Dans un rapport publié le 4 juin 2025, la Cour des comptes fait état du bon fonctionnement de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Si 82% des déchets produits par l'industrie nucléaire disposent de solution de stockage, la Cour pointe l'absence actuelle de solutions pour trois types de déchets radioactifs dits :
- de "faible activité à vie longue" (FAVL) ;
- de "moyenne activité à vie longue" (MAVL) ;
- de "haute activité" (HA).
Les déchets radioactifs de faible activité
La Cour recommande à l'Andra de définir rapidement une stratégie de gestion des déchets de faible activité à vie longue (FAVL).
Ces déchets ne sont pas acceptés dans les stockages exploités en surface – comme le centre de stockage de la Manche à La Hague, en phase de fermeture, et le centre de stockage de l'Aube qui sont dédiés aux déchets de très faible activité (TFA) –, compte tenu de leur activité en radionucléides à vie longue. Leur faible activité massique ne requiert pas un stockage géologique profond.
Un projet d'installation sur le territoire de la communauté de communes de Vendeuvre-Soulaines, dans l'Aube, ne pourra pas être mis en service avant le milieu de la décennie 2040, soit plus de 30 ans après la date initialement prévue par le législateur.
De plus, aucun site n’est identifié pour stocker les déchets graphites, bitumés, et technologiques qui représentent 71% de l’inventaire FAVL.
Cigéo et les déchets à haute activité
La Cour souligne le caractère hors norme du projet Cigéo qui prévoit le stockage géologique profond (à 500 m) des déchets nucléaires de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MAVL), sur la commune de Bure, à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne.
Les déchets HA sont tellement dangereux que seuls des robots peuvent les manipuler. Leur durée de vie, supérieure à 100 000 ans, nécessite des solutions de gestion de très long terme. Le projet est sans équivalent dans le monde, car il n’existe pas d’installation de stockage de déchets HA et MAVL en exploitation (la Suède et la Finlande étudient des solutions au sein de roches granitiques, et non en couche argileuse).
Cigéo accuse un retard significatif pour sa mise en service : au moins 20 ans par rapport à l’échéance de 2025 prévue initialement par le législateur. L'Andra a cependant franchi plusieurs étapes cruciales : le projet a été déclaré d’utilité publique et d’intérêt national, les aménagements préalables ont débuté, et la demande d’autorisation de création a été déposée auprès de l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR). La création ne sera pas autorisée avant 2027.