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© Skórzewiak / Stock-adobe.com

Guerre en Ukraine : un bilan de Viginum sur les actions russes de désinformation

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Depuis le début de son offensive contre l’Ukraine le 24 février 2022, la Russie mène une vaste campagne de désinformation visant à influencer l’opinion publique et à affaiblir le soutien de l'Occident à Kiev. Un rapport publié par Viginum met en lumière l’ampleur de cette offensive numérique, à l'occasion des trois ans de la guerre en Ukraine.

Faux sites d’information, comptes fictifs sur les réseaux sociaux, manipulation de groupes de la société civile et de partis politiques étrangers... La Russie utilise la désinformation comme une arme de guerre et déploie des moyens financiers importants pour légitimer son invasion en Ukraine. 

Dans un rapport publié le 24 février 2025, Viginum, l'organisme chargé de lutter contre les ingérences numériques, fait le bilan de trois ans d'opérations de désinformation menées par Moscou.

La France, cible des manœuvres russes

La France, de par son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et son soutien militaire et économique à l’Ukraine, est devenue une cible privilégiée des campagnes russes de désinformation. Depuis les déclarations du président de la République, le 26 février 2024, évoquant la possibilité d’un envoi de troupes en Ukraine, ces attaques se sont intensifiées. 

Dès le printemps 2022, la France a été ciblée par le dispositif "Reliable Recent News" (RRN), connu également sous le nom de "Doppelgänger" ("sosie", en allemand). Des sites web ont été clonés, usurpant l’identité de médias de référence (Le Monde, The Washington Post...) et d’institutions (OTAN, ministère des affaires étrangères). Des pseudo-médias spécialisés ont également vu le jour pour diffuser des contenus à la ligne éditoriale anti-ukrainienne. Ces sites ont été largement promus sur les réseaux sociaux via de faux comptes.

Depuis septembre 2023, une autre offensive, baptisée "Matriochka", vise à décrédibiliser et saturer les capacités d’investigation des médias en inondant les réseaux sociaux de faux reportages, de captures d’écran trafiquées et de montages réalisés avec l'intelligence artificielle. Ces contenus ciblent des sujets "clivants ou anxiogènes" comme l’immigration, la sécurité intérieure ou les grands événements (jeux Olympiques de Paris 2024). Selon Viginum, l'objectif principal est de saturer l’espace médiatique et de capter l’attention des médias pour alimenter le chaos informationnel.

Une efficacité limitée

Le 2 mars 2022, le Conseil de l'Union européenne a mis en place des mesures restrictives pour contrer les campagnes de propagande menées par la Russie. Parmi ces mesures, les médias russes RT et Sputnik ont été suspendus. En réponse à ces sanctions, deux nouveaux médias ont émergé en 2023 : Voice of Europe et Euromore. Le premier a été suspendu par l'Union européenne le 17 mai 2024 après avoir diffusé des contenus visant à dénigrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Voice of Europe aurait également servi de couverture pour approcher des personnalités politiques européennes favorables à l’arrêt du soutien apporté à l’Ukraine.

Malgré les ressources techniques, financières et humaines considérables mobilisées par l'État russe, Viginum estime que l'impact des campagnes de désinformation russes reste limité. Bien que certains récits trompeurs, initialement destinés à un public russe, aient réussi à se propager à l'international, ces opérations ont principalement visé à exploiter des fractures politiques liées à la guerre et à amplifier des polémiques déjà existantes.