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Une pauvreté qui ne diminue pas malgré une baisse du chômage entre 2015 et 2022

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Entre 2015 et 2022, le taux de pauvreté ne diminue pas alors que le taux de chômage est en baisse. Sur cette période, la part des personnes se considérant comme pauvres est passée de 12,4% à 18,7%. Le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE) étudie les causes de ce paradoxe.

La hausse de l’inflation, le type d'emplois créés pour les actifs (avec des contrats temporaires et à temps partiel, ou avec un statut de micro-entrepreneur) et la dégradation de la situation des inactifs, en particulier des retraités : autant de facteurs mis en avant dans ce panorama sur l’évolution de la pauvreté et de l’exclusion sociale entre 2015 et 2022, publié le 7 mai 2025 par le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE).

Des privations en hausse pour certains actifs

Entre 2015 et 2022, le taux de chômage a diminué de 3 points. Les taux de chômage de longue durée et de très longue durée ont enregistré une baisse respectivement de 2,3 points (passant de 4,3% à 2%) et de 1,4 point (de 2,4% à 1%). Corrélativement, le taux d’emploi s’est accru de 3,5 points pour s’établir en 2022 à 68,2% de la population d’âge actif (15-64 ans).

La pauvreté matérielle et sociale des actifs en France est relativement stable (11% jusqu’en 2020 et 12% en 2021). En revanche, le taux de privation matérielle et sociale est particulièrement marqué pour les employés en contrats courts (15,5% en 2015 et 18,3% en 2021), mais aussi pour les intérimaires (passant de 14,1% en 2015 à 23% en 2021) et les chômeurs (de 34% à 37%). 

Après 2018, l’évolution de la pauvreté des actifs en emploi résulte aussi de la hausse du taux de pauvreté des indépendants dont le poids dans l’emploi a fortement augmenté (13,2% de l'emploi global). En effet, leur part dans l’emploi total a augmenté de 1,6 point entre 2015 et 2022, du fait notamment de la forte croissance du statut de micro-entrepreneur. Or, un micro-entrepreneur sur deux gagne moins de 371 euros par mois en moyenne.  

Enfin, le CNLE souligne l'impact, depuis fin 2021, de la crise inflationniste qui affecte notamment l’énergie et l’alimentation, sur les conditions de vie matérielles et financières de la plupart des actifs.

Les retraités particulièrement touchés

Le taux de pauvreté des retraités est en hausse depuis 2017 et s’établit à 10,8% en 2022. Jusqu’en 2015, la pension moyenne des retraités augmentait d’année en année à un niveau supérieur à l’inflation, de par le seul renouvellement de la population des retraités. Cette tendance s’est interrompue en 2015 : les plus jeunes seniors nés entre 1946 et 1950 ont un niveau de vie assez comparable, à âge donné, à celui de la génération 1941-1945. 

Depuis 2017, la pension des nouveaux retraités est même devenue légèrement inférieure à celle de l’ensemble des retraités. La pension moyenne de l’ensemble des retraités a diminué (en euros constants) entre 2017 et 2022 (-3,2% pour la pension nette). Fin 2022, 691 210 personnes perçoivent une allocation du minimum vieillesse (131 980 pour l’allocation supplémentaire vieillesse et 559 230 pour l’allocation de solidarité aux personnes âgées).