La situation démographique des territoires ultramarins est caractérisée par une dispersion entre deux situations extrêmes :
- un dépeuplement qui résulte à la fois de la fuite des forces vives et d'une baisse de la natalité (Antilles, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna, Saint-Martin) ;
- une "explosion démographique" causée par l'allongement de l'espérance de vie, la surreprésentation de la part de jeunes, un solde migratoire élevé (Guyane, Mayotte).
Les autres territoires connaissent des démographies en hausse de façon plus ou moins dynamique (Saint-Barthélemy, Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, La Réunion).
Ces situations sont très différentes de celle de l'Hexagone. Un rapport de l'Assemblée nationale sur la situation démographique des outre-mer examine ces particularités.
Les situations de déclin démographique
La Guadeloupe et la Martinique sont les deux seules régions françaises à avoir perdu de la population entre 2015 et 2021. Cet "effondrement démographique" est doublé d'un vieillissement accéléré.
La population guadeloupéenne diminue de 0,5% par an en moyenne depuis 2012 (-2 300 habitants chaque année). Outre un solde naturel très faible, le nombre de naissances baisse de 3,7% en 2023. L'indicateur conjoncturel de fécondité des femmes guadeloupéennes est passé en dix ans de 2,17 à 1,88 enfant par femme. Si le solde naturel est légèrement positif, il ne parvient pas à compenser le solde migratoire, dix fois plus important et négatif.
En Martinique, le nombre de naissances a baissé de 41% entre 1994 et 2023 et l'indicateur conjoncturel de fécondité passe de 1,91 à 1,66 enfant par femme au cours de la dernière décennie. Ajouté à un solde migratoire largement déficitaire (3 040 personnes ont quitté l'île en 2023), ce phénomène explique une diminution constante de la part des jeunes, faisant de la Martinique la plus vieille région de France. Un tiers des Martiniquais ont plus de 60 ans.
Dans ces deux territoires, les jeunes se rendent dans l'Hexagone ou à l'étranger afin de poursuivre des études ou trouver un travail.
Les situations de croissance démographique
À l'opposé, les populations de Guyane et Mayotte augmentent fortement. Le rapport souligne les rôles respectifs différents des soldes naturel et migratoire dans ces deux territoires.
La Guyane perd des habitants en termes de solde migratoire, mais une natalité importante (3,32 enfants par femme en 2023) entraîne une croissance rapide de la population. Les naissances sont six fois supérieures aux décès. Les départs de jeunes ne sont pas entièrement compensés par l'immigration provenant des pays voisins (Brésil, Haïti, Suriname, Venezuela…). En 2020-2021, seuls 40% des résidents sont natifs de Guyane. Parmi les naissances en 2020, 41% des enfants ont des parents étrangers.
À Mayotte, la population a doublé entre 1997 et 2017. Le solde naturel est largement positif (+9 320 en 2023 pour une population de 310 022 habitants). L'indicateur conjoncturel de fécondité est de 4,5 enfants par femme. L'âge moyen des Mahorais est de 23 ans (contre une moyenne nationale de 41 ans). Après avoir été négatif, le solde migratoire de Mayotte est devenu positif entre 2012 et 2017 (5 600 arrivées comptabilisées de plus que de départs). La population de Mayotte augmente de 1 100 personnes par an en moyenne du fait des migrations. Une des difficultés statistiques tient au fait que beaucoup d’immigrants clandestins ne sont pas comptabilisés.