"La production de biogaz permet de répondre à de multiples objectifs de politique publique : la décarbonation de la production d’énergie, la transition agroécologique et la résilience des exploitations agricoles, la gestion et le traitement des déchets" note la Cour des comptes dans un rapport publié le 6 mars 2025.
L'État apporte un soutien massif au développement du biogaz, "levier majeur" pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Cette politique concerne essentiellement la production de biométhane injecté sur le réseau de gaz qui représente 2,5% du gaz consommé en France (en augmentation de 25% entre 2022 et 2023).
Qu'est-ce que le biogaz ?
Le biogaz est un mélange gazeux composé essentiellement de méthane et de dioxyde de carbone produit grâce à la méthanisation (fermentation de matières et déchets organiques).
Des incertitudes sur les objectifs et la production de biogaz
Dans la troisième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et la stratégie nationale bas carbone (SNBC) soumises à consultation à l'automne 2024, l'État a fixé une cible de production entre 50 et 85 terawattheures (TWh) en 2035.
La Cour des comptes juge cependant les objectifs de production de biogaz "insuffisamment étayés", étant donné les "incertitudes" concernant la place du gaz dans le mix énergétique et la disponibilité de la biomasse agricole dans le futur. Une "baisse forte et rapide de la consommation de gaz pourrait se traduire par une hausse des pics de consommation électrique", précise également le rapport.
Quant à la biomasse nécessaire pour la méthanisation, la connaissance des volumes et de leur capacité de mobilisation reste "lacunaire", la disponibilité de biomasse pour la méthanisation pouvant être "insuffisante dès 2030", estime la Cour.
C'est pourquoi, la Cour recommande notamment :
- d'élaborer des scénarios sur le mix énergétique jusqu’en 2050 ;
- d'analyser l’impact économique et financier des évolutions nécessaires du réseau de gaz.
Quel avenir pour le biogaz ?
Comme le précise la Cour, le biogaz doit permettre à la France de ne plus recourir au gaz naturel fossile en 2050.
Toutefois, la méthanisation s'est développée en France par une succession de décisions donnant une impression de "gestion par à-coups" selon les termes de la Cour. Fin 2023, cette filière comptait 1 911 installations. Si les installations de production d'électricité et de chaleur sont majoritaires, le développement du biogaz est aussi porté par des installations en injection de biométhane où les installations agricoles individuelles constituent 57% du débit annuel en injection fin 2022.
Or, les modalités de soutien financier à cette filière que l'État souhaite suivre impliquent la contribution des fournisseurs de gaz et donc par voie de conséquence des consommateurs. Ces nouvelles modalités permettent certes de limiter l'impact sur les finances publiques mais favorisent les installations de grande taille et le développement de projets portés par des industriels et des énergéticiens.
Face à ce constat, la Cour estime que la filière française se trouve désormais à une "croisée des chemins" concernant son avenir.