des branches professionnelles […], augmentant la part de salariés concernés par la revalorisation du SMIC".
Au 1er janvier 2024, la part de salariés au SMIC revient à 14,6% après un pic historique de 17,3% en 2023. En 1994, il n'y avait que 8,2% des salariés concernés par le SMIC. Structurellement, ce sont les entreprises de 1 à 9 salariés qui sont les plus concernées (environ une sur quatre), notamment dans le commerce alimentaire, la restauration et l'hôtellerie (entre 30% et 45%).