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© Philippe Huguen/AFP

Le SMIC en sept questions

Temps de lecture  7 minutes

Par : La Rédaction

Le SMIC est le salaire minimum interprofessionnel de croissance. Quand le SMIC a-t-il été instauré en France ? Comment le SMIC est-il revalorisé ? Existe-t-il un salaire minimum dans d'autres pays ? Existe-t-il une législation européenne sur un salaire minimum ? Vie publique fait le point en sept questions.

En principe, le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) est revalorisé automatiquement une fois par an au 1er janvier. Des revalorisations infra-annuelles peuvent s'ajouter, par exemple en cas de forte inflation. 

En 2024, le gouvernement a décidé d'anticiper la revalorisation du 1er janvier 2025 qui a lieu le 1er novembre 2024. Le SMIC mensuel a été porté à 1 426,30 euros net (1 801,80 brut ou 11,88 euros l'heure) pour un temps plein, ce qui correspond à une hausse de 2% (selon le décret portant relèvement du SMIC publié le 24 octobre 2024 au Journal officiel). 


Entre 2013 et 2020, le SMIC a été revalorisé une fois par an au 1er janvier de l'année. La forte hausse de l’inflation entre 2021 et 2023 a nécessité des revalorisations infra-annuelles (une en 2021 et en 2023 et même deux en 2022). Depuis le 31 décembre 2020, le SMIC a ainsi connu 9 hausses, soit une augmentation de 17% sur la période

La loi du 11 février 1950 a instauré un salaire minimum national interprofessionnel garanti (SMIG) pour relancer la consommation et lutter contre la pauvreté. La loi prévoit aussi la libre négociation des conventions collectives. Ce salaire est fixé par le gouvernement. Un décret du 23 août 1950 met en place un salaire horaire minimum de 64 francs (78 francs de l’heure à Paris). Le SMIG est indexé sur la hausse des prix en 1952. Il est revalorisé uniquement en fonction de l’inflation.

Avec la loi du 2 janvier 1970, le SMIG est remplacé par le SMIC : le salaire minimum interprofessionnel de croissance. Il est désormais revalorisé sur la base de la hausse des prix et la hausse du salaire moyen. L'objectif est de rapprocher la progression du salaire minimum du salaire moyen des salariés.

Le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) est revalorisé selon trois modalités :

  • une revalorisation automatique chaque année au 1er janvier. L'évolution du SMIC tient compte de l'inflation pour les 20% des ménages ayant les revenus les plus faibles et de la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire moyen des ouvriers et des employés (SHBOE) ;
  • une revalorisation en cours d'année si l'indice des prix à la consommation augmente d'au moins 2% par rapport à l'indice constaté lors de la dernière évolution du montant du SMIC ;
  • un "coup de pouce" décidé par le gouvernement, en dehors de l'indice des prix (aucune hausse supplémentaire à la revalorisation mécanique n'a eu lieu depuis juillet 2012).

Pour en savoir plus sur le montant du SMIC ces dernières années, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) propose en ligne les chiffres de l'évolution du SMIC de 1980 à 2021.

Au 1er novembre 2024, environ 2,2 millions de salariés du secteur privé (hors secteur agricole) sont rémunérés au SMIC, soit 12,4% des salariés, selon les données publiées en octobre 2025 par le service statistique du ministère du travail (Dares). C'est moins qu'en janvier 2024 (14,6%) et beaucoup moins qu'en 2023 (17,3%). En 1994, seulement 8,2% des salariés touchaient le SMIC.

La proportion des bénéficiaires du SMIC est plus élevée parmi les salariés à temps partiel et au sein des très petites entreprises (TPE).  Les femmes représentent 59,2% des travailleurs payés au SMIC, soit une hausse de 2,2 points depuis le 1er janvier 2024. 


Dans la formule de revalorisation du SMIC, l'évolution de l'indice des prix à la consommation prend une place importante. En période de forte inflation (entre 2020 et 2024, il y avait 9 revalorisations du SMIC), on peut ainsi assister à l'effet "mécanique" suivant : si les salaires proches du SMIC augmentent moins vite que le salaire minimum, on assiste à un phénomène de rattrapage. Le SMIC atteint ou dépasse alors ces bas salaires. Par ailleurs, les minima de certaines branches peuvent passer en dessous du SMIC, obligeant les employeurs à verser une compensation si ces minima ne sont pas réajustés. Une revalorisation du SMIC peut ainsi faire bouger toute une partie de l'éventail des salaires.

Outre cet effet mécanique lié à l'inflation, la hausse du nombre de personnes payées au salaire minimum peut également être le signe d'une bonne vigueur du marché de travail, notamment s'il devient plus inclusif, c'est-à-dire si des personnes jusque-là éloignées du marché du travail accèdent finalement à un emploi.

Le SMIC fait l'objet de débats.

Certains acteurs, les syndicats notamment, estiment que le salaire minimum est utile (accompagné d'autres outils) pour accéder à un niveau de vie décent, à condition que son montant soit suffisant. Ils jugent la revalorisation automatique insuffisante et demandent une revalorisation sous forme de "coup de pouce".

D'autres, comme le groupe d’experts SMIC dans son rapport de novembre 2020, sont plus réservés, notamment au sujet des hausses du SMIC, considérées comme potentiellement défavorables à l'emploi. Si la hausse du SMIC, portée par l'inflation, est plus rapide que la hausse de la productivité salariale, le coût pour les entreprises augmente, pouvant les inciter à procéder à des licenciements. Ces experts estiment le salaire minimum "inadapté pour réduire la pauvreté laborieuse". Le groupe préconise de supprimer tout ou une partie des termes de la revalorisation automatique du SMIC (l’inflation et la moitié du pouvoir d’achat du SHBOE).

Il existe un salaire minimum dans 28 des 36 pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Dans la majorité d'entre eux, il n'existe aucune automaticité de la revalorisation. Pour les autres, cette revalorisation ne tient compte que de l'inflation. 

Dans l'Union européenne (UE), sur 27 États membres, 22 disposent d'un salaire minimum national. Dans les cinq autres pays (Autriche, Danemark, Finlande, Italie et Suède), le salaire minimum est fixé soit par branche, soit par négociation entre les partenaires sociaux. 

Le niveau du salaire minimum varie très fortement au sein de l’UE (chiffres Eurostat 2025) : de près de 550 euros brut en Bulgarie à 2 700 euros brut au Luxembourg. La France, avec 1 802 euros brut, fait partie des pays à salaire minimum élevé tout comme l'Irlande (2 282 euros), les Pays-Bas (2 246 euros), l'Allemagne (2 161 euros) et la Belgique (2 112 euros).

La directive du 19 octobre 2022 relative à des salaires minimaux adéquats dans l'Union européenne vise à établir un cadre permettant :

  • le caractère adéquat des salaires minimaux légaux ;
  • la promotion des négociations collectives en vue de la fixation des salaires ;
  • l'accès effectif des travailleurs aux droits à la protection offerte par des salaires minimaux lorsque le droit national et/ou les conventions collectives les prévoient.

La plupart des États membres de l'UE, y compris la France, n'ont pas respecté la date butoir du 15 novembre 2024 pour transposer ce texte dans leur législation nationale. En novembre 2025, six pays n'ont transposé aucune mesure (Chypre, Danemark, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Portugal).

Le 18 janvier 2023, le Danemark a saisi la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) afin de demander l'annulation intégrale de la directive car elle porterait atteinte à la répartition des compétences entre UE et États membres.

La CJUE a confirmé le 11 novembre 2025 une grande partie de la directive. Toutefois, la CJUE a annulé :

  • la disposition qui énumère des critères à prendre en compte obligatoirement par les États membres dans lesquels il existe un salaire minimum légal lors de sa fixation ou de son actualisation ;
  • la règle empêchant la diminution de ces salaires lorsqu'ils font l'objet d'une indexation automatique.

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